La première pièce, Tyrolienne turque, présente des échos détournés de la « Valse favorite » de Mozart et de sa Marche turque, quand la deuxième pièce, Danse maigre, mêle quelques motifs chantants (à la façon des Airs à faire fuir des Pièces froides) à de petits ostinatos[1]. Après ces deux morceaux au tempo plutôt lent, s'avance la dernière pièce sur un rythme de valse, Españaña, qui tourne en dérision (jusque dans son titre, maltraitant España) les rythmes espagnols prisés de Chabrier, Bizet ou Ravel[6]. Ainsi, « une citation de l'España de Chabrier est promenée de la « Puerta Maillot » à la « Rue de Madrid » , en passant par la « Plaza Clichy » ; c'est à l'adresse du Conservatoire[note 4], bien entendu, qu'elle est harmonisée avec le plus de platitude »[7].
Tous deux admirateurs de Chabrier[8], Satie et Ravel lui rendent hommage de manière détournée, en 1913. Vladimir Jankélévitch recommande de lire avec attention « la parodie sans malice que Ravel écrit à la manière d'Emmanuel Chabrier[9] ». Satie, qui se fait une spécialité des « parodies et caricatures d'un auteur ou d'une œuvre[10] » reprend España dans le même esprit, dans ces Croquis et Agaceries d'un gros bonhomme en bois[11].
Discographie
Tout Satie !Erik Satie Complete Edition[12], CD 3, Aldo Ciccolini (piano), Erato 0825646047963, 2015.
Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN978-2-221-08566-0), p. 2390-2391.