L'attentat du train Strasbourg-Paris est un attentat à la bombe perpétré le dimanche sur la ligne de Paris à Strasbourg entre les gares de Vitry-le-François et Loisy-sur-Marne. Vers 15 h 10, le train rapide no 12 Strasbourg-Paris déraille à la hauteur du village de Blacy. Le déraillement est provoqué par une bombe placée sous le rail, qui explose au passage du train. Selon des historiens et des journalistes, la bombe aurait été placée par l’OAS dans le contexte de la guerre d'Algérie[1].
En 1961, durant l’enquête, Jacques Duclos, un des dirigeants du Parti communiste français attribue lors de débats parlementaires cet attentat à l’OAS, qui dans une lettre laissée au chef de gare de Vitry-le-François, menace de faire sauter la voie.
Il critique également:
« les affirmations officielles faites à la suite de cette catastrophe pour écarter l'éventualité d'un sabotage »,
la longueur de l'enquête qui traine depuis plus de six mois,
l'absence d'explications donnée à la SNCF,
le refus d'indemnisation des victimes,
le fait que les autorités aient tenu à écarter toute responsabilité de l'OAS[3].
La cour de cassation a estimé qu'il n'y avait aucune preuve que les auteurs de l'attentat ne fissent pas partie de la SNCF[4].
Selon le journaliste d'investigationPierre Abramovici, cet attentat de l'OAS est « l'attentat ferroviaire resté secret d’État », et dès le début de l'enquête la sûreté parisienne écarte la thèse de l'attentat malgré une lettre anonyme reçue par le chef de gare de Vitry-le-François plusieurs semaines avant et donnée à la police mais sans suite[2].
L'attentat n'est reconnu qu'en 1966 par l'État qui accepte d'indemniser les victimes mais sans l'imputer à l'OAS[5].
Victimes
Parmi les victimes de cet attentat, on compte notamment le docteur Émile Rémigy (36 ans), hématologue et directeur-adjoint du Centre régional de transfusion sanguine et de réanimation de Nancy[6], dont les travaux pionniers sur le traitement de l'hémophilie A par extraction du facteur VIII en exploitant le cryoprécipité[7],[8],[9],[10] furent brutalement arrêtés.
Commanditaire
Pour Le Parisien[11], en 2015, le doute subsiste sur le fait que le déraillement soit un attentat de l’OAS, mais plusieurs historiens, journalistes et Le Monde considèrent que c'est bien le cas[12] et le plus meurtrier attribué à l'OAS hors de l'Algérie[1].
Pour l'historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, l'attribution de cet attentat à l'OAS s'est faite très tard parce que ses auteurs qui étaient très jeunes n'avaient pas été tous inculpés[1]. Les historiens Jacques Delarue et Odile Rudelle mettent cet attentat, réalisé à la date « symbolique » du jour anniversaire de l'appel du 18 juin 1940, « dans le sillage » du Putsch des généraux du [13].
↑C. Sibinga, « Emile Rémigy and the discovery of anti‐haemophilic activity in cryoprecipitate », Haemophilia : the official journal of the World Federation of Hemophilia, (DOI10.1111/j.1365-2516.1996.tb00013.x, lire en ligne)
↑(en) Albert Farrugia, « Factor VIII manufactured from plasma—the ups and downs, and the up again: a personal journey—part 1: history of the development of plasma-derived factor VIII therapies », Annals of Blood, vol. 3, no 2, (ISSN2521-361X, lire en ligne)
↑Albert Farrugia et Cees Th Smit Sibinga, « The discovery of cryoprecipitate as a modality for hemophilia A: Augmenting the allocation of credit », Transfusion, vol. 61, no 8, , p. 2517–2518 (ISSN1537-2995, PMID34365667, DOI10.1111/trf.16562, lire en ligne)
Jacques Duclos, « 2294. - 28 décembre 1961. - M. Jacques Duclos expose à M. le ministre des travaux publics et des transports », Journal officiel de la République française - Débat parlementaires - Sénat, (lire en ligne)
« INTERACTIF. Charlie Hebdo, un attentat sans précédent en France », Le Parisien.fr, (lire en ligne)
République française, Cour de cassation, chambre civile 1, « Audience publique du mardi 3 octobre 1967 », Bulletin de la Cour de cassation, (lire en ligne)