Le 110 mètres haies est une épreuve d'athlétisme, courue en ligne droite et réservée aux hommes ; l'épreuve équivalente pour les femmes est le 100 mètres haies. Elle consiste à parcourir à une vitesse maximale, la distance de 110 mètres en franchissant dix haies d'une hauteur de 1,067 m distantes entre elles de 9,14 m.
Inspirée des courses hippiques de steeple-chase, la discipline voit le jour au milieu du XIXe siècle au sein d'universités britanniques sous la forme d'un 140 yards. Présent dès les premiers Jeux de l'ère moderne en 1896, le 110 m haies a toujours fait partie du programme olympique.
Origines de l'épreuve
Dès 1850, les étudiants d'Oxford organisent, parmi leurs épreuves sportives, une course de 140 yards (128,01 m) entravée par dix haies. Cette association de course et de sauts s'inspirait des rencontres hippiques. En 1864, Oxford et Cambridge fixent la distance à 120 yards (109,72 m) avec dix obstacles de 3,5 pieds de hauteur (1,067 m), des intervalles de 10 yards (9,144 m) entre deux haies, 15 yards (13,72 m) du départ à la première haie et de la dernière à l’arrivée. Les claies primitives ont progressivement été remplacées par des haies de bois plus légères. En 1888, la France ajoute environ 28 centimètres à la distance, du côté de l'arrivée : le 120 yards devenait le 110 m haies avec toujours dix obstacles.
Il est à noter cependant que lors des premiers Jeux olympiques de 1896, la course n'a été disputée qu'avec neuf obstacles.
Les premiers experts de la discipline ont été l'Américain Alvin Kraenzlein qui le premier jette la jambe en avant pour franchir la haie, et le Canadien Earl Thomson qui a été, en 1920, le premier coureur à remporter l'épreuve en moins de 15 secondes.
Caractéristiques
L'essentiel des règles actuelles date de 1935 lorsque de nouveaux obstacles, inventés par l'ancien champion olympique du 400 m haies Harry Hillman, et qui favorisent la sécurité des athlètes, sont acceptés par l'IAAF. La haie qui est désormais en forme de « L », comprend une base munie de contrepoids de 3,63 kg et peut basculer vers l'avant sous une simple pression du talon ou de la jambe arrière. Le haut de la barrière est formé d'une claie démontable et légère qui peut se casser sous un choc violent[1].
Par ailleurs, toujours en 1935, l'IAAF abolit la règle selon laquelle un athlète est éliminé s'il renverse plus de deux haies lors d'une même course, à condition que le concurrent ne gêne pas un de ses deux adversaires situés sur ses couloirs voisins[1].
Ces changements techniques et réglementaires accordent ainsi une prime à la prise de risque en enlevant aux athlètes la peur de se blesser dangereusement et d'être mis hors course[1].
La hauteur de haies de 1,067 m (pour les seniors et espoirs)[2] n'a pas été modifiée de même que l'intervalle de 13,72 m entre le départ et la première haie. L'écartement entre les haies est de 9,14 m, ce qui laisse 14,02 m entre la dernière haie à la ligne d'arrivée[3].
L'espacement entre 2 haies a été calculé dès l'origine pour être parcouru en 3 foulées entre la réception d'un saut et l'élan du saut suivant. Ce nombre impair permet d'aborder chaque haie avec le même pied d'appel. Les hurdleurs actuels qui ont une foulée avoisinant les 2,3 m sur le plat sont contraints de réduire celle-ci entre les haies. En effet le franchissement de la haie se réalisant par un saut pouvant dépasser les 3 m, ils ne disposent que d'à peine 6 m pour les 3 foulées.
Le , l'Américain Renaldo Nehemiah devient le premier athlète à courir un 110 m haies sous les 13 secondes en réalisant 12 s 93 lors du Meeting de Zürich. Longtemps approché, ce record du monde ne sera finalement amélioré que huit ans plus tard par Roger Kingdom, auteur de 12 s 92 le lors du même meeting suisse. Le , le Britannique Colin Jackson remporte la finale des Championnats du monde d'athlétisme de Stuttgart avec le temps de 12 s 91, abaissant d'un centième de seconde le record mondial de son grand rival américain. La performance de Jackson reste inégalée durant près de onze années avant que le Chinois Liu Xiang réalise un temps identique en finale des Jeux olympiques d'été de 2004 d'Athènes. Le , Liu Xiang établit une nouvelle meilleure marque mondiale en remportant le 110 m haies du meeting de Lausanne en 12 s 88 (vent favorable de 1,1 m/s). Il égalera ce temps deux ans plus tard à Lausanne. Le , à Ostrava, le Cubain Dayron Robles abaisse le record mondial à 12 s 87 (+0,9 m/s).
Le , lors du Mémorial Van Damme de Bruxelles, ultime étape de la Ligue de diamant, l'Américain Aries Merritt établit un nouveau record du monde du 110 m haies en 12 s 80 (+0,3 m/s), améliorant de 7/100e l’ancienne meilleure marque mondiale de Dayron Robles[5]. Il s'agit de la plus nette amélioration du record du monde (temps électriques) depuis que Renaldo Nehemiah avait fait passer la marque de 13 s 00 à 12 s 93 en 1981. Dans cette course, Aries Merritt n'a fait tomber aucune haie.