L’Église antiochienne syriaque maronite, plus connue sous le nom d’Église maronite, est une des Églises catholiques orientales. Le chef de l’Église porte le titre de patriarche d'Antioche des Maronites (en latin : Patriarcha Antiochenus Maronitarum). Il existe une forme longue, mais non officielle : Patriarche des Maronites, d’Antioche et de tout l’Orient (Patriarcha Maronitarum Antiochiae et totius Orientis). Il a sa résidence à Bkerké, au Liban.
Le , Bechara Boutros Rahi a été élu par le synode des évêques de l’Église comme nouveau patriarche maronite du Liban, en remplacement du cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, 91 ans, qui avait annoncé en janvier sa démission après avoir dirigé l’Église pendant 25 ans. Monseigneur Rahi est le 77e patriarche depuis l’arrivée des premiers disciples de saint Maron au Liban en provenance de Syrie[2].
L'ermite Maron ou Maroun al-Qorashi[3] vécut dans le nord de la Syrie entre 350 et 410 apr. J.-C. On sait très peu de choses de ce prêtre qui devient ermite par la suite. Ses disciples formèrent le noyau initial de l'Église maronite. Près du lieu de sa mort, s'édifia un grand monastère qui devint rapidement un centre spirituel pour les chrétiens locaux.
Au VIIe siècle, la conquête musulmane contraignit les patriarches chalcédoniens d'Antioche à l'exil. De 702 à 742, il n'y eut plus de patriarche du tout. C'est au cours de cette période troublée que l'Église maronite se constitua en patriarcat. Le premier patriarche aurait été saint Jean Maron, mort en 707.
Chassés de Syrie par les persécutions au IXe siècle, les maronites s'installèrent principalement au Liban, où ils vécurent en Église autonome.
Après le Grand Schisme de 1054, l'Église maronite est la seule de toutes les Églises orientales à s'être unie entièrement à Rome[5] : en 1182, au temps des croisades, le patriarche d'Antioche et quelque quarante mille membres de la communauté ont accepté de rejeter le monothélisme et de reconnaitre la primauté du pape[6]. L'Église est, au moins depuis lors, complètement catholique[7],[8] (il n'existe pas d'Église maronite orthodoxe[5]).
Les liens entre l'Église maronite et les croisés d'Occident sont anciens, et certains mythes ont été forgés pour le souligner. Ainsi en va-t-il de la lettre de protection de Louis IX donnée aux Maronites[9], à Saint-Jean-d'Acre, le , qui, malgré son caractère apocryphe[10], continue d'être régulièrement citée aujourd'hui encore.
Ces relations se relâchèrent sous la domination des Mamelouks (1291-1516) mais reprirent et se renforcèrent sous le régime ottoman. Le Collège maronite de Rome, fondé en 1584, aida à la formation des évêques et de la hiérarchie. Il forma également des savants orientalistes.
Aux XVIe et XVIIe siècles, de nombreux éléments du rite latin furent introduits dans le rite maronite. Celui-ci garda son originalité et, depuis 1942, revient aux anciennes traditions.
Aujourd'hui l'Église maronite compte 23 diocèses et deux vicariats au Liban, en Syrie mais aussi dans le monde entier comme en Argentine ou en Australie. Le nombre de maronites est estimé à un peu plus de 3 millions.
Quelques caractéristiques du rite maronite
Le rite maronite est pratiqué en langue syriaque et en arabe, ce dernier nettement plus utilisé. En général, seule la consécration est encore en syriaque.
La principale prière eucharistique est celle dite de saint Jacques. Il en existe une trentaine d'autres, dont 13 seulement sont utilisées. Signalons l'anaphore de saint Pierre dite Charar (son premier mot).
Les charges de chorévêque, d'archiprêtre et de bardoût (visiteur) sont liées à celles de l'évêque. Elles donnent le droit de porter la crosse.
Tous les patriarches s'appellent Boutros (Pierre), en souvenir du ministère de l'apôtre à Antioche.
L'Église maronite en Terre Sainte
Actuellement, il n'y a pas de documents prouvant une existence quelque peu stable des maronites en Terre Sainte avant la période des croisades[réf. nécessaire]. De même, le nombre de maronites ayant pris part à la reconquête de Jérusalem par les Croisés est incertain mais certains historiens avancent le chiffre de dix mille. Des milliers de maronites s'engagèrent dans l'ordre des Chevaliers de Saint-Jean à Jérusalem, Acre et Chypre. Vers 1320, l'historien arménien Héthoum notait qu'à Jérusalem les maronites formaient l'une des plus importantes communautés chrétiennes.
À partir du XIVe siècle, l'histoire des maronites est liée à la présence des franciscains de Terre sainte. Ils furent en quelque sorte assimilés aux Francs, célébrant dans leurs églises, sur leurs autels et avec leurs vêtements liturgiques. Aux grandes fêtes de Noël et de Pâques, de nombreux maronites affluaient à Jérusalem et étaient accueillis par les frères mineurs. Des maronites servaient d'interprètes, habitaient avec les franciscains au monastère du Mont Sion, d'autres prenaient régulièrement une part active à toutes les célébrations dans les différents sanctuaires. Outre les droits et les privilèges dont jouissaient les fidèles maronites notamment au mont Sion, ils possédaient l'église Saint-Georges el-Khader.
Une propriété acquise en 1548 près de l'église Saint-Georges fut agrandie en 1598 et l'on parla du quartier des maronites. Les relations avec les franciscains s'assombrirent dans la seconde moitié du XVIIe siècle, dues à des campagnes de latinisation de la part de certains responsables de la Custodie.
En , une solution fut trouvée à la crise : le patriarche maronite envoya à Jérusalem deux prêtres au service de la communauté. Les franciscains s'engagèrent à respecter l'autonomie des maronites et leurs rituels propres. En 1771, une église maronite fut édifiée à Nazareth mais le nombre des maronites en Terre Sainte s'amenuisait, surtout du fait de leur passage au rite latin, phénomène qui devait se prolonger jusqu'à aujourd'hui.
En 1895, MgrElias Hoyek qui allait devenir patriarche acheta à Jérusalem un ancien hôpital allemand avec son terrain. Un vicariat patriarcal fut créé à cette occasion en . Le premier vicaire patriarcal fut MgrYoussef Mouallem. La même année, il fonda la congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte-Famille à Ibrine. Le vicaire patriarcal de Jérusalem a aussi juridiction sur les maronites de Jordanie. En 1939, le patriarche démit de ses fonctions le vicaire patriarcal de Jérusalem. Le poste fut restauré en 1976. En 1996, le patriarche maronite décida de créer un diocèse qui couvre le territoire de l'État d'Israël et dont le siège est à Haïfa. C'est MgrPaul Nabil Sayah qui depuis 1996 est archevêque de Haïfa tout en étant vicaire patriarcal de Jérusalem. En dehors de Jérusalem et de Bethléem, il y a des maronites à Akko, Haïfa, Jaffa, Lod, Nazareth, Kfar Berim ou encore Jish.
↑Les moines du monastère de Saint Maron, envoient en 517 un courrier au pape Hormisdas pour se plaindre des persécutions que leur infligent l’empereur Anastase et le patriarche monophysite, Sévère d'Antioche.
↑ a et bGeorgică Grigoriţă, L'autonomie ecclésiastique selon la législation canonique actuelle de l' Église orthodoxe et de l' Église catholique : Étude canonique comparative, Rome, Gregorian Biblical BookShop, , 616 p. (ISBN978-88-7839-190-1, lire en ligne), p. 256, note 13.
↑Joshua Prawer, Histoire du royaume latin de Jérusalem, t. I : Les croisades et le premier royaume latin, CNRS Éditions via OpenEdition, , 686 p. (ISBN978-2-271-05874-4, lire en ligne), p. 372, note 22.
↑Youssef Mouawad, « Aux origines d'un mythe : la lettre de saint Louis aux maronites », dans Bernard Heyberger, Carsten Walbiner (dir.), Les Européens vus par les Libanais à l'époque ottomane, Beyrouth / Würzburg, Orient-Institut der DFG / Ergon Verlag, , p. 97-110.