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Les Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont le résultat de la fusion, au 1er février 1944, des principaux groupements militaires de la résistance intérieure française qui s’étaient constitués de 1940 à 1944 dans la France occupée : l’Armée secrète (AS, gaulliste, regroupant les mouvements Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur), l’Organisation de résistance de l’armée (ORA, giraudiste), les Francs-tireurs et partisans (FTP, communistes), etc.
La fusion s’opéra en février 1944[1] à l’instigation notamment de Jacques Bingen[Bio 1],[2]. Elle n’était pas destinée seulement à unifier et à donner un cadre « légal » aux forces de la Résistance intérieure, mais aussi à les structurer de manière hiérarchique. C’est le COMAC ou COMIDAC, organe créé en février 1944 par les différents mouvements de résistance sous le commandement du général Dejussieu[3],[4], qui organise les FFI avant son arrestation en mai 1944.
Les FFI jouèrent un rôle non négligeable dans la préparation du débarquement allié en Normandie de juin 1944 et dans la libération de la France. Le commandant des forces alliées en Europe, le général Eisenhower, estima l’aide apportée par les FFI à l’équivalent de quinze divisions régulières[5]. Certains historiens relativisent aujourd’hui ce jugement : selon Jean-François Muracciole, spécialiste de la Résistance, « sans l’aide de la Résistance, les Alliés auraient sans doute libéré la France en respectant un calendrier guère différent »[6]. Les effectifs des FFI étaient de 100 000 en janvier 1944, 200 000 en juin et 400 000 en octobre[7]. Selon la base de données Titres, homologations et services pour faits de résistance du site Mémoire des hommes, 252 000 dossiers individuels FFI ont été homologués[8].
À l’issue de la libération de la France, 114 000 FFI au total (30 %)[Bio 2],[9] s’intégrèrent ensuite dans l’armée française régulière, en particulier au sein de la 1re armée du général de Lattre de Tassigny, dans le cadre de ce qui a été appelé à l’époque « l’amalgame » des Résistances intérieure et extérieure.
Les pertes des FFI, longtemps estimées à environ 20 000, ont été revues à la baisse par des recherches récentes. Elles sont de 13 679 FFI tués dont 3 000 victimes d’exécutions sommaires. 70 % des tués l’ont été entre juin et septembre 1944[10].
L’état-major des Forces françaises de l’intérieur (EMFFI), créé en avril 1944, est dirigé par le général Dejussieu, puis par Alfred Masseret dit « Joinville »[11]. Dès avant, le GPRF avait désigné des délégués militaires.
Le COMAC ou Comidac (Comité d’action militaire), censé regrouper à la fois des représentants d’Alger (CFLN-GPRA) et des résistants de l’intérieur (CNR). Les membres sont les suivants :
Un autre Comidac existe à Alger.
L’état major des FFI a nommé, dans chacune des régions qu’il a définies :
Ces chefs, arrivant dans des régions qu’ils ne connaissaient souvent pas, n’ont parfois joué qu’un rôle de vague coordination, le véritable pouvoir opérationnel restant souvent entre les mains des chefs des réseaux locaux et des maquis. Une exception notable est le DMR Valentin Abeille, qui réussit à regrouper les forces des 14 départements sous sa responsabilité malgré les problèmes de défiance de principe auxquels il a dû faire face et l’organisation inconsistante dont il avait héritée. Ce n’est probablement pas une coïncidence s’il fut affecté au secteur où eut lieu le débarquement de Normandie, et c’est le commandement décentralisé qu’il accepta au grand dam du haut commandement (mais avec la compréhension d’Henri Frenay, délégué militaire de la zone Nord) qui permit a ses unités de rester opérationnelles malgré son décès juste avant le débarquement, mais aussi lorsque presque tout le commandement du Nord-Ouest fut décimé par la Gestapo[13].
La plupart des chefs régionaux des FFI et des DMR ont été faits compagnon de la Libération.
Région R1 : Rhône-Alpes (Lyon).
Région 2 : Provence-Côte d’Azur (Marseille) - R2 couvre : Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, Gard, Hautes-Alpes, Vaucluse, Var
Région R3 : Languedoc-Roussillon (Montpellier) - R3 couvre : Aude, Aveyron, Hérault, Lozère, Pyrénées Orientales
Région R4 : Sud-Ouest (Toulouse) - R4 couvre : Lot, Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Ariège et Haute-Garonne
Région R5 : Limousin (Brive-la-Gaillarde puis Limoges) - R5 couvre : Corrèze, Creuse, Dordogne, Vienne, Haute-Vienne
Région R6 : Auvergne (Clermont-Ferrand) - R6 couvre : Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme voir aussi sud du Cher
En zone Nord, les régions étaient définies par des lettres.
Région P (Paris) – La région P couvre :
Région A (Amiens) – La région A couvre : Aisne, Nord, Pas-de-Calais, Somme et Seine-inférieure.
Région B (Bordeaux) – La région B couvre : Basses-Pyrénées, Landes, Gironde, Charente-Maritime, Vendée, Deux-Sèvres.
Région C (Châlons-sur-Marne) – La région C couvre 8 (ou 6 ?) départements de l’Est de la France, dont l’Alsace et la Lorraine.
Région D (Dijon) – La région D couvre : Bourgogne, Franche-Comté)
Région M (Le Mans) – La région M couvre : Normandie, Bretagne et Anjou, mais empiétera parfois par nécessité sur la région P.
La région M est la plus grande région des FFI comprenant 14 départements (Normandie, Bretagne, Anjou). Les difficultés à gérer cette région pendant le débarquement étant prévisibles, elle fut sous-divisée en quatre régions nommées M1 à M4 dont le commandement sera en constante évolution à cause de la Gestapo qui réussira souvent à capturer ou tuer ses dirigeants dans les mois entourant le débarquement de Normandie. La plupart du temps, un délégué régional ou même de département géra deux régions à la fois, parfois la région au complet par nécessité et souvent en dépit des ordres du haut commandement qui est de toute façon déconnecté de la réalité complexe et constamment changeante sur le terrain. La nature décentralisée du commandement local a permis de garder les unités effectives malgré les problèmes de communications, et le sentiment de solidarité encouragée par Jean Kammerer[13] a permis de conserver la cohérence des actions malgré l’impossibilité pour le haut commandement de faire appliquer des ordres précis. Au grand dam du haut commandement habitué à la hiérarchie, le commandement décentralisé à l’extrême sera de facto la méthode la plus efficace de diminuer les effets des forces allemandes qui vont constamment perturber la chaîne de commandement, dont les éléments sont souvent neutralisés après avoir été en poste que quelques semaines[13], voire quelques jours.
Sous-région M1 - La sous-région M1 couvre : Orne, Sarthe, Mayenne.
Sous-région M3 – La sous-région M3 (Bretagne) couvre : Finistère, Côtes-du-Nord, Morbihan, Ille-et-Vilaine.
Sous-région M4 – La sous-région M4 couvre : Calvados, Manche, Eure.
Sous-région Pays-de-Loire, Anjou, Normandie
Méthodologie
L’organisation des FFI d’Alsace a été définie lors des Réunions de Grendelbruch (1944)[70].
Les FFI sont dissous le 19 septembre 1944 et une partie est intégrée dans l’armée française. À cette date, L’Alsace n’est pas encore libérée. Les FFI alsaciens prennent alors le nom de FFI d’Alsace (FFIA). Ils sont dissous le 5 février 1945 et remplacés par le Bataillon du Rhin jusqu’à ce que l’armée française contrôle la rive allemande du Rhin[71].
Le maréchal Leclerc, commandant la 2e DB, avait une piètre opinion de la valeur militaire des FFI. Ainsi, après la libération de Paris en août 1944, il déclara : « FFI, estimation d’ensemble… 10 % de très bons, braves et réellement combattants, 20 à 25 % acceptables. Le reste, racaille et fumisterie »[115].
Concernant les FFI du Massif Central, l’opinion du maréchal de Lattre de Tassigny est toute autre, qui relate ainsi la reddition de la colonne Elster à Decize : « Traquées par les maquis du Centre (toutefois composés de noyaux militaires), remarquables de mordant et d’habileté, les troupes allemandes renoncent à forcer un impossible destin. Le général Elster, qui les conduit, prend contact avec le commandement américain dont il espère sans doute plus de mansuétude que des terroristes qui l’ont vaincu : le 11 septembre, 19 312 généraux, officiers et soldats de la Wehrmacht déposent leurs armes et vont se livrer, dans la région d’Orléans, à la 83e division d’infanterie américaine »[116].
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