Elle est professeure agrégée à Sciences Po sur les campus de Paris et Nancy depuis septembre 2017.
En novembre 2022, Anne Hidalgo, maire de Paris, la nomme directrice des affaires culturelles de la ville[2].
Biographie
Origines familiales
Elle est la fille d'Angelo (prénom francisé en « Angel »[3]) Filippetti (1938-1992), mineur de fond, maire communiste d'Audun-le-Tiche[3] de 1983 à 1992 et conseiller général de 1979 à 1985, et d'Odette Filippetti (née Rovere)[3], intendante de collège[4].
Son grand-père maternel était un immigré italien du Frioul mort en 1946 d’un accident du travail sur le barrage de l’Aigle dans le Cantal. Sa grand-mère maternelle était alsacienne. Les parents de son père étaient des immigrés italiens antifascistes venus dans les années 1920 travailler dans les mines de fer de Lorraine[5]. Son grand-père paternel, Résistant, a été arrêté en février 1944 et déporté avec deux de ses frères[6]. Il est mort pour la France[7] au camp de concentration de Bergen-Belsen à la fin d'avril 1945, après la libération du camp[8],[9],[10].
Aurélie Filippetti raconte dans un roman paru en 2003, Les Derniers Jours de la classe ouvrière, comment son grand-père a été arrêté par la Gestapo au fond de la mine après avoir été dénoncé. Elle évoque aussi dans ce livre la mémoire ouvrière des mineurs et des ouvriers sidérurgistes de Lorraine et le sentiment de déclassement qu'ils ont ressenti après la fermeture des mines et des usines. Elle témoigne aussi sur ses origines familiales ouvrières dans le documentaire L'héritage de l'homme de fer, d'Emmanuel Graff, en 2008[11].
De 2012 à 2014, elle est la compagne de Frédéric de Saint-Sernin, puis, entre septembre 2014 et début 2017, elle est en couple avec Arnaud Montebourg[15],[16]. Ils ont ensemble une fille, Jeanne, née en septembre 2015[17].
Elle a une autre fille, Clara, née d'une précédente relation.
Précédemment, elle a été la compagne de Thomas Piketty[18], contre lequel elle a porté plainte en 2009 pour violences conjugales, ce qui a valu à l'auteur un rappel à la loi[19]. En 2019, après que Piketty a affirmé publiquement que ses propres filles ont été victimes de violence de la part d'Aurélie Filippetti, cette dernière porte plainte contre lui, pour diffamation[20]. Piketty est, dans un premier temps, condamné en à 1 euro de dommages et intérêts pour diffamation et à 3 500 euros de frais de justice[21], puis définitivement condamné, le , pour « diffamation publique » à lui verser 3 000 euros, après le rejet de son pourvoi en cassation[22].
Elle est membre fondatrice de la Convention pour la Sixième République[29].
Elle prend ses distances avec Les Verts dès 2003 au moment des manifestations contre la guerre en Irak et quitte définitivement le parti qu'elle accuse d'avoir franchi « la ligne jaune » en 2006 quand l'investiture lui est refusée alors qu'elle envisage de retourner en Lorraine[30].
Elle est porte-parole puis vice-présidente de la Convention pour la Sixième République[33],[34], puis du courant pro-Royal « L'Espoir à gauche » pour le congrès de Reims[35]. Candidate aux élections européennes de 2009, elle est troisième de la liste conduite par Catherine Trautmann dans la circonscription Est, place qui ne lui permet pas d'être élue le 7 juin, la liste socialiste ayant obtenu deux élus avec 17,8 % des voix.
Elle soutient François Hollande pour la primaire présidentielle socialiste de 2011. À la suite de la victoire de celui-ci, elle est intégrée dans son équipe de campagne et chargée de la Culture, de l'audiovisuel et des médias[36]. Écrivaine elle-même, elle défend le livre et l'indépendance des médias et prône le développement du numérique et un plan national d’éducation artistique et culturelle ainsi que l'abrogation de la loi Hadopi[37]. En novembre 2011 elle est investie par les militants socialistes comme candidate aux élections législatives, avec pour suppléant Gérard Terrier. La 8e circonscription de Moselle ayant été supprimée par le redécoupage électoral de 2010, elle est réélue députée le 17 juin 2012 avec 59,04 % des voix[38] dans la 1re circonscription de la Moselle.
En 2014, alors qu'elle est ministre depuis deux ans déjà et que le président de la République a indiqué que les membres du gouvernement qui échoueraient aux élections municipales devraient quitter leur ministère[42], elle se porte candidate aux élections municipales à Metz en deuxième position sur la liste conduite par Dominique Gros. Elle est élue conseillère municipale[43] et renonce dans la foulée, le , à son mandat de conseillère générale du canton de Maizières-lès-Metz[44] en application des règles de non-cumul des indemnités qu'elle prône[45].
Ministre de la Culture et de la Communication
En tant que ministre de la Culture et de la Communication, elle annonce ses priorités : un projet de loi assurant la protection des sources d'information des journalistes, une refonte de la loi Hadopi, la « sécurisation » du financement de l'audiovisuel public et la fin de la nomination des dirigeants des chaînes publiques par le président[46]. Elle promeut la féminisation des nominations au sein du ministère de la culture et dans les établissements culturels[47].
Pour 2013, le budget de son ministère est en baisse de 2 % par rapport à celui de 2012[48]. Finalement, en avril, et malgré les promesses de campagne, elle annonce l'abandon de la réforme de la loi Hadopi. Seule une variable d'application de la loi est modifiée par décret[49]. Le budget de la culture est annoncé en baisse de 2,8 % en 2014[50]. En 2014, elle doit faire face aux grèves des intermittents du spectacle pendant les festivals d'été[4].
Elle annonce, le , son intention de ne pas participer au second gouvernement de Manuel Valls. Elle écrit une lettre expliquant qu'elle n'est plus en accord avec la politique menée : « Il y a un devoir de solidarité, mais il y a aussi un devoir de responsabilité vis-à-vis de ceux qui nous ont fait ce que nous sommes. Je choisis pour ma part la loyauté à mes idéaux. Je ne serai donc pas […] candidate à un nouveau poste ministériel[51]. »
Après le gouvernement
Elle retrouve son siège de députée de la Moselle le [52].
Dans une interview à Mediapart, le 4 octobre 2014, elle reproche à François Hollande son échec sur la gestion des hauts fourneaux de Florange, son enfermement dans les institutions de la Ve République ainsi que la personnalisation de la présidence de la République.
Elle fait partie des 39 députés socialistes, dits « frondeurs », à s'abstenir sur le budget de 2015. Elle justifie cette décision du fait « d'avoir des comptes à rendre à ses électeurs et aux Français » et affirme « n'avoir de leçon à recevoir de qui que ce soit » en réponse au premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui lui reproche son « manque de foi » et elle justifie également l'abstention de ses collègues anciens ministres Delphine Batho, Cécile Duflot et Benoît Hamon.
Candidate à sa réélection lors des élections législatives de 2017, elle est éliminée dès le premier tour avec seulement 11,8 % des voix[54].
À la rentrée 2017, Aurélie Filippetti devient enseignante à Sciences Po Paris sur le campus de Paris et sur celui de Nancy. De 2017 à 2019, elle rejoint aussi occasionnellement l'équipe des chroniqueurs de Marc-Olivier Fogiel dans son émission On refait le monde, sur RTL de 19 h 15 à 20 h[55], et de 2017 à 2019, elle assure un cours à l'ESJ Paris[56]. Depuis 2019, elle est chroniqueuse régulière de L'Esprit public sur France Culture.
Le 13 octobre 2017, elle est exclue pour un an et demi du Parti socialiste par la fédération de Moselle pour avoir soutenu une liste dissidente aux élections sénatoriales[57]. Elle dénonce un contexte de « purge politique » au PS contre « ceux qui ont défendu une ligne plus à gauche » que celle du parti ces dernières années[58]. Le , elle rejoint Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon, son ancien collègue au gouvernement et annonce son départ du PS[59].
Aurélie Filippetti démissionne du conseil municipal de Metz le 5 juillet 2018[60].
Élections régionales de 2021 dans le Grand Est
Le 9 décembre 2020, elle lance l'Appel inédit avec la députée LFICaroline Fiat et la conseillère régionale PS Pernelle Richardot dans le but d'unir la gauche et les écologistes aux élections régionales de 2021 dans le Grand Est[61].
L'année suivante, elle est désignée pour conduire la liste « Union de la Gauche » [62]. La liste, notamment soutenue par La France insoumise et des dissidents du Parti socialiste, rassemble moins de 10 % des suffrages exprimés (8,64 %) et est éliminée au premier tour[63],[64].
Elle est nommée directrice des affaires culturelles de la Ville de Paris, à compter du 28 novembre 2022[67]. L'ancienne ministre socialiste, qui s'était retirée du monde politique pour enseigner à Sciences Po, sera chargée de renforcer le «projet culturel ambitieux en matière d'éducation artistique et culturelle» d'Anne Hidalgo[68].
Prise de position
Après l'élection de Donald Trump comme président des États-Unis, elle estime que « la gauche américaine aurait dû être fidèle à Bernie Sanders éliminé lors des primaires démocrates plutôt qu’à Clinton, on a moqué Sanders mais c’est sans doute lui qui avait raison. Quand la gauche est trop libérale, trop proche des élites financières, cela ne marche pas[69]. »
↑Sur ce point, voir la communication de Pierre Schill, « Antifascisme et résistance ouvrière organisés autour de la CGT et du Parti communiste en Moselle annexée (1940-1945) : entre histoire et mémoire » présentée au colloque « Annexion et nazification en Europe », qui s'est tenu à Metz, les 7 et 8 novembre 2003. Elle figure aux p. 173 à 187 des actes publiés sous la direction de Sylvain Schirmann (université de Strasbourg) et téléchargeables sur le site internet du Mémorial d'Alsace-Moselle à Schirmeck.
↑Décision du 8 décembre 2020 de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, dossier 14357.