Considéré comme un précurseur du symbolisme, il est une figure majeure de la peinture française de la seconde moitié du XIXe siècle.
Il a été l'un des fondateurs de la nouvelle Société nationale des beaux-arts en 1890[2],[3].
Biographie
Famille
La famille Puvis de Chavannes est une famille d'ancienne bourgeoisie originaire de Bourgogne. Elle a conservé le nom de sa terre de Chavannes[4]. Elle est issue de Michel Puvy (1620-1694), vigneron, bourgeois de Cuiseaux, (Saône-et-Loire). Thaurin Puvy (1652-1700), échevin de Cuiseaux, était huissier royal, sergent royal ordinaire de Cuiseaux. Pierre Puvis (1697-1754), était lieutenant du Bailliage de Cuiseaux. Claude-Louis Puvis de Chavannes (1729-1801), était avocat au Parlement de Bourgogne. César Puvis de Chavannes (1785-1843), polytechnicien (X 1809), était ingénieur en chef des Mines.
Pierre Puvis de Chavannes, né le , à Lyon est le fils de Marie Julien César Puvis, ingénieur des mines à Lyon, et de Marguerite Guyot, fille d'un négociant[5].
Il vécut avenue de Villiers à Paris, auprès de la princesse roumaine Marie Cantacuzène, qu'il rencontre en 1856 sans doute dans l'atelier du peintre Théodore Chassériau dont elle est l'amie. Ils se marient, 42 ans plus tard, en 1898, quelques mois avant leurs morts respectives. Elle a une influence considérable sur lui, devenant sa compagne, sa collaboratrice, sa muse.
Jeunesse et formation
Après des études de rhétorique et de philosophie au lycée Henri-IV de Paris, il fait un premier voyage en Italie, puis commence à étudier la peinture auprès d'Henry Scheffer. Il fait ensuite un second séjour en Italie en compagnie de Louis Bauderon de Vermeron et étudie brièvement auprès d'Eugène Delacroix, puis dans l'atelier de Thomas Couture. Il est marqué par les grandes peintures murales de Théodore Chassériau, exécutées pour l'escalier de la Cour des comptes entre 1844 et 1848 (détruites en 1871). Il ne trouve véritablement sa voie qu'à l'âge de 30 ans en réalisant le décor de la salle à manger de la maison de campagne de son frère (Les Quatre Saisons, Le Retour de l'enfant prodigue), en 1854.
Un maître de la peinture allégorique
Ses débuts au Salon sont difficiles. Il fut plusieurs fois refusé et quand enfin il exposa, il fut sévèrement critiqué. Puis, en 1861, il remporta un premier succès avec Concordia (La Paix) et Bellum (La Guerre) exposé au Salon. La première fut achetée par l'État français. Le peintre, pour que les deux œuvres ne soient pas séparées, fit don de la seconde.
La décoration murale du musée de Picardie
Deux ans plus tard, il présenta au Salon deux autres allégories, Le Travail et Le Repos, qu’il ne réussit pas à vendre mais Arthur-Stanislas Diet, l'architecte du musée de Picardie, en cours de construction à Amiens, les remarqua. Il demanda alors l'attribution des toiles Concordia et Bellum au nouveau musée, afin qu'elles décorassent la grande galerie du premier étage. De ce fait, le peintre fit don des deux toiles, Le Travail et Le Repos, qui décorèrent deux des murs du grand escalier. Le succès fut au rendez-vous, on commanda à Puvis une autre peinture allégorique : Ave Picardia Nutrix (« Salut, Picardie nourricière »), qui vint décorer le mur du palier de l'escalier d'honneur. Et en 1882, l'artiste réalisa Pro Patria Ludus[6] (« Les Jeux pour la patrie »)[N 1], qui prit place en face d'Ave Picardia Nutrix dans la cage du grand escalier, en 1888[7].
Puvis de Chavannes compléta le décor du grand escalier et de la grande galerie du premier étage par d'autres toiles allégoriques : L'Etude, La Contemplation, La Fileuse, Le Moissonneur...
Ce décor exceptionnel sur le plan thématique et stylistique est représentatif du traitement novateur que Puvis de Chavannes apporta au genre allégorique, dont il devint à la fin du XIXe siècle le plus brillant représentant.
Les décors muraux à Paris, à Lyon, Marseille, Poitiers et Boston
À son petit atelier de Pigalle, il ajouta rapidement un plus grand, à Neuilly. En 1883, il réalisa un portrait de sa compagne, Marie Cantacuzène, conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon. Elle lui servit également de modèle pour la Salomé de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste, pour Radegonde de l'hôtel de ville de Poitiers, et pour la Sainte-Geneviève du Panthéon de Paris.
Puvis de Chavannes réalisa de grands décors muraux : au palais Longchamp à Marseille (1867-1869), à l'hôtel de ville de Poitiers (1870-1875), à l'hôtel de ville de Paris (1887-1894), à la bibliothèque publique de Boston (1881-1896). À ceux-ci s'ajoutèrent trois ensembles exceptionnels, celui du Panthéon de Paris, où il traita de la vie de Sainte Geneviève (1874-1878) et (1893-1898) ; le décor de l'escalier du musée des Beaux-Arts de Lyon (1884-1886) avec le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses complété par Vision antique, Inspiration chrétienne et deux figures représentant le Rhône et la Saône ; et enfin le grand décor de l'amphithéâtre de la Sorbonne à Paris (1886-1889), qui développe le thème du Bois sacré. Chacun de ces décors donna lieu à des études, copies, répliques, cartons préparatoires qui popularisèrent l'œuvre de Puvis en particulier à l'étranger.
Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1867, promu officier en 1877, puis commandeur en 1889. Il obtint la médaille d'honneur en 1882. Il épouse Marie Cantacuzène en 1898. Celle-ci meurt en août de la même année.
Il meurt le à son domicile, 89 avenue de Villiers dans le 17e arrondissement de Paris[9]. Il est enterré à sa mort au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine[10], puis transféré en 2018 au cimetière de Champagnat, en Saône-et-Loire, berceau de la famille Puvis de Chavannes. Sa chapelle frappée d'abandon en 2000 fut sauvée par l'intervention de l'historien Frédéric de Berthier de Grandry[réf. nécessaire], habitant alors à Neuilly-sur-Seine.
En ce qui concerne l'appréciation de l'œuvre de sa vie, Puvis de Chavannes n'a jamais été bien compris par ses contemporains. Au début de sa carrière, la critique d'art était divisée en deux camps. Adoré des idéalistes, il était méprisé par les partisans des réalistes. Ce n'est qu'avec l'avènement du symbolisme que ces deux camps se sont unis, mais sans parvenir à une appréciation convaincante du peintre. La recherche actuelle a hérité de cette contradiction de la critique d'art et n'offre donc toujours pas une présentation convaincante de l'art de Puvis de Chavannes[11].
Chronologie
Les informations suivantes proviennent principalement de : Léon Riotor, Puvis de Chavannes, Librairie Larousse, s.d. [1914].
Sainte Geneviève soutenue par sa pieuse sollicitude veille sur la ville endormie, 1898.
non daté :
Portrait de femme, sanguine et rehauts de craie blanche sur papier beige, 23,9 × 9,5 cm, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts[21]. Cette feuille fait partie d’un ensemble de 88 dessins offerts en 1883 à Antoine-Nicolas Bailly. L'absence de dédicace faisant mention du nom du modèle montre qu'il s'agissait certainement d'une femme connue du destinataire et de l'artiste, à savoir Suzanne Valadon, qui était depuis 1880 l’un de ses modèles préférés[22] ;
Femme en pied tenant une écuelle : étude de figure pour l’“Enfance de sainte Geneviève”, pierre noire, rehauts de blanc, mise au carreau à la sanguine et à la pierre noire sur papier, 45 × 17 cm, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts[23],[24].
Fondé en 1928, ce prix est attribué à un artiste plasticien par la Société nationale des beaux-arts et consiste en une rétrospective de l'œuvre du lauréat à Paris au Carrousel du Louvre lors de la tenue du Salon de la Société nationale des beaux-arts suivant. Ont notamment reçu ce prix les artistes[28] :
Le Comité Pierre Puvis de Chavannes[33] est le détenteur du droit moral de l'artiste et est habilité, sans exclusivité, à délivrer des certificats d’authenticité concernant les œuvres réalisées par ce peintre.
Notes et références
Notes
↑Peinture récompensée par une médaille d'honneur au Salon de peinture et de sculpture de Paris de 1882.
↑En lettres d'or sur le cadre : « LA VILLE DE PARIS INVESTIE CONFIE A L'AIR SON APPEL A LA FRANCE ».
↑En lettres d'or sur le cadre : « ECHAPPE A LA SERRE ENNEMIE LE MESSAGE ATTENDU EXALTE LE CŒUR DE LA FIERE CITE ».
↑(de) Manuel Mayer, Die erträumte Kunst Pierre Puvis de Chavannes’. Eine Studie zum Verhältnis von Forschung und Kunstkritik im Angesicht einer Malerei zwischen Staffelei- und Wandbild, Heidelberg, ART Dok Publikationsplattform Kunst- und Bildwissenschaften Universität Heidelberg, , 202 p. (lire en ligne).
↑Raymond Oursel, « Le pays de Cuiseaux », Images de Saône-et-Loire, no 10, (), pp. 17-20.
↑Tableau présenté au Salon des artistes français de 1882, classé au titre des Monuments historiques le . Source : notice de Michaël Vottero consacrée au Portrait de M. Puvis de Chavannes (conservé à Champagnat, collection privée) publiée dans Du calice à la locomotive : objets de Saône-et-Loire, Éditions Lieux Dits, Lyon, 2021 (ISBN9782362191862).
↑Annie Bleton-Ruget, Le musée des Beaux-Arts de Louhans, invitation à une nouvelle découverte, revue « Images de Saône-et-Loire » no 214 (), pages 18 à 22.
René Jullian L'Œuvre de jeunesse de Puvis de Chavannes, Gazette des beaux-arts, novembre 1938.
Puvis de Chavannes. 1824–1898, Katalog zur gleichnamigen Ausstellung des Grand Palais (Paris) vom 26. November 1976 bis zum 14. Februar 1977 und der Galerie nationale du Canada (Ottawa) vom 18. März bis zum 1. , Secrétariat d'État à la Culture und Éditions des Musées Nationaux unter generalkommissionarischer Leitung von Louise d'Argencourt (Ottawa) und Jacques Foucart (Paris) (Hg.), Paris 1976 / in der englischen Übersetzung vorgelegt von The National Gallery of Canada, Ottawa 1977.
Dictionnaire de la peinture française, Librairie Larousse, 1989, Überarbeitete Ausgabe von 1991, Paris, (ISBN2-03-740011-X).
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Puvis de Chavannes. Une voie singulière au siècle de l'Impressionnisme, Katalog zur gleichnamigen Ausstellung im Musée de Picardie zu Amiens vom 5. November 2005 bis 12. März 2006, hg.v. Matthieu Pinette, Amiens 2005.
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