Les premières traces de l'homme dans ce qui deviendra les Pyrénées-Orientales remontent à un million d'années, pendant la glaciation de Günz. Le niveau de la mer, plus haut d'une centaine de mètres en début de glaciation, recouvrait totalement la plaine du Roussillon et rentrait dans les vallées. Il va baisser progressivement jusqu'à descendre à vingt mètres en dessous du niveau actuel. Sans doute déjà des homo erectus ou homo antecessor, les hommes de cette époque ne nous ont pas laissé d'autres vestiges que des pierres taillées[1].
La présence grecque est attestée notamment à Port-Vendres, qui était vraisemblablement un comptoir portuaire d'une relative importance (épaves retrouvées dans le port).
Cette région, la Gaule narbonnaise, est aussi appelée la Provincia (dont le mot a donné « Provence »). Elle fut fondée en -118 et organisée en province impériale, dirigée par un légat siégeant à Narbo Martius, la ville dédiée au « dieu Mars » actuelle Narbonne, l'une des villes les plus importantes de la Gaule.
La région était traversée, dans la plaine littorale, par la Via Domitia, voie romaine qui rejoint le très important carrefour commercial de Narbonne et qui était un maillon essentiel dans les communications entre la péninsule Ibérique et le restant de l'Empire romain.
De nombreux vestiges sont aujourd'hui visibles sur le tracé de la voie romaine, notamment dans la topographie et la toponymie actuelles. On peut également voir d'importants vestiges romains au niveau du défilé de la vallée de la Rome et du col de Panissars comme les vestiges du trophée de Pompée.
Vestiges romains localisés à Ruscino. De la cité romaine, situé juste au bord de la Têt sur une petite éminence, il subsiste les fondations arasées du forum et d'habitations, fouillés au XIXe siècle.
Conquête de la province romaine de Tarraconaise (Hispania Tarraconensis) par les Wisigoths et leur roi Walliaà partir de 418. Ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d'autres Barbares. Les Wisigoths y exterminent la tribu vandale des Silings, les Alains, battent et repoussent les « Suèves » en Galice, et les vandales Hasdings. Les Wisigoths obtiennent de Rome des terres en Aquitaine et le statut officiel de fédéré.
La Catalogne a donné naissance à de remarquables créations de l'art roman occidental.
Abbayes bénédictines(St-Michel-de-Cuixa, St-Martin-du-Canigou, St-Génis-des-Fontaines, Arles-sur-Tech); églises et prieurés (Serrabona, Corneilla-de-Conflent, Marcevol, Villefranche-de-Conflent, Elne, St-Martin-de-Fenollar, Villelongue-dels-Monts) racontent la naissance du premier art roman.
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La Catalogne accueille au XVIIe siècle l'art baroque venu d'Italie. Chaque village abrite de nombreuses œuvres d'art de ce Siècle d'Or :
église Sainte Eulalie et Sainte Julie de Marquixanes, possède de magnifiques retables Romans et Baroque
église Ste Marie à Baixas, un impressionnant retable pré-baroque
église St André à Rivesaltes, église-musée marquée par le sculpteur Jean-Jacques Melair
église St Julien à Vinça, le retable de la Transfiguration
église St Étienne et Hospice à Ille-sur-Têt, l'hospice, ancien hôpital, centre d'interprétation du patrimoine catalan
église Ste Marie à Espira-de-Conflent, décors sculptés inspiré des œuvres de Poussin et de Rubens
église St Pierre et trésor à Prades, La vierge sculptée par Joseph Sunyer
église St Juste et Ste Ruffine à Prats-de-Mollo, elle abrite retables et légendes dorés.
église Ste Marie d'Arles-sur-Tech, histoire du voyage des reliques d'Abdon et Sennen
église Notre-Dame-des-Anges à Collioure, grand retable de la Vierge par Joseph Sunyer
église Notre-Dame-del-Prat à Argelès-sur-Mer, retable de l'Assomption
chapitre de St Paul de Fenouillet, exemple d'architecture baroque
Renaissance et Lumières
Le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle marque l'éclosion de l'art baroque catalan. Les vieilles églises médiévales sont pour la plupart rénovées, agrandies, voir carrément reconstruites. Elles sont alors ornées de magnifiques et luxuriants retables et mobilier, peints, sculptés, dorés. Ce luxe contraste souvent avec la pauvreté des communautés. Pour ne citer que quelques édifices : l'église Sainte Eulalie et Sainte Julie de Marquixanes, l'église Sainte-Marie d'Espira-de-Conflent, l'église Saint-Pierre de Prades, l'église Saint-Julien et Sainte-Baselisse de Vinça…
La guerre de Trente Ans est une suite de conflits armés qui ont déchiré l’Europe de 1618 à 1648, et particulièrement opposé le royaume de France et la maison des Habsbourg entre 1635 et 1659. C'est une guerre qui s'est jouée simultanément sur l'ensemble du continent. Les combats se déroulèrent initialement et principalement dans les territoires d’Europe centrale dépendant du Saint-Empire romain germanique, mais impliquèrent la plupart des puissances européennes, à l’exception notable de l’Angleterre et de la Russie.
Dans la seconde partie de la période, les combats se portèrent aussi en France, aux Pays-Bas, en Italie du nord, au Portugal, en Catalogne, etc. Pendant ces trente années, la guerre changea progressivement de nature et d’objet : commencée en tant que conflit religieux, elle se termina en lutte politique entre la France et la Maison d’Autriche.
Les armées françaises, fortes de 120 000 hommes, vont intervenir dans quatre secteurs dont trois principaux :
Richelieu veut forcer l’Espagne en la menaçant directement. Au printemps, lui-même et Louis XIII bien que tous deux malades partent avec une armée pour conquérir le Roussillon. Richelieu doit s’arrêter mais le roi engage le siège de Perpignan, qui est prise le [5]. Au mois de juin une armée française a battu les deux beaux-frères de Christine de Savoie. Le meurt Richelieu ; Louis XIII le suit dans la tombe le , laissant la régence à son épouse peu aimée, Anne d’Autriche qui est flanquée d’un conseil de régence composé entre autres de Mazarin et de Pierre Séguier.
Cela se passe moins bien pour les Français en Catalogne : le comte d'Harcourt doit abandonner le siège de Lérida en 1646. Afin d'éloigner le vainqueur de Dunkerque dont les ambitions deviennent gênantes, Mazarin nomme le duc d’Enghien, par ailleurs devenu prince de Condé depuis la mort de son père, vice-roi de Catalogne avec la charge de reprendre le siège de Lérida. Il échoue dans cette tâche[6] et la Catalogne est perdue pour la France, définitivement[7].
Mailly commence, après la paix avec l'Espagne, à négocier les rectifications de frontières. Il conclut avec l'Espagne, en 1750, un traité particulier qui fixe les limites des deux royaumes. Rénovateur de l’urbanisme de Perpignan, Mailly fonde le premier théâtre du Roussillon dans les locaux de la "Loge de Mer". Création d'une académie militaire pour former de jeunes nobles au service du roi le .
Entre 1759 et 1763, il rénove, à ses frais, l'université de Perpignan qu'il fait reconstruire sur le modèle d'un temple maçonnique.
Fondation de prix d'émulation, de douze places pour l'entretien des pauvres, et de plusieurs autres établissements, en 1784.
Louis XVI confie au maréchal de Mailly l'installation d'un port puissant et fortifié qui, sans pour autant négliger Collioure, siège d'une amirauté depuis 1691, soit capable d’assurer enfin un trafic régulier avec l'Europe entière, de l'Espagne à la Suède, d'Écosse à l'Italie, de la côte catalane à l'Orient et aux ports barbaresques, voire jusqu'aux Indes lointaines et jusqu'aux Amériques.
Augustin-Joseph de Mailly fonde Port-Vendres qu’il veut comme Perpignan la représentation idéale d’une ville maçonnique. Pour faire de Port-Vendres un véritable port profond et à l'abri des vents, il faut faire sauter certains blocs de rochers encombrant le chenal pour dégager la rade et permettre aux bâtiments de commerce d'approcher jusqu'aux quais. Outre le port moderne, en 15 années (1770-1785), il complète la ville, trace et perce quelques petites rues, construit de nouvelles habitations sur un plan uniforme, rectifie des alignements, construit des quais et des débarcadères commodes.
Pour marquer d'un symbole la naissance de Port-Vendres, et à la demande même des habitants d'alors, Louis XVI permet à la Province de faire ériger à sa gloire le premier monument élevé en France en son honneur, l'obélisque de Port-Vendres.
À Perpignan, son influence devient vite considérable. Toute l'élite catalane se presse dans les salons de ce frère de La Sociabilité.
Le , le maréchal de Noailles, en querelle avec Mailly, réussit à le faire révoquer de son commandement.
La disgrâce de Mailly dure peu, car il est chargé d'aller complimenter en Espagne, de la part du roi, l'Infante Marie-Thérèse-Raphaëlle de Bourbon, après quoi il a l'honneur de la recevoir à son partage, et de lui faire les honneurs de sa province de Roussillon.
Le , la Convention déclare la guerre au roi d'Espagne coupable d'avoir exigé en que soit préservée la vie de Louis XVI. Le roi ayant été exécuté le , les conventionnels ont estimé la guerre inévitable.
Dès le , l'invasion espagnole commence en Vallespir avec l'aide d'émigrés et d'habitants de la région[9]. C'est le début de la Guerre du Roussillon.
Le journal L'indépendant des Pyrénées-Orientales est fondé le à l'initiative d'un groupe de bourgeois républicains et légitimistes désireux de soutenir la candidature de François Arago aux élections législatives de 1846. Le journal cesse de paraître en 1848 avant d'être repris par les républicains modérés le . Le journal paraît jusqu'en 1944. Après une nouvelle interruption, il reparait en 1950 sous le nom de "le journal l'indépendant"[10].
Lorsque survient le coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte, le département a alors une réputation farouchement républicaine. La nouvelle arrive dès le lendemain à Perpignan et un premier rassemblement de protestation a lieu dans l'après-midi devant la préfecture. Pour empêcher tout complot, le maire de la ville, Auguste Lloubes, fait passer le 5 décembre un arrêté interdisant de sortir la nuit la tête couverte. Si le calme revient assez vite à Perpignan, il n'en est pas de même à travers le département, où environ dix mille personnes se soulèvent dans la nuit du 7 au 8 décembre. Mais la dispersion rend la résistance inefficace, à l'exception de quelques noyaux durs, notamment Estagel, patrie de François Arago. Il y eut également des troubles notables à Thuir, Villelongue-de-la-Salanque, Collioure et Prades. Au total, à peu près 500 personnes sont arrêtées : 336 sont envoyées au bagne en Algérie et une dizaine à Cayenne, 91 sont expulsées du territoire. Après cet épisode, le préfet Henri Pougeard-Dulimbert se voit remettre une épée en or de la part des élus locaux, en remerciement de sa gestion ferme et efficace contre les partisans républicains[11].
Les grèves agricoles de 1904 et la révolte des vignerons de 1907
Les cours s'effondrent en 1900, créant la plus forte crise de mévente pour la viticulture roussillonnaise, avec à la clef du chômage et des baisses de salaire. En réaction, une vague de grèves touche l'ensemble de la région entre 1903 et 1904. Les propriétaires manifestent à leur tour, trois en plus tard, attribuant la crise à de la fraude, et non à la surproduction. Le , Perpignan accueille 170 000 protestataires, et le 20 juin, la préfecture est incendiée[13].
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La Retirada
En raison de la situation géographique des Pyrénées-Orientales avec sa frontière pyrénéenne avec l'Espagne, le long du littoral méditerranéen, le département a joué un rôle de premier plan dans les politiques françaises à l'égard des réfugiés ou des personnes considérées comme indésirables sous la Troisième République et le régime de Vichy[14].
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La Retirada, c'est l'exode de centaines de milliers de Républicains espagnols chassés d'Espagne par le Général Franco, à la fin de la guerre civile de 1936-1939. Véritables marée humaine (100 000 réfugiés recensés par le secrétariat de la mairie de Prats-de-Mollo), qui transita par Prats-de-Mollo de janvier à mars 1939. Ces réfugiés vécurent les conditions précaires des camps de fortune malgré les efforts des municipalités puis ils se sont installés massivement dans les Pyrénées Orientales.
La Seconde Guerre mondiale dans les Pyrénées-Orientales
16 au , les pluies diluviennes s'abattent sur la région faisant près de 50 morts, détruisant des dizaines de ponts et des centaines d'immeubles (voir Aiguat de 1940)[15].
Enfermement de milliers de juifs français et étrangers au Camp de Rivesaltes, le "Drancy de la zone libre" à partir de 1942 et déportation vers Drancy et Auschwitz.
Août1944, libération du département par l'ensemble des forces de résistance, avec 531 morts dans les rangs de l'armée, des résistants et parmi la population.
le , Valmanya, village martyr situé sur les pentes du massif du Canigou. Le village est rasé et incendié par les troupes allemandes et les miliciens qui recherchent le maquis Henri Barbusse, et des guérilléros espagnols. Cinq résistants sont tués dont Julien Panchot qui fut supplicié, pour avoir protégé la retraite de ses compagnons, les armes à la main.
le , libération de Perpignan, avec 21 victimes tombées pour la ville.
Le , les Allemands fuient la région et font sauter leurs entrepôts de munitions , des mines marines et des armes, détruisant quasiment tout le port de Port-Vendres.
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L'après-guerre
L'énergie solaire
En 1949, l'ingénieur Félix Trombe et son équipe construisent le premier four solaire du monde, le Four solaire de Mont-Louis, pour la recherche expérimentale sur les nouveaux matériaux. Sur le modèle du four de Mont-Louis et au vu des résultats obtenus, un four solaire de taille quasi industrielle fut construit à Odeillo. Les travaux de la construction du grand Four solaire d'Odeillo durèrent de 1962 à 1968 pour une mise en service en 1970.
Les chercheurs du four solaire d'Odeillo orientèrent davantage leurs travaux vers la conversion de l’énergie solaire en électricité. Ces travaux participèrent à l’étude d’une centrale solaire thermique qui sera réalisée par EDF au début des années 1980. C’est la Centrale solaire Thémis.
En 2024, une consultation sur le changement de la dénomination des Pyrénées-Orientales à lieu. Le nom retenu est après, proposé à l’État par le conseil départemental[17].
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Notes et références
↑Jean Sagnes (dir.), Le pays catalan, t. 1, Pau, Société nouvelle d'éditions régionales, , 1-573 p. (ISBN2904610014)
↑Pièces inédites sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, chapitre sur Mailly.
↑Les Pyrénées-Orientales : Encyclopédie illustrée du Pays catalan, Privat, 2002, p.55
↑Les Pyrénées-Orientales : Encyclopédie illustrée du Pays catalan, Privat, 2002, p.57
↑Résistance républicaine in Fabricio Cárdenas, 66 petites histoires du Pays Catalan, Perpignan, Ultima Necat, coll. « Les vieux papiers », , 141 p. (ISBN978-2-36771-006-8, BNF43886275)
↑Les Pyrénées-Orientales : Encyclopédie illustrée du Pays catalan, Privat, 2002, p.224
↑Les Pyrénées-Orientales : Encyclopédie illustrée du Pays catalan, Privat, 2002, p.59