La question constitutionnelle domine l'actualité politique durant la période menant à l'élection de 1985. En , le Québec avait été exclu de l'accord entre neuf provinces et le gouvernement fédéral concernant le rapatriement de la Constitution canadienne (la fameuse nuit des Longs Couteaux). Le gouvernement de Lévesque refuse d'accorder sa signature à la constitution.
En , René Lévesque provoque une crise dans son parti en proposant la mise en veilleuse de l'option souverainiste en faveur d'une nouvelle entente avec le reste du Canada. Le nouveau chef du Parti progressiste-conservateur du Canada, Brian Mulroney, avait promis de permettre au Québec d'adhérer à la constitution canadienne « dans l'honneur et l'enthousiasme ». Cette promesse avait conduit un très grand nombre de nationalistes québécois, tant souverainistes que fédéralistes, à accorder leur appui au Parti conservateur, traditionnellement assez faible au Québec, contribuant à une victoire sans précédent du parti de Mulroney lors de l'élection fédérale de 1984. Lévesque, qui avait toujours prôné l'indépendance du Québec assorti d'une association avec le Canada, désire tirer profit de l'ouverture du nouveau premier ministre fédéral, la qualifiant de « beau risque ». Plusieurs députés et ministres de son cabinet, furieux du changement de cap, démissionnent.
René Lévesque démissionne comme président du Parti québécois (mais pas comme premier ministre) le . Le , Pierre Marc Johnsonest élu à la tête du Parti québécois et devient premier ministre le suivant. Toutefois, il ne parvient pas à faire revivre la popularité du Parti québécois, qui est fatigué après 9 ans au pouvoir.
Cette élection marque le retour de Robert Bourassa après que plusieurs avaient cru sa carrière finie après sa défaite lors de l'élection générale de 1976 et sa démission subséquente de la direction du Parti libéral. Claude Ryan avait démissionné comme chef des libéraux le . C'est encore une fois Gérard D. Levesque qui assure l'intérim jusqu'à l'élection de Robert Bourassa le .
Le soir du scrutin, les libéraux de Bourassa remportent une victoire décisive, prenant 99 sièges sur 122 ; toutefois, Bourassa ne réussit pas à se faire élire dans la circonscription de Bertrand, et doit se présenter de nouveau lors d'une élection partielle dans la circonscription de Saint-Laurent, un siège assuré pour les libéraux. C'est de loin la plus grande majorité parlementaire produite par une élection au Canada (à la fois pour ce qui du nombre de sièges et du pourcentage des sièges) où le chef du parti vainqueur ne remporte pas son propre siège.
Déroulement de la campagne
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Le , Le Devoir publie un soutien modéré au Parti libéral du Québec dans un éditorial de son directeur Jean-Louis Roy. Contrairement à 1981 où le journal avait soutenu le Parti québécois[1], Jean-Louis Roy estime que Pierre Marc Johnson a hérité d'une équipe gouvernementale « affaiblie par une année de déchirements internes » et il critique l'ambiguïté de certaines positions du PQ, notamment sur les transferts aux provinces et le libre-échange. Le soutien accordé au PLQ s'il n'est « pas sans réserve », est cependant qualifié de « franc et conscient »[2].
Le lendemain le journal The Gazette publie un éditorial de soutien au Parti libéral, soulignant la qualité du programme, de l'équipe et du chef du Parti. Le journal critique sévèrement le bilan du Parti québécois (surtout depuis 1981) et celui de Pierre Marc Johnson comme ministre des Affaires sociales et de la Justice. Il souligne également l'ambiguïté des positions de Johnson sur les relations avec la communauté anglo-québécoise et le manque de vision du Parti québécois sur le futur du Québec et des relations avec le Canada[3].
Le même jour Le Soleil apporte également son soutien au Parti libéral, et ce, malgré le leadership de Robert Bourassa. Le directeur de l'éditorial Jacques Dumais fait un bilan contrasté du mandat du deuxième mandat du Parti québécois, soulignant sa promotion ardente de l'entrepreneuriat mais également ses échecs (l'important des déficits publics, la tentative privatisation de la Société des alcools, la nationalisation de l'amiante, etc.). Jacques Dumais pointe également la dégradation des services publics, conséquence des restrictions budgétaires opérées dans le contexte de la forte récession du début des années 1980. Il pointe que le remplacement de René Lévesque par Pierre Marc Johnson ne résorbe pas l'« absence flagrante de programme d'action clair » et une « campagne en solitaire » réalisée par ce dernier. Tous ces éléments doivent donc selon lui mériter au Parti québécois un passage dans l'opposition. Quant au Parti libéral, Jacques Dumais souligne sa crédibilité retrouvée et la solidité de l'équipe assemblée par Bourassa. En revanche il se montre sceptique sur le style de leadership de Robert Bourassa et ses promesses électorales jugées irréalistes[4].
Comme en 1981[5], La Presse apporte son soutien au Parti libéral du Québec dans un éditorial du de son éditeur-adjoint Michel Roy. Si celui-ci reconnait que Pierre Marc Johnson a mené une campagne vigoureuse, il souligne l'absence de candidat vedette au Parti québécois et l'ambiguïté de sa position constitutionnelle. À l'inverse, il souligne la force de l'équipe libérale et la clarté de son programme politique pour justifier son soutien[6].
Le taux de participation lors de l'élection était de 75,7 % et 52 625 bulletins ont été rejetés. Il y avait 4 576 600 personnes inscrites sur la liste électorale pour l'élection.