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Les partis politiques sont très souvent, officiellement ou officieusement, associés avec des couleurs utilisées pour les représenter.
L'attribution de ces couleurs suit souvent les mêmes tendances dans différents pays. Par exemple, le rouge est souvent associé aux partis de gauche alors que les partis de droite sont plutôt en bleu. Mais il ne s'agit pas d'une règle absolue.
En Allemagne ou en Autriche, les partis chrétiens conservateurs (CDU, CSU, ÖVP) sont plutôt associés au noir tandis que le bleu est associé aux partis conservateurs nationalistes (AfD[2], FPÖ[3]). De même, les anciens logotypes du FDP allemand, dans sa période d'association avec les conservateurs, mélangeaient le jaune et le bleu.
Les chrétiens-démocrates soucieux de se distancier de l'image du catholicisme politique traditionnel optent parfois pour le bleu des conservateurs. Ainsi, le renouvellement d'image de l'ÖVP autrichien sous l'impulsion de Sebastian Kurz a été symbolisé par le passage du noir au bleu turquoise[4]. De même, les chrétiens-démocrates néerlandais spécifiquement protestants de l'Union chrétienne utilisent le bleu plutôt que le noir associé à l'héritage du Parti populaire catholique. Les anciens partis protestants néerlandais ARP et CHU ont fréquemment utilisé des logotypes bleus.
Cependant, ce principe d'association entre le bleu et la droite conservatrice souffre d'exceptions notables, notamment hors d'Europe : aux États-Unis par exemple, le bleu est la couleur du Parti démocrate. Au Japon, le bleu a été choisi comme la couleur du nouveau Parti démocrate progressiste (PDP), parti centriste et du centre-gauche fondé en 2016 pour devenir la nouvelle force d'opposition au parti conservateur au pouvoir. Le bleu ciel pour sa part est la couleur de la social-démocratie japonaise, utilisé par Parti social-démocrate (PSD). En France, le bleu cyan est utilisé par La France insoumise au côté du rouge[6]. En Polynésie française, le bleu ciel est la couleur de l'Union pour la démocratie (coalition de partis de gauche et de centre-gauche indépendantistes ou autonomistes). Enfin, dans les pays utilisant un drapeau bleu comme l'Argentine, la nuance de bleu du drapeau peut être utilisée par des partis au-delà des seuls conservateurs (bleu ciel pour les Péronistes).
Le jaune est fréquemment utilisé pour les partis de droite radicale nordiques (Démocrates de Suède, Parti populaire danois, Parti des Finlandais). La plus ancienne de ces formations, le Parti du Progrès danois, utilisait le jaune et se revendiquait du libertarianisme. Les Démocrates de Suède utilisent le bleu et le jaune, couleurs nationales, depuis leur origine.
comme le brun, le noir peut être associé à l'extrême droite. Les coopérations entre partis néo-fascistes européens après-guerre ont parfois elles aussi été qualifiées d'« Internationale noire »[10],[11]. La chemise noire a longtemps été associée au fascismeitalien en référence aux chemises noires, la milice du régime fasciste de Benito Mussolini qui l'a portaient[3].
il est parfois symbolique du cléricalisme en raison de la couleur des soutanes des prêtres de l'Église catholique. Anatole France fustigeait ainsi les cléricaux comme un « parti noir »[12]. En Allemagne et en Autriche, c'est la couleur des partis chrétiens-démocrates héritiers du catholicisme politique. On a ainsi pu parler d'« Europe noire » à propos du poids des partis démocrates-chrétiens dans la construction de la CECA[13]. On retrouve là encore l'usage du terme « Internationale noire »[14].
c'est également parfois la couleur utilisée par des mouvements islamistes, car c'était la couleur des Abbassides.
il est aussi associé aux Partis pirates en référence à la couleur noir des drapeaux pirates.
Orange
L'orange est associé à différents mouvements politiques selon les pays.
Refus du clivage droite-gauche
En alternance avec le noir, c'est la couleur des chrétiens-démocrates ou des centristes, comme le Mouvement démocrate en France ou le CD&V flamand. La CDU utilise parfois des logotypes orange. En Suisse, l'orange est la couleur traditionnelle du Parti démocrate-chrétien puis de son successeur Le Centre, parti de centre-droit promouvant une politique centriste et sociale-chrétienne. Au Portugal, les conservateurs du Parti social-démocrate, initialement centristes, continuent à utiliser l'orange.
L'orange est la couleur de la maison d'Orange-Nassau, ce qui peut l'associer au protestantisme politique dans les pays ayant connu la domination de cette dynastie. En Irlande, l'orange est la couleur des unionistes, sous l'influence de l'Orange Order. Aux Pays-Bas, c'est la couleur des protestants radicaux du SGP.
En Nouvelle-Zélande, les partis politiques ne sont pas autorisés à utiliser la couleur orange de manière prééminente : elle est réservée à la Commission électorale[15],
Rose
Dans certains pays, le rose est associée au parti socialiste ou social-démocrate pour le différencier du parti communiste, bien que la couleur traditionnelle du socialisme ou de la social-démocratie soit le rouge. Ainsi, en France, les hauts responsables du Parti socialiste sont parfois nommés « éléphants roses »[16].
Le rouge peut aussi être la couleur des partis nationalistes ou indépendantistes dans des pays où il fait figure de couleur nationale, comme l'Indonésie (drapeau blanc et rouge repris par le Parti démocratique de lutte). Le même drapeau malayo-indonésien historique inspire les couleurs du nationalisme malais.
Au Pakistan, le rouge est la couleur du Parti national Awami, principal parti pachtoune du pays, qui se revendique dans son manifeste « de gauche et laïc ».
En Scandinavie, en Suisse ou en Australie, c'est la couleur des partis agrariens. Le parti d'extrême-droite suisse UDC, issu de l'agrarisme, a gardé cette couleur.
Usage politique du vert dans le monde musulman
Le vert est souvent considéré comme la couleur de l'Islam[18]. C'est parfois la couleur de partis islamistes ou radicaux comme le Hamas. Des partis parlementaires conservateurs l'ont également adopté, comme au Pakistan la Ligue musulmane ou en Israël la Liste arabe unie. En Iran, le « mouvement vert » désigne un courant d'opposition démocratique au régime.
Autres usages
Le vert peut aussi être associé à d'autres mouvements :
Au Québec et au Canada, le vert était une couleur de droite et populiste avant qu’elle soit associée aux courants écologistes. Le vert était la couleur des créditistes de même que celle du Parti réformiste du Canada en 1987[5].
Le vert représente dans la culture internet la couleur de la gauche libérale en référence au compas politique
Violet, magenta, amarante
Le violet est utilisé comme mélange du bleu et du rouge. Le carmin et le magenta sont parfois utilisés comme variante du violet à des fins similaires de fusion entre le rouge et le bleu.
Violet
Aux États-Unis, c'est la couleur des swing states (mélange du bleu démocrate et du rouge républicain).
Il peut s'agir de la couleur de partis réfutant le clivage droite-gauche: en Belgique, les FDF utilisent un violet-carmin — qu'ils appellent « amarante » — parce qu'à l'origine le parti a été créé par des gens issus de la gauche et de la droite; en France, l'UDI (centre-droit) utilise un violet foncé. Le violet est également utilisé par les Partis pirates (ne se situent pas sur une échelle droite-gauche).
Des partis conservateurs, nationalistes ou souverainistes peuvent utiliser le violet, couleur du bonapartisme en France, pour marquer leur volonté de dépasser les clivages partisans: en France, le violet est utilisé par Debout la France (souverainiste de droite). En Angleterre, c'est la couleur du UKIP, parti souverainiste et conservateur dont le meneur a longtemps été Nigel Farage.
le violet est aussi la couleur du mouvement féministe, mais en tant que mélange du rose associé aux filles et du bleu associé aux garçons (l'anarcha-féminisme associe ainsi la couleur violette au noir anarchiste pour son drapeau). En Suède, l'Initiative féministe utilise un violet rose.
Des formations de gauche peuvent utiliser le violet pour se distinguer du rouge. En Espagne, le parti de gauche radicale Podemos a choisi le violet comme couleur principale. Ce choix iconoclaste peut-être dû au contexte national : le mauve et le violet (couleur de la troisième bande du drapeau républicain) sont associés à l'imaginaire républicain de gauche, alors que dans le même temps le rouge est associé au parti social-démocrate espagnol (le PSOE). En Grèce, il est parfois utilisé par SYRIZA pour se différencier du Parti communiste de Grèce, qui utilise le rouge.
Magenta
De nombreux partis issus du libéralisme tels que le FDP en Allemagne ou le Mouvement radical en France ont sensiblement réduit l'utilisation du jaune au profit du magenta. On retrouve le magenta chez certains partis socio-libéraux, tels que les Radicaux danois, Neos en Autriche. Le parti ALDE et le LYMEC ont quant à eux complètement remplacé le jaune par le magenta.
↑ a et bPhilippe Bernier Arcand, « Bleu, histoire d’une couleur politique », Histoire Québec, vol. 23, no 4, , p. 15–17 (ISSN1201-4710 et 1923-2101, lire en ligne, consulté le )
↑Anatole France, Le parti noir, Société nouvelle de librairie et d'édition, (lire en ligne)
↑Muriel Cassel-Piccot, « Libéraux et Libéraux Démocrates : dans l’ombre des Travaillistes ? », Observatoire de la société britannique, no 6, , p. 67–88 (ISSN1957-3383 et 1775-4135, DOI10.4000/osb.423, lire en ligne, consulté le )
↑Piotr H. Kosicki, « Image et réalité : la mythologisation française de la Démocratie chrétienne de l’après-guerre », Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIe siècles, no 12, , p. 109–128 (ISSN1257-127X, DOI10.4000/chretienssocietes.2228, lire en ligne, consulté le )