Dionne est un joueur réputé pour la précision de ses tirs. Doté d'un petit physique, à ses débuts, certains pensent même qu'il ne jouera pas longtemps dans la Ligue nationale de hockey. Dionne est également un joueur rapide et habile sur la glace[1]. Marcel Dionne est un meneur de jeu et un bon marqueur, ce qui plaît beaucoup aux fans des Kings et déplaît aux fans des autres équipes[2], tout en étant un joueur assez constant[3].
Il réussit à être reconnu même si le hockey sur glace n'est pas un sport très apprécié à Los Angeles. Dionne est un excellent joueur lors de la saison régulière, mais ne réussit jamais vraiment à se distinguer en séries éliminatoires : que ce soit avec les Red Wings de Détroit, les Kings de Los Angeles ou les Rangers de New York, il ne dépasse jamais le second tour. Il est un si bon marqueur qu'à un moment dans sa carrière, il atteint la deuxième place des meilleurs marqueurs de l'histoire de la ligue le [3].
En arrivant chez les Red Wings, Dionne a déjà une lourde pression sur ses épaules puisque son directeur général Ned Harkness attend de lui qu'il prenne la place de Gordie Howe chez les Red Wings, ce dernier ayant pris sa retraite l'année précédente. Malgré la pression due aux attentes des journalistes et des fans, Marcel marque 77 points durant sa saison en LNH[Note 2], un record de la ligue pour une recrue[1], le record d'équipe pour le nombre d'assistances par une recrue, qu'il bat aussi, et gardera jusqu'en 1991 avec l'arrivée de Nicklas Lidström[9]. Même si Dionne fait une excellent saison comme recrue, il n'est qu'au 3e rang des votes pour le trophée Calder, remis à la meilleure recrue de la saison régulière, derrière Ken Dryden, gardien et grande vedette en devenir de la Ligue nationale, et Richard Martin, membre de la « French Connection »[10]. Sa première saison est tellement bonne qu'il reçoit une invitation à la Série du siècle 1972 contre l'équipe nationale soviétique[3], sans toutefois y jouer de match. À la suite d'une excellente saison de recrue, il reçoit des tâches plus élevées avec Détroit et la pression est d'autant plus grande que les Red Wings n'ont pas participé aux séries depuis deux saisons. Durant toute la période passée avec les Red Wings, ils n'arrivent pas une seule fois[1] aux séries d'après-saison, ce qui contrarie ses patrons. Ces derniers disent que Dionne ne joue pas en équipe et qu'il est trop personnel et ce dernier répondit par deux déclarations qui n’enchantent pas la direction de l'équipe :
« There were only three NHL-caliber players on that team »
« I was not going to give one hundred percent in practice[11]. »
Ces phrases peuvent être traduites par : « Il n'y a que trois joueurs du calibre de la LNH dans cette équipe » et « Je ne vais pas me donner à 100 % pendant les entraînements ».
Ses dires sont suivis par plusieurs querelles entre la direction et Dionne, dont une où son entraîneur lui demande plus d'efforts lors d'un échauffement d'avant-match contre les Canucks. Par la suite, l’entraîneur demande à Dionne de partir, ce qu'il fait. Après cet affrontement, l'équipe suspend Dionne[11]. Malgré ses problèmes avec la direction, Dionne marque quatre-vingt-dix points dont quarante buts durant cette saison[12]. À la suite d'une suspension, Dionne demande à être échangé, mais annule finalement sa requête quand son entraîneur quitte l'équipe[13]. En 1974-1975, Dionne joue sa dernière année de contrat et le nouvel entraîneur de l'équipe Alex Delvecchio nomme Dionne capitaine de l'équipe. Les 121 points de Dionne font de cette saison sa meilleure avec les Red Wings[11]. À la fin de la saison, les Canadiens, les Blues, les Oilers, les Maple Leafs, les Sabres et les Kings essayent tous d'engager Dionne, qui choisit finalement les Kings[11] avec un contrat de cinq ans d'un million et demi de dollars, soit 300 000 $ par année, contrairement à un contrat de quatre ans d'un million avec les Red Wings. À la suite de son départ, les Kings sont dans l'obligation de donner des compensations aux Wings : les joueurs Dan Maloney et Terry Harper[13]. Dionne a plus tard avoué que son échec chez les Red Wings est son plus grand regret dans sa carrière de joueur de hockey[13].
Avec les Kings
Avec le club
Avec les Kings, Marcel Dionne connait sept saisons de plus de cent points[14], dont deux de 137 et 135 points au total[11]. En 1980, Marcel Dionne remporte le trophée Art-Ross devant Wayne Gretzky, bien que les deux joueurs aient le même nombre de points, Dionne marque plus de buts que Gretzky, ce qui lui permet de recevoir le trophée[15],[16]. C'est durant la saison 1980-1981, lors de son 740e match dans la LNH, que Dionne marque son 1000e point dans la ligue. Il devient le joueur ayant atteint ce palier le plus tôt dans sa carrière[17]. Dionne est membre à partir de 1979-1980[3] d'une ligne d'attaque surnommée la Triple Crown line (la « Ligne aux Trois Couronnes ») avec Charlie Simmer et Dave Taylor[18]. Avant que Charlie Simmer se blesse pour une longue période, cette ligne est l'une des meilleures de la ligue, ainsi que l'une de celles qui marquent le plus de points[3].
Dionne n'a pas joué lors de séries éliminatoires dans la LNH avant d'arriver avec les Kings, mais même s'il participe à tous les éliminatoires entre 1976 et 1982[19], il ne dépasse jamais le deuxième tour, et ce, pour l'intégralité de sa carrière. Son record est atteint lors de la saison 1981-1982, où les Kings battent les Oilers en première ronde avant de perdre face à une autre équipe canadienne lors de la deuxième ronde, les Canucks de Vancouver. C'est également lors de ses séries que Dionne marque le plus de points en série de sa carrière avec onze points en dix matchs[3]. À la suite de cela, les Kings ratent les séries à deux reprises avant d'y faire une apparition éclair en 1985, où ils perdent en trois matchs contre Edmonton, puis les manquent pendant deux autres saisons[19].
Les fans des autres équipes le détestent tellement que le à Pittsburgh, Dionne reçoit des menaces de mort au téléphone qui indiquent que s'il marquait un but dans le match, on allait le tuer au fusil, la citation originale étant :
« I have a high-powered rifle; and if you score a goal tonight, I'm going to blow your head off[2]. »
Même si son entraîneur lui permet de ne pas jouer le match s'il ne se sent pas en sécurité, Dionne joue tout de même et la LNH lui fournit une escorte de sécurité lorsqu'il rentre ou sort de l'aréna. Durant la partie, il marque tout de même à deux reprises, même s'il espérait par peur ne pas le faire, et va se cacher au milieu de joueurs plus imposants après ses buts[2]. Ses coéquipiers apprennent l'histoire le lendemain et le match suivant joué à Pittsburgh, tout le monde s'éloigne de Dionne à chaque fois qu'il marque, ce qui permit à Dionne de commenter :
« We never played as a team because nobody wants to die as a team[20]. »
« Nous n'avons jamais joué comme une équipe car personne ne veut mourir en équipe ».
Dionne accueille plusieurs jeunes joueurs chez lui à leur arrivée dans la ligue[21], l'un d'entre eux est une autre vedette des Kings, Luc Robitaille[22].
Le , les Kings décident d'échanger Marcel aux Rangers de New York avec Jeff Crossman[21] contre Bobby Carpenter et Tom Laidlaw. Selon Esposito, les Kings tentent d'acquérir Laidlaw depuis plus de deux ans et il s'agit d'une des raisons qui les poussent à proposer cet échange[17]. Dionne quitte Los Angeles en restant comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de l'équipe, que ce soit au niveau des matchs joués, des points, des buts ou des assistances[23]. Marcel Dionne est le meilleur marqueur des Kings à chaque saison de 1975 à 1983, soit durant presque la totalité de ses saisons passées avec l'équipe californienne[3]. Plusieurs observateurs considèrent Marcel Dionne comme le premier joueur de concession et la superstar des Kings ainsi que le joueur préféré de la foule à cette époque[2].
Carrière internationale
Au niveau international, Dionne représente le Canada à de nombreuses reprises lorsqu'il joue avec les Kings. En fait, toutes les sélections internationales de Dionne ont lieu pendant la période qu'il passe à Los Angeles à l'exception de la Série du siècle, dont il ne joue d'ailleurs aucun match[3]. Sa première sélection est lors de la Coupe Canada 1976[24] qui est, à l'exception, encore une fois, de la Série du siècle, sa seule victoire internationale : le , le Canada bat la Tchécoslovaquie six à zéro avant de récidiver le surlendemain grâce à une victoire plus serrée de cinq à quatre[25]. C'est d'ailleurs Dionne qui fait la passe à Darryl Sittler qui marque ensuite le but gagnant en déjouant Vladimír Dzurilla lors de la deuxième période de prolongation[26]. Marcel Dionne rejoue plus tard une autre Coupe Canada, en 1981[27], mais cette fois-ci le Canada perd la finale huit à un contre l'URSS[28].
Dionne participe également à quatre championnats du monde. Il est pour la première fois appelé à participer en 1978, où son équipe prend le troisième rang de la phase préliminaire avant de terminer à la même position lors du classement final[29]. L'année suivante, la Canada arrive deuxième de son groupe, derrière la Tchécoslovaquie, mais arrive dernier de la poule finale pour prendre la quatrième place[30]. Dionne doit ensuite attendre 1983 avant de participer de nouveau à un championnat du monde. Lors de la compétition, le Canada pointe à la deuxième place de la compétition préliminaire avant de se faire doubler par les Tchécoslovaques lors de la poule finale et finir donc au troisième rang[31]. L'édition 1986 est la dernière de Dionne, ainsi que sa dernière compétition internationale, le Canada y finit quatrième du classement préliminaire avant de doubler la Finlande pour prendre la troisième marche du podium[32].
Avec les Rangers et fin de carrière
Dionne arrive à New York en [21] après que Phil Esposito l'acquiert dans un échange[33]. À son arrivée au sein de l'équipe, Kelly Kisio abandonne le numéro seize que Dionne portait à Los Angeles afin de lui laisser[34]. Même si Dionne est alors en fin de carrière, il a une moyenne d'environ un point par match et ce même si son temps de jeu est réduit[21]. Dionne joue ses seuls matchs éliminatoires avec les Rangers en 1987, année où son équipe perd au premier tour en six matchs contre les Flyers de Philadelphie, qui eux se rendent en finale[35]. Dionne joue les six matchs de son équipe et marque un but et une assistance. Lors de la saison 1987-1988, Dionne inscrit vingt-deux buts lors de supériorité numérique sur un total de trente-et-une réalisations. Avec un pourcentage de 71 % des buts marqués en supériorité numérique, Dionne décroche à 37 ans un record de la ligue[36]. C'est avec les Rangers que Marcel Dionne atteint le plateau des sept cents buts, mille assistances et mille sept cents points en carrière, des niveaux que peu de joueurs ont dépassé au cours de leur carrière[37].
Lors de la campagne 1988-1989, l'équipe des Rangers accueille l'ancien rival de Dionne lors de leur carrière junior et de leur repêchage : Guy Lafleur[38]. Les deux vétérans ne passent qu'une seule saison comme coéquipiers puisque Lafleur quitte New York pour les Nordiques de Québec dès la saison suivante[39] et Dionne joue sa dernière saison[19]. Ce dernier est honoré avec une soirée par l'organisation des Rangers le et prend sa retraite de joueur à la fin de la saison 1988-1989[21]. Au cours de cette dernière saison, en plus de jouer avec les Rangers, Dionne passe quelques matchs avec l'équipe de la Ligue internationale de hockey affiliée à la franchise de New York : les Rangers de Denver[19]. Lorsqu'il prend sa retraite, Dionne pointe au troisième rang des meilleurs marqueurs de l'histoire de la Ligue nationale de hockey avec 1 771 points derrière Wayne Gretzky et Gordie Howe[3], avant d’être dépassé par Mark Messier et Ron Francis[40]. Il figure, en 2012, au quatrième rang des meilleurs buteurs de tous les temps de la LNH, derrière Gretzky, Howe et Brett Hull[41].
Plusieurs journalistes et experts considèrent Dionne comme l'un des meilleurs joueurs de l’histoire à n’avoir jamais remporté la coupe Stanley[42].
Après carrière et vie privée
La mère de Marcel Dionne se nomme Laurette Sawyer-Dionne[43] et son père a travaillé dans une aciérie[1], Marcel a des frères et sœurs : Gilbert, qui est aussi un joueur de hockey professionnel[44], Raynald[43] et Lorraine[45]. Marcel a également une fille[43] nommée Lisa[46].
Après sa carrière de joueur, Marcel Dionne aide un ami dans sa compagnie de pressage à New York, puis avec un autre ami dans la plomberie. À la suite de cela, il devient propriétaire d'une équipe junior à Charleston dans l'État de Caroline du Sud. Ensuite, il ouvre un magasin à Buffalo[46]. Aujourd'hui, Marcel Dionne est propriétaire d'un restaurant[47] nommé The Blueline[46] et d'un magasin de sport sur la route Montrose nommé Marcel Dionne Inc.[46] dans la ville de Niagara Falls[48], où il habite[16]. De plus, Dionne construit également plus de deux cents maisons avec sa propre société de construction basée à Niagara Falls[46]. En 2012, après une première conquête de la Coupe Stanley en 44 ans par l'équipe avec qui il passe une grande partie, ainsi que la plus prolifique, de sa carrière, les Kings, Dionne se dit heureux du succès de son équipe contre les Devils[48],[49].
↑Le terme « repêchage » est un terme canadien correspondant à l'anglicisme draft et désigne un événement annuel présent dans tous les sports collectifs nord-américains, comparable à une bourse aux joueurs, où les équipes sélectionnent des sportifs issus de l'université, de l'école secondaire ou d'une autre ligue, voire d'une autre équipe.
↑Le terme « recrue » désigne un joueur dans sa première saison professionnelle, le terme anglais utilisé est celui de « rookie ».
↑Une équipe peut rendre un hommage à un joueur en décidant de « retirer un maillot ». Ainsi, une réplique du chandail est accrochée dans l'aréna de l'équipe et nul autre joueur ne pourra jamais jouer un match de l'équipe avec le numéro en question dans le dos.
↑Le terme québécois de « chandail » correspond au terme francophone de « maillot ».
La version du 17 novembre 2012 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.