En 1920, il se rend à Berlin où il travaille en tant que journaliste, tout en suivant le cours de l'Académie des beaux-arts Berlin-Charlottenburg. Halász déménage en 1924 pour Paris. Seul, il apprend le français en lisant les œuvres de Marcel Proust. Installé à Montparnasse, au cœur du Paris artistique des années 1920, il se lie à Henry Miller, Léon-Paul Fargue et Jacques Prévert. Il reprend sa carrière de journaliste. Il écrivit plus tard que la photographie l'avait aidé à saisir la nuit parisienne, la beauté des rues et des jardins, qu'il pleuve ou qu'il vente.
En utilisant son lieu de naissance, Gyula Halász se forge dès 1923 le pseudonyme de Brassaï, qui signifie « de Brassó ». C'est sous ce nom qu'il s'impose comme celui qui a su capturer l'essence de la ville dans ses clichés, publiant un premier recueil en 1932, intitulé Paris de nuit, qui rencontre un grand succès et le fera même surnommer « l'œil de Paris » par Henry Miller dans l'un de ses essais. Il commence sa série Graffiti.
En dehors de ses photographies du Paris interlope et sombre, Brassaï s'est aussi intéressé à la haute société, aux intellectuels, à la danse et à l'opéra. Il photographia nombre de ses contemporains, tels Salvador Dalí, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti, et certains des écrivains majeurs de l'époque : Jean Genet, Henri Michaux.
Il est également l'auteur de photographies de mode, entre autres une série commandée par Carmel Snow, du couturierChristian Dior[7]. Une de ses photographies de la série des Graffiti sera utilisée en couverture du recueil de Jacques Prévert, Paroles, en 1946.
En 1956, son film Tant qu'il y aura des bêtes gagne un prix à Cannes. En 1960, il publie Grafitti, fruit de 30 ans de recherches, régulièrement réédité, qui propose le graffiti comme une forme d'art brut, primitif, éphémère. Picasso y participe. C'est sans doute la première fois que l'on évoque le graffiti comme un art. En plus de ses œuvres photographiques, Brassaï écrivit 17 livres et de nombreux articles, dont Histoire de Marie, publié avec une introduction d'Henry Miller.
En 2024, l'exposition L'Œil de Paris lui est consacrée à l'Espace culturel du Palazzo Reale de Milan, en Italie du 23 février au [10],[11] à l'occasion de la parution du livre Brassaï L'occhio di Parigi | L’Œil de Paris publié par Silvana Editoriale, avec plus de 200 images et des textes de Philippe Ribeyrolles, Gilberte Brassaï, épouse de l'artiste, et de la critique Silvia Paoli.
(de) Graffiti : zwei Gespräche mit Picasso : mit 105 Schwarzweissfotos und einer Einführung in die Kunst des Graffito, Stuttgart, C. Belser Verlag, 1960, 13 p. et 100 p. de photographies.
Conversations avec Picasso, Paris, Gallimard, 1964, 339 p.
Transmutations, comprenant 12 gravures sur émulsion de bromure d'argent (17,8 × 23,8 cm), Lacoste (Vaucluse) éditions Galerie Les Contards, 100 exemplaires numérotés, 1967.
Henry Miller grandeur nature, Paris, Gallimard, 1975, 264-16 p. (ISBN2-07-029341-6).
Le Paris secret des années trente, Paris, Gallimard, 1976, 192 p. (ISBN2-07-010883-X).
Paroles en l'Air, Paris, J.-C. Simoe̋n, 1977, 171 p.
Henry Miller rocher heureux, Paris, Gallimard, 1978, 260-8 p.
Publications posthumes
Paris Tendresse, album de photographies prises à Paris dans les années 1930-1940, avec un texte de Patrick Modiano, Paris, Hoëbeke, 1990, 88 p. (ISBN2-905292-32-6).
Marcel Proust sous l'emprise de la photographie, Paris, Gallimard, 1997, 176 p. (ISBN2-07-074979-7)[14].
Ouvrages contenant des photographies de Brassaï
Georges Saint-Bonnet, Scandales 33, Paris-Publications, 1933 (sept photographies).
↑Musée Christian-Dior Granville, Florence Mülleret al., Dior, le bal des artistes : [exposition], Granville, Villa Les Rhumbs, Musée Christian Dior, [14 mai-25 septembre 2011], Versailles, ArtLys, , 111 p. (ISBN978-2-85495-441-8), p. 89, « Brassaï […] Carmel Snow lui commanda des portraits du couturier photographié dans son appartement du 10, rue Royale. »
↑Collectif, Étrangers célèbres et anonymes du 14e arrondissement, mairie du 14e arrondissement, , p. 8.
↑Paul-Louis Roubert, « "Brassaï, Marcel Proust sous l'emprise de la photographie, Paris, Gallimard, 1997" [compte-rendu] », Études photographiques, no 4, (lire en ligne).
↑Thierry Meneau, « Brassaï, 100 photos pour la liberté de la presse », Les Échos, (lire en ligne).
↑Julien Solonel, « Paris la nuit, les plus beaux clichés du photographe Brassaï », Le Parisien, (lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
Brassaï. Sculptures, tapisseries, dessins, catalogue de l'exposition galerie Verrière, Paris [22 mars-24 avril 1972], Lyon [mars 1973].
Agnès de Gouvion Saint-Cyr, Brassaï en Amérique, Flammarion, coll. « Photographies », 2011, 168 p. (ISBN978-2081254329).
Serge Sanchez, Brassaï. Le promeneur de nuit, Éditions Grasset, coll. « Littérature Française », 2010, 416 p. (ISBN978-2246728412) ; Éditions France-Loisirs, 2012.
Sylvie Aubenas, Quentin Bajac, Brassaï. Le flâneur nocturne, Gallimard, Paris 2012
Karolina Ziebinska-Lewandowska, Brassaï - Graffiti. Le langage du mur, Editions du Centre Pompidou/Editions Xavier Barral, Paris 2016.
Documents sonores
Entretien radiophonique avec Brassaï par Roger Grenier (1964), 2 CD (entretiens 1 et 2, et entretiens 3 et 4) ; édité par l'INA, collection « À voix nue », 1986.