Les états généraux de 1614 se tiennent à Paris du au , peu après la déclaration de majorité de Louis XIII et le voyage de celui-ci dans les provinces de l'ouest. Ils se déroulent donc au moment où le pouvoir royal se raffermit face aux manœuvres des grands féodaux. Ce sont les derniers états généraux avant ceux de 1789.
Organisation et composition
Le roi Louis XIII ordonne que le clergé siège aux Augustins, la noblesse au couvent des Cordeliers, et que les représentants du tiers état se réunissent dans l'hôtel de ville. Cependant, la noblesse et le tiers état demandent la permission de se joindre aux représentants du clergé aux Augustins, ce qui leur est accordé, afin que les trois ordres puissent conférer ensemble.
Les états généraux s'ouvrent à l'hôtel du Petit-Bourbon situé près du Louvre, le , après un jeûne public de trois jours et une procession solennelle que l'on a ordonnée pour implorer « l'assistance du ciel ».
L'assemblée se tient au Louvre, dans la grande salle de l'hôtel de Bourbon. Le Roi y siège avec à sa droite la Reine mère, qui est elle-même près de la Première Fille de France, Élisabeth, promise au prince d'Espagne.
Le Roi déclare dans une brève adresse que son but est d'écouter les plaintes de ses sujets et de pourvoir à leurs griefs. Cette première séance est donc consacrée à la désignation des représentants de chaque ordre chargés de rédiger les volontés des sujets du roi.
La deuxième séance se tient le 4 novembre 1614. Le Clergé demande la publication du concile de Trente, la noblesse demande l'abolition du droit de paulette, le tiers état le retranchement des tailles et la diminution des pensions. La noblesse et le clergé demandent également conjointement la réformation des universités et que les jésuites soient admis dans l'université de Paris à condition de se soumettre au règlement de celle-ci. Mais cette demande ne sera d'aucun effet, les jésuites ayant refusé de respecter le règlement. Sont ensuite demandés l'accomplissement du mariage du roi avec l'infante d'Espagne, et celui de madame Élisabeth de France avec le prince d'Espagne.
La proposition la plus notable est introduite par le tiers état. Il s'agit de reconnaître l'autorité du Roi de France, « monarque de droit divin », indépendante de l'autorité papale. Le clergé et la noblesse combattant avec ferveur cette disposition, elle n'est pas adoptée mais le roi et la régente ne perdent pas de vue cette intéressante revendication. Ce sont, en effet, les bases de l'absolutisme français qui sont introduites à cette occasion.
Cependant, la publication du Concile de Trente est accordée.
À la suite des états généraux, le 24 mars 1615, le pouvoir royal annonça la suppression de la vénalité des charges et du droit annuel (paulette). Le parlement s'opposa à cette mesure. Le duc de Luynes, favori de Louis XIII, tenta lui aussi de contrer le parlement, mais c'est ce dernier qui finit par avoir de gain de cause, du moins jusqu'à la « réforme Maupeou » en 1771.
Les états généraux se closent le 23 février 1615.
Citations
Jean Savaron, député du tiers état d'Auvergne : « Qu'auriez-vous dit, Sire, si vous aviez vu dans vos pays de Guyenne et d'Auvergne, les hommes paître l'herbe à la manière des bêtes ? »
Robert Miron, prévôt des marchands de Paris et député du tiers état : « Prenons garde que le désespoir ne fasse connaître au peuple que le soldat n'est autre chose qu'un paysan portant les armes. »
Notes et références
↑ ab et cM J De Gaulle, Nouvelle histoire de Paris et de ses environs, 1839, p. 1
Sources primaires imprimées
Tome X de l'ouvrage Le Grand Vocabulaire François, par une société de gens de lettres, avec approbation et privilège du Roi, 1770.
Roger Chartier (dir.) et Denis Richet (dir.), Représentation et vouloir politiques : autour des États généraux de 1614, Paris, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, coll. « Recherches d'histoire et de sciences sociales / Studies in history and the social sciences » (no 4), , 194 p. (ISBN2-7132-0795-9, présentation en ligne).
(en) James Michael Hayden, The Estates General of 1614, Loyola University Chicago, Dissertations. Paper 701, 1963, lire en ligne.
Penny Roberts, « La monarchie consultative, mythe ou réalité : les états généraux et le « père du peuple », 1560-1614 », dans Michel De Waele (dir.), Lendemains de guerre civile : réconciliations et restaurations en France sous Henri IV, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. « Les collections de la République des lettres. Symposiums », , VIII-262 p. (ISBN978-2-7637-9671-0), p. 89-108.
(en) George A. Rothrock, Jr., « Officials and King's Men : A Note on the Possibilities of Royal Control in the Estates General », French Historical Studies, vol. 2, no 4, , p. 504-510 (DOI10.2307/286086, JSTOR286086).