Ayant institué les Filles de la charité en 1633, Vincent de Paul (1581-1660) confie leur formation à Louise de Marillac (1591-1660). Les jeunes femmes qui la rejoignent se destinent à soigner des malades et à assurer le service corporel et spirituel des pauvres. La première sœur, Marguerite Naseau (1594-1633), est une ancienne vachère qui s'adonne depuis sa jeunesse à l'alphabétisation des petites filles.
Elles constituent la première congrégation féminine à obtenir d'échapper à la règle de la clôture. Pour leurs fondateurs, Vincent de Paul et Louise de Marillac, leur monastère serait les cellules des malades, et leur cloître les rues de la ville ou les salles des hôpitaux[réf. nécessaire].
Dans le cadre des mesures de déchristianisation, les « sœurs grises » doivent quitter leur habit. Leur congrégation est interdite pendant une dizaine d'années (1792-1802), mais elles sont — toutes proportions gardées — relativement peu inquiétées, étant donné que l'on ne peut se passer des services qu'elles continuent à assurer dans les hôpitaux et hospices. Toutes n'échappent pas, sous la Terreur, à la fureur et au jugement des révolutionnaires les plus radicaux[3] :
Marie-Anne Vaillot et Odile Baumgarten, filles de la charité à Angers, sont exécutées le au cours des fusillades d'Avrillé[4] ;
Marguerite Rutan, supérieure de l'hôpital de Dax est guillotinée dans cette ville le [5] pour avoir « par son incivisme, cherché à corrompre et à ralentir l'esprit révolutionnaire et républicain » ;
les sœurs Madeleine Fontaine, Françoise Lanel, Jeanne Gérard et Thérèse Fantou sont guillotinées à Cambrai le pour refus de prêter serment à la Constitution[6].
Le XIXe siècle
Au lendemain de la Révolution, les Filles de la charité sont les premières congréganistes à se reconstituer légalement[7] ().
En 1837, elles coopèrent avec les Lazaristes. Ensemble, ils fondent l'association des Enfants de Marie Immaculée, destinée à rassembler des adolescentes des milieux populaires pour former une élite de piété[8].
Durant tout le XIXe siècle, et jusqu'aux années 1960, les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul accomplissent leur service d'auxiliaires de santé dans les hospices et les asiles, où elles sont présentes en grand nombre, avant d'être peu à peu remplacées, à partir de 1920, par des infirmiers, psychiatriques ou non, et par des aides-soignants laïques.
Activités et diffusion
Les Filles de la charité forment le groupe de religieuses numériquement le plus important dans l'Église catholique (15 057 sœurs en 2016). Les sœurs se dédient au service des malades, à domicile ou dans les hôpitaux, aux soins aux personnes handicapées, aux personnes âgées dans des maisons de retraite, aux orphelins, aux foyers pour femmes et enfants en difficulté, et à l'enseignement.
Elles sont présentes, avec un total de 1 806 maisons, dans 91 pays :
Marta Wiecka (1874-1904), fille de la charité polonaise, béatifiée en 2008 ;
Joséphine Nicoli (1863-1924), fille de la charité italienne, béatifiée en 2008 ;
Vingt-sept filles de la charité en Espagne, tuées en 1936 et 1937, sont béatifiées le 13 octobre 2013 au sein du groupe des martyrs de la guerre d'Espagne ;
Pierre Coste, Trois siècles d'histoire religieuse. Les Filles de la Charité. L'Institut de 1617 à 1800, Paris, Desclée De Brouwer et Cie, , 259 p. (BNF32186298)
Élisabeth Dufourcq, Les Aventurières de Dieu, Paris, Perrin, 2009, 2e édition.
Matthieu Bréjon de Lavergnée, Histoire des Filles de la charité, XVIIe – XVIIIe siècles. La rue pour cloître, Préface de Dominique Julia, Paris, Fayard, 2011, 690 p., (ISBN978-2-213-66257-2).
Matthieu Brejon de Lavergnée, Le temps des cornettes. Histoire des Filles de la Charité, xixe-xxe siècles, Paris, Fayard, 2018, 700 p.
Matthieu Brejon de Lavergnée (dir.), Des Filles de la Charité aux Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul. Quatre siècles de cornettes (XVIIe – XXe siècle), Paris, Honoré Champion (Bibliothèque d’Études des mondes chrétiens), 2016, 556 p., (ISBN978-2-745-33034-5)