La théorie des anciens astronautes (TAA, ou astroarchéologie) est une théorie ufologique pseudo-historique selon laquelle plusieurs anciennes civilisations terrestres auraient été en contact avec des « visiteurs » extraterrestres venus apporter quelques savoirs dans les domaines de l'écriture, de l'architecture, de l'agriculture, des mathématiques, de l'astronomie et de la médecine. Ces « êtres » hypothétiques, détenteurs d'une technologie supérieure à celle de l'Homme à ces époques, seraient devenus, au fil des siècles, des « dieux », ces êtres supranaturels dont parlent les anciennes mythologies et dont l'archéologie met les cultes en évidence.
La théorie s'appuie sur une interprétation littérale de textes religieux ou de découvertes insolites comme les lignes de Nazca, ou encore de faux artéfacts comme les crânes de cristal.
La dénomination « Anciens astronautes » provient de l'ouvrage de Jacques Bergier et Georges H. Gallet publié en 1977, Le Livre des anciens astronautes[1] (et les concepts du cosmisme ou du père Pierre Teilhard de Chardin furent en leur temps évoqués dans la revue Planète).
La théorie est qualifiée de « néo-évhémérisme » par le sociologue Jean-Bruno Renard en 1980[2].
Selon Jason Colavito, l'écrivain de science-fiction américain Howard Phillips Lovecraft est à l'origine de la diffusion de la théorie des anciens astronautes dans la culture populaire tout au long du XXe siècle. Par le biais de ses récits fictionnels dépeignant des entités extraterrestres — assimilées parfois à des anciens dieux ou démons — descendues sur Terre en des temps infiniment lointains (L'Appel de Cthulhu, Les Montagnes hallucinées), Lovecraft aurait eu une influence déterminante sur Louis Pauwels et Jacques Bergier, lesquels ont largement contribué à lancer le thème des anciens astronautes en France[3].
La théorie est souvent attribuée à Erich von Däniken mais, si ce dernier l'a amplement popularisée en 1968 avec Erinnerungen an die Zukunft (titre français : Présence des extraterrestres, 1969 ; titre anglais : Chariots of the Gods. Unsolved Mysteries of the Past, 1968), elle reprend de nombreux éléments déjà présents dans les doctrines théosophiques publiées par Helena Blavatsky dans les années 1880, ainsi que d'autres publiés par Louis Pauwels et Jacques Bergier dans Le Matin des magiciens, introduction au réalisme fantastique (Gallimard, 1960), par Robert Charroux dans Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans (Robert Laffont, 1962) et par Jean Sendy dans Ces Dieux qui firent le Ciel et la Terre, Le Roman de la Bible (Robert Laffont, 1969), (précédé par La Lune clé de la Bible en 1965). Sans compter de nombreux textes littéraires relevant de la science-fiction, comme À l'aube de l'histoire ou La Sentinelle, publiés par Arthur C. Clarke en 1951 et 1953 [4], ou des récits d'avant-guerre tels ceux de l'américain Charles Hoy Fort, ou du français Henri Lhote (pétroglyphes sahariens).
La théorie repose sur les affirmations et interprétations suivantes :
Pour la communauté scientifique, la théorie des anciens astronautes n'a aucun fondement et ne repose que sur un amalgame de prétendus mystères historiques ou préhistoriques. Les éléments archéologiques réputés inexpliqués ont aussi une explication rationnelle déjà exposée par les archéologues.
Ainsi, Jean-Pierre Adam, dans L'archéologie devant l'imposture (1975), démontre que la construction de la grande pyramide repose non pas sur un savoir étranger à l'espèce humaine mais bien sur les techniques de l'époque[9]. La récente découverte de comptes de campagne, datant de Chéops, a abondé dans le sens de l'origine uniquement humaine de la pyramide.
La fabrication des géoglyphes de Nazca s'explique par des procédés strictement humains[10], consistant en un simple déplacement des cailloux de surface et l'emploi des techniques d'arpentage ; l'absence de précipitations permet d'expliquer leur longévité.
La machine d'Anticythère s'est révélée être un planétarium remarquablement complexe, mais fondé sur un modèle géocentrique (le Soleil et les planètes tournant autour de la Terre), erreur que d'anciens astronautes n'auraient pu faire.
Les statues de l'Île de Pâques paraissent intransportables en l'absence d'arbres, mais les études palynologiques ont révélé qu'autrefois, l'île en abritait plusieurs espèces en assez grand nombre.
Ainsi l'interprétation de certains faits à laquelle se sont livrés les auteurs de la théorie dans les années 1960 ne résiste pas aux progrès de l'archéologie (datations au carbone 14, par exemple) et d'autres sciences, comme la géophysique (dérive des continents pour contester un pseudo continent effondré dans l'Atlantique au large des colonnes d'Hercule, etc.).
La théorie a eu un fort retentissement médiatique. Si elle n'a jamais été sérieusement considérée comme une théorie scientifique par les historiens ou les archéologues, elle a donné lieu à de nombreuses retombées :
D'après certains auteurs, par exemple Robert Charroux, dans Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans (Robert Laffont, 1963), ou encore Guy Tarade, dans Les Archives du savoir perdu. Les Énigmes de l'univers (Robert Laffont, 1972), des représentations étranges visibles dans quelques grottes ornées, telles celle d'Altamira en Espagne ou celle de Cougnac en France, seraient des représentations d’ovnis[13]. De même, des statuettes ou des peintures (comme les fresques du Tassili, en Algérie) ressembleraient étrangement à certaines représentations d'extraterrestres du XXe siècle, preuve, selon certains courants ufologiques, de l'ancienneté du phénomène.
Certaines de ces apparitions étranges peuvent avoir été des phénomènes astronomiques (comme des comètes ou des météores) ou optiques atmosphériques. L'analyse de ces faits passés est dénommée couramment rétro-ufologie. En voici quelques exemples :
À ces époques, il est surtout question de phénomènes occultes, chez des théoriciens comme Agrippa de Netessheim ou Paracelse. L'influence de la religion est réelle puisque les phénomènes célestes sont considérés comme des avertissements divins ou des expressions maléfiques imputables aux sorciers et sorcières :
De nos jours, ces témoignages sont parfois interprétés comme l'équivalent ancien de rapports d'ovnis modernes. Pour les cas les plus souvent cités, une explication simple est fournie par les historiens de l'art :
De nombreuses œuvres littéraires, cinématographiques, télévisuelles et autres se sont inspirées de la théorie des anciens astronautes.
Cette section ne traite que des œuvres montrant des traces d'extraterrestres anciens dans l'archéologie ou dans l'OOPArt. Les œuvres inspirées par les Grands Anciens se trouvent dans cet article.