La première mélodie, La Statue de bronze, évoque « la tristesse d'une grenouille de bronze, ornement d'un jeu de jardin, condamnée à rester la bouche grande ouverte dans l'attente d'un mot qui ne viendra jamais ». La deuxième, Daphénéo, nous apprend qu'« un oisetier est un arbre à oiseaux ». Un chant calme, en croches égales le plus souvent, s'étale en deux strophes« ponctuées d'un long soupir d'étonnement ». Enfin, la troisième et dernière mélodie, Le Chapelier, l'histoire d'un chapelier « dont la montre retarde, bien qu'il la graisse avec du beurre et la plonge dans sa tasse de thé », se déroule sur une parodie musicale du Duo de Mireille de Gounod[1].
Bruno Giner souligne que chaque mélodie est écrite dans un style différent : « caf' conc' pour La Statue de bronze, mélodie « blanche » proche du futur Socrate pour Daphénéo et un pastiche pour Le Chapelier, en l'occurrence celui d'un air de Mireille de Gounod[10] ».
Vincent Lajoinie distingue particulièrement Daphénéo, « la plus réussie des trois », avec « son texte gentiment naïf, [...] la transparence de l'accompagnement et la pureté modale de la ligne vocale, [...] à la limite du dépouillement et très proche de celle des œuvres de la maturité[11] ». De son opinion, les autres mélodies, plus tournées vers le style passé de Satie, sont moins notables : même si Le Chapelier« peut encore faire sourire par son imitation fort réussie d'une romance « à la Gounod » (accords plaqués en triolets, harmonies doucereuses et mélodie complaisante) », La Statue de bronze, en revanche, « par son côté music-hall et sa forme tarabiscotée, ne présente guère d'intérêt majeur[12] ».
↑Bénédicte Renié, Le soutien des artistes à la création contemporaine durant la Grande Guerre : les soirées de la salle Huyghens (1916-1917) (lire en ligne), p. 16