Issue de l'abus par un ami d'enfance âgé de 17 ans et présentant lui-même une certaine déficience intellectuelle[1] sur sa mère Jeanne, atteinte d'un handicap mental[2] et qui la met au monde à 19 ans[3], Nicole Grisoni est élevée par une grand-mère maternelle mélomane. Elle rend hommage à sa grand-mère à la suite de la mort de sa mère par sa reprise de Mamy Blue (1971), une chanson composée et écrite par Hubert Giraud en 1970. En 2018, dans l'émission de France 3La Vie secrète des chansons, Nicoletta précise que cette chanson rend également hommage à sa mère, « mamy » s'inspirant du terme anglais « mummy » qui signifie « maman ». Cet épisode de sa vie lui inspirera plus tard le livre La Maison d'en face, publié en 2008 aux Éditions Florent-Massot[4]. Jeanne meurt à l'âge de 40 ans d'un cancer[2], et Nicole, qui a elle-même 19 ans à cette date, fait alors une tentative de suicide. Elle dira de Mamy Blue qu'il s'agit même essentiellement d'un hommage à sa mère à la suite de la perte de celle-ci et que, à commencer par sa grand-mère, le public ne l'a pas compris[5].
Nicole passe son enfance à Vongy, commune haut-savoyarde, aujourd'hui rattachée à Thonon-les-Bains, où elle a toujours ses habitudes. Très jeune, elle est membre de la chorale paroissiale. La proximité de Genève lui fait découvrir le blues venu des États-Unis ainsi que la musique d'Elvis Presley.
Entre 1954 et 1960, elle est pensionnaire du Centre du Bon-Pasteur, institut d'éducation pour jeunes filles tenu par des religieuses à Annonay. Elle en garde des souvenirs extrêmement douloureux et critiques (à de très rares exceptions près)[6],[7].
Durant ses vacances scolaires, elle rejoint Vongy et chante régulièrement avec les enfants de chœur à l'église Notre-Dame d'Annonay. Elle découvre alors le gospel et reviendra souvent travailler sa voix dans cette église. Sa passion pour le chant lui vaut alors un début de notoriété dans sa région, non seulement comme choriste mais aussi, dès 1958, comme soliste.
Elle étudie ensuite au lycée des Platanes (futur LEP Montgolfier). En , elle quitte Annonay pour occuper un emploi de lingère aux établissements Bon-Pasteur (on lui fait plier toute la journée des serviettes périodiques). Avant de parvenir (émancipée en fin d'adolescence, elle rejoindra Paris et les lumières du Quartier Latin) à s'extraire de ce milieu, elle passe également dans d'autres établissements de ce réseau religieux, à Lyon et au Puy-en-Velay, ainsi qu'à la clinique Saint-Joseph de Rosières.
En 1961, elle travaille comme disc jockey dans les clubs en vogue de Saint-Germain-des-Prés. Elle fait bientôt des « bœufs » au Bilboquet. Repérée par Léo Missir, directeur artistique chez Barclay, elle enregistre son premier EP 45 tours en 1966. Y figurent une reprise de L'Homme à la moto, le succès d'Édith Piaf, une chanson de Nino FerrerPour oublier qu'on s'est aimé, mais c'est surtout Encore un jour sans toi de Guy Marchand et Léo Missir qui la révèle au grand public.
Années 1960-1970 : le succès
En 1967, Nicoletta connaît deux grands succès qui vont consolider sa carrière naissante :
La Musique, adaptation d'Ann Grégory d'après Angelica de Cynthia Weil et Barry Mann, interprétée par ce dernier en 1966 ;
En 1970, elle enregistre Ma vie c'est un manège, qui reste encore aujourd'hui parmi ses principaux succès. Elle poursuit en 1971 avec Mamy Blue, un titre gospel écrit et composé encore par Hubert Giraud, qui rencontrera un énorme succès et sera maintes fois repris, notamment par Demis Roussos, Dalida ou encore le Golden Gate Quartet. Elle tourne la même année au cinéma, dans le film Un aller simple de José Giovanni.
En 1973, elle fonde son propre label, « Rapa Nui », afin de se produire mais aussi dans le but d'aider de jeunes chanteurs. La même année, elle enregistre Fio Maravilha, adaptation en français du parolier Boris Bergman d'une chanson du Brésilien Jorge Ben Jor écrite en hommage au footballeur Fio Maravilha. Elle enregistre également Les Volets clos, chanson qui sera le générique du film de Jean-Claude BrialyLes Volets clos.
En 1974, elle est couronnée par l'Académie Charles-Cros pour son enregistrement de Enfants venez chanter l'espoir. Elle interprète le générique de la version française du film Papillon de Franklin Schaffner. La même année, elle enregistre Glory Alleluia dont le parolier et arrangeur est André Pascal, une chanson de Noël qui, à l'origine, est un chant patriotique américain écrit par Julia Ward Howe en et publié pour la première fois en pendant la Guerre de Sécession.
En 1975, elle est pour la première fois sur la scène de l'Olympia de Paris en tant que vedette. Elle enregistre également À quoi sert de vivre libre ? En 1979, elle se produit sur la scène de Bobino.
Artistiquement exigeante, elle mène une campagne contre le play-back. C'est ainsi qu'elle privilégie la scène à la télévision.
En 1992, elle perd sa grand-mère et se tourne vers la religion. Elle réunit alors une chorale gospel antillaise avec qui elle donne des concerts. De cette tournée, naît son premier album live, comprenant notamment un titre de Jacques Brel, Quand on n'a que l'amour. Dès lors, elle se produit dans des concerts engagés, notamment en faveur du tiers-monde.
En 1998, elle signe les textes de deux titres publiés sur l'album Connivences, là encore en collaboration avec William Sheller. En octobre de la même année, elle fête ses trente ans de carrière sur la scène du Casino de Paris.
En 2006, elle sort un nouvel album, Le Rendez-vous, chez Universal Classics, album à prédominance jazz, avec des reprises de standards tels que Summertime, Georgia on My Mind, Bei mir bist du schon, mais aussi des titres écrits par Bernard Lavilliers (Samba Cançao), Patrick Eudeline (Comme si de rien et Les Hauts murs) et Manu Chao.
Elle conserve l'affection du public, notamment grâce à sa voix blues puissante, tout à fait unique dans le paysage musical français, puisque même Ray Charles disait qu'elle était « la seule blanche à avoir une voix de noire… ». En , elle fête ses quarante ans de carrière à l'Alhambra.
En 2011, elle s'associe au chanteur de rap JoeyStarr du groupe Suprême NTM, pour reprendre son célèbre Mamy Blue sur l'album du rappeur intitulé Egomaniac. En , elle donne un concert avec quatre cents choristes à Saint-Gervais, à proximité de Bordeaux.
En , sort son 15e album, intitulé Ici et ailleurs, regroupant onze titres inédits dont deux duos avec Florent Pagny et JoeyStarr, avec le titre Petite Sœur comme premier extrait. Elle participe également à l'émission de divertissement Un air de star sur M6. Elle continue en parallèle les galas et concerts, souvent accompagnée d'une chorale gospel.
De janvier à , elle participe pour la première fois à la tournée Âge Tendre pour trente dates aux côtés de nombreux artistes. En , elle participe à la croisière Âge Tendre[10]. Elle y interprète quatre de ses plus grands tubes, La Musique, Fio Maravilha, Il est mort le soleil et Mamy Blue.