L'article religion en Slovaquie cherche à présenter les pratiques religieuses, passées et présentes, actualisées (2020) des 5 500 000 habitants (hors diasporas) de la récente République de Slovaquie.
Deux peuples, germaniques ou germano-celtiques, les Marcomans et les Quades, aux marges de l'Empire romain, résistent à son expansion : guerres marcomanes (167-188), limes romain sur le Danube[1], limes du Danube(en), limes de Pannonie(en), provinces romaines de Pannonie , de Norique.
De cette époque date une fréquentation de quatre siècles de la civilisation romaine, dont la religion romaine antique, la viticulture, et sans doute l'arrivée des premiers Juifs, dans ou autour de l'armée et de l'administration romaines, et une première christianisation en milieu cosmopolite urbain.
Dans la région d'Europe centrale (Sud de la Pologne, Silésie, Tchéquie, Moravie, Bohême, Slovaquie) s'installent des Slaves occidentaux, qui se distinguent des autres peuples slaves par leurs langues slaves, toutes issues d'un même proto-slave.
Samo de Bohême (600-658), marchand goth, dirige un légendaire Royaume de Samo (623-658), peuplé de tribus slaves principalement, de la Carinthie à la Slovaquie. Le khaganat avar (560-805) est alors le voisin le plus agressif mais aussi le plus cultivé, ainsi qu'en atteste l'horizon Blatnica-Mikulčice(en), site archéologique binational (tchèque et slovaque) des Avars de Pannonie ou khanat (pseudo-)avar des 7e-9e siècles.
De la Grande-Moravie (833-907), dont le territoire slovaque constitue le cœur, on peut ici retenir qu'elle marque le début de l'écriture, donc de l'histoire, de la littérature et de la culture slovaques :
863 : première école slave (l'Académie grand-morave probablement à Devin)
En 828, la première église chrétienne est construite à Nitra. Pribina, souverain de la principauté de Nitra (entité indépendante de l'Empire carolingien (800-924), est souvent considéré comme le premier souverain slovaque, et cette conversion sous son règne marque le début des relations slaves avec leur voisins en tant qu'État souverain[2].
Vers 1000, l’empire hongrois, qui se veut partie de l'Occident chrétien, s’étend sur les territoires de la Hongrie, de la Slovaquie, de la Croatie, de la Slovénie et d'une partie de la Roumanie et de l’Ukraine. En 1029, saint Étienne tire avantage de l'affaiblissement de l'influence des Polonais et reprend le contrôle de la Slovaquie.
La Slovaquie est sur le passage de l'invasion mongole de l'Europe de 1241 menée par Subötaï (après l'Invasion mongole de l'empire Khorezmien de 1218-1221).
Les Mongols ne réussissent pas à prendre ni le château fortifié ni la ville de Bratislava, mais dévastent les habitations qui sont autour ; après 1242, des colons allemands viennent s'installer dans la ville et leur nombre augmente de telle façon que jusqu'à la fin du xxe siècle ils sont l'ethnie la plus nombreuse de la ville ; le château est modifié après ces attaques.
La deuxième pandémie de peste frappe l'Europe à partir de 1347 (peste noire), et demeure active jusque vers 1800. Elle atteint la région à plusieurs reprises dont en 1424.
L'autre événement, contemporain et également jugé "diabolique", est la Réforme de Bohême(en) (ou Réforme tchèque ou Réforme hussite).
Jan Hus (1372-1415), et d'autres religieux et théologiens (Jan Želivský (1380-1422)), en plein Grand Schisme d'Occident (1378-1417), dénoncent certaines dérives de l'Église catholique romaine, trop temporelle et pas assez spirituelle, à Rome autant que localement.
L'Église hussite se veut un retour à l'Église apostolique (au sens de l'église des apôtres), spirituelle et pauvre.
L'excommunication de Jean Hus en 1411, puis un nouveau scandale de commerce des indulgences de Jean XXIII (antipape) en 1411-1412 pour financer une guerre, sont des motifs suffisants de troubles ou d'émeutes dont Jan Hus est présenté comme responsable. Il est condamné comme hérétique, et brûlé vif.
Une partie de la noblesse proteste, dans ce qui s'avère aussi un conflit entre féodalisme et absolutisme.
La défenestration de Prague (1415), alors capitale du Saint-Empire romain germanique, est le premier épisode d'une insurrection de dix-huit ans et de cinq croisades envoyées par le pape Martin V et l'empereur Sigismond, auxquelles les Tchèques résistent.
Les croisades contre les hussites (1420-1434), menées côté hussite par des chefs élus, Jan Žižka (1370-1424) et Procope le Grand (1380-1434) : bataille du mont Tábor(cs) (Bohême du Sud) et la victoire de Kutná Hora(cs) (1422), dévastation de la Bohême, de la moitié de l’Allemagne et de la Hongrie par des fanatiques qui sèment la terreur, antagonisme croissant entre Tchèques et Allemands, ces derniers rangés dans le camp catholique. Les Slovaques n'ont pas la réaction des Tchèques : ni les paysans ni le petit clergé ne deviennent hussites.
Le concile de Constance (1414-1418) donne lieu entre autres au procès et à la condamnation pour hérésie des réformateurs John Wyclif, Jan Hus et Jérôme de Prague (et les deux derniers sont suppliciés sur le bûcher à onze mois d'intervalle).
Le Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome (1431-1441) adopte le conciliarisme (même avec supériorité papale, et condamné en 1870 et 1964) et signe des accords (compacta) avec les hussites modérés (mais qui ne sont pas ratifiés par le pape).
Une des conséquences de la guerre civile est l'émigration d'une partie des Roms de Bohême, avec un sauf-conduit, acte signé le au château de Spis par Sigismond. C’est avec ce document que les Roms parcourent le Saint-Empire et arrivent en France où ils sont (mal) accueillis sous le nom de « Bohémiens », du nom de leur pays d'origine.
La réforme protestante semble ne pas trop concerner les terres slovaques, sauf à vivre sa foi dans la clandestinité et à accueillir une petite partie des protestants tchèques préférant l'exil à la soumission, et autres dont l'anabaptistehuttéristePeter Riedemann (1506-1566). Par contre, la réforme catholique et/ou la contre-réforme intervient, qui consiste à lutter contre les tenants de la réforme protestante et à promouvoir bâtiments, rites, cérémonies, langue allemande, et arts du catholicisme (habsbourgeois), dans un contexte intérieur et international assez difficile.
La Slovaquie échappe à l'occupation ottomane, mais pas aux mouvements de troupes mercenaires des guerres austro-turques, dont la Longue Guerre (1591-1606), une partie de la Guerre de Trente Ans.
En 1781 est signé l'Édit de tolérance par l'empereur Joseph II, qui garantit la liberté de religion à tous les sujets catholiques et protestants de l'empire des Habsbourg, et leur égalité d'accès à la vie publique (emplois publics, université, corps de métier…).
Globalement, en territoire slovaque, pendant 800 ans, jusqu'en 1781, le catholicisme romain est la seule religion, autorisée, protégée, soutenue par l'État.
Catholicisme
L'Église grecque-catholique slovaque est une institution récente. En 1787, un vicariat de rite byzantin-slave est établi à Košice, qui est transféré à Prešov en 1792. À l'instigation de l'empereur autrichien François Ier, le vicariat est élevé à une éparchie indépendante en 1816, et cela est officiellement confirmé le par le Saint-Siège, que l'on peut appeler «l'année de naissance» de cette église.
Et le luthéranisme continue dans la clandestinité relative jusqu'en 1781. L'action du mouvement national slovaque en permet l'autorisation en 1848, et la réorganisation.
Après 1918, et après 1990, les églises se réorganisent et des missions protestantes étrangères s'activent.
La majorité (68,9 %) des Slovaques appartiennent à l'Église catholique romaine[10] selon les chiffres officiels, 15,9 % sont non-croyants ou non-chrétiens, 13,7 % sont athées, 6,9 % sont luthériens, 4,1 % sont gréco-catholiques, 2,2 % sont indéterminés, et 2 % appartiennent à l’église réformée. Les membres d'autres Églises, y compris ceux non inscrits, compte pour 1,1 % de la population. Les chrétiens orthodoxes se trouvent principalement chez les Ruthènes et les Ukrainiens au Nord-Est de la Slovaquie. L'Église catholique romaine divise le pays en 8 diocèses dont 3 archidiocèses. Généralement, environ un tiers des membres d'une église assistent régulièrement aux services religieux[11]
Alors que le pays comptait une population juive estimée à 90 000 personnes avant la Seconde Guerre mondiale, la population juive actuellement est d’environ 2 300[12].
↑(en) Stanislav J. Kirschbaum, A History of Slovakia : The Struggle for Survival, Basingstoke, Palgrave Macmillan, , 416 p. (ISBN9781403969293), p. 26-p.30 : Rastislav and Svätopluk.
↑Bérenger, Jean, « La conjuration des Magnats hongrois (1664-1671) », Publications de l'École Française de Rome, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 220, no 1, , p. 317–345 (lire en ligne, consulté le ).