Fils d'Henri-Albert Ryan et de Blandine Dorion, Claude Ryan a grandi à Ville-Émard, un quartier montréalais. Son frère aîné, Gérald (mort en 2002), a été juge à la Cour supérieure et son frère cadet, Yves (mort en 2014), a été maire de la Ville de Montréal-Nord de 1963 à 2001.
Entré au journal Le Devoir comme éditorialiste en 1962, Claude Ryan y fait une brillante carrière. Il est nommé directeur du quotidien montréalais le 1er mai 1964, poste qu'il occupe jusqu'au [2].
Claude Ryan à travers quelques grands éditoriaux[3] :
Le Devoir et l'élection du 15 novembre - Le meilleur choix abstraction faite de l'indépendance, novembre 1976
Le Devoir et l'élection du 15 novembre - L'objection de l'indépendance, novembre 1976
Un métier plus difficile qu'on ne pense, mai 1973
Le non d'un gouvernement et d'un peuple, juin 1971
Le Devoir après 60 ans, décembre 1970
Les mesures de guerre: trois questions, octobre 1970
Le Devoir d'hier et d'aujourd'hui, janvier 1970
Claude Ryan était reconnu pour son intégrité intellectuelle et morale, et sa compréhension de la situation politique contemporaine du Québec. Ses avis et ses écrits ont eu une grande influence sur la classe politique québécoise durant les turbulentes années 1960 et 1970, avant qu'il ne prenne la décision de faire le saut dans l'arène politique en 1978.
« Sous son règne, le quotidien bénéficie d’une influence qu’il n’a jamais eue, sans commune mesure avec son très modeste tirage. Le premier ministre Robert Bourassa consulte très régulièrement le directeur du Devoir avant de prendre une décision importante. Après une période agitée, qui a vu la montée du mouvement souverainiste, le "Vive le Québec libre !" du général de Gaulle, la crise d’Octobre 70, le front commun syndical et l’élection du Parti québécois, Ryan quitte Le Devoir le 11 janvier 1978, pour se lancer en politique et succéder à celui qu’il a si souvent conseillé, à la tête du Parti libéral du Québec[4]. »
L’homme politique
En 1978 Claude Ryan est élu chef du Parti libéral du Québec. En 1979, il est élu député de la circonscription d'Argenteuil lors d'une élection partielle, puis réélu en 1981. Il devient chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale du Québec en 1979. N'ayant pas réussi à faire gagner son parti aux élections générales de 1981, son leadership est remis en question et il démissionne comme chef du Parti libéral et chef de l'opposition en 1982.
Une des grandes réussites politiques de Claude Ryan a sans doute été la victoire du camp du « Non » au référendum de 1980 sur la souveraineté du Québec (59,56 % des suffrages exprimés). Le camp du « Oui » était dirigé par le chef du Parti québécois et premier ministre d'alors, René Lévesque.
Par contre, sa meilleure réussite constitutionnelle se produit le 18 novembre 1981 à la suite de son télégramme du 8 novembre 1981 au premier ministre Pierre Elliott Trudeau du Canada et au premier ministre René Lévesque du Québec pour améliorer l’Accord constitutionnel du 5 novembre 1981 dont les aspects positifs l’emportent sur les aspects négatifs. Ainsi, le 18 novembre 1981, grâce à ses propositions, on réintroduisait dans la formule d’amendement la compensation financière à une province qui se retire d’un amendement constitutionnel en matière d’éducation ou dans d’autres domaines culturels et on acceptait une exception pour le Québec afin qu’il ne soit obligé d’appliquer que la « clause Canada » dans l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui a trait aux droits à l’instruction dans la langue de la minorité.
Il est réélu à l'Assemblée nationale en 1985 et 1989 et se voit confier des fonctions importantes au sein du gouvernement libéral de Robert Bourassa et de Daniel Johnson (fils), soit successivement celles ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science, ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française, ministre de la Sécurité publique et ministre des Affaires municipales.
Homme profondément religieux, il occupait à 20 ans les fonctions de secrétaire national de l'Action catholique canadienne au Québec, une organisation militante laïque. Sa foi chrétienne a guidé sa vie[5].
↑Pierre Chaperon, « Centenaire du Devoir », Actualités, Réseau des bibliothèques publiques de Montréal, (consulté le ).
↑« Je me suis demandé quel était le fil d'or qui reliait entre elles les diverses étapes de la vie de Claude Ryan. Je me suis demandé quel était le motif profond de tous ses engagements et de tous ses combats. Je me suis demandé ce qui le faisait vivre et ce qui a donné sa cohérence à son existence entière. Je crois… je suis assuré que c'est sa foi chrétienne. »
(Extrait de l'homélie prononcée par le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal, lors des funérailles nationales de Claude Ryan, à la Basilique Notre-Dame, Montréal, le 13 février 2004. http://www.diocesemontreal.org/archeveque/homelies_arc/homelies/2004/2004_02_13.htm#notes)
↑Allocution de Jacques A. Plamondon, président par intérim de l'UQ|Université du Québec, lors de la Collation des grades de l'École de technologie supérieure et de la remise d'un doctorat honoris causa à Monsieur Claude Ryan, à Montréal, le 2 novembre 2003 http://www.uquebec.ca/reseau/bap/quoi_de_neuf/allocutions/allocutions_126.html