Une évasion est le fait pour un prisonnier de s'échapper de la prison où il est détenu. Les moyens qu'il est susceptible d'utiliser pour y parvenir sont, par exemple :
la force (violences et/ou destructions) ;
l'intimidation et les menaces (armes) ;
la pure improvisation (une chance créant un contexte favorable) ;
la ruse (parfois purement psychologique) ;
une certaine préparation (parfois longue, organisationnelle et technique) ;
une aide extérieure ;
des complicités intérieures (obtenues par menaces ou prévarication) ;
En droit pénal canadien, les infractions relatives à l'évasion et la délivrance de prisonniers sont aux articles 144 à 149 du Code criminel[2].
Parmi les principales infractions, on peut relever le « bris de prison » (art. 144 C.cr.), la « personne qui s’évade qui est en liberté sans excuse » (art. 145 C.cr.) et « permettre ou faciliter une évasion » (art. 146 C.cr.).
France et quelques autres pays européens
En France, l'évasion, définie dans le Code pénal, fait partie du droit pénal spécial[3]. L'évasion simple n'était pas réprimée avant la loi du [4]. Depuis cette loi, l'évasion simple (commise sans violence, effraction ou corruption) est réprimée, par l'article 434-27 du code pénal[5], de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende, la peine pouvant être aggravée si l'usage de la violence, d'armes, de produits incendiaires, toxiques, explosifs ou de corruption est avéré[3]. La qualification pénale de l'évasion est large : elle inclut l'évasion lors d'une garde à vue, ou le fait de se soustraire à une mesure de surveillance électronique[3].
En Allemagne[6],
En Autriche[7], en Belgique[8], aux Pays-Bas[9] et en Suède[10], la théorie du droit considère qu'il est de la nature humaine de vouloir être libre et de vouloir s'évader. Dans ces pays, les prisonniers qui s'évadent ne sont pas punis d'une peine supplémentaire s'ils le font sans enfreindre d'autres lois (utilisation de la violence, d'armes, etc.).
Dans son Répertoire de jurisprudence, Guyot (1728-1816) écrivait, à l'entrée « prison »:
« Un prisonnier qui verroit la porte de la prison ouverte, & profiteroit de la négligence du geôlier pour recouvrer sa liberté, seroit trop excusable d'avoir suivi le premier mouvement de la nature, pour devoir être puni ; mais si, retenu pour crime, il corrompoit le geôlier, & parvenoit à la déterminer à se sauver avec lui, dans le cas où ils viendroient à être repris, tous deux courroient le risque d'être punis de mort. »
Selon les données disponibles, le taux d'évasions était, en 2021 : Luxembourg (460,3 pour 10000 détenus), Finlande (273,8), Pays-Bas (249,6), Suisse (185,4), Suède (182,6), Danemark (114,2), France (107,4), Croatie (87,1), Irlande (60), Allemagne (44,1), etc.[11]
Mexique
Le Mexique, par exemple, ne pénalise pas l'évasion en tant que telle depuis les années 1930 : le droit mexicain reconnait en effet l'aspiration à toute personne pour la liberté. De même, la loi y reconnait le droit de s'enfuir de la police pour éviter une arrestation[réf. à confirmer][12]. Toutefois, si l'évasion elle-même n'est pas un crime, le fait d'utiliser de la violence ou de la corruption pour s'évader est réprimé. De plus, les gardes de prison ont le droit de tirer à vue et de tuer toute personne tentant de s'évader[réf. à confirmer][12].
Au Mexique[13], la théorie du droit considère qu'il est de la nature humaine de vouloir être libre et de vouloir s'évader.
Faits divers
De récents faits divers ont fait état, en France, d'évasions spectaculaires, où la technologie moderne remplace, par exemple, les « classiques » draps noués descendus le long de la muraille d'enceinte, les traditionnels coups de scie entamant l'acier des barreaux, et les rocambolesques percements de murs et de souterrains : il s'agit de l'usage des téléphones mobiles et de survol d'établissements pénitentiaires par hélicoptère (pilote pris en otage, ou — plus « intéressant » — petite amie d'un délinquant ayant pris elle-même pendant de longs mois des cours de pilotage). C'est ainsi que dans les investissements prévus par les autorités s'ajoutent aux équipements (tels que tessons de bouteilles fixés dans le ciment de la partie supérieure des murs d'enceinte, miradors, portes sécurisées électroniquement, caméras vidéo, etc.) les filets anti-hélicoptère couvrant les cours de prison par un maillage résistant et suffisamment serré pour empêcher tout hélitreuillage.
L'évasion peut être annoncée par le prisonnier et/ou particulièrement crainte par les gardiens, dans le cas d'opposant politique, d'ennemi ou d'ennemi public numéro 1. Elle peut être :
solitaire ;
individuelle dans sa première phase et plus collective par des enchaînements de circonstances ;
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: Au cours d'une révolte, plusieurs jeunes délinquants s'échappent de la Prison de Bastøy.
: 55 jeunes détenus d'une maison de correction à Belle-Île-en-Mer s'évadent. Commence alors une chasse à l'enfant sur toute l'île qui sera à l'origine de la légende noire d'un bagne d'enfant.
: Nouvelle évasion d'Albertine Sarrazin, cette fois de la prison-école de Doullens dans la Somme.
11 juin 1962 : Evasion d'Alcatraz, Frank Morris et les frères Clarence Anglin et John Anglin prennent la fuite à bord d'un radeau de fortune après avoir creusé le mur de leur cellule.
: en Afrique du Sud, Tim Jenkin réussit à s'enfuir de la prison de Pretoria avec deux autres détenus grâce à des copies de plusieurs clés que Jenkin a fabriquées.
à 10 h 50, la « grande évasion » : première évasion mondiale en hélicoptère et double évasion en hélicoptère depuis une prison française, celle de Fleury-Mérogis (Essonne). Grâce à Serge Coutel, Gérard Dupré et Daniel Beaumont louent un hélicoptère dont le pilote, Claude Fourcade, est pris en otage alors qu'il pensait transporter de Paris à Orléans des hommes d'affaires.
: en Irlande du Nord, 36 prisonniers de l'Armée républicaine irlandaise se sont évadés d'un complexe militaire britannique, le Maze, près de Belfast. Ce fut la plus grande évasion en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et elle s'est déroulée dans la prison la plus fortifiée de l'Europe à l’époque.
1998 : évasion de Martin Gurule du quartier des condamnés à mort dans la prison d'Ellis, à Huntsville (Texas) (alias « Prison City »)[14],[15]. Martin Gurule fut retrouvé mort dans une rivière quelques jours plus tard[14].
: Antonio Ferrara s'évade de la prison de Fresnes à l'aide d'explosifs et de lance-roquettes[20].
: organise l'évasion d'un ami, repris tous les deux en mai.
: repris le .
: 28 détenus s'évadent de la prison de Termonde (Belgique).
: Près d'un millier de prisonniers, dont plusieurs centaines de talibans, se sont évadées de la prison de Kandahar, en Afghanistan, après une attaque armée très violente sur l'établissement.
: Joaquín Guzmán, dit « El Chapo » s’évade de la prison de haute sécurité d’Altiplano[22].
: deux pilotes d'avion, condamnés à 20 ans de prison par la justice de la République dominicaine pour trafic de drogue dans le cadre de l'affaire Air Cocaïne, échappent à la surveillance de leur résidence surveillée en attente de l'appel et rejoignent la France avec l'aide du député européen Aymeric Chauprade et d'un criminologue.
Les Damnés (1963), film de Joseph Losey avec Oliver Reed, montrant la tentative des « enfants radio-actifs », objet d'expériences… médico-pédago-militaires.
King Kong, la « bête » (très grand singe, devenu mythique depuis le film original) qui s'échappe en créant catastrophe sur catastrophe pour rejoindre la « belle » humaine, dont il est tombé amoureux.
↑ ab et c LIVRE IV : Des crimes et délits contre la nation, l'État et la paix; TITRE III : Des atteintes à l'autorité de l'État; CHAPITRE IV : Des atteintes à l'action de justice; Section 3 : Des atteintes à l'autorité de la justice; Paragraphe 2: De l'évasion. (art.434-27 et suivants)
↑Judith Zubrin Gold, « Prison Escape and Defenses Based on Conditions: A Theory of Social Preference », California Law Review, vol. 67, no 5, , p. 1184, note 7 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
↑« Correctional Services in Austria » [archive du ], sur justiz.gv.at, Republic of Austria Federal Ministry of Justice, (consulté le ) : « Considerable attention is being focussed upon rights and obligations of prisoners [...] The violation of certain obligations of conduct is called a misdemeanour. Some misdemeanours are listed as examples: − Escape »
↑(en) « Prison Escapes Still No Crime », Sveriges Radio, (lire en ligne, consulté le )
↑Hadrien Valat, « Combien de prisonniers tentent chaque année de s’évader en France ? Et combien réussissent ? », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Mary Jordan et Kevin Sullivan, « Mexican Jailbirds Get to Fly for Free », The Washington Post, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
↑ ab et cPatrick Sabatier, « La folle cavale au Texas. 500 policiers traquent l'évadé du couloir de la mort de Huntsville », Libération, 2 décembre 1998. Lire en ligne.