L'Église catholique en Irak (en arabe : الكنيسة الكاثوليكية في العراق, translittéré : alkanisat alkathulikiat fi aleiraq), désigne l'organisme institutionnel et sa communauté locale ayant pour religion le catholicisme en Irak.
L'Église catholique en Irak appartient à 17 circonscriptions ecclésiastiques qui ne sont pas soumises à une juridiction nationale au sein d'une Église nationale mais sont soumises à la juridiction universelle du pape, évêque de Rome, au sein de l'« Église universelle[1] ».
En étroite communion avec le Saint-Siège, les évêques des juridictions en Irak sont membres de deux instances de concertation :
L'Église catholique est autorisée en Irak.
L'Église catholique est une communauté religieuse minoritaire de ce pays.
Sept articles de la Constitution de l'Irak autorisent la liberté de religion[2] et donc l'Église catholique [3] :
Cependant deux articles font de l'Irak non pas un État séculier comme était le régime précédent aux institutions laïcs, mais un État religieux avec l’islam pour religion d'État[4] et une législation qui prend sa source dans la charia :
Contrairement au Coran, les hadiths[5] (propos attribués à Mahomet et rapportés par divers témoins) interdisent l'apostasie sous peine de mort. Les lois et règlements d’engagement personnel empêchent donc la conversion d'un musulman au christianisme[6].
Le prosélytisme d'une religion autre que l'islam n'est pas autorisé[7] même si aucune loi n'interdit expressément le prosélytisme [8].
L’article 372 du Code pénal irakien de 1969 ordonne que toute personne qui insulte publiquement un symbole ou une personne qui est un objet de culte peut être punie d’emprisonnement[9].
Les non-musulmans ne sont pas soumis à la charia mais à la loi religieuse de la communauté à laquelle le citoyen appartient. La Constitution garantit aux citoyens le droit de choisir à quel tribunal (civil ou religieux) ils souhaitent attribuer ses affaires de statut personnel, telles que le mariage, le divorce, la garde des enfants et l’héritage.
La Loi du Statut personnel de 1959 spécifie que le tribunal civil doit consulter l’autorité religieuse compétente d’un non-musulman pour connaître son opinion[10].
La loi irakienne autorise le mariage civil[11]. Une femme musulmane ne peut pas épouser un chrétien (sourate n°2, verset n°221). Le tribunal catholique n'autorise pas le divorce qui peut cependant être annulé. Sinon, les époux se convertissent à l'Islam ou à une autre confession chrétienne autorisant le divorce.
Sur les 328 sièges du Conseil des représentants, la loi réserve cinq sièges pour les chrétiens (Bagdad, Ninive, Kirkouk, Erbil et Dohouk)[12]. En 2009, les sièges chrétiens sont de trois (Bagdad, Mossoul et Bassora)[13].
L'Église catholique utilise cinq rites liturgiques en Irak :
Le christianisme a été introduit en Irak au Ier siècle par l'apôtre Thomas et Mar Addai (Thaddée d'Édesse) et ses élèves Aggai et saint-Mari[14].
Au commencement du XVIIe siècle, l'Émir Afrasiyab de Basra entrait en affaires avec les Portugais et alors ceux-ci établirent un comptoir dans la ville et eurent même la permission d’édifier une église.
Le régime de Saddam Hussein (1979-2003) a porté un coup sévère à la liberté des chrétiens en nationalisant leurs écoles[15]. De plus, les chrétiens étaient discriminés à l'égard des musulmans. Une loi a établi que dans les écoles publiques, on ne pouvait enseigner l'histoire du christianisme que si au moins un quart des élèves étaient chrétiens. Mais la présence d'un étudiant musulman était suffisante pour imposer à chacun l'étude du Coran.
Saddam Hussein avait un catholique chaldéen comme vice-président, Mikhail Yuhanna, connu sous le nom de Tarek Aziz.
La chute en 2003 du régime de Saddam Hussein qui avait favorisé les communautés minoritaires comme les sunnites et les chrétiens au détriment de la majorité chiite, a laissé la place à cette dernière. Chassés du pouvoir, les djihadistes sunnites ont alors poursuivi la guerre d'Irak.
Ce sont principalement les chiites qui ont persécuté les chrétiens. Les attaques, initialement isolées, se sont transformées en persécution[16].
En 2004, à l’apogée du conflit à Bagdad entre djihadistes sunnites et chiites, beaucoup de chrétiens ont fui au nord, au Kurdistan irakien.
En seulement cinq ans (2003-2008), la population chrétienne d'Irak est passée de 800 000 à 450 000 fidèles[17].
Plus de 65 églises ont été attaquées ou détruites en une trentaine d'attaques. Ceux qui ont quitté le pays sont allés en Europe ou en Amérique du Nord, ou dans des pays voisins tels que la Jordanie et la Syrie :
De 2014 à 2017, les djihadistes sunnites ont contrôlé une partie de l'Irak appelé l'État islamique :
En avril 2016, plusieurs centaines de chrétiens syriens, chaldéens et assyriens, de la région de Nahla, dans la province irakienne nord du Dohuk, ont protesté contre l’expropriation illégale de leurs biens[41]. On dénombre environ 7000 extorsions de propriété de chrétiens à Bagdad depuis 2003[42].
En décembre 2017, l'État islamique a été chassé d'Irak [43], mais plus de 120 000 chrétiens sont toujours déplacés.
L'Église catholique en Irak est organisée en 17 circonscriptions ecclésiastiques rassemblées en cinq juridictions territoriales distinctes et superposées (l'Église latine et quatre Églises catholiques orientales) [44],[45]:
Depuis le XIXe siècle, il existe dans le pays une délégation apostolique de Mésopotamie, du Kurdistan et d' Arménie Mineure, qui est devenue la délégation de l'Irak d'après-guerre.
Le 26 août 1966, le Saint-Siège et l’Irak établissent des relations diplomatiques. La nonciature apostolique d'Irak a été créée le 14 octobre 1966 avec le bref Quantum Utitatis du pape Paul VI.
En 2009, dans la capitale Bagdad, il y avait soixante-cinq églises chrétiennes, en plus des couvents. Environ la moitié des églises sont catholiques[46];
Dans une population de 39 millions d'habitants où 95-98%[47] appartiennent à l'Islam, les chrétiens forme une communauté religieuse minoritaire de 400 0000 fidèles (1,6 %) dont 300 000 catholiques (0,95 %), puis les orthodoxes (0,5 %) et enfin les protestants (0,03 %).
Avant la guerre d'Irak commencée en 2003, les chrétiens étaient 1,5 million (6 %).
En 2010, les chrétiens n'étaient plus que 800 000 (4 %), dont 662 000 catholiques, à savoir : 600 000 chaldéens (3 %), 47 000 syriaques (90 000 en 2010), 6 000 latins, 5 000 arméniens, 3 000 melkites, 1 000 maronites.
Les Orthodoxes étaient 197 000, à savoir : 150 000 apostoliques assyriennes , 40 000 syriaques orthodoxes, 4 000 apostoliques arméniennes et 3 000 grecs-orthodoxes.
Les Protestants étaient 1 000.
Entre 2003 et 2015, un certain nombre de chrétiens se sont enfuis en Syrie, en Jordanie, au Liban ou les pays occidentaux, faisant chuter de 66 % le nombre de chrétiens en Irak (80 % depuis 1990).
Les chrétiens en Irak vivent principalement dans les grandes villes : Bagdad, Bassorah, Erbil, Dohouk, Zakho et Kirkouk, ainsi que dans des villes et des régions assyriennes telles que les plaines de Ninive au nord comme Mossoul[7].