Fils d'un hôtelier de Clèves, station thermale à proximité de la frontière avec les Pays-Bas, il va passer son enfance dans cet hôtel à la clientèle raffinée. En 1925, il entre à l'École des arts-décoratifs de Cologne. Ses passions sont la danse, le théâtre et le cinéma. En , il part s'inscrire à la Kunstschule de Westens à Berlin et occupe un poste d'assistant de régie dans le cinéma[2].
Il rentre de ses vacances passées en en Allemagne, profondément attristé par l'ambiance antisémite et fasciste qu'il a rencontrée à Clèves, Cologne, Düsseldorf et Berlin.
En 1934, il devient indépendant et ouvre son premier studio « May Va » au 12 rue Victor-Considérant à Paris. Il fait alors des reportages, des portraits et des photos de mode. Il travaillera pour Christian Dior, qu'il rencontre la première fois chez Robert Piguet[5] répondant à une commande[6], puis une seconde au café du Dôme, en 1936. La même année, c'est lui qui découvre Lisa Fonssagrives, un des premiers top-model de l'histoire du mannequinat qui se mariera plus tard avec Irving Penn[7], avec laquelle il va beaucoup travailler. Il fait la connaissance de la photographe Florence Henri. Il réalise pour ses amis peintres des expositions de leurs œuvres dans ses ateliers et y reçoit les émigrés allemands et autrichiens fuyant les nazis.
Bien que vivant en France depuis de nombreuses années, il est considéré comme un ennemi par les autorités qui lui proposent en 1939, comme aux autres émigrés autrichiens et allemands, le choix entre s'engager dans la Légion étrangère ou se porter volontaire pour travailler dans l'agriculture. Son choix sera celui du travail de la terre. Il est donc envoyé dans un camp à Montargis, puis dans un autre près de Blois, et placé dans une ferme[8]. Sa sœur Hélène qui n'a pas quitté Paris est internée au camp de Rieucros, en Lozère.
Après bien des pérégrinations, il s'échappe, et trouve refuge chez des amis à Cagnes-sur-Mer. Dans l'attente d'un visa pour l'Amérique, il se lance dans la fabrication de souliers et accessoires en raphia. Son petit commerce fonctionne assez bien, soutenu par le « Varian Fry Rescue Committee » qui s'occupe des réfugiés. Sa production se vend sur toute la Côte d'Azur. Il finit cependant par gagner la Suisse en 1942 en compagnie d'une amie juive, Charlotte Hockenheimer. Il est accueilli à Winterthour en 1943 dans la famille d'un pasteur protestant, puis il reprend ses activités photographiques pour le spectacle[réf. nécessaire].
Après la guerre
De retour à Paris en 1946, il est hébergé chez Pierre Léauté, Il reprend ses activités photographiques en louant le premier étage d'une remise au 22 rue Jacob sans eau courante ni téléphone à l'antiquaire Comoglio. Puis il ouvre un deuxième studio, au no 10 rue de la Grande-Chaumière, dont il fera l'acquisition en 1949 et embauche Sabine Weber comme assistante. C'est une jeune photographe suisse qui deviendra célèbre sous son nom de femme mariée, Sabine Weiss[3]. Elle travaillera chez lui jusqu'en 1950. C'est par l'intermédiaire de Serge Guérin, modéliste de Lucien Lelong, qu'il entrera de nouveau en contact avec Christian Dior et fera les photos de sa première collection du [9]. Ses photos de mode paraissent dans L'Album du Figaro, Femina, Harper's Bazaar et Vogue. Le courant passe bien entre les deux hommes, ainsi qu'avec Yves Saint Laurent lorsqu'il prendra la direction artistique de la maison à la mort de Dior, en 1957. Il travaille également pour Pierre Balmain, Jacques Griffe, Jacques Heim, Jacques Fath, Jeanne Paquin[10], Gabrielle Chanel ou Schiaparelli.
Jutta Niemann dit de lui : « C'était un homme affable, d'une grande élégance et très simple, avec une grande qualité de l'écoute qu'il accordait à chacun… fidèle en amitié, sa porte était largement ouverte »[11].
Sabine Weiss se souvient de lui comme : Un homme calme, d'un naturel gentil, réservé et qui aimait faire des compliments. Il rangeait son Rolleiflex dans un sac de patins à glace. Il recevait beaucoup et avait un grand nombre d'amis[3].
1939 : exposition de groupe à la galerie Berton rue Bonaparte, portraits d'artistes et photographies de mode
1949 : Galerie Maeght, Paris, « Les Artistes chez eux », photographies en grand format
1981 : exposition aux États-Unis en novembre-décembre, galerie Paul-Cava à Philadelphie, collaboration avec Jutta Niemann pour la diffusion de son travail sur place et à New York[6]
Fabienne Falluel, Patrick Brissard, Willy Maywald, Willy Maywald et la mode, Catalogue de l'exposition au Palais Galliera, Paris Musées, 1986 (ISBN2901424104)
Patrick Brissard et Adolphe Stock, Biographie de Willy Maywald, manuscrit en français, version allemande sous le titre de Die Splitter des Spiegels, Münich, Schirmer/ Mosel, 1990.
Elizabeth Pineau, Willy Maywald : L'élégance du regard, Paris, Les Éditions de l'Amateur, coll. « Hors Cadre », , 144 p. (ISBN2-85917-370-6)
(de) Willy Maywald Glanz und Eleganz [« Willy Maywald, Glamour et d'élégance »], Clèves, éditions Boss, , 168 p. (ISBN978-3-89413-271-2)
Camille Merklen, Rémi Parcollet, Didier Schulmann, Willy Maywald photographies de la scène artistique 1931-1970, Paris, Éditions École du Louvre, 2011, 3 vol.
Kleve, Burg und Stadt unter dem Schwan [« Kleve, château et la ville »], Clèves, Boss, , DNB 453.244.602.
(de) Bodo von Dewitz, « Maywald William », in New Biographie allemande, (NDB) volume 16, Duncker & Humblot, Berlin, 1990, (ISBN3-428-00197-4), p.576 (numérisée)
Photos du Bas-Rhin, Musée Municipal Haus Koekkoek, Clèves, 1992, DNB 941 313 867
Patrick Brissard, Ursula Fairchild, Jean-Alex Brunelle et Sabine Weiss, Le Pari(s) de la création, Photographies 1931-1955, musée Carnavalet, Histoire de Paris, Paris musées, 2007, nombreuses illustrations, 216 pages (ISBN978-2-7596-0001-4)
Laurent Busine, Denis Gielin, Le Soigneur de gravité, catalogue de l'exposition, musée des Arts Contemporains de la communauté française de Belgique au Grand-Hornu, éd. MAC's, Hornu, Belgique, 2008, 153 p. (ISBN978-2-930368-25-2)
↑(en) David Sidner, « Lisa Fonssagrives-Penn by David Seidner », sur bombsite.com, (consulté le )« a man told me that he was a photographer and asked if I would like to model hats for him. I was terribly shy but flattered that he would want me to pose. I was so young and naive. Anyway, I did these pictures with this man called Willy Maywald. »