Les Fourches de la grande Justice de Paris sont le principal et le plus grand gibet des rois de France[1]. Il n'en reste aucune trace visible. Érigé à Paris sur la butte de Montfaucon, à cent cinquante mètres de l'actuelle place du Colonel-Fabien par la rue Albert-Camus, il a fonctionné depuis au moins le début du XIe siècle jusque sous le règne de Louis XIII.
Les Parisiens, qui habitent l'ancien lit marécageux de la Seine, appellent butte toute éminence isolée naturelle, si faible soit-elle, comme la butte des Moulins et la butte Saint-Roch aujourd'hui aplanies, ou artificielle, comme la butte Montorgueil. Le mot, apparu à l'écrit au XVIe siècle, traduit son doublet savant mont. Butte Montfaucon est ainsi une redondance, comme le sont butte Montmartre ou les nombreux Chantemerle (de l’indo-européen : *kan-t- « pierre » et *merl : « rocher »)[3].
De même que les îles, par exemple l'île Louviers, l'île Seguin ou l'île Monsieur à une époque beaucoup plus tardive, les buttes portent parfois le nom du propriétaire du terrain, telle la butte aux Cailles. Montfaucon tient peut-être son nom d'un certain comes civitatis prénommé Falco ou Fulco[4]. Détenteur d'un titre de comte alors non héréditaire, celui-ci se trouvait à l'hiver 986 en possession d'un terrain situé non loin de là et l'a vendu moins d'un an plus tard à l'abbaye Saint-Magloire[5], laquelle se trouvait à une lieue plus au sud par la route Saint-Denis, à Beaubourg, au débouché de la rue de la Chanvrerie.
C'est peut-être le même personnage, portant le même prénom de rapace, Faucon, qui est mentionné en 1027 comme ultime vicomte de Paris[6], et qui à ce titre était chargé du gibet du comté de Paris. En 1520, lors de travaux d'agrandissement de l'église Saint-Merri, fut découvert le tombeau d'un Odo Falconarius, c'est-à-dire Eudes le Fauconnier, possible ancêtre et guerrier de premier plan supposé depuis être celui qui, selon le récit d'Abbon, libéra les faucons dont il avait la charge avant que ne périssent les douze défenseurs du Petit Châtelet assailli par les Normands de Sigfried le , durant le quatrième siège de Paris.
Les descendants du vicomte, tout en se transmettant le prénom comme c'était l'usage à une époque où la faible démographie n'avait pas encore rendu nécessaires les noms de famille, ont pu hériter de la charge et du terrain afférant, procédé à l'origine de la féodalité. En effet, six générations plus tard, en 1189, un certain Robert, fils d'un comte Faucon, vend deux terrains de Montfaucon attenant à la maladrerieSaint-Ladre[7], terrains qui constituaient le douaire de feue sa mère[8]. À cette date, l'existence du gibet est attestée[9].
Descriptions du monument des seize fourches
De type fourches patibulaires, le gibet, qui était en bois vraisemblablement jusqu'au début du XIIIe siècle, se dressait au sommet d'une petite butte elle-même assise sur une colline[10] en pente douce[11].
Le gibet, au moment de son plus grand développement, soit au XVe siècle, consistait en une construction massive offrant une plateforme sur laquelle étaient dressés des piliers entre lesquels les suppliciés étaient pendus à des poutres de traverse. Tous les éléments de la construction étaient, dans la dernière configuration de celle-ci, montés en un grand appareil de grosses pierres de taille à bossagejointives et cimentées entre elles[12].
La base était un parallélépipède rectangle long d'à peu près 14 mètres sur 10[13] soit 7 toises sur 6, et haut d'à peu près 6 mètres[13] soit 3 toises. Elle était construite par superposition de dix ou douze assises réglées[12]. Son intérieur était maçonné d'une cave[12]. Le sommet de la cave était fermé par une trappe qui ouvrait sur la plateforme et assurait la continuité de celle-ci.
Sur cette base reposaient seize piliers carrés d'une dizaine de mètres de haut (32 ou 33 pieds). La dernière description du monument, qui a été publiée en 1724 mais peut-être très antérieure, indique que les piliers étaient répartis sur le pourtour du socle, cinq alignés sur le côté droit, cinq sur le côté gauche, et six le long du bord du fond[12], mais la peinture qu'en fait aux alentours de 1460 Jean Fouquet, qui a vraisemblablement suivi durant sa jeunesse une partie de sa formation dans un atelier parisien, montre qu'à cette époque les piliers, déjà très hauts, occupaient toute la surface du socle, en quatre rangées de quatre[14]. Chaque pilier était fait de 32 ou 33 pierres de grès[12]. Par leurs sommets, ils étaient reliés entre eux par des poutres de traverse en bois. Chaque sommet de pilier était couronné d'un chaperon[12], qui évitait l'infiltration de la pluie. Dans chaque chaperon étaient insérées les extrémités de deux poutres[12]. Les seize piliers correspondaient aux seize quartiers de Paris[12] instaurés à la fin du XIVe siècle.
Un vestibule, précédé sur toute sa largeur de quatre larges marches, formait une avancée de la base. Ce vestibule était fermé par une porte imposante[12]. Au-delà de la porte, une large rampe en pierre portait un escalier[12] qui permettait d'accéder à la plateforme et débouchait à peu près au milieu de celle-ci. Sur le côté gauche, la face nord de la base du gibet, une seconde porte, plus petite, permettait d'accéder à la cave[15] insérée dans la base derrière l'escalier.
Si Eugène Viollet-le-Duc conclut par déduction que l'édifice devait avoir trois niveaux de poutres, de nombreuses gravures représentent le gibet avec deux ou quatre étages[16]. Quoi qu'il en fût, sa taille et son allure étaient particulièrement imposantes, et de nature à impressionner et à dissuader quiconque de commettre le moindre acte illégal. En 1425, une petite enceinte est restaurée autour du gibet et l'ensemble, lui donnant un éclat visible de loin, est blanchi à la chaux[17].
En 1408, un grand et haut calvaire en pierres de taille, où sont gravés les portraits de deux étudiants pendus sur ordre du prévôt de Paris en violation de la loi, est dressé sur le chemin à proximité de l'entrée du gibet[18]. Il sera remplacé par un neuf, qui se voyait encore en 1760[19].
Mode opératoire
Le spectacle de l'envoi en l'air
Le condamné montait à la suite d'un bourreau par une haute échelle amovible posée sur la poutre qui lui était désignée. Le « Jean Guillaume »[20] lui passait au cou la corde accrochée à la poutre, descendait puis déplaçait l'échelle sur le côté pour l'aider à « faire le saut sur rien »[21], le « saut en l'air »[22].
Pour monter à l'échelle sans tomber, le condamné, la tête éventuellement enfouie dans un sac, devait le faire à reculons, comme le rappelle l'expression argotique« faire approcher du ciel à reculons »[23], équivalent d'« aller se faire pendre ».
La cérémonie était expressément conçue comme un spectacle public et le châtiment comme une leçon faite au peuple qui se voulait exemplaire et dissuasive[24]. Le spectacle était donné même les dimanches et jours fériés[24].
Le guet à la lune
Exécuter un individu dans ces conditions, à dix mètres au-dessus du socle du gibet, étant pour le moins malcommode, on peut se demander si les poutres les plus hautes n'avaient pas pour usage l'exposition des dépouilles hissées post mortem. C'était un sort réservé aux plus hauts personnages ou aux plus grands criminels, les complices devant se contenter de pendre au-dessous des premiers[17].
Montfaucon
(…)
On ne sait quel difforme et funèbre édifice
Tas de poutres hideux où le jour rampe et glisse,
(…)
Là grince le rouet sinistre du cordier.
Du cadavre au squelette on peut étudier
Le progrès que les morts font dans la pourriture;
Chaque poteau chargé d'un corps sans sépulture.
(…)
C'est délabré, croulant, lépreux, désespéré.
Les poteaux ont pour toit le vide. Le degré
Aboutit à l'échelle et l'échelle aux ténèbres.
Le crépuscule passe à travers des vertèbres
Et montre dans la nuit des pieds aux doigts ouverts.
Entre les vieux piliers, de moisissure verts,
Blèmes quand les rayons de lune s'y répandent,
Là haut, des larves vont et viennent, des morts pendent.
Et la fouine a rongé leur crâne et leur fémur.
Et leur ventre effrayant se fend comme un fruit mûr.
(…)
L'azur luit, le soir vient, l'aube blanchit le ciel.
Le vent, s'il entre là, sort pestilentiel.
Chacun d'eux sous le croc du sépulcre tournoie
Et tous, que juin les brûle ou que janvier les noie,
Les corps restaient en effet exposés pendus, dans leurs habits, dont il était réglementairement interdit de les dépouiller[26]. Il pouvait sans excès y avoir cinquante pendus exposés simultanément[27],[28] et bien visibles « de quelques lieues à la ronde », le gibet étant situé sur une éminence au bord d'une route. L'exposition durait jusqu'au délitement naturel du corps, à moins qu'il ne fallût faire de la place ou qu'une grâce, accordée après quelques jours, quelques mois ou quelques années, ne permît à la famille de récupérer les restes.
Le procédé a marqué les esprits des brigands et le langage des jargonneurs. Le corps ballotant, « évêque champêtre »[29], donne « la bénédiction par les pieds »[30]. Comme bien des grands personnages pendus à Montfaucon, le voilà devenu « surintendant »[31] chargé de « garder les moutons à la lune »[32] et Montfaucon est appelé « la Cour des Monnaies »[32]. Venu à la potence parmi les gendarmes du guet, le pendu fait désormais « le guet au clair de lune »[33].
À partir de 1466, les cordes sont remplacées par des chaînes clouées aux poutres[15], de sorte que le corps mort pouvait pendre jusqu'à sa dessiccation. C'est que le but de l'engin était, au-delà de la torture et de la mort données au corps, d'infliger un châtiment à la fois exemplaire et infamant qui fît périr l'âme du condamné aux yeux du monde mais aussi dans l'au-delà[24]. C'est pourquoi on y pendait les corps des suicidés, dont l'âme était par cet acte damnée, ainsi que les cadavres de ceux qui avaient été mis à mort ailleurs[34]. Ceux qui avaient eu la tête tranchée étaient pendus dans un sac[34] ou par les aisselles[35]. Ceux qui avaient été condamnés à mort par contumace étaient symboliquement pendus sous forme de mannequins[34]. Il y avait donc des pendus factices parmi les vrais morts.
La privation de sépulture
Dans cette logique religieuse, les suppliciés étaient privés de sépulture chrétienne. Sauf exception, leurs corps n'étaient pas rendus aux familles. Leurs restes étaient jetés par une trappe centrale dans une espèce de cave prévue à cet effet de profanation et contenue dans la base même du bâtiment[36]. Ce charnier pestilentiel était régulièrement nettoyé comme on nettoie les ordures[18]. Le sens religieux du châtiment, la prééminence de sa signification symbolique était telle qu'un animal qui avait tué un homme, une femme ou un bébé pouvait être pendu selon la même procédure judiciaire et le même cérémonial mis en œuvre pour les humains, vêtu d'habits[34].
Toutefois, dès 1396, Pierre de Craon, puissant courtisan breton, obtient que les suppliciés soient assistés de prêtres auprès desquels ils peuvent se confesser[18] et desquels ils peuvent obtenir l'extrême onction. Il s'agissait alors de moines ayant été condamnés à mort, pour sorcellerie, afin d'expliquer la démence de Charles VI. Pierre de Craon, qui fait alors pénitence volontaire pour ses propres crimes, fait également ériger auprès du gibet de Paris une croix de pierre avec ses armes ; au pied de cette croix se confessent les criminels avant leur exécution.
Le gibet était gardé par des archers pour empêcher que les familles des suppliciés ou que la Faculté, qui n'avait droit qu'à deux cadavres par an pour ses autopsies, ne vinssent récupérer les corps. Il arrivait que les cadavres provenant d'autres lieux d'exécution de Paris y soient également rassemblés.
Le gibet lui-même était dressé au sommet de la butte, soit ce qui est aujourd'hui le square Amadou-Hampate Ba au sud de la place Robert-Desnos[37]. C'est à partir d'un tronçon de la rue de Meaux[39], aujourd'hui intégré à celle de la Grange-aux-Belles, que menait un chemin au bas de la butte du côté sud ouest[37]. De là un sentier sinueux conduisait au supplice[37].
On ne connaît ailleurs dans le royaume aucun gibet d'allure aussi monumentale. À Paris, il y en avait cinq autres, de bien moindre importance, ceux des abbayes seigneuriales de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Antoine-des-Champs, celui de la Cité, rive gauche celui des Arts et rive droite celui des Champeaux[41]. Un septième, érigé en 1328, était une sorte d'annexe de Montfaucon, le gibet de Montigny. L'abus des privilèges fait alors prospérer les signes ostentatoires qu'en sont les piloris et les gibets au point qu'un siècle et demi plus tard Charles VII prépare une loi de révocation mais son successeur, Louis XI, au contraire multiplie les concessions de haute justice[42] et la France se couvre de potences. On en voit dans Paris près de chaque abbaye, à tout coin de rue, et les habitants s'en plaignent[43]. La loi de révocation promulguée en 1487 en ramène le nombre à dix-neuf[43] mais il faut attendre un édit de pour que les pendaisons publiques redeviennent à Paris une exclusivité du Châtelet[42].
Pour Montfaucon, le condamné, vêtu et coiffé à l'ordinaire, les mains liées par les poucettes, est emmené à pied, à cheval ou en charrette par un détachement de la milice du guet, soit un lieutenant criminel, des sergents et des archers[35]. Mort, mais aussi parfois vif, il y est traîné sur une claie d'infamie[35].
L'éloignement de Montfaucon fait que les pendaisons qui y sont exécutées ne sont initialement pas un spectacle pour les Parisiens mais pour les marchands et voyageurs venant de Champagne[réf. nécessaire].
À partir du début du XVIe siècle[47], l'itinéraire Saint-Denis est systématiquement privilégié de façon à permettre une halte à hauteur de l'église du couvent des Filles-Dieu[35]. La supérieure, au cours d'une cérémonie dite du « dernier morceau du Patient », se faisait un devoir de venir à la rencontre du condamné lui donner bénédiction et collation, le vin procurant une ivresse bienvenue[48].
1474 : Laurent Garnier, meurtrier provinois d'un collecteur d'impôts, célèbre pour la cérémonie funèbre organisée dans Paris en grande pompe deux ans plus tard par son frère pour faire croire à une mort récente et naturelle moins déshonorante pour sa famille[52].
Le concept de profanation du corps des damnés par leur exposition, le refus de sépulture, est très antérieur au christianisme comme l'atteste le sanctuaire de Ribemont, gigantesque penderie à cadavres d'ennemis décapités dressée vers -270 et honorée jusque vers -52.
Le nombre de potences à doubles piliers qu'il comporte n'est pas connu mais il est proportionnel au rang du vicomte de Paris, qui, sans être minuscule, est moindre, Paris n'étant alors qu'une dépendance de ce qu'on n'appelle pas encore le « CAMPONT », l'évêché de Sens qui a hérité de l'antique province de la Sénonaise. Ce n'est au plus tôt que vers la fin du XIIe siècle, sous le règne de Philippe Auguste, que la féodalité fixe expressément à six le nombre de piliers attribués à la justice d'un comte. Un siècle plus tard[55] en effet, une hiérarchie des privilèges est entrée dans les habitudes, le simple gentilhomme ayant droit à deux piliers, le châtelain à trois, le baron à quatre, le duc à huit[9]. Le vavasseur, n'exerçant que la basse justice, n'aura pas le « droit d'épée » ni de gibet. Les baillis, agissant au nom du Roi, en dresseront autant qu'ils voudront[9], comme cela se fera à Montfaucon.
La première mention de ce gibet date de 1188[9]. Quand deux ans plus tard, Philippe Auguste élargit considérablement l'enceinte de Paris, celle-ci laisse toutefois Montfaucon en dehors d'elle très loin dans la campagne, à peine moins éloigné de l'abbaye de Montmartre, qui se trouve à son nord-ouest, et plus proche de la maison forte de Savies, qui se trouve sur les hauteurs à son sud-ouest, sise à l'actuel 94, rue de Belleville.
Instrument de pierre d'un pouvoir de fer (1303-1372)
Durant le règne du « roi de fer » Philippe le Bel, Montfaucon est assez utilisé pour qu'il soit œuvré à son perfectionnement. C'est en effet à Enguerrand de Marigny, grand ministre des « rois maudits » nommé coadjuteur du Royaume dès 1303, que l'histoire[58], peut-être un peu romancée, attribue la transformation du gibet traditionnel en monument de pierre. Parvenu brillant, efficace et honni de l'influent frère du roi Charles de Valois, le Chancelier, frauduleusement convaincu de malversations et de sorcellerie, devait lui-même, Louis le Hutin régnant, y finir pendu le et laissé exposé pendant deux années.
Le droit de se confesser est finalement octroyé aux condamnés à mort par un décret du 12 février1396[61], grâce à l'intervention de Pierre de Craon[18], qui avait comploté contre le gouvernement des marmousets et est opposé aux condamnations abusives sous le chef de sorcellerie. Un service religieux est mis en place à Montfaucon pour chaque exécution et, par crainte du manque de religion des condamnés, un confesseur y est affecté d'office[24].
En février, le prévôt, sous prétexte de lutter contre la sorcellerie[63], qui fait commerce de la mandragore réputée pousser sous les pendus, fait interdire l'accès au gibet où se dessèchent les corps des deux clercs, alors que cet accès est un droit de la Faculté de médecine[Information douteuse]. Une audience à la Cour est organisée et l’Université, où ont été formés tous les magistrats, fait condamner le prévôt, qui est démis de son office royal[18]. Celui-ci est en outre condamné à faire ériger près du gibet une grande et haute croix en pierres de taille, dans laquelle sont gravés les portraits des deux clercs[64]. Ceux-ci sont solennellement dépendus le par le nouveau prévôt de Paris imposé par Jean sans Peur, Pierre des Essarts[65]. Les dépouilles de Léger de Montillier et Olivier Bourgeois sont rendues au recteur en un cortège funèbre, tendu de noir, par les sergents et porteflamberges pour recevoir une sépulture dans le cimetière des Mathurins, au cœur du quartier latin.
Le duc de Bedford nomme Jean de La Baumegouverneur de Paris. Le recours aux pendaisons n'est en rien modifié et les seize fourches sont mises à neuf en 1425[69]. Les quarante-huit poutres[69], qui font autant de potences soutenues par les seize piliers de pierre sur deux étages[17] de douze doubles traverses chacun[14], sont toutes changées[69]. Le socle monumental du gibet et sa petite enceinte sont blanchis[69] à la chaux, donnant à l'ensemble un éclat visible de loin.
Sur le trajet qui les conduit du Grand Châtelet à Montfaucon par la rue Saint-Denis, le convoi, une fois passé le ponceau qui franchît le Grand égout, laisse sur sa gauche la Grande Cour des miracles et fait une halte à hauteur du chevet de l'église du couvent des Filles-Dieu, où s'élève une grande croix[47] en bois. Là, les condamnés s'agenouillent devant le crucifix, le baisent et reçoivent pour viatique une onction d'eau bénite et la bénédiction qu'elle signifie. La supérieure leur apporte l'eucharistie, trois morceaux du pain[48] de la communion, qui les conservent dans le « Corps du Christ », et, privilège réservé normalement au prêtre, le vin qui incarne le sang du Christ[47]. Le breuvage est préparé de façon à étourdir[48]. La cérémonie est dite du « dernier morceau du Patient »[48]. L'appétit que montre le patient, s'il en montre, est interprété comme une aspiration au Paradis et donc un présage favorable[48].
Un décret hygiéniste rend obligatoire dans Paris le ramassage des ordures. Un service de tombereaux est organisé et sept décharges sont établies autour de la ville[76]. La pire d'entre elles est creusée à l'angle nord de la barrière de Combat au bas de la butte de Montfaucon et reçoit le nom de voirie de Montfaucon. Les abords entre le gibet et le moulin à vent des buttes Chaumont sont transformés en plâtrières, puis progressivement intégrés à l'expansion de peuplement de Paris.
Survivance
Le cimetière de Montfaucon (1760-1790)
Le gibet est détruit en 1760 et reconstruit cinq cents mètres plus au nord-ouest, sur le territoire de La Villette à la frontière de Belleville, en face de ce qui est aujourd'hui le marché Secrétan. Il est dressé comme un monument symbolique de la haute justice royale. Aucune exécution n'y est pratiquée mais les corps de suppliciés dans d'autres lieux de la capitale, comme ceux de la place de Grève, y sont inhumés.
Durant la Révolution, après le , les piliers restants sont abattus.
La voirie de Montfaucon
La voirie de Montfaucon à proximité du premier gibet fut transférée vers 1760 (300 mètres au nord-est, au pied de la Butte Chaumont, dans un quadrilatère approximativement situés entre les actuelles rue de Meaux, avenue Secrétan, Édouard-Pailleron et avenue de Laumière. Cette implantation fut désignée en 1781 unique décharge de la capitale[77].
Cette voirie est une fosse géante[78], destinée à recevoir le contenu des fosses d'aisance de Paris avant que les excréments ne soient transformés en engrais agricole, puis a servi de clos d'équarrisage. Le souvenir de la voirie de Montfaucon sera rappelé dans le « Cours d'hygiène fait à la faculté de médecine de Paris » de Louis Fleury paru en 1852 :
« L'ancienne voirie de Montfaucon réunissait à des bassins énormes, ayant 32 800 mètres de superficie, et à 12 arpents de terrain destinés à recevoir toutes les matières fécales fournies par la vidange de Paris et s'élevant de 230 à 244 mètres cubes par jour, des clos d'équarrissage recevant par an environ 12 000 chevaux et 25 à 30 000 petits animaux, tels que chiens, chats, etc. Vous comprendrez aisément les émanations qui devaient s'élever d'un pareil cloaque, et qui, malgré la position élevée de la voirie (36 mètres au-dessus des eaux de la Seine), s'étendaient souvent à 2 000, 4 000 et même 8 000 mètres[79]. »
Le bassin du canal Saint-Martin que longe le quai de Jemmapes porte le nom de bassin des Morts, du nom que portaient sous la Révolution la rue des Écluses-Saint-Martin et la rue Eugène-Varlin qui étaient la partie nord, passant au pied de la butte, de la rue Saint-Maur. Toutefois l'étymologie de cette rue des Morts reste incertaine : plus qu'un souvenir du gibet de Montfaucon, il s'agirait plutôt d'une corruption du nom Saint-Maur ou de la conséquence du passage dans cette rue des convois mortuaires allant de l'hôpital Saint-Louis au cimetière[80].
En 1954, lors de la construction d'un garage 53 rue de la Grange-aux-Belles, ont été retrouvés les restes de piliers évoquant un gibet et ceux d'un pavage, ainsi que des ossements de femme[81]. On sait qu'en 1416 il avait fallu construire un gibet provisoire attenant à celui de Montfaucon, le temps des travaux de réfection de celui ci[34].
Aujourd'hui, aucune trace visible du gibet ne subsiste[16]. La butte Montfaucon a été recouverte en 1978 d'un ensemble d'immeubles d'habitations auquel on accède par la rue Boy-Zelenski.
« (…) un édifice de forme étrange, qui ressemblait assez à un cromlech celtique, et où il se faisait aussi des sacrifices. (…) Voilà Montfaucon. (…) Le massif de pierre qui servait de base à l'odieux édifice était creux. (…) Dans ce profond charnier où tant de poussières humaines et tant de crimes ont pourri ensemble, bien des grands du monde, bien des innocents sont venus successivement apporter leurs os (…) »
Cinq ans après la mort de l'humanisteBonaventure Des Périers, Jacques Peletier et Nicolas Denisot font paraître, forme d'hommage de la Pléiade, un recueil des écrits humoristiques de leur ami[83]. Ils joignent[84] au fil des éditions quelques textes d'anonymes, dont un entrefilet paru en 1556 à Poitiers dans le Recueil de divers discours. C'est le discours ironique et irréligieux, sans doute enjolivé, qu'a tenu à Montfaucon un condamné qui tentait en faisant rire l'assistance de retarder son échéance de quelques minutes[85] : « Souper aujourd'hui en paradis, beau Père, ce serait beaucoup si j'y pouvais être demain à dîner ! (…) Venez moi tenir compagnie jusque là. Faites moi cette œuvre de charité. »[86].
En 1831, peut-être inspiré par la légende, alors très à la mode, du cadavre d'Abailard ouvrant les bras pour accueillir dans sa tombe le corps d'Héloïse, Victor Hugo clôt Notre Dame de Paris[87] par une énigme policière intitulée « Le mariage de Quasimodo »[88], dont le roman se révèle rétrospectivement être la clef, la découverte dans la fosse de Montfaucon du squelette d'un bossu enlaçant celui d'une pendue. Cette fin du roman, à Montfaucon, donne a posteriori au personnage de Quasimodo un rôle central qu'il n'a pas dans le déroulement de l'intrigue.
Comme le roi parlait, l'archevêque pieux Vit ce champ, hérissé de poteaux et de pieux Où pendaient, à des fils tremblant quand l'air s'agite, Des larves qui mettaient tous les oiseaux en fuite.
Et, le montrant au roi, Bertrand dit : Le voici[90].
Le gibet de Montfaucon est un lieu cardinal de l’action dans le jeu Les Chevaliers de Baphomet (Broken Sword en anglais, 1996), édité par Revolution Software et scénarisé par Charles Cecil.
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Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, t. V, B. Bance, Paris, 1861,
Dans ses premières pages, le roman fait une description détaillée et savante des formes et de l'usage du gibet de Montfaucon.
Pierre Prétou, « Le gibet de Montfaucon : l'iconographie d'une justice royale entre notoriété et désertion, de la fin du XIVe siècle au début du XXe siècle », dans Jean-Pierre Allinne et Mathieu Soula (dir.), La mort pénale : Les enjeux historiques et contemporains de la peine de mort, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « L’Univers des normes », , 210 p. (ISBN978-2-7535-3627-2, présentation en ligne), p. 95-113.
BarclayJenis produkCigarettePemilikBritish American TobaccoProdusenR.J. Reynolds (US) BAT (outside US)NegaraUnited StatesDiluncurkan1966; 56 tahun lalu (1966)Dihentikan2006; 16 tahun lalu (2006)Merek terkaitKentPasarSee MarketsPemilik sebelumnyaBrown & WilliamsonJargonThe pleasure is back Barclay adalah merek rokok Amerika yang diproduksi oleh R.J. Reynolds Tobacco Company di AS dan oleh British American Tobacco di luar AS. Pertama kali diperkenalkan pada tahun 1966, merek ini d...
Party video game 2017 video game1-2-SwitchHome menu icon, illustrating the Table Tennis and Quick Draw minigamesDeveloper(s)Nintendo EPDPublisher(s)NintendoProducer(s)Kouichi KawamotoComposer(s)Maasa Miyoshi[1]Platform(s)Nintendo SwitchReleaseMarch 3, 2017Genre(s)PartyMode(s)Multiplayer 1-2-Switch is a 2017 party video game developed and published by Nintendo for the Nintendo Switch. It was originally released as a launch title for the system.[2] The game uses the system's Joy...
Type of exploratory graph used in statistics Biplot of Fisher's iris data set. The scattered points are the input scores of observations and the arrows show the contribution of each feature to the input loading vectors. Spectramap biplot of Anderson's iris data set Discriminant analysis biplot of Fisher's iris data (Greenacre, 2010) Biplots are a type of exploratory graph used in statistics, a generalization of the simple two-variable scatterplot. A biplot overlays a score plot with a loading...
A mais alta divisão do Campeonato Soviético de Futebol chamava-se, em russo, Vysshaya Liga organizada pela Federação de futebol da União Soviética. Os times da capital, Moscou, dominaram a competição desde o seu início, em 1936, até 1961, quando o Dínamo Kiev, clube de Oleh Blokhin, tornou-se o primeiro clube não-russo a conquistar o título. E foi o clube ucraniano quem terminaria como maior vencedor da competição, com 13 títulos, um a mais do que o segundo maior vencedor da L...
Жили-були старий зі староюрос. Жили-были старик со старухой Жанр драмаРежисер Григорій ЧухрайСценарист Юлій Дунський Валерій ФрідУ головних ролях Іван Марін Віра Кузнєцова Георгій Мартинюк Людмила МаксаковаОператор Сергій ПолуяновКомпозитор Олександра ПахмутоваХуд...
هذه المقالة يتيمة إذ تصل إليها مقالات أخرى قليلة جدًا. فضلًا، ساعد بإضافة وصلة إليها في مقالات متعلقة بها. (مارس 2019) جان فرانسوا لي غراند (بالفرنسية: Jean-François Le Grand) معلومات شخصية الميلاد 8 يونيو 1942 (81 سنة)[1] مواطنة فرنسا مناصب نائب عن الجمعية البرلمانية لمجلس
Constituency of the National Assembly of France 7th constituency of Loire-AtlantiqueinlineConstituency of the National Assembly of FranceConstituency in DepartmentLocation of Loire-Atlantique in FranceDeputySandrine JossoMoDemDepartmentLoire-AtlantiqueCantonsLa Baule-Escoublac, Le Croisic, Guérande, Herbignac, Pontchâteau, Saint-Gildas-des-Bois, Saint-Nicolas-de-Redon Politics of France Political parties Elections Previous Next The 7th constituency of Loire-Atlantique is a French legislativ...
During World War II, Operation Gaff was the parachuting of a six-man patrol of Special Air Service commandos into German-occupied France on Tuesday 25 July 1944, with the aim of killing or kidnapping German field marshal Erwin Rommel.[1][2] Operational order for Op GAFF, dated 20 Jul 1944 From March 1943, Allied Intelligence had been undertaking research on the whereabouts, bases and travel arrangements of Field Marshal Rommel. Part of the research asked the question of how fe...
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PanjakentBazar PanjakentNegara TajikistanProvinsiSughdPopulasi (2000) • Total33.000 Reruntuhan kuno dekat Panjakent Panjakent (bahasa Tajik: Панҷакент; Persia: پنجکنت; bahasa Rusia: Пенджикент), juga dieja Panjikent, Panjekent atau Penjikent, adalah sebuah kota di provinsi Sughd, Tajikistan di Sungai Zeravshan, dengan jumlah penduduk 33.000 (sensus tahun 2000). Kota ini pernah menjadi sebuah kota kuno di Sogdiana. Reruntuhan kota tua berad...
Not to be confused with Judaism and violence or Judaism and peace. Part of a series onJews and Judaism Etymology Who is a Jew? Religion God in Judaism (names) Principles of faith Mitzvot (613) Halakha Shabbat Holidays Prayer Tzedakah Land of Israel Brit Bar and bat mitzvah Marriage Bereavement Philosophy Ethics Kabbalah Customs Rites Synagogue Rabbi Texts Tanakh Torah Nevi'im Ketuvim Talmud Mishnah Gemara Rabbinic Midrash Tosefta Targum Beit Yosef Mishneh Torah Tur Shulcha...
AmsterdamFicha técnicaDirección David O. RussellProducción Arnon Milchan Matthew Budman Anthony Katagas David O. Russell Christian BaleGuion David O. RussellMúsica Daniel PembertonFotografía Emmanuel LubezkiiMontaje Jay CassidyProtagonistas Christian Bale Margot Robbie John David Washington Chris Rock Anya Taylor-Joy Zoe Saldaña Mike Myers Michael Shannon Timothy Olyphant Andrea Riseborough Taylor Swift Matthias Schoenaerts Alessandro Nivola Rami Malek Robert De Niro Ver todos los créd...
For the European magazine featuring Donald Duck, see Donald Duck pocket books. This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Disney Magazine – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (August 2016) (Learn how and when to remove this template message) Disney MagazineCover of the Spring 1997 issueCategori...
Фізика ґрунтів — наука, що досліджує фізичні основи виконання ґрунтами їх функцій. Є складовою частиною ґрунтознавства, яка вивчає фізичні властивості та процеси в ґрунті. Основні розділи Фізика твердої фази ґрунту Гідрофізика ґрунтів Аерофізіка ґрунтів Теплофізік...
Saint AgurNegara asalPrancisSumber susuSapiDipasteurisasiTidakWaktu pematangan2 bulanSertifikasiTidak[1] Saint Agur adalah keju biru Prancis yang dibuat dari susu sapi yang dipasteurisasi.[1] Keju ini pertama kali dibuat pada tahun 1986 oleh sebuah perusahaan keju yang besar dari Prancis bernama Bongrain.[1] Pembuatan keju Saint Agur hanya dilakukan di sebuah desa kecil bernama Monts du Velay di daerah Auvergne.[2] Keju ini cocok untuk dikonsumsi bersama dengan...
1926 book by A. A. Milne Winnie-the-Pooh First edition coverAuthorA. A. MilneIllustratorE. H. ShepardCountryUnited KingdomLanguageEnglishGenreChildren's literaturePublisherMethuen (London)Dutton (US)Publication date14 October 1926Media typePrint (hardback & paperback)Followed byThe House at Pooh Corner Winnie-the-Pooh is a 1926 children's book by English author A. A. Milne and English illustrator E. H. Shepard. The book is set in the fictional Hundred Acre Wood, with a col...
This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Raxaul – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (September 2015) (Learn how and when to remove this template message)Town in Bihar, IndiaRaxaulTownRaxaulRaxaulLocation in Bihar, IndiaCoordinates: 26°59′00″N 84°51′00″E / 26.9833°N...
Single by YoungBoy Never Broke Again UntouchableSingle by YoungBoy Never Broke Againfrom the album AI YoungBoy ReleasedMay 30, 2017Length3:00Label Never Broke Again Atlantic Songwriter(s)Kentrell GauldenProducer(s)D. Brooks ExclusiveYoungBoy Never Broke Again singles chronology Untouchable (2017) No Smoke (2017) Music videoUntouchable on YouTube Untouchable is a song by American rapper YoungBoy Never Broke Again, released on May 30, 2017. It is the lead single from his mixtape AI YoungBoy, an...