Le G insulaire, ᵹ en bas-de-casse, Ᵹ en capitale (image : ) est une forme de la lettre G utilisée dans l’écriture du vieil anglais et du vieil irlandais. Elle est utilisée comme symbole phonétique dans l’étude du gallois et de l’irlandais, ainsi qu’en philologie ou dialectologie germanique pour représenter la consonne fricative vélaire voisée [ɣ].
Historique
L’alphabet latin est importé en Irlande avec les écrits du christianisme, puis est transmis par les missionnaires chrétiens irlandais aux Anglo-Saxons, remplaçant progressivement l’alphabet runique. La lettre « G » est ainsi tracée dans les textes en vieil anglais et vieil irlandais dès le VIIIe siècle ; on reconnaît encore l’œild’un « g » de la graphie onciale. Sous la plume des scribes anglais, elle évolue vers une nouvelle lettre, le yogh (« ȝ » en bas de casse, « Ȝ » en lettre capitale).
Portion de Beowulf (viie siècle) avec la forme du g insulaire pour la lettre g.
Portion du Livre d’Exeter (xe siècle) avec la forme du g insulaire pour la lettre g.
Selon Natalis de Wailly, la forme du g insulaire se retrouve aussi pour le g dans les Pandectes de Florence et dans le Sulpice Sévère de Vérone, écrits au début du vie siècle[1].
Utilisations
Alexander Gill utilise le g insulaire comme lettre distincte du g dans son alphabet phonétique pour l’anglais en 1621.
Rasmus Rask utilise la lettre g insulaire dans son orthographe du same, notamment dans Ræsonneret Lappisk sproglære efter den sprogart publié en 1832[2].
Le g insulaire est utilisé dans la transcription de l’avestan proposée par A. V. Williams Jackson en 1890[3].
Le g insulaire est utilisé pour représenter une consonne fricative vélaire voisée [ɣ] dans la transcription de Eduard Sievers dans Angelsächsische grammatik ou Grundzüge der Phonetik, dans la transcription d’Adolf Noreen dans ses grammaires du vieux norrois, dans la transcription phonétique d’Otto Bremer utilisée en dialectologie allemande à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle, dans la transcription de Jørgen Forchhammer dans Die Grundlage der Phonetik publié en 1924. Ferdinand de Saussure reprend ce symbole dans certains de ces travaux[4].
Certains auteurs ne font pas de distinction entre le g insulaire ‹ ᵹ › et l’ej ‹ ʒ ›, par exemple Charles Copland Perry et Albrecht Reum utilisent le g insulaire au lieu de l’ej dans l’alphabet phonétque international dans un cours de prononciation française de 1904[5].
John Morris Jones utilise le g insulaire comme symbole phonétique pour noter une spirante gutturale voisée utilisée en vieux gallois dans A Welsh Grammar, Historical and Comparative publié en 1913[6].
Le g insulaire est utilisé par George Henderson dans « The Gaelic dialects », publié dans le Zeitschrift für celtische Philologie de 1903 à 1905[7],[8], ou par Tomás Ó Máille dans une grammaire irlandaise publié en 1927[9],[10].
Eduard Prokosch utilise le g insular dans A comparative Germanic grammar publié en 1939[11].
Codage informatique
Le G insulaire bas de casse a été introduit dans l’Unicode lors de sa révision 4.1 (mars 2005) dans le bloc des « Suppléments phonétiques », en tant que notation phonétique de l’ancien irlandais. Il a été suppléé dans l’Unicode 5.1 (avril 2008) de la lettre capitale, et du G insulaire culbuté ‹ Ꝿ ꝿ ›, dans le bloc « Latin étendu D ».
(de) Otto Bremer, Deutsche Phonetik, Leipzig, Breitkopf und Härtel, coll. « Sammlung kurzer Grammatiken deutscher Mundarten » (no 1), (lire en ligne)
(de) Otto Bremer, Zur Lautschrift, Leipzig, Breitkopf und Härtel, coll. « Sammlung kurzer Grammatiken deutscher Mundarten » (no 1 (annexe)), (lire en ligne)
Ferdinand de Saussure, Recueil des publications scientifiques de Ferdinand de Saussure, (lire en ligne)
Natalis de Wailly, Éléments de paléographie, vol. 1, (lire en ligne)
(en) Michael Everson, Proposal to encode one Irish phonetic letter in the UCS (N2641), (lire en ligne)
(en) Michael Everson, Proposal to add Latin letters and a Greek symbol to the UCS (N3122), (lire en ligne)
(en) George Henderson, « The Gaelic dialects », Zeitschrift für celtische Philologie, vol. 4, , p. 87-103, 244-275, 493-524 (lire en ligne)
(en) George Henderson, « The Gaelic dialects », Zeitschrift für celtische Philologie, vol. 5, , p. 88-102, 455-481 (lire en ligne)
(en) A. V. Williams Jackson, The Avestan alphabet and its transcription, Stuttgart, W. Kohlhammer, (lire en ligne)
(en) A. V. Williams Jackson, An Avesta Grammar in Comparison with Sanskrit, vol. 1 : Phonology, inflection, word-formation with an introduction to Avesta, Stuttgart, W. Kohlhammer, (lire en ligne)
(en) John Morris Jones, A Welsh Grammar, Historical and Comparative, (lire en ligne)
(en) Arthur Sampson Napier, History of the holy Rood-tree : a twelfth century version of the cross-legend with notes on the orthography of the Ormulum and a middle English Compassio Mariae, London, Early English Text Society, Kegan Paul, Trench, Trübner, (lire en ligne)
(sv) Adolf Noreen, Altnordische Grammatik, vol. 1 : Altislandische und Altnorwegische Grammatik, Halle (Saale), Niemeyer, (lire en ligne)
(sv) Adolf Noreen, Altnordische Grammatik, vol. 2 : Altschwedische Grammatik, Halle (Saale), Niemeyer, 1897-1904 (lire en ligne)
(ga) Tomás Ó Máille, Urlabhraidheacht agus graimear na gaedhilge, cuid I, Baile Átha Cliath [Dublin], Comhlucht oideachais na hÉireann,
(en) Charles Copland Perry et Albrecht Reum, New French course for schools, based on the principle of the direct method combining the practical use of the living language with a systematic study of grammar, London, MacMillan, (lire en ligne)
(en) Eduard Prokosch, A comparative Germanic grammar, Philadelphia, Linguistic society of America, University of Pennsylvania, (lire en ligne)
(en) William Pryce, Archæologia Cornu-Britannica, or, an Essay to Preserve the Ancient Cornish Language, Sherborne, W. Cruttwell, (lire en ligne)
(de) Rasmus Rask, Ræsonneret Lappisk sproglære efter den sprogart, (lire en ligne)
(en) Gjertrud F. Stenbrenden, « Old English and its sound correspondences in Old English and Middle English », English Language and Linguistics, vol. 1, no 32, (DOI10.1017/S1360674319000182)