Cet article traite des religions ou phénomènes religieux, passés et présents, des populations sur le territoire de l'actuelle Bulgarie.
Histoire
La religion principale de la Bulgarie en 2023 est le christianisme orthodoxe (83.92% de la population). Article 11.3 de la Constitution bulgare : la religion traditionnelle est le Christianisme orthodoxe.
Proto-Bulgares est le nom par lequel les historiens désignent les anciens Bulgares, turcophones de la steppe pontique, parlant une langue oghoure, et de tradition tengriste, pour les distinguer des Bulgares actuels, peuple slave méridional des Balkans, de tradition chrétienne orthodoxe. Le nom s’est transmis des premiers aux seconds lorsque les anciens Bulgares s’établissent dans la région du bas-Danube, aux frontières de l’Empire romain d'orient, vers le 6e siècle de notre ère. Dans cette région, les Bulgares fondent un empire et s’assimilent aux Slaves, dominants sur le plan démographique.
Les Onoghours apparaissent dans l'Est de l'Europe au cours du dernier tiers du 5e siècle, après la dissolution de l'empire des Huns (invasions barbares). Le terme est à l'origine des dénominations "Bulgarii" et "Hungarii", d'où viennent les mots « Bulgare » et « Hongrois », mais cette hypothèse reste discutée.
L'option alternative est de faire des Proto-Bulgares les héritiers des peuples cavaliers nomades, de peuples mixtes ayant assimilé plusieurs influences, en partie iraniennes, donc indo-européennes (dont les Alains qui ont laissé quelques traces en Bulgarie).
Les Bulgares occidentaux entrent en scène en s'établissant dans le bassin du bas-Danube, là où des Proto-Slaves sont entrés à la faveur d'invasions des Avars au 6e siècle. Au nord des monts Haemus, ils fondent un premier royaume au 7e siècle, sous le règne du khan Asparoukh ou Asparouch (Ispor rex). En échange de son concours contre l'Empereur byzantin Constantin V et ses impôts, Asparoukh fait reconnaître son autorité aux populations d'un Empire romain d’Orient déjà affaibli par d'autres invasions, thraces et surtout slaves (de langue slavonne et majoritaires). Après sa victoire, en 681, Asparoukh se trouve donc à la tête d'un puissant état, dont la population lui est fidèle, durablement.
À l'origine, l'aristocratie guerrière bulgare règne en s'appuyant sur les chefs (knèzes) des populations locales, et met en place les structures d'un pouvoir central dont on ignore à peu près tout. Cependant, les Bulgares du Danube finissent par fusionner avec les Slaves, adoptent leur langue, leurs prénoms, et se convertissent au Christianisme, au 9e siècle, à l'époque de Boris Ier (852–888), qui est proclamé Tsar (« César »).
À son apogée, l'État des Bulgares du Danube couvre les territoires des actuelles Bulgarie, Serbie orientale, Macédoine, Grèce septentrionale, Roumanie, Moldavie et Ukraine du sud-ouest.
C'est alors le principal rival de la puissance byzantine en Europe, ce dont témoignent les guerres byzantino-bulgares (680-1355).
Christianisme
La Bulgarie est partiellement christianisée depuis au moins le 4e siècle, puisqu'un évêque de Sardica-Sofia est attesté au Premier concile de Nicée (325). Une minorité commerçante de la population, dans les zones portuaires, l'est depuis l'Âge apostolique (Ier siècle).
Par ordre du khanBoris, l’élite des boyardsproto-Bulgares, jusque-là adepte du tengrisme, adopte définitivement en 865 le christianisme oriental, déjà religion de ses sujets grecs, slaves et valaques.
L’assimilation réciproque de ces quatre composantes sous l’égide de l’influence byzantine et de la langue slave est à la base de l’ethnogenèse du peuple bulgare.
Les templestengristes sont démolis et sur leurs emplacements sont élevées des églises chrétiennes.
Le khânat de Bulgarie devient un tsarat.
Preslav, la seconde capitale du royaume bulgare, devient ainsi, selon la volonté du tsar Boris, le centre spirituel de la nouvelle religion et le foyer culturel de la nouvelle nation.
Les fréquentes guerres opposant les Bulgares aux Byzantins n’empêchent pas l’influence de ces derniers, manifeste entre autres par les écritures glagolitique et cyrillique qui sont une adaptation de l’alphabet grec aux langues slaves, et qui font de la Bulgarie un important foyer de civilisation pour l’ensemble des Slaves méridionaux et Slaves orientaux.
La christianisation du peuple bulgare commence en 864, par des représentants du patriarcat de Constantinople.
La construction d'édifices religieux, surtout de forme basilique, débute en 864-870.
Cyrille et Méthode introduisent la liturgie bulgare.
Par le concile de l'Église bulgare de 893, le vieux bulgare est introduit comme langue liturgique.
L'Église orthodoxe bulgare devient patriarcat autonome, reconnu en 927 par Constantinople.
En 971, la conquête de l'Est de la Bulgarie par l'Empire byzantin impose le glissement de la capitale à Sofia, Skopje, Prespa, Bitola et Ohrid.
Apparaissent les premiers courants de contestation religieuse en Bulgarie, sous le nom d’« hérésie » bogomile. Ses origines remontent à l’introduction de l’« hérésie » manichéiste venue d’Iran à partir du IVe siècle par les disciples de Mani. Le mouvement chrétien hétérodoxe bogomile (10e-15e siècles), initié par le prêtre bulgare Bogomil, d'inspiration paulicienne, serait une des origines des mouvements patarin et cathare.
La Bulgarie ottomane (1396-1878), de turquisation et d'islamisation, est aussi une période active de résistance chrétienne, et nationale, surtout à partir des monastères isolés autorisés.
Au moins depuis les débuts de la période ottomane, le patronage du patriarcat grec orthodoxe de Constantinople (1020-1767) se fait pesant, et motive les tenants de l'autonomie de l'église orthodoxe bulgare. L'exarchat bulgare, à autocéphalie non reconnue, attire les religieux et les croyantL'exarchat finit par être reconnu par décret (firman) du sultan Abdülhamid II en 1870. Après 1878, églises et séminaires sont construits.
Les croisades accentuent les différends entre Constantinople et la Bulgarie, qui souhaite quitter le patriarcat de Constantinople. Elles exportent également les positions bogomiles.
Après le Concile de Trente (1542), la Bulgarie est visitée par des missionnaires catholiques, basés en Dalmatie.
En 1688 éclate le soulèvement de Tchiprovtsi contre la domination ottomane, organisé par les catholiques bulgares, inspirés par des mineurs catholiques allemands : insurrection de Tchiprovtsi(en). Et à partir de 1700, les Ottomans défendent leurs sujets orthodoxes et attaquent ou persécutent les catholiques.
Joseph Sokolski (1786-1879) est le premier religieux bulgare orthodoxe à se convertir au catholicisme, et est nommé en 1861 le premier métropolite catholique. L'église qui en résulte se considère comme faisant partie du mouvement national bulgare et compte jusqu'à 30 000 croyants.
Après la première indépendance, le noce Angelo Roncalli, futur Jean XXIII rétablit des relations diplomatiques avec la Bulgarie en
1925.
En 1951-1952 se tient le procès de 60 prêtres catholiques accusés d'intelligence avec l'ennemi. : quatre sont exécutés. L'Églie catholique perd son statut légal, écoles, collèges et clubs sont fermés. Les biens ecclésiastiques sont confisqués. Le culte est toléré.
Après le seconde indépendance, les relations de la Bulgarie sont rétablies avec le Vatican dès 1990. Et le pape Jean-Paul II effectue en 2002 un voyage officiel en Bulgarie.
Protestantisme
Le protestantisme, au moins dans ses formes modernes, serait arrivé en Bulgarie en 1857-1858 avec des missionnaires américains, méthodistes-épiscopaliens et congrégationnistes. Les évangélistes produisent avec des intellectuels bulgares une traduction de la Bible entière en 1871.
Sous le régime communiste, les protestants sont peut-être plus persécutés que les catholiques. En 1949, le procès de 31 religieux protestants accusés d'intelligence avec l'ennemi mène aux confiscations et interdictions équivalentes.
Depuis l'indépendance de 1989-1990, l'évangélisation a repris avec vigueur.
Judaïsme
La présence des Juifs dans l'actuelle Bulgarie remonte à l'antiquité et à la période byzantine.
Depuis la période turque, les principales communautés sont celles de Sofia, Roussé, Varna, Plovdiv et Bourgas.
Certains Juifs sont des romaniotes parlant yévanique, d'autres des sefarades parlant judéo-espagnol (l'un des plus connus est Elias Canetti), d'autres encore des ashkenazes parlant yiddish.
La Bulgarie compte avant la seconde Guerre mondiale 50 000 Juifs.
Dans les territoires conquis aux dépens de la Grèce et de la Yougoslavie vivent environ 15 000 Juifs.
Les Juifs bulgares étaient et sont, dans leur grande majorité, des habitants des villes : artisans, commerçants, ouvriers, la plupart pas spécialement riches.
Et l'antisémitisme n'était pas spécialement développé dans le pays[2]. Pour exprimer l'état de l'opinion à l'égard des juifs, Hilberg écrit que « les juifs n'éveillaient ni une sympathie extraordinaire, ni une hostilité exceptionnelle ».
Il existe aussi des Roms musulmans : les "Çingene" ("Çingeneler" en turc, "Zigeuner" en allemand, "Tziganes" en français), et des musulmans d'origine kurde, circassienne, syrienne, libanaise ou palestinienne en petit nombre.
Pour une population (en 2020, en baisse) d'un peu plus de 7 000 000 de Bulgares[3],[4], et hors diasporas, immigrants récents et migrants, le paysage religieux est à peu près le suivant[5]: