Maylis Le Gal de Kerangal dite Maylis de Kerangal est une écrivaine française, née le [1] à Toulon[2].
Biographie
Enfance et formation
Maylis de Kerangal[3] passe son enfance au Havre. Son père est pilote de navire et son grand-père est capitaine au long cours. La mer joue un rôle important dans sa vie et son œuvre. Issue d'une famille catholique, elle étudie dans des établissements publics du Havre, au collège Raoul-Dufy puis au lycée Porte-Océane[4].
Mariée, elle est mère de quatre enfants. Elle vit à Paris[4].
Carrière d'écrivaine
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Maylis de Kerangal publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008[5]. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina[6].
Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché, spécialisées dans la jeunesse[7], où elle travaille de 2004 à 2008[8] avant de se consacrer à l'écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte[8].
En 2021, elle mène un travail réflexif avec des lycéens dans le cadre de leur PEAC qui aboutit à l'exposition « L'Art se livre », présentée au musée d'Orsay du 19 mai au 17 octobre 2021.
Le style de Maylis de Kerangal se caractérise essentiellement par l’usage d’une phrase ample[22] dans laquelle prévaut la juxtaposition[23], alternant entre vivacité du tempo et dilatation temporelle[24] ; c’est l’instant dans sa totalité que cette structure phrastique saisit et restitue[25].
Ce flux incorpore des éléments hétérogènes issus d’univers variés[26] que ce soit sur le plan lexical (où « une langue qui se signale comme littéraire »[27] côtoie « idiomes adolescents »[28], xénismes[29] et termes techniques[30]), ou encore sur le plan énonciatif (« la trame principale est segmentée par l’alternance des voix et des points de vue »[31]). Les registres participent aussi à ce « régime esthétique de l’hétérogénéité[32] » dans la mesure où les termes rares et précieux laissent parfois la place à l’argot voire au terme grossier[33].
Le travail du rythme s’appuie également sur un travail de densification impliquant des pratiques de liage entre ces unités hétérogènes[34]. Cet effet de condensation est particulièrement visible dans le traitement des discours rapportés : Maylis de Kerangal allège les marques typographiques des discours rapportés en supprimant les guillemets et, le plus souvent, les tirets dialogiques[35]. En outre, les ellipses grammaticales du pronom sujet et de l’article dans les groupes parallèles concourent au travail de condensation[36] et rappellent les effets obtenus sur le rythme par l’économie des marqueurs d’articulation[37] – de même que l’usage de la virgule comme « opérateur de lissage[38] » (et agissant ainsi sur la condensation) rappelle les usages du tiret et du point pour imposer une respiration singulière et créer du tempo[39].
La mise en œuvre de ces ressources stylistiques spécifiques permet ce que Claire Stolz nomme « sublimation poétique[40] ». Cet effet de poétisation de l’ensemble du texte repose en particulier sur : l’intensité résultant du sentiment de densité et de fusion ; « l’effet de brouillage[41] » des sources énonciatives provoquant une « confusion des voix[42] » ; et sur le recours massif à l’hypotypose, « ressort fondamental de la poésie de cette prose[43] », servie par un « rythme haletant[44] » et par l’utilisation quasi exclusive du présent dans tout le texte[45].
Le style de Maylis de Kerangal repose enfin sur un équilibre entre « emphaselyrique[46] », « précision technique[47] » et dimension humoristique[48] (activée grâce à une distance différente de l’ironie[49]).
Maylis de Kerangal (texte), Robin Goldring (peint.), La Peau d'une fille qui rentre de la plage, Paris, Galerie Prodromus, , 31 p. (ISBN978-2-9526019-2-4)
Maylis de Kerangal et coll., Inculte, Spécial coupe du monde, Paris, éditions Inculte, , 212 p. (ISBN978-2-915453-31-7)
Dans les rapides, Paris, éditions Naïve, coll. « Naïve sessions », , 111 p. (ISBN978-2-35021-086-5)
Collectif, Minimum Rock'n'Roll : Binocles Œil de Biche & Verres Fumés, Bordeaux/ Paris, France, éditions Le Castor Astral, coll. « Musique », , 176 p. (ISBN978-2-85920-771-7)
Maylis de Kerangal & Joy Sorman (dir.) et coll., Femmes et sport : Regards sur les athlètes, les supportrices, et les autres, Paris, Éditions Helium, , 153 p. (ISBN978-2-35851-019-6)
Pour que droits et dignité ne s'arrêtent pas au pied des murs (ouvrage collectif en soutien à l'Observatoire international des prisons), éditions du Seuil, 2021
↑Anne-Frédérique Hébert Dolbec, « Maylis de Kerangal, tisserande du détail », Le Devoir, mercredi 23 novembre 2022, p. 1 (lire en ligne) ; Cécile Lazartigues-Chartier, « Maylis de Kerangal au Salon du livre de Montréal », lesfrancais.press, 3 décembre 2022 (lire en ligne).
↑Stéphane Bikialo et Catherine Rannoux, « issance d’un pont : une chorégraphie de la collision », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.146.
↑Mervi Helkkula, « Structure phrastique et cohérence textuelle dans Réparer les vivants l’écriture et le réel », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 125.
↑Judith Mayer, « Maylis de Kerangal l’écriture de l’espace dans l’œuvre de Maylis de Kerangal », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 67 : « le décor, l’action, les dialogues se livrent ainsi d’un seul tenant ».
↑« inclure et articuler dans la phrase des éléments prélevés de multiples strates », ibid.
↑Stéphane Chaudier et Joël July, « Des corps et des voix : l’euphorie dans le style de Maylis de Kerangal », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.141.
↑Sylviane Coyault, « Le parti pris de la jeunesse », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 114.
↑Aurélie Adler, « Naissance d’un pont et Réparer les vivants de Maylis de Kerangal : des romans épiques ? », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.38.
↑Karine Germoni, « Réparer les vivants ou comment greffer la parole vive : discours direct, absence de guillemets et tirets dialogiques », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.181-182.
↑Claire Stolz, « Poésie et fiction, l’hypotypose chez Maylis de Kerangal », dans Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux et Isabelle Serça, La langue de Maylis de Kerangal, , p.160.
↑Bikialo et Rannoux 2017, p. 151 : « S[i le point]disjoint par sa présence des unités qui devraient correspondre à des phrases, sa frontière est transgressée par la continuité syntaxique qui s’opère de part et d’autre ».
↑Sylvie Vignes, p. 103 : « On note aussi, sans surprise excessive, qu’en matière de temps verbaux, c’est aussi le présent qui semble avoir les faveurs de Maylis de Kerangal ».
↑Dominique Rabaté, « Créer un peuple de héros. Le statut du personnage dans les romans de Maylis de Kerangal », in Mathilde Bonazzi, Cécile Narjoux & Isabelle Serça (dir.), p. 75-76.
Mathilde Bonazzi (dir.), Cécile Narjoux (dir.) et Isabelle Serça (dir.), La langue de Maylis de Kerangal. « Étirer l’espace, allonger le temps », Dijon, Presses universitaires de Dijon, coll. « Langages », , 228 p..
Collectif, « Maylis de Kerangal. Corniche Kennedy, Naissance d’un pont, Réparer les vivants », Roman 20-50. Revue d’étude du roman des XXe et XXIe siècles, textes réunis et présentés par Carine Capone et Cæcilia Ternisien, n° 68, décembre 2019, p. 5-127 (lire en ligne).
Collectif, « Maylis de Kerangal. Puissances du romanesque », dir. Marie-Pascale Huglo, Études françaises, vol. 57, n° 3, 2021 (lire en ligne).