Raymond Mondon, né le à Ancy-sur-Moselle et mort le à Metz, est un homme politiquefrançais. Il est maire de Metz de 1947 à 1970 et occupe deux postes ministériels en 1955 et en 1969-1970.
Biographie
Jeunesse et formation
Raymond Mondon est le fils unique de vignerons de Lorraine allemande, alors dans l'Empire allemand. Il devient Français, de fait en 1919 à l'âge de 5 ans. Élève chez les jésuites du collège Saint-Clément, il obtient son baccalauréat en 1931 et poursuit ses études à la faculté de droit de Nancy où il obtient une licence. En , il est arrêté avec vingt-cinq autres personnes à Nancy lors d’une manifestation des Ligues contre Stavisky, pour tapage et attroupement sur la voie publique[1].
Résistant (« Rudemonde »)
Mobilisé comme lieutenant d’infanterie durant la Seconde Guerre mondiale, il est sérieusement blessé en , puis fait prisonnier, avant d’être libéré en de la même année. Entre-temps, la Moselle est devenue allemande et Raymond Mondon renonce à y retourner. Reçu au concours de la magistrature un an plus tard, il est nommé juge d'instruction à Saint-Mihiel[2]. Il entre alors en résistance sous le pseudonyme de Rudemonde. Le , il échappe une première fois à la Gestapo. Obligé de quitter la Meuse pour Paris, il est à nouveau arrêté et torturé. Le suivant, il échappe au dernier train qui s’apprête à partir pour Dachau.
Il est très brièvement secrétaire d’État à l’Intérieur du au auprès du ministre de l’IntérieurFrançois Mitterrand dans le cabinet de Pierre Mendès France. Mitterrand et Mondon se connaissent bien depuis les années noires de la Résistance où ils appartenaient au même réseau. Leurs chemins se croisent mais se séparent en 1958, quand Mondon choisit le Général et Mitterrand l’opposition.
Maire de Metz
Le , Raymond Mondon, alors âgé seulement de 33 ans est élu maire de Metz[3]. Sa devise pour sa ville est : « Voir grand pour demain ». Il est réélu au premier tour à chaque consultation électorale qui s’apparente dans son cas à un plébiscite renouvelé des Messins et demeure en poste jusqu'à sa mort. Deux faces opposées caractérisent son action : d’une part la modernisation économique de la ville, de l’autre, l’échec patent de la rénovation urbaine. En effet, ses choix urbanistiques, délibérément tournés vers la « modernité » d'alors, sont aujourd'hui contestables et contestés[4].
Les relations amicales entre Giscard d’Estaing et Mondon vont se détériorer à la fin de la décennie soixante. Cependant, Valéry Giscard d’Estaing déclare, en 1976, lors d’une visite à Metz, que Mondon a été « son meilleur ami dans la vie politique française ».
Ministre des transports
En 1969, Mondon soutient la candidature à la présidence de Georges Pompidou qui le fait entrer au gouvernement de Jacques Chaban-Delmas comme ministre des Transports, le . Il adhère alors au projet de « Nouvelle société » de Chaban. En tant que ministre des Transports, il lance les études portant sur une liaison ferroviaire rapide entre Paris et Strasbourg, devant profiter des travaux d'infrastructure de la future autoroute A4 qui passera finalement par Metz, fief électoral de Raymond Mondon.
C'était sans compter sur la fierté industrielle allemande, qui a empêché le projet Mondon de LGV Est d'aboutir dans la mesure où le gouvernement français pensait qu'une ligne uniquement française, ne se prolongeant pas en Allemagne, serait déficitaire. L'Allemagne a dit oui à l'arrivée du TGV français en Allemagne seulement quand elle a conçu son ICE, le train à grande vitesse allemand[5]. Néanmoins, l'idée a fait son chemin et la LGV Est européenne a vu le jour en 2007, 38 ans après l'étude de Mondon[6].
Mort
Il reste ministre, maire de Metz et conseiller général de la Moselle jusqu'à sa mort, qui survient le , des suites d'un cancer. Au cours de ses funérailles le , la tristesse de Chaban-Delmas est palpable dans son éloge funèbre lequel émeut l’assemblée et tous les Messins réunis une dernière fois autour de leur ancien maire.
↑Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, t. I, université de Paris X-Nanterre, , p. 119 — Thèse de doctorat.