Les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (en latin : Congregatio Missionariorum Oblatorum B. M. V. Immaculatae) forment une congrégation cléricalemissionnaire de droit pontifical qui se consacre principalement aux missions.
Originellement établie dans le but de revivifier l'Église de Provence après la Révolution française notamment par un apostolat missionnaire dans les zones défavorisées, la congrégation missionnaire est aujourd'hui présente dans de nombreux pays. Juridiquement, c'est une congrégation cléricale. Sa spiritualité[1] s'appuie sur une vie de prière et d'action, la dynamique missionnaire représentant l'élan extérieur de la Bonne Nouvelle reçue et vécue intérieurement. Les oblats participent à de nombreux projets de réhabilitation dans le monde et sont à l'origine d'œuvres missionnaires auprès des populations les plus démunies.
En 1841, à la demande d'Ignace Bourget, la congrégation envoie ses premiers missionnaires au Canada. D'abord accueillis à St-Hilaire en Montérégie, les Oblats s'installent bientôt à Montréal et à Bytown (Ottawa). Rapidement, les Oblats prêchent des missions paroissiales et plus tard, acceptent des paroisses en milieu pauvre. Les Oblats essaiment au Témiscamingue et en Abitibi et se rendent jusqu'à Moose Factory et Fort Albany à la Baie James. En 1845, à la demande de Joseph Provencher, les Oblats se rendent à Rivière-Rouge (St-Boniface) au Manitoba. C'est le début des missions de l'Ouest et du Nord canadiens. Les Oblats desservent les populations blanches et métis, mais aussi les Amérindiens et les Inuits dont ils apprennent les langues. En 1852, les Oblats se voient confier des paroisses francophones aux États-Unis où de nombreux Canadiens français ont émigré. On les retrouve à Plattsburgh, Burlington, Buffalo et Lowell. Nicolas Coccola fondera une école amérindienne et une mine d'argent sur le site de la Mission jésuite Saint-Eugène auprès des indiens Kootenai, en Colombie Britannique, à la frontière des États-Unis.
En 1903, les oblats de Marie-Immaculée sont expulsés de France[réf. nécessaire] ; ils y reviennent après la Première Guerre mondiale. Pendant la Grande Guerre, environ 200 oblats combattent du côté français (21 trouvent la mort) et 333 du côté allemand (25 sont tués et 3 portés disparus)[2].
Les premiers missionnaires oblats arrivent en 1931 au Congo belge (actuelle République démocratique du Congo). Trois d'entre eux sont assassinés pendant la rébellion muléliste en 1964[3]. Les oblats s'installent au Laos en 1935. En 1938, le pape Pie XI surnomme les oblats les « spécialistes des missions difficiles ».
Le , cinq oblats du scolasticat de La Brosse-Montceaux sont assassinés par la Gestapo : le Père Albert Piat (35 ans), le Père Christian Gilbert (32 ans), le frère Joachim Nio (46 ans), le scolastique Jean Cuny (26 ans) et le scolastique Lucien Perrier (26 ans). Une stèle honore leur mémoire[4],[5].
Le , le Père Michael Rodrigo (60 ans), Sri-lankais apôtre du dialogue avec les bouddhistes, est assassiné à la fin de sa messe à Butthala, village majoritairement bouddhiste[6].
Le , Benjamin de Jesus de nationalité philippine, vicaire apostolique de Jolo, est assassiné à Jolo à l'âge de 56 ans par un islamiste. Il était pourtant soucieux du dialogue avec les musulmans.
Le , à l'occasion du bicentenaire de la fondation de la congrégation, Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, a célébré en présence du supérieur général des missionnaires oblats la messe du Jubilé[7].
En 1997, ils étaient 3 616 prêtres, 584 frères et 560 scolastiques. Un des membres les plus connus des oblats est à cette époque le cardinalFrancis George, archevêque de Chicago. En 2012, ils étaient 4 093 membres dont 3 025 prêtres, 383 frères et 42 évêques. Au , ils étaient 3 992 dont 2 985 prêtres dans 979 maisons[9] et, six ans plus tard, 3 786 membres dont 2 741 prêtres dans 640 maisons[10].
Organisation
La congrégation est dirigée par un supérieur général, le premier ayant été son fondateur, Eugène de Mazenod, de 1816 à 1861, année de sa mort. Maintenant élu pour un mandat de six ans renouvelable une fois, le supérieur général est assisté d'un vicaire général, d'un premier assistant général, d'un second assistant général, de cinq conseillers généraux responsables chacun des provinces par continent, d'un secrétaire général et enfin d'un trésorier général. La maison générale est à Rome, via Aurelia.
Théodore Labouré (1932-1943), sous sa direction, la congrégation connaît une forte croissance. Cependant, affecté et épuisé par la Seconde Guerre mondiale, il laisse les rênes de la congrégation à son vicaire général, le père Hilaire Balmes, qui dirigera les Oblats jusqu'à la formation d'un nouveau chapitre général en 1947.
L'Europe est désormais organisée en six provinces: province de France avec sa mission du Vietnam, province d'Europe centrale (formée en 2007, elle regroupe l'ancienne province d'Allemagne, l'Autriche et la République tchèque), province de Belgique-Hollande, province de Méditerranée (qui regroupe les anciennes provinces d'Italie et d'Espagne, avec la délégation du Sénégal, la mission du Sahara Occidental et la mission de Roumanie), province anglo-irlandaise et enfin province de Pologne (avec la délégation d'Ukraine et la délégation des Polonais de France et du Luxembourg et la mission de Biélorussie[12] et la mission du Turkménistan, la Pologne s'occupe aussi de la délégation de Madagascar).
L'Asie est organisée en six provinces : Australie avec sa délégation de Chine ; Colombo (Sri Lanka) avec sa délégation du Bangladesh, sa délégation du Pakistan, sa délégation du Japon et sa mission de Corée ; Jaffna (Sri Lanka) ; Inde ; Indonésie ; Philippines avec sa délégation du Laos et de la Thaïlande. L'Afrique est organisée en sept provinces : Cameroun et sa mission du Nigeria, Congo avec sa mission d'Angola, Natal et sa mission du Zimbabwe, Lesotho et sa mission du Botswana, province centrale d'Afrique du Sud, province du Nord d'Afrique du Sud, Namibie.
Il existe encore quatre provinces en Amérique du Nord, trois au Canada (dont une accompagne une mission au Kenya) et une aux États-Unis (qui s'occupe aussi de la mission de Zambie). Les trois provinces oblates canadiennes sont la province Notre-Dame-du-Cap qui regroupe les œuvres francophones de l'Est du Canada, la province Lacombe qui est la province anglophone et la province l'Assomption qui regroupe les œuvres polonaises et qui est basée à Toronto. L'Amérique du Sud est partagée en six provinces[13].
En 1936, vingt-deux oblats espagnols (dont la plupart avaient moins de vingt-cinq ans) sont tués avec leur provincial le P. Francisco Esteban Lacal pendant la Guerre d'Espagne et les massacres de Paracuellos. Ils sont béatifiés à Madrid le . Ce sont Juan Antonio Pérez Mayo, prêtre et professeur, 29 ans, Manuel Gutiérrez Martín, étudiant, sous-diacre, 23 ans, Cecilio Vega Domínguez, étudiant, sous-diacre, 23 ans, Juan Pedro Cotillo Fernández, étudiant, 22 ans, Pascual Aláez Medina, étudiant, 19 ans, Francisco Polvorinos Gómez, étudiant, 26 ans, Justo González Lorente, étudiant, 21 ans - fusillés le - puis ce sont le suivant José Vega Riaño, prêtre et enseignant, 32 ans, et Serviliano Riaño Herrero, scolastique, 30 ans. Le , treize autres trouvent la mort : Francisco Esteban Lacal, provincial, 48 ans, Vicente Blanco Guadilla, supérieur, 54 ans, Gregorio Escobar García, nouvellement ordonné prêtre, 24 ans, Juan José Caballero Rodríguez, étudiant, sous-diacre, 24 ans, Publio Rodríguez Moslares, étudiant, 24 ans, Justo Gil Pardo, étudiant, diacre, 26 ans, Angel Francisco Bocos Hernández, frère, 53 ans, Marcelino Sánchez Fernández, frère, 26 ans, José Guerra Andrés, étudiant, 22 ans, Daniel Gómez Lucas, étudiant, 20 ans, Justo Fernández González, étudiant, 18 ans, Clemente Rodríguez Tejerina, étudiant, 18 ans et Eleuterio Prado Villarroel, frère, 21 ans.
En novembre 2021, l’action collective intentée par les victimes alléguées d’agressions sexuelles d'Oblats de Marie-Immaculée est autorisée. Plus de 200 personnes y sont inscrites[16].
Au Canada
Fondation de l'Université d'Ottawa
Les Oblats fondent l'Université d'Ottawa en 1848 sous le nom de Collège de Bytown. Ils en assurent la direction jusqu'en 1966. Les Oblats construisent en 1885 l'immense scolasticat Saint-Joseph d'Ottawa qui abrite plusieurs centaines de séminaristes. Il ferme en 1971 pour devenir une maison d'accueil, dénommée après 1974 Maison Deschâtelets (du nom du supérieur général de la congrégation, le T.R.P. Léo Deschâtelets, supérieur général de 1947 à 1972), et de diverses activités. La congrégation vend l'édifice en 2016 à une société immobilière qui le transforme en immeuble d'appartements de standing[17].
Les Oblats sont célèbres pour leurs missions importantes à partir de la seconde moitié du XIXe siècle auprès des Inuits (appelés alors Esquimaux). Toute une littérature missionnaire concernant le Grand Nord canadien tient en haleine les foyers catholiques jusqu'au milieu du XXe siècle et suscite alors de nombreuses vocations en Europe et en Amérique du Nord.
Réserves et pensionnats autochtones
Les Oblats ont joué un rôle important dans la colonisation des Premières Nations et dans l'implantation des réserves Autochtones[18]. Ils ont créé et administré 48 pensionnats autochtones au Canada où plusieurs enfants ont été victimes de graves sévices sexuels, physiques et psychologiques et où plusieurs d'entre eux ont également perdu la vie faute de soins appropriés[19],[20]. En 2018, les Oblats de Marie-Immaculée n'ont toujours pas présenté d'excuses aux Autochtones à qui ils ont fait subir ces sévices. Ils sont même toujours propriétaires de certaines terres[21] appartenant en fait aux Autochtones, de qui ces derniers ont peine à réclamer ce qui leur est dû.
En 1991, le supérieur Majeur des Oblats du Canada a presenté les excuses de la Congrégation aux peuples autochtones. Dans ce texte signé par Douglas Crosby, OMI, le président de la Conférence Oblate du Canada, il dit : "Après 150 ans de présence et de ministère au sein des peuples autochtones du Canada, les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée du Canada désirent présenter des excuses pour Certains aspects de leur présence et ministère au cours de ces années"[22].
Les fonds d'archives des Oblats de la province de l'Est du Canada sont conservés aux Archives Deschâtelets-NDC des missionnaires Oblats de Marie Immaculée à Richelieu, Québec. Un fonds d'archives des Oblats de Marie Immaculée est conservé au centre d'archives de la Côte-Nord de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[23].
En Pologne
Les Oblats arrivent en 1920 en Pologne. Ils y ont aujourd'hui vingt-et-une maisons. Leur maison de formation est à Obra (Wolsztyn) et leur noviciat à Łysa Góra. C'est aujourd'hui la province la plus dynamique d'Europe avec de nombreuses missions ad extra (Biélorussie, Ukraine, Turkménistan, Madagascar, etc.).
En France
La France a connu de nombreuses vocations d'oblats jusque dans les années 1960-1970, avant que la crise de l'Église n'éclate et que l'indifférence, voire l'hostilité, de la société française vis-à-vis du catholicisme ne se développe. En 2016, des missionnaires français au Laos ont été béatifiés pour leur martyre ; il s'agit des PP. Michel Coquelet, Vincent L'Hénoret, Louis Leroy et Jean Wauthier aux côtés de Laotiens[24].
La maison provinciale, siège de la province de France, se trouve toujours à Lyon. Elle est sous la responsabilité du P. Vincent Gruber, élu en 2014 comme provincial des 137 (en 2016) oblats de France qui représentent aujourd'hui 15 nationalités différentes. En , Renaud Saliba quitte le sanctuaire de Pontmain et lui succède comme provincial, Vincent Gruber prenant sa suite à Pontmain[25]. La province regroupe plusieurs communautés : à Orly où les oblats animent la paroisse Saint-Martin ; à Pontmain où ils animent le sanctuaire de Notre-Dame de Pontmain et la maison de retraite des missionnaires anciens (une vingtaine) ; à Charleville-Mézières ; à Strasbourg ; à Neunkirch où ils animent le pèlerinage de Notre-Dame de Neunkirch; à Lyon avec trois maisons dont une pour les frères âgés et dépendants; à Lourdes où ils s'occupent de la pastorale des jeunes depuis les années 1980 ; à Aix-en-Provence avec deux maisons, le centre international Mazenod[26] (qui se trouve être la première maison de la congrégation) et Le Cagnard, maison d'accueil et de ressourcement près d'Aix ; à Marseille; à Nice où la communauté regroupe sept oblats autour du sanctuaire (dont trois résidents à l'extérieur) et est engagée dans divers mouvements sociaux (l'Amicale du Nid, la Croix-Rouge, etc.) ; et enfin en Corse à Vico au couvent Saint-François.
Les oblats sont aussi connus en France auprès des populations d'origine polonaise. Ils ont toujours une institution à Vaudricourt (Pas-de-Calais). Comme la plupart des congrégations françaises, la province est confrontée à la pyramide des âges, car il n'y a plus de vocations depuis plusieurs années (contrairement à d'autres provinces toujours appelantes), mais elle relève les défis des années à venir en favorisant les échanges avec les communautés d'oblats venant d'autres pays.
Le couvent d'Aix-en-Provence (ou « centre international Eugène de Mazenod ») est la première fondation des oblats en 1816. On peut y voir la chambre du fondateur.
Bien que fondé par des laïcs avec l'appui des Oblats, le journal Le Droit d'Ottawa eut pour principal administrateur le père Charles Charlebois, o.m.i. dans les années suivant sa fondation. Les Oblats demeurèrent actionnaires principaux du journal jusqu'en 1983.
En 1902, les Oblats s'installent à Dinant, en Belgique. Cette cité de la Haute Meuse, au sud-ouest du pays, avait vu apparaître un établissement thermal en 1875, les Thermes Dinantais. Progressivement agrandis jusque 1896, les bâtiments sont cédés à la société anglaise du Kursaal of Dinant ltd, qui fit faillite dès 1902. À cette date, les oblats rachètent le domaine et s'y établissent pendant cinquante ans. Ce qui fut la salle des fêtes du casino devient alors... la chapelle du couvent, avant d'être utilisée par l'arsenal des pompiers, en 1955. Le site a fait l'objet de fouilles archéologiques en 2008, sous la direction du ministère de la Région wallonne. Toutefois, les bâtiments conventuels, construits entre 1875 et 1896, étaient bien documentés par le cadastre, des photographies d'époque et des témoignages de riverains : les fouilles ne se sont pas arrêtées à cette phase d'occupation du site.
↑La cause du frère Alexis Guémené (1924-1961) assassiné au Laos en juin 1961, alors qu'il se rendait en visite dans une infirmerie militaire, n'a pour l'instant pas été reconnue.
Sur Vital Grandin : Emile Jonquet, Mgr. Grandin, Oblat de Marie Immaculée : premier évêque de Saint-Albert, Montreal, (OCLC1005904023, lire en ligne)
Sur Alexandre Taché : Paul Benoit, Vie de Mgr Taché, archevêque de Saint-Boniface (2 volumes), Montréal, Beauchemin, (OCLC1007524438) [Volume 1]-[Volume 2]
Sur Louis Langevin : A. G. Morice, Vie de Mgr. Langevin Oblat de Marie Immaculée, Archevêque de Saint-Boniface, Saint-Boniface, Morice, (OCLC848553620, lire en ligne)
Sur la vie d'un Oblat : Henri-Paul Dionne, J'étais routier en terre stérile, Montreal, Editions Oblats, (OCLC633519483, lire en ligne)
Sur Alexis Joveneau : Magalie Lapointe et David Prince, Le Diable de la Côte-Nord, Éditions du Journal, , 232 p. (ISBN9782897610814)