Le triple saut[1]Écouter est une épreuve d'athlétisme consistant à couvrir la plus longue distance possible en sautant à partir d'une marque fixe, après une course d'élan, et en exécutant une séquence de trois sauts. L'IAAF définit la discipline comme tel : « 1. Le triple saut consiste en un saut à cloche-pied, une enjambée et un saut, effectués dans cet ordre. 2. Le saut s’effectuera de telle sorte que l'athlète retombe d’abord sur le pied avec lequel il a pris son appel, puis au deuxième saut, sur l'autre
pied, à partir duquel le saut est terminé »[2].
Technique
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Tout comme le saut en longueur, les athlètes ont une course d'élan pour gagner de la vitesse et prennent leur impulsion avant une planche (située à 13, 11, 9 ou 7 mètres du sable, selon le niveau, la catégorie et le sexe). Au terme du dernier saut, ils atterrissent dans du sable pour amortir leur chute. Les trois bonds successifs exécutés sont : un cloche pied, une foulée bondissante et un saut en longueur (ramené).
Un sauteur de type force optera pour un cloche pied très long (38 % du saut), une foulée bondissante plus petite (30 %) et un ramené (32 %), intermédiaire entre les deux premiers sauts. Un sauteur de type vitesse optera pour un cloche pied court et rasant (34 %), qui permet de conserver la vitesse initiale, une foulée bondissante (30 %) et un ramené plus grand que les sauts précédents.
Le triple saut n'est pas attesté dans les jeux sportifs antiques ou les Jeux olympiques antiques, malgré les sources limitées. Le saut en longueur faisait partie du pentathlon. Certains commentateurs ont crû voir une trace d'un triple saut par les performances de Phaÿllus de Crotone et Chionis de Sparte, ayant réalisé des sauts de 15-16 mètres[3], ce qui est considéré comme très improbable pour un saut, même avec les haltères antiques(en) mais correspondent à des performances de triple saut. On justifie l'existence de la discipline en interprétant un passage relevé par Immanuel Bekker (Anecdota Graeca, 224) même s'il semble qu'il y eut des confusions grammaticales avec les termes utilisés[4]. Il y eut une supposition comme étant les résultats additionnés de trois sauts en longueur[5],[6]. Mais il semble que les résultats retranscrits pour Chionis, souffrent d'une transmission manuscrite corrompue et pour Phaÿllus, son exploit provient d'une épigramme humoristique tardive[4],[7].
Hommes
Le triple saut était déjà pratiqué avant les Jeux olympiques avec des performances homologuées en 1884[6].
Débuts olympiques
Le triple saut est représenté aux Jeux olympiques modernes depuis leur première célébration en 1896.
À l'origine le triple saut se compose de deux cloches-pied puis d'un saut. Les Irlandais, qui ont développé cette discipline, remarquent que l'on va plus loin avec un bond sur la jambe d'appel plutôt que sur l'autre, et qu'ainsi le « hop, step and jump » qui existe aujourd'hui est plus efficace que le triple bond simple[8]. Le triple saut est toutefois longtemps resté une discipline délaissée. La NCAA qui régit les compétitions universitaires américaines ne l'officialisera qu'en 1962. Ces jugements permettent à un autre pays, le Japon, de dominer jusqu'à la fin des années 1930 les podiums et records internationaux. Sur le plan technique, le découpage des sauts explique à lui seul l'évolution de la discipline. Lors du record du monde établi par Mikio Oda en 1931 avec une performance de 15,58 m, le saut se détaille ainsi : 6,50 m au premier bond, 3,56 m au deuxième et 5,52 m au dernier. Cela montre que le premier saut est maximisé, au détriment des sauts suivants. À noter que son successeur, Chuhei Nambu, également japonais, sera le seul à détenir à la fois le record du monde du saut en longueur et du triple saut.
Une discipline souvent négligée
Il faut attendre la fin des années 1940 pour qu'un premier champion de légende émerge dans le triple saut. Adhemar da Silva, Brésilien, devient le premier sauteur à plus de 16 mètres. Le découpage de ses sauts montre qu'il privilégiait l'équilibre entre le « hop », le « step » et le « jump ». En témoigne son record à 16,22 m : 6,20 m au premier bond, 4,75 au deuxième et 5,27 au dernier, soit 38 %, 30 % et 32 % de la distance finale. Da Silva saute ensuite à 16,56 m en 1955, certes à Mexico avec une altitude de 2 200 m mais ce saut améliore tout de même de 33 cm le record du monde précédent. Cependant Da Silva comme la plupart des grands sauteurs de l'époque, majoritairement des Soviétiques, effectuent le « hop » très en hauteur et avec une grande puissance. Pour franchir les 17 mètres, une nouvelle technique s'imposait. Joseph Schmidt, double champion olympique en 1960 et en 1964, tente, lui, de conserver au maximum sa vitesse horizontale. Très rapide (10,4 s au 100 m) il ne force pas son hop pour conserver de la vitesse pour le step et le jump. S'ensuit un saut fabuleux à 17,03 m, record battu encore une fois de 33 cm, avec le découpage 5,90 m - 5,02 m - 6,02 m.
L'arrivée des pistes synthétiques à la fin des années 1960 va grandement permettre de faire évoluer les performances. Dans une discipline de bondissements, la qualité d'amortissement et de renvoi des pistes est primordiale. Les nouvelles pistes et l'altitude des jeux de 1968 à Mexico permettent à six concurrents de dépasser 17 mètres et au vainqueur d'établir une nouvelle marque de référence à 17,39 m. Ce saut est l'œuvre de Viktor Saneïev, qui en plus du titre olympique en 1968 obtiendra celui de Munich en 1972 puis de Montréal en 1976. Proche de réaliser une passe de quatre inédite, il terminera 2e en 1980 à seulement 9 cm du vainqueur. Saneïev va donc dominer la discipline pendant une décennie. Dans la ville de Mexico qui a connu 14 records du monde dans cette discipline en 25 ans, l'altitude aidant, le Brésilien João Carlos de Oliveira signe en 1975 un saut de 17,89 m, soit 45 centimètres de mieux que le précédent record.
Après un premier titre de champion d'Europe en 1986, il remporte la médaille d'or du triple saut lors des Championnats du monde d'athlétisme 1987 à Rome avec la marque de 17,92 m. L'année suivante, Markov remporte un nouveau titre international en s'imposant en finale des Jeux olympiques d'été de 1988 à Séoul. Il signe à cette occasion un nouveau record olympique de la discipline en 17,61 m. En 1990, il décroche la médaille d'argent des Championnats d'Europe d'athlétisme de Split.
1990-1995 : domination américaine
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Kenny Harrison et Mike Conley sont en tête des bilans mondiaux et glanent les médailles d'or aux championnats du monde 1991 et 1993 et Jeux olympiques de 1992 et 1996.
Jonathan Edwards : au tournant du siècle et au carrefour de l'histoire
Alors que le triple saut féminin fait seulement son apparition dans les années 1980, ces années sont marquées par l'attente du premier sauteur à 18 mètres. Longtemps attendue et parfois dépassée mais avec un vent trop favorable, c'est finalement Jonathan Edwards qui pulvérisera cette marque. Avec 18,29 m dans le concours magique des mondiaux de Göteborg 1995, Edwards montre par sa fluidité dans le mouvement et son équilibre combien le triple saut a été délaissé à tort. Cette même année et sur le même sautoir, l'Ukrainienne Inessa Kravets « s'envole » à 15,50 m.
Christian Olsson puis le grand flou
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Christian Olsson est l'un des rares athlètes à avoir remporté au moins une fois tous les titres internationaux existant à son époque : le titre olympique, à Athènes, un titre mondial, à Paris, deux titres européens, les titres mondiaux et européens en salle. Il a remporté la Golden League 2002. Blessé à plusieurs reprises, il décide d'arrêter sa carrière malgré plusieurs tentatives de retour. Depuis, les candidats aux places d'honneur et les médaillés sont multiples mais aucun athlète ne domine la discipline dans une compétition qui s'avère toujours très relevée.
Femmes
De Li Huirong à Inessa Kravets
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Le , en finale des Championnats du monde à Göteborg, Inessa Kravets réalise un triple saut à 15,50 m, améliorant de 41 centimètres le précédent record du monde, détenu par la Russe Anna Biryukova.
Tatyana Lebedeva
Championne du monde à trois reprises (2001, 2003 et 2007) et championne d'Europe en 2006, elle a également remporté la Golden League 2005, signant à l'occasion six victoires en six meetings. Elle est l'actuelle détentrice du record du monde en salle du triple saut avec 15,36 m, performance établie en 2004 à Budapest.
↑ a et bE. Norman Gardiner, « Phayllus and His Record Jump », Journal of Hellenic Studies, no 24,
↑L'Encyclopédie visuelle des sports, Minerva, , p. 36
↑ a et bMémoire INSEPS / STAPS Le Triple Saut, 1999, p. 15 [3]
↑D. L. Page, Further Greek Epigrams .· Epigrams before A.D. 50 from the Greek Anthology and other sources, not included in «Hellenistic Epigrams» or «The Garland of Philip», Cambridge, University Press, , p. 408
↑La fabuleuse histoire de l'athlétisme. Robert Parienté. Éditions de La Martinière, 1996. (ISBN2-7324-2270-3)