Arnaud d'Hauterives est un peintre, graveur et lithographefrançais, né le à Braine (Aisne) et mort le à Parmain, membre de l'Institut, Président d'honneur du Syndicat de la Critique parisienne fondé en 1899. Par le mariage de sa sœur Chantal, il est le beau-frère du peintre et lithographe André Brasilier.
Biographie
Arnaud d’Hauterives naît du mariage de Louis d'Hauterives, descendant d'une famille installée en Louisiane, devenue américaine en 1803 et qui revint en France un siècle plus tard [1], et de Germaine Hincelin, native du village de Braine. « Cette histoire mouvementée de sa famille, restitue son amie Michèle Battut, a certainement déterminé son goût prononcé pour les voyages. Dès le début de sa carrière, il sillonnera la planète. Ses voyages lui feront découvrir la mer qui occupera une grande place dans son œuvre »[2].
Premier grand prix de Rome en 1957, il réside pendant quatre ans à la Villa Médicis sous la direction de Jacques Ibert, puis de Balthus avec qui il se lie d’amitié[2] : « sa formation classique est stimulée au contact de Balthus, restitue Lydia Harambourg ; à ses côtés, il expérimente la liberté de peindre et l'esprit moderne qui s'y rattache en dépit des contraintes ». C'est plus tard, évoque encore Lydia Harambourg, « qu'ils cohabiteront sur les cimaises de la galerie Henriette Gomès », puis « qu'avec ses premiers pastels réalisés dans le Morvan chez Balthus, il découvre dans les lignes amples du paysage une distance d'un autre ordre, celui de la poésie. Il inaugure des harmonies dorées, griffées de traits à la plume dont les ruptures de tons purs distillent une lumière blonde qui le caractérise »[3]. Il épouse Renée Delhaye le , union dont naîtront trois enfants, Arielle, Régis et Louis[4].
Élu membre de la section de peinture de l’Académie des beaux-arts le 13 juin 1984 au fauteuil de Jean Souverbie[5], il est président de cette compagnie en 1987, 1991 et 1996, année où il est élu secrétaire perpétuel, succédant à l’architecte Bernard Zehrfuss[6]. Il a particulièrement œuvré à l'entrée de la photographie au sein de l'institution, qui s'est concrétisée par la création de la section de photographie en 2005[7], de même que pour la mobilisation en faveur de la tapisserie contemporaine en 2009[8]. En juin 2016, il signe avec Françoise Marquet-Zao l'acte de donation à l'Académie des beaux-arts d'œuvres et de l'épée d'académicien de Zao Wou-Ki[9] puis démissionne de sa fonction de Secrétaire perpétuel en décembre de la même année pour raisons de santé[10].
Une séance publique de l'Académie des beaux-arts, 18 novembre 2009
En 1986, il est nommé conservateur du musée Marmottan[2]. La gestion de ce musée fait l'objet d'une polémique concernant la vente d'une partie de ses collections[11].
Il est membre d'honneur de l'Observatoire du patrimoine religieux (OPR), une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine cultuel français.
Mort le 4 janvier 2018, Arnaud d'Hauterives est le 8 janvier inhumé au cimetière de son village natal de Braine[12],[13].
Yves Frontenac, Abymes de lumière, récit suivi de Variations sur un sourire, illustrations d'Arnaud d'Hauterives, 150 exemplaires hors commerce et 500 exemplaires numérotés, éditions SNMPD, 1978.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, illustrations d'Arnaud d'Hauterives, 1 800 exemplaires numérotés, Club du livre, 1985.
Charles Baudelaire, Journaux intimes, lithographies originales d'Arnaud d'Hauterives, 285 exemplaires numérotés, Club du livre, 1991.
Catalogues d'expositions
Jean-Jacques Morvan et Arnaud d'Hauterives, Traditions et recherches : chefs-d'œuvre des musées de l'U.R.S.S. - Jeunes artistes soviétiques, art contemporain français, Société des artistes français, mai 1984.
Arnaud d'Hauterives (préface), Rémy Le Sidaner, Catherine Lévy-Lambert et Marianne Delafond, Henri Le Sidaner, éditions La Bibliothèque des arts / Musée Marmottan, 1989.
François Daulte, Arnaud d'Hauterives, Germain Bazin et Marianne Delafond, Claude Monet et ses amis, éditions de la Fondation de l'Hermitage, Lausanne, 1993.
Arnaud d'Hauterives (avant-propos), La Nouvelle Vague : l'estampe japonaise de 1868 à 1939 dans la collection de Robert O. Muller, musée Marmottan, 1994.
Arnaud d'Hauterives, De Waldmüller à Klimt - Cinquante neuf toiles de la galerie autrichienne du Palais du Belvédère, éditions Bibliothèque des arts/musée Marmottan, 2001.
Jacques Mosley, Sylvie de Turckeim-Pey, André Jammes, Arnaud d'Hauterives, Paul-Marie Grinewald, Christine Paput et Jacques André, Le Romain du Roi - La typographie au service de l'État, 1702-2002, Musée de l'imprimerie, Lyon, 2002.
Thierry Lefrançois (préface d'Arnaud Hauterives), Gaston Balande méconnu, Éditions Être et connaître, La Rochelle, 2004.
Jérôme Coignart, Axelle Corty et Arnaud d'Hauterives, La villa Ephrussi de Rothschild, Société française de promotion artistique, Paris, 2005.
Jacques Barrat (préface d'Arnaud d'Hauterives), La vénerie française, un patrimoine d'avenir, collection « Vénerie », Bibliothèque des introuvables, 2007.
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Dits et écrits d'Arnaud d'Hauterives
« J'ai toujours été amoureux du mystère, le mystère crée pour moi la séduction. » - Arnaud D'Hauterives[26]
« Je revois les dessins réalisés par le jeune aspirant Pierre Loti, aussi ne puis-je m'empêcher d'établir un parallèle entre vos destinées. Marins écrivains, marins peintres, vous avez le privilège d'associer passion et métier sans parvenir à assouvir cette boulimie créatrice qui n'a cessé de vous tenailler tout au long de notre vie. Il est indéniable que les voyages au long cours prédisposent à l'évasion, au recueillement. Le microcosme qu'est le bateau ne peut qu'inciter à mieux cerner, à mieux percevoir nos émotions profondes, à nous imprégner de l'esprit des "choses vues" élagué de ce qui ne saurait être "l'essentiel". » - Arnaud d'Hauterives[27]
Réception critique et témoignages
« Les déesses que vous mettez en scène n'ont pas la sereine certitude de celles descendant de l'Olympe. Tout aussi belles, mais d'une autre beauté, elles portent en elles le doute d'un paradis accessible et la certitude d'une vie traversée d'orages et de passions. Ainsi, votre œuvre va se meubler de personnages, de femmes essentiellement, l'homme n'y figurant qu'à de rares exceptions. Vos héroïnes, vous les placerez en des situations et une atmosphère qui en inspirera le comportement. Superbes, toujours enfoncées en leur nuit, provocantes souvent, nues en leurs collants de dentelles, habitées de rêves étranges, leurs yeux exprimant l'angoisse d'un destin entre-aperçu, ouvert sur des perspectives de néant. Et, par-dessus-tout, ce sont des interrogations qu'elles nous lancent par votre intermédiaire, en ce monde de fantômes immobiles et muets que vous mettez en scène, dont la signification ambiguë brouille les couleurs du bien et du mal et appelle l'esprit en une quête de vérité rétablissant l'équilibre entre nos sens et la raison. » - Georges Cheyssial[26]
« Ce qu'on trouve, dans ses toiles, c'est la volupté un peu trouble que la proximité des charmes voilés de la femme enclenche dans la machinerie onirique de la prime adolescence, orientée moins vers la possession que vers la contemplation de la Beauté et le désir de l'Inaccessible… Cette veine de son œuvre est peuplée de jeunes femmes capiteuses et captieuses, hiératiques, figées dans une grâce qui nous parvient comme celle d'étoiles peut-être mortes depuis des siècles, femmes fascinantes comme les grands espaces stériles, femmes qui, peut-être, tomberaient en poussière si l'on osait poser sur elles une caresse. Paradis artificiel et raffiné, cet univers est propre à susciter des émois inavoués, tout proches de ceux des enfants frôleurs d'interdits : armoire secrète dans la chambre des parents, bibliothèque d'adultes, collection de venins, animaux aux formes maléfiques, armes à feu touchées en cachette, caves et pièces écartées quand le jour tombe. On comprend avec quelle émotion Hauterives a pu se plaire à illustrer Les Paradis artificiels et Les Fleurs du mal, se livrant au plaisir de donner à l'œil une correspondance aux tendresses torturées de Baudelaire, à ses imaginations lascives et cruelles, cris blasphémateurs et suaves invocations, autant qu'à ses obsessions du "langage des choses muettes", des "gouffres derrière les décors", d'une "métamorphose mystique de tous (les) sens fondus en un". » - Pierre Dehaye[28]
« Les visions mi-fantastiques, mi-surréalistes d'un artiste bien connu des habitués du Salon d'Automne. » - Gérald Schurr[29]
« Ses tableaux sont composés d'une opposition d'ombres et de lumières d'où émergent figures et objets, dans une atmosphère fantastique. » - Dictionnaire Bénézit[30]
« Arnaud d'Hauterives est poussé vers l'Afrique secrète, par sa passion pour l'ethnologie. Il est allé rencontrer les Dogon du Mali et les chefs-d'œuvre rituels par lesquels ils matérialisent les figures de leur cosmogonie… Il a trouvé les innombrables motifs de sa vingtaine de voyages au Japon dans son intérêt personnel pour l'art japonais ancien, dans les rapports esthétiques et intellectuels de sa peinture élégante et subtile avec la culture nippone. » - François Bellec de l'Académie de Marine[31]
« En se dégageant de toute anecdote et revenu récemment à une transposition allusive du paysage, c'est avec le corps, le visage, le nu, qu'Arnaud d'Hauterives nous donne l'impression de basculer dans un ailleurs… Ses nus ont une splendeur grave dans une atmosphère où l'ombre et la clarté installent des transparences lumineuses. Sa peinture restitue d'une façon troublante l'intégrité des espaces et des matières. Les chairs transfigurées dans une pâte onctueuse nous font éprouver la pesanteur des substances. C'est en cela qu'il exprime certains états ambigus. Un érotisme sous-jacent en phase avec le songe baudelairien installe une sorte de sidération. Ces femmes, telles le sphinx, appartiennent au monde onirique. Leurs ombres mortelles qui les accompagnent planent sur la clarté de leur beauté chimérique. » - Lydia Harambourg[3]
↑ abc et d Michèle Battut, « Arnaud d'Hauterives » dans, sous la direction de François Bellec, Les Peintres officiels de la Marine d'hier à aujourd'hui, éditions Locus Solus / Ministère des Armées, 2023, pp. 216-220.
↑ Sous la direction d'André Flament, Roger Bouillot, Dina Carayol, Jean-Noël Doutrelen et André Verbiest, La fête - Les peintres témoins de leur temps, Les Presses artistiques / Hachette, Vanves, 1977, p. 45.
↑ Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1978, p. 321.
↑ a et b Raymond Gallois-Montbrun et Georges Cheyssial, Discours prononcés pour la réception de M. Arnaud d'Hauterives, élu membre de la section de peinture en remplacement de M. Jean Souverbie, Institut de France, Académie des beaux-arts, 30 octobre 1985, éditions de l'Institut de France, 1986.
↑ Arnaud d'Hauterives, Hommage à Luc-Marie Bayle, peintre officiel de la Marine, écrit au large de l'île de Pâques en 1995 à bord de la frégate Vendémiaire qui naviguait de Papeete à San Francisco, cité par François Bellec, Carnets de voyages des peintres de la Marine, Coéditions Ouest-France - Marine nationale, 2002, pp. 31-33.
↑ Pierre Dehaye, « Arnaud d'Hauterives ou le bonheur de peindre ses rêves », L'art, arme des âmes - Essais sur la beauté, Promethea éditions, 1994.
↑ Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p. 415.
↑Décret n° 57-549 du 2 mai 1957 portant institution de l'ordre des Arts et des lettres, article 8, publié au JO de la RF le 3 mai 1957, p. 4568-4569, [lire en ligne].
Lydia Harambourg, Les peintres de l'Académie des beaux-arts, éditions de l'Institut de France / Galerie Sellem, Paris, 2008.
Sous la direction de François Bellec (texte de Michèle Battut), Les Peintres offocoels de la Marine d'hier à aujourd'hui, éditions Locus Solus / Ministère des Armées, 2023.
Radiophonie
Hélène Renard, « Arnaud d'Hauterives, Secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts », Canal-Académie, émission du 5 octobre 2006 (écouter en ligne - Durée : 30 min 36 s).
Marianne Durand-Lacaze, « Découvrir l'Académie des beaux-arts avec son secrétaire perpétuel Arnaud d'Hauterives », Canal-Académie, émission du 20 mai 2007 (écouter en ligne - Durée : 38 min 05 s).