Bien que les sociaux-démocrates rejettent officiellement le terrorisme individuel et les attentats à la bombe[1],[N 1], l'attaque est orchestrée au plus haut niveau par des personnalités bolcheviks, incluant Lénine, Joseph Staline (qui a peut-être aussi participé directement au braquage), Maxime Litvinov, Leonid Krassine et Alexandre Bogdanov, et effectuée par un groupe de révolutionnaires géorgiens menés par Kamo, compagnon et allié de Staline, et qui n'en était pas à son coup d'essai[2]. L'attaque est menée par un grand nombre d'assaillants (une trentaine). Elle tue quarante personnes et en blesse cinquante autres selon les archives officielles, pourtant peu suspectes d'exagération[3]. Les braqueurs s'échappent avec 341 000 roubles. La police impériale annonça peu après que 100 000 roubles avaient été marqués[4]. Lénine toucha au moins 140 000 roubles[5].
Conséquences
Selon l'historien britannique Simon Sebag Montefiore : « Le hold-up de Tiflis fit de Kamo un personnage de légende, mais ses répercussions contribueraient à ébranler le Parti social-démocrate de Russie et, en 1918, elles menaceraient de porter encore atteinte à Staline[6]. » L'affaire déclencha des jalousies et certains braqueurs exigèrent une restitution du butin, menaçant de s'en prendre à un membre du comité central[5] s'ils n'obtenaient pas satisfaction. L'événement frappe les esprits et trouve un écho dans la presse internationale, qui s'émeut du carnage[7]. Un immense scandale ébranle Tiflis... et Saint-Pétersbourg. La banque d'État ne savait pas elle-même exactement combien on lui avait dérobé : 250 000 ou 350 000 roubles.
L'événement a aussi des répercussion dans le mouvement social-démocrate. Plusieurs commissions d'enquête sont nommées, en particulier par les mencheviks, pour déterminer qui est le véritable commanditaire du bain de sang. visant principalement Lénine et Staline qu'on n'arrive pourtant pas à relier directement au braquage. Staline devient personne non grata à Tiflis ; deux jours plus tard. il s'installe à Bakou.
Dès 1918, Staline fit tout pour étouffer le rôle qu'il avait joué dans ces « expropriations », et força les témoins au silence jusque dans les années 1930[8].
Le butin fut transféré à l'étranger. Simon Sebag Montefiore rapporte qu'une partie de la somme dérobée fut blanchie au Crédit lyonnais[9]. Pourtant, malgré une collaboration policière internationale, l'argent ne réapparut pas.
Notes et références
Notes
↑Ce rejet de la violence terroriste n'est pas une simple gesticulation, mais repose sur des fondements théoriques défendus de longue date (Anna Geifman 1993, p. 84).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Roman Brackman, The Secret File of Joseph Stalin : a Hidden Life, Portland, Oregon, Psychology Press, (ISBN978-0-7146-5050-0, lire en ligne)
(en) Anna Geifman, Thou Shalt Kill : Revolutionary Terrorism in Russia, 1894–1917, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, , 376 p. (ISBN978-0-691-08778-8, lire en ligne)
(en) Stephen F. Jones, Socialism in Georgian Colors : The European Road to Social Democracy, 1883–1917, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, (ISBN978-0-674-01902-7, lire en ligne)