Sandrine Bonnaire, septième d'une famille de onze enfants[1], est la fille de Lucienne (décédée en 2023[2]) et Marcel Bonnaire. Elle passe l'essentiel de sa jeunesse à Grigny[1] en région parisienne où elle effectue ses études secondaires au collège Jean-Vilar[3].
Son père est ouvrier ajusteur[1]. Sa mère est Témoin de Jéhovah et c'est la raison pour laquelle elle ne garde pas beaucoup de souvenirs de son enfance, sans fêtes d'anniversaire ni de Noël[1]. Elle déclare : « J'ai une amnésie, peut-être pas inconsciente, mais totale de mon enfance »[4]. Elle ne parle pas de sa mère pour ne pas en dire du mal et doit son équilibre à son père qui ne partageait pas les mêmes convictions religieuses. À cause de la destruction d'humains proclamée et annoncée plusieurs fois par la doctrine des Témoins de Jéhovah, « principe négatif et terrorisant » dit-elle, elle déteste les religions, mais respecte la foi. Elle déclare : « Il y a un aspect très castrateur dans les religions. Une espèce de soumission et cette idée du péché qui me fait froid dans le dos »[5].
À la mort de son père, elle devient le soutien financier de la famille dont la mère est absente et s'occupe de ses deux petits frères[1]. Une de ses sœurs, Sabine, est autiste[1].
Carrière
Figurante, dans La Boum et dans Les Sous-doués, alors qu'elle tente de décrocher un CAP de coiffure[1], Sandrine Bonnaire accompagne sa sœur Lydie, en , à la suite de l'annonce d'un casting dans le journal France-Soir pour faire de la figuration dans le film À nos amours de Maurice Pialat[6]. Mais c'est elle qui est finalement engagée dans le film où sa jeunesse, sa fraîcheur, sa spontanéité et sa sensualité crèvent l'écran[1]. Pour sa prestation, elle décroche à 16 ans le César du meilleur espoir féminin.
Sa carrière est désormais lancée et son rapport avec Pialat s'affirme comme une ligne de force dans sa jeune filmographie, puisqu'elle tourne avec lui : Police et Sous le soleil de Satan, récompensé par la Palme d'or au Festival de Cannes en 1987.
Tout au long de sa carrière, elle s'illustre dans un registre plutôt sombre et grave comme dans Sans toit ni loi d'Agnès Varda où elle joue une jeune marginale qui finit par mourir de froid. Son interprétation lui vaut, en 1986, un deuxième César, cette fois en tant que « Meilleure actrice », devenant ainsi la plus jeune comédienne à être distinguée dans cette catégorie (18 ans). Elle avoue elle-même que son apparence doit évoquer la gravité ; gravité que des réalisateurs comme Patrice Leconte, Jacques Doillon, Jacques Rivette, André Téchiné ou encore Claude Chabrol exploitent à bon escient.
Jacques Rivette la dirige en 1994, pour le rôle de Jeanne d'Arc, dans Jeanne la pucelle, qu'elle interprète de façon à la fois passionnée et sobre, rôle pour lequel elle est nommée aux Césars 1995 de la Meilleure actrice.
En 2006, dans le téléfilm Le Procès de Bobigny, elle joue le rôle d'une personne vivante au moment du tournage, la mère d'une jeune fille mineure ayant avorté en 1972, ce qui donna lieu à un procès historique de l'avortement. Ce qu'elle commente dans une interview : « Ça oblige à mettre de côté son ego de comédienne. Il faut être dans le vrai parce que, toujours, il y a cette pensée que l’autre, la personne concernée, verra le film. La pensée de ne pas trahir, même s’il s’agit d’une adaptation »[8].
En 2013, elle travaille avec le chanteur Jacques Higelin et, dans l'album Beau Repaire, elle chante Duo d'anges heureux en duo avec lui[9].
En 2014, elle effectue son retour sur scène en interprétant, à Valence, L'Odeur des planches de Samira Sedira en lecture théâtrale sous la direction de Richard Brunel.
Le , elle annonce via une vidéo Instagram qu'elle compte porter plainte contre l'EHPAD dans lequel sa mère était hébergée au moment de sa mort survenue au mois d'août, et où elle aurait été victime de traitements négligents selon l'actrice[21].
Vie privée
Sandrine Bonnaire n'a aucun lien de parenté avec l'acteur Jean-Paul Bonnaire.
À 20 ans, elle rencontre Jean-Yves Escoffier, un chef opérateur, qui est de 17 ans son aîné. Ils restent quatre ans ensemble. En 1991, elle rencontre l'acteur américain William Hurt sur le tournage de La Peste de Luis Puenzo. Il est le père de Jeanne, sa fille aînée, née en 1994. En 2003, elle épouse à la mairie de Cabourg le scénariste et dialoguiste Guillaume Laurant – connu pour avoir coécrit Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain –, qu'elle avait rencontré lors du Festival du film romantique de Cabourg. Il est le père d'Adèle, sa deuxième fille, née en 2004. Le couple divorce en 2015[22]. Depuis 2018, elle est en couple avec le musicien de jazz Erik Truffaz[23].
En 1993, pour protester contre la publication de photographies prises sans son consentement, elle fait déverser une demi-tonne de fumier devant les locaux du magazine Voici à Paris, devant les caméras de Canal+[24],[25].
Dans son livre autobiographique Le soleil me trace la route[1], elle révèle qu'en 2000, à Paris, pendant le tournage du film C'est la vie avec Jacques Dutronc[26], elle est victime d'une très violente agression (triple fracture de la mâchoire et huit dents cassées[23]), qui lui vaut une lourde intervention chirurgicale avec pose de plaques en titane et de nombreuses séances de rééducation[27],[23]. Son agresseur, contre lequel elle a porté plainte et que l'on ne connaît que par son prénom, Pierre[28], est condamné à deux ans de prison avec sursis et une forte amende[23]. Toutefois, ce n'est qu'en 2019 qu'elle indique, dans le livre À l'amour, à la vie, un recueil de témoignages écrit par Catherine Ceylac, qu'il s'agissait en fait d'une agression de son compagnon d'alors, avec lequel elle entrait dans une phase de rupture[29],[23].
Sandrine Bonnaire, Le soleil me trace la route : conversations avec Tiffy Morgue et Jean-Yves Gaillac, Paris, Éditions Stock, , 250 p. (ISBN978-2-234-06323-5)
Conversations avec Tiffy Gaillac et Jean-Yves Morgue