Le 2e régiment de chasseurs parachutistes est une des unités françaises les plus décorées de la Seconde Guerre mondiale. Elle est la seule unité non maritime à avoir obtenu la fourragère rouge au cours de ce conflit avec six citations à l'ordre de l'armée[1], le sous-marin Casabianca cumulant également six citations à l'ordre de l'armée et donc la même fourragère.
Le 1er bataillon d'infanterie de l'air (1er BIA) est constitué le au camp d'Old Dean à Camberley à partir de volontaires et des 1re et 2e compagnies d'infanterie de l'air[3] dont la création remonte au [4].
Le bataillon, intégré aux forces aériennes françaises libres, est confié au commandant Fourcaud[5]. Il compte alors 398 hommes répartis en quatre compagnies. Ses hommes sont tout d'abord brevetés parachutistes au Central Landing Etablishment (CLE) de Ringway.
L'unité est renommée 4e bataillon d’infanterie de l’air le et passe aux ordres du commandant Bourgoin, un manchot amputé du bras droit en février 1943 lors d'une mission reconnaissance en Tunisie. Le 4e BIA est joint au 3e BIA du commandant Chateau Jobert au sein d'une demi-brigade commandée par le lieutenant colonel Durand.
Il est à noter que de nombreux volontaires français suivront une formation parachutiste à l'école des troupes aéroportées de la 1re Brigade indépendante de parachutistes polonais à Largo, en Écosse, où 244 brevets polonais seront délivrés[6].
En , les BIA, qui ont rejoint en décembre 1943 leurs homologues britanniques et belges au sein de la brigade SAS de l'Army air corps, prennent la dénomination de régiments : les 3e et 4e BIA deviennent respectivement les 3rd et 4th SAS Regiments pour les Britanniques et un peu plus tard, les 3e et 2e régiments de chasseurs parachutistes de l'Armée de l'air[5] pour les Français.
Le soir du vers 22 h 30, heure anglaise, (20 h 30 en Bretagne) quatre sticks SAS (36 hommes) respectivement aux ordres des capitaines Marienne, Deplante, Botella et Deschamps, embarquent dans deux quadrimoteurs Short Stirling de la RAF à destination de la Bretagne.
Le stick du capitaine Marienne est repéré. Un important détachement géorgien l'encercle et au cours de l'accrochage qui s'ensuit, le caporal Émile Bouétard est blessé puis achevé, Il est ainsi le premier mort de l'opération Overlord. Trois SAS sont faits prisonniers, les quatorze autres rejoignent le maquis de Saint-Marcel avec l'aide de la Résistance.
Pendant les mois de et , les parachutistes SAS seront intégrés comme formateurs à l' utilisation des armes parachutées dans les maquis présents en Bretagne. Les forces d' occupation leur fait la chasse, comme aux résistants : Ils torturent et exécutent tous ceux qui sont suspects.
Le 17 Juin 1944 Pour la première fois dans l' histoire militaire, le lieutenant de La Grandière (compagnon) parachute 4 Jeeps (un parachute a chaque roue) sur le terrain Dingson prés de Saint Marcel . Les 4 jeeps arrivent intactes, mais n' auront pas d' utilité opérationnelles.
Le au matin, le camp composé de 2500 maquisards et de 200 SAS est attaqués ; après des combats qui durèrent toute la journée, soutenus pendant une heure par l'aviation américaine, les Français réussiront à quitter Sérent et Saint-Marcel dans la nuit après avoir fait sauter leur dépôt de munitions.
Le à l'aube, un groupe de Feldgendarmes accompagnés de miliciens s'infiltre jusqu'au refuge du capitaine Marienne à Kerihuel, Plumelec où 18 hommes, parachutistes, maquisards et fermiers, sont fusillés.
Enfin, lorsque le , les blindés du général Patton atteignent Rennes. Le 4e bataillon SAS (ou 2e RCP), a perdu (tués, blessés, prisonniers) pendant deux mois de combat, 23 officiers et 195 hommes sur 50 officiers et 500 hommes (77 sont morts pour la libération de la Bretagne).
Les dernières opérations
Le combat SAS a parfois des conclusions imprévues. À Montceau-les-Mines, un groupe de parachutistes et une poignée de FFI, font croire à des forces ennemies très supérieures en nombre que l'effectif d'une division les encercle. Aussitôt, ils récupèrent 500 prisonniers, des chars et des canons. À la fin de la campagne, le 3e RCP a perdu 80 des siens sur un effectif de 400 hommes. Il a à son actif 5 500 ennemis mis hors de combat, 1 400 prisonniers environ et 382 véhicules divers.
Le à Paris, les hommes du 2e RCP ont reçu, des mains du général de Gaulle, la croix de la Libération[5]. Le 2e RCP, qui porte le béret amarante depuis septembre, défile avec l'insigne SAS cousu sur celui-ci pour la première fois.
À Noël 1944, les parachutistes SAS, opèrent dans les Ardennes belges, dans le cadre de la contre-offensive de l'opération Von Runstedt. Les hommes du 4e régiment SAS (2e RCP) livrent la chasse aux commandos de Skorzeny. C'est dans cette opération que le capitaine Sasson Meyer, médecin du régiment, est mortellement touché par un tir ami d'une patrouille américaine.
Le , les deux RCP (770 hommes) sont parachutés aux Pays-Bas dans le cadre de l’opération Amherst.
L'après guerre
Le général britannique Mike Calvert, commandant des SAS, passe en revue pour la dernière fois les 3e et 4e SAS (2e régiment de chasseurs parachutistes et 3e régiment de chasseurs parachutistes) à Tarbes le 2 octobre 1945.
Le , les 3e et 4e régiments SAS, pour les Français 3e et 2e RCP, sont transférés vers l'armée de terre. Ils vont bientôt fusionner pour former un unique 2e RCP qui s'installe à Tarbes. Le , le général britannique Calvert commandant de la brigade SAS, leur rend visite et remet au 2e RCP leurs fanions ainsi qu'un chapeau de Napoléon et au 3e RCP un de Wellington, en signe d'amitié et de fraternité d'armes.
Aloïzo Waleina (1913-1948?), Letton initialement engagé dans la 13ème DBLE [9]
Autres personnalités ayant appartenu au 2e RCP
Lucien Neuwirth : député français, il est considéré comme le « père de la pilule » avec sa proposition de loi sur la régulation des naissances adoptée en 1967. Engagé au 4e bataillon d’infanterie de l’air en 1943, il combat en Bretagne puis est parachuté en Hollande où il échappe, miraculeusement, au peloton d’exécution.
Henry Corta, Les Bérets Rouges, Amicale des Anciens Parachutistes S.A.S., , 329 p.
Henry Corta, Marie Chamming's, Joseph Jégo, Noël Créau et Philippe Reinhart, Qui ose gagne (France-Belgique 1943-1945, les parachutistes du 2e RCP / 4th SAS), Service historique de l'armée de terre, , 296 p. (ISBN978-2-86323-103-6)
Jean Paulin, la rage au cœur, éditions marabout junior, 1958, 158 p.
Collectif, Histoire des parachutistes français, Société de Production Littéraire, 1975.
Roger Flamand, Paras de la France libre, Éditions Presses de la Cité, 1976, 317 p. (ISBN978-2-258-00036-0).
Pierre Dufour, Chasseurs Parachutistes 1935-2005, éditions Lavauzelle, 2005 (ISBN2-7025-1287-9).
Olivier Porteau, Esquisse d’un bilan réévalué de l’action des parachutistes français en Bretagne : mission militaire et/ou politique ? , En Envor, revue d'histoire contemporaine en Bretagne, n°2, été 2013, article en ligne (lire en ligne).
Olivier Porteau, L’Action combinée du 2e régiment de chasseurs parachutistes et de la Résistance bretonne dans le dispositif stratégique de l’opération Overlord, in Patrick Harismendy et Erwan Le Gall (dir.), Pour une histoire de la France Libre, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 107-123
Stéphanie Trouillard, Mon oncle de l'ombre : Enquête sur un maquisard breton, Skol Vreizh, , 280 p. (ISBN978-2-36758-089-0 et 2-36758-089-8).
↑Ces dates proviennent pour la plupart du livre de Pierre Dufour, Chasseurs Parachutistes 1935-2005 pages 16
↑La 1re CIA, créée par la capitaine Bergé, s'est notamment illustrée en Crète, Tunisie et Libye ce qui lui vaudra une citation à l'ordre de l'armée de l'air - In Chasseurs Parachutistes 1935-2005 page 31.
↑In Chasseurs Parachutistes 1935-2005 pages 28 et 36.
↑Décision n°12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, n°27, 9 novembre 2007
↑Liste détaillée sur le site de l'Ordre de la Libération,[1]
↑Par jugement en date du 24 octobre 2008, le Tribunal de Grande Instance de Paris a déclaré absent M. Aloïzo Waleina, Compagnon de la Libération, qui n'a plus reparu ni donné de ses nouvelles depuis 1948