En à Minsk, un congrès qui rassemble neuf délégués[20] issus d'« Unions de lutte » de plusieurs villes de l'Empire russe (Pétersbourg, Moscou, Kiev, Iekaterinoslav) ainsi que du Bund fonde le Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR)[21]. Vladimir Oulianov, futur Lénine, alors en exil à Chouchenskoié en Sibérie, ne peut assister à la réunion fondatrice. Le comité central élu lors du congrès est rapidement arrêté. Cette réunion est considérée comme le « premier congrès » du Parti.
En 1903, le congrès se tient d'abord à Bruxelles, puis doit déménager à Londres, à la suite de pressions diplomatiques russes : c'est pourquoi il est appelé le « congrès de Bruxelles-Londres ». Le parti se divise entre bolcheviks (c’est-à-dire « majoritaires »), partisans de l'action violente, et mencheviks (« minoritaires »), plus modérés ; le désaccord ira croissant et le clivage s'accentue jusqu'à la Révolution. En , le parti bolchevik se constitue en « Parti ouvrier social-démocrate (bolchevik) de Russie ».
Au cours de la révolution russe, le parti bolchevique prend le pouvoir politique lors de l’insurrection du . Il prend le nom de « Parti communiste (bolchevik) de Russie » en . Le droit de fraction est interdit en 1921 à la suite de la guerre civile, ce qui met fin à la relative démocratie qui régnait jusqu’alors au Politburo[22]. Toutefois, des courants minoritaires continuent à exister (Opposition de gauche de Léon Trotski, etc.) mais leurs militants sont progressivement exclus et réprimés.
Union soviétique
L'Union soviétique est proclamée le . En 1923, le parti devient officiellement le seul parti légal, dont le rôle est, aux yeux de Lénine, de « contrôler la création du socialisme »[22]. Il devient le « Parti communiste (bolchevik) de l’URSS » en , et enfin le PCUS en [23]. Le PCUS détenait l'ensemble du pouvoir économique et exerçait une dictature de parti unique, jusqu'à l'autorisation des partis politiques en 1989.
De 1921 à 1932, le revenu des communistes était limité à un maximum, sous le nom de partmaximum.
Le média principal du PCUS était la Pravda. La jeunesse communiste était organisée dans le Komsomol.
En , le Comité d'État pour l'état d'urgence (Государственный Комитет по Чрезвычайному Положению, ГКЧП, prononcé « GuéKaTchéPé »), un comité composé de certains hauts fonctionnaires du Parti, des chefs de l'Armée, du KGB et du ministère de l'Intérieur, tente et manque un coup d’État contre le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev. Celui-ci quitte alors la direction du parti. Quelques jours après, par décret du président russe Boris Eltsine, le PCUS est dissous et interdit.
Russie postsoviétique
Après la dissolution du PCUS, les différents partis communistes qui existaient dans 14 des 15 républiques socialistes soviétiques se transforment, pour la plupart, en partis socialistes ou sociaux-démocrates (ceux des anciens membres qui n'adhérèrent pas à cette évolution créèrent des partis fidèles à l'idéologie communiste), tandis que les communistes russes se sont regroupés au sein du Parti communiste de la fédération de Russie qui se considère comme héritier du PCUS.
Durant son histoire le PCUS prend plusieurs dénominations successives. Les dénominations en russe sont transcrites en alphabet cyrillique et en alphabet latin. Elles sont les suivantes :
Parti ouvrier social-démocrate de Russie (bolchevik), POSDR(b), 1903-1918
À la base, les membres du parti étaient regroupés au sein de leurs lieux de travail (usine, kolkhoze, administration, établissement d'enseignement, etc.) ou de leurs lieux de résidences (village ou immeuble collectif), dans des organisations primaires dont le nombre était de 414 000 au , et qui nécessitaient un minimum de trois membres actifs pour être constituées. Ces organisations de base, dont la structure interne variait en fonction de ses effectifs, avait pour missions le recrutement de futurs membres, l'organisation de la propagande et l'agitation de masse, ainsi que le contrôle des administrations locales. L'organe exécutif (comité ou bureau) était élu chaque année à la réunion du compte rendu qui clôturait les activités de l'année passée et se constituait d'un secrétaire assisté de secrétaires adjoints[24].
Au-dessus de ces organisations de base, le parti était organisé dans des cadres territoriaux : ville, arrondissement, région (oblast), république socialiste soviétique. L'existence de différents partis communistes au sein de chacune des Républiques fédérées (hormis le RSFS de Russie qui ne possédait pas de parti propre, ses membres étant directement affiliés au PCUS) donnait au parti une structure de type fédérale[24].
Au sommet de cette pyramide, les structures étaient supervisées par des organes de décision qui étaient (en 1989) :
Institution centrale dirigeante du Parti entre chaque congrès. Il conduit la politique quotidienne du parti et du gouvernement. Du Comité central émanent le Politburo et le Secrétariat, organes dirigeants.
Le Bureau politique — ou Politburo — du Comité central est le centre exécutif du PCUS.
Secrétariat du Comité central du PCUS
Institution de direction du Comité central. Il est présidé par le Secrétaire général ou le Premier secrétaire. Sous Joseph Staline, le Secrétariat est devenu un organe décisionnel.
Président du Conseil des Commissaires du Peuple (Sovnarkom), dirigeant informel des bolcheviks, jusqu’à la création du poste de secrétaire général du parti
Le Politburo est mis en place en : c'est cette instance (de cinq membres titulaires dans les premières années) qui dirige le parti, et donc l'État russe. Les premiers titulaires sont Lénine, Kamenev, Trotski, Staline et Krestinsky. Aucun membre des fractions oppositionnelles du parti (Opposition ouvrière, Groupe du centralisme démocratique (Timofeï Sapronov), Groupe ouvrier de Gabriel Miasnikov) n'a été membre de cette instance. Après la mort de Lénine, les opposants à Staline en sont progressivement exclus : Kamenev en 1925, puis Trotski et Zinoviev en 1926.
En 1953, 19 de ses 33 membres entrés en fonction jusqu'en 1949 étaient morts dans des circonstances non naturelles. Le premier bureau politique comportait huit membres (cinq titulaires et trois suppléants), seuls deux sont décédés de mort naturelle et en liberté, les six autres ayant été tués par le régime stalinien :
Les procédures d'adhésion au parti sont fixées lors du 23e congrès en 1966. Ainsi, un candidat à l'affiliation devait avoir 18 ans révolus et présenter les recommandations de trois membres actifs du parti qui devaient eux-mêmes être affiliés depuis au moins cinq ans et connaître le candidat depuis au moins un an dans le cadre d'une activité sociale ou professionnelle commune. De plus, les candidats de moins de 23 ans ne pouvaient adhérer au parti que par l'intermédiaire du Komsomol (l'organisation de la jeunesse communiste) en présentant une recommandation du Comité d'arrondissement ou de ville de l'organisation. Après un « stage » d'une année, l'admission du candidat en tant que membre à part entière du parti se décidait en assemblée plénière de l'organisation de base (la « cellule »), à la majorité des deux tiers des membres présents et entrait en vigueur après ratification par le Comité d'arrondissement ou de la ville du parti. L'adhésion se faisait nécessairement à titre individuel. Cette période de stage permettait au candidat de prendre connaissance des programmes et des statuts du parti[26].
Tout manquement à la discipline et à la morale au sein du parti était puni par une échelle de sanctions allant du simple « avertissement » au « blâme sévère avec inscription sur la fiche de contrôle de l'adhérent », en passant par le « blâme » et le « blâme sévère »[26].
Effectifs du parti (1919-1991)
Année
Nombre de membres
1919
150 000
1920
611 000
1926
1 080 000
1930
1 600 000
1933
3 500 000
1935
1 900 000
1937
2 300 000
1939
1 900 000
1940
3 400 000
1945
5 760 000
1965
11 700 000
1986
19 000 000
Notes et références
Notes
↑août 1903(en) (faction du POSDR) janvier 1912(en) (scission du POSDR) (7e congrès séparé tenu) (changement de nom officiel)
↑« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » est la traduction française la plus courante de la phrase originale en allemand : « Proletarier aller Länder, vereinigt Euch ! ». La traduction de la phrase en russe est également la traduction de la phrase originale en allemand : « Prolétaires de toutes les nations, unissez-vous ! ».
↑Kowalewski, David (1980). "Protest for Religious Rights in the USSR: Characteristics and Consequences". The Russian Review. 39 (4): p. 426. DOI10.2307/128810. (ISSN0036-0341). JSTOR:128810. "The Soviet policy of state atheism (gosateizm), albeit inconsistently applied, remains a major goal of official ideology. Massive state resources have been expended not only to prevent the implanting of religious belief in nonbelievers but also to eradicate "prerevolutionary remnants" already existing. The regime is not merely passively committed to a godless polity but takes an aggressive stance of official forced atheization. Thus a major task of the police apparatus is the persecution of forms of religious practice. Not surprisingly, the Committee for State Security (KGB) is reported to have a division dealing specifically with "churchmen and sectarians."
↑(en) Luke March, « Contemporary Far Left Parties in Europe: From Marxism to the Mainstream? », IPG, vol. 1, , p. 126-143 (lire en ligne)
↑(en) « Left », sur Encyclopædia Britannica, (consulté le ) : « ... communism is a more radical leftist ideology. »
« However, the USSR created an entirely new dimension of interwar European reality, one in which Russia devised rules of the game and set the agenda, namely, the Comintern. »
↑(en) Denis Healey, « The Cominform and World Communism », International Affairs, vol. 24, 3, , p. 339–349 (lire en ligne)
↑(en) Sean Adams, Noreen Morioka et Terry Lee Stone, Color Design Workbook: A Real World Guide to Using Color in Graphic Design, Gloucester, Mass., Rockport Publishers, , 86 (ISBN159253192X, OCLC60393965, lire en ligne)
↑(en) Luke March, The Communist Party in Post-Soviet Russia, Manchester University Press, , 20 p. (ISBN9780719060441, lire en ligne)
↑ a et bSimon Sebag Montefiore (trad. de l'anglais), Staline : La cour du tsar rouge, vol. I. 1929-1941, Paris, Éditions Perrin, , 723 p. (ISBN978-2-262-03434-4)
Collectif, Histoire du Parti communiste /bolchévik/ de l'U.R.S.S : Précis rédigé par une commission du Comité central du P.C.(b) de l'U.R.S.S, Moscou, Éditions en langues étrangères, (1re éd. 1938), 408 p.