Abou Bakr As-Siddiq (Abdu Llâh (ou 'Atîq) Ibn Abî Quhâfah (أَبُو بَكْرٍ عَبْدُ ٱللهِ إِبْنِ أَبِي قُحَافَةَ)[1],[2], né vers 573 et mort le ), dit aussi Abou-Beker ou Abubecer, surnommé « As-Siddiq », « le Véridique »)[3], est le beau-père de Mahomet devenu ensuite dirigeant religieux.
Biographie
Né à La Mecque, c'est un riche commerçant et aussi un membre éminent du clan des Banu Taym, l'un des clans de la tribu Quraych[4].
Succession
Selon la tradition sunnite, il fut le premier homme à embrasser l'islam[5] après la première femme de Mahomet, Khadija et les deux fils adoptifs du Prophète.
Selon des sources chiites, ce serait Ali, le cousin du prophète qui vivait dans la maison du prophète, qui aurait le premier embrassé l'islam suivi de Zayd fils adoptif de Mahomet.
Lors de l'hégire, Abou Bakr fut le seul homme à quitter, avec Mahomet, la Mecque pour s'installer à Médine. Alors qu'il mourait de maladie, Mahomet désigna Abû Bakr pour diriger les prières en son absence. À la mort de Mahomet, Abû Bakr fut choisi pour lui succéder par les muhajirun et les Ansâr, au détriment de Ali et Abbâs (membres de la famille du prophète)[4], lors d'une élection organisée notamment par Omar ibn al-Khattâb[3]. Il devint donc le premier calife de l'Islam en , portant le titre de khalîfat rasûl Allâh (successeur de l'envoyé de Dieu).
Califat
Selon Tabari, Abu Bakr aurait ordonné à ses soldats : "Évitez la trahison. Si vous faites du butin, ne dérobez rien. Si vous êtes victorieux, ne tuez ni les femmes ni les enfants sans armes. Ne détruisez rien, ne coupez pas les arbres fruitiers, n'égorgez pas le bétail, à l'exception de ce que vous mangez. Il y a en Syrie, des prêtres chrétiens qui ne cherchent querelle à personne. Ne les inquiétez pas et ne tuez aucun d'entre eux."[6]
À la suite de sa nomination s'élevèrent des mouvements de contestation chez les bédouins, qui se diffusèrent dans toute l'Arabie. C'est la période de la Grande Apostasie : ridda. Abû Bakr doit maîtriser les révoltes de tribus de Hedjaz et Nejd, la première rejetant l'islam et la seconde refusant de lui payer la zakat. La tribu des Banû Tamîm, menée par la prophétesse Sajah[7], et menaçant Médine, fut vaincue par le chef militaire Ikrima.
La plus sérieuse opposition vint de Musaylima, membre des Banu Hanifa, vaincu par Khalid ibn al-Walid à la bataille d'Al-Yamama[8],[4].
Après cette bataille au cours de laquelle près de 1 200 musulmans dont 39 grands compagnons et 70 maîtres-récitateurs du Coran perdirent la vie, ʿOmar incita Abû Bakr à envisager la préservation des versets révélés. C'est à Zayd ibn Thâbit qu'échut la tâche de compiler l'ensemble des versets en un seul livre. Ce livre, une fois achevé, fut gardé par Hafsa, une des épouses de Mahomet et fille de Omar ibn al-Khattâb.[réf. souhaitée]
Ayant établi sa suprématie, il entraîna ses généraux à la conquête de l'Arabie tout entière, et fut victorieux lors d'expéditions dans les territoires du nord et d'incursions en Mésopotamie et en Syrie (bataille d'Ajnadayn, menée également par Khalid ibn al-Walid)[3].
Décès
Abû Bakr mourut le 22 Joumada Al-Thani de l'an 13 du calendrier Hégire, ce qui correspond au [9] selon le calendrier grégorien, à l'âge de 63 ans à Médine, des suites d'une maladie dont il ne put récupérer à cause de son grand âge. Peu avant, et après avoir consulté les compagnons proches, il désigne Omar Ibn Al-Khattâb comme son successeur légitime.
Abû Bakr est enterré dans une chambre attenante à la « mosquée du Prophète », Masjid al-Nabawi, à Médine, à droite de la tombe de Mahomet.
« Abou-Bekr avait exprimé le désir d'être enterré à côté du Prophète, de manière que sa tête fût à la hauteur des épaules de Mo'hammed. »
— d'après Tabarî, traduit par H. Zotenberg, La Chronique, histoires des Prophètes et des rois
Relations avec Muhammad
Abû Bakr était le compagnon du Prophète depuis le début de la révélation jusqu'à sa mort. Ce dernier a pris maintes fois sa défense :
« N'allez-vous pas laisser tranquille mon compagnon ! N'allez-vous pas cesser, et laisser tranquille mon compagnon ! Lorsque je vous ai dit : " Ô peuple, je suis le Messager d'Allah auprès de vous ! Vous m'avez répondu : " Menteur !", sauf Abû Bakr qui, lui, m'a cru »
« Quand j'ai invité les gens à embrasser l'islam, tous ont pris un temps de réflexion et d'hésitation, excepté Abû Bakr : il ne s'est pas retenu, et n'a pas hésité »
Le film La Dame du Paradis décrit la lutte de succession de Mahomet qui permit à Abou Bakr As-Siddiq de prendre le pouvoir. Ce dernier, calife de l'islam et personnage central de l'islam sunnite, y est décrit comme un guerrier sanguinaire qui accède au pouvoir par la ruse et la violence [10].
↑Une interprétation, généralement considérée comme erronée, consiste à donner au nom le sens de « père de la jeune fille pure » (bikr), dans la mesure où Aïcha était vierge quand Mahomet l'a épousée.
↑ ab et cJanine Sourdel et Dominique Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige - Dicos Poche », (ISBN978-2130545361), « Abû Bakr 'Abd Allâh ibn Abi Quhâfa ».
↑ ab et cPhilippe Sénac, Le monde musulman : des origines au XIe siècle, Armand Colin, coll. « Cursus », , 201 p. (ISBN978-2-200-35353-7), p.29 à 31.