Le rôle, la condition et les droits des femmes en Espagne ont évolué tout au long de l'histoire. Durant le XXe siècle, le pays connaît des avancées essentielles et pionnières en Europe pour les droits des femmes, dont l'apogée est la Seconde République, régime durant lequel les femmes participent à tous les niveaux de la société.
L'Espagne subit cependant une régression historique inédite après la guerre d'Espagne (1936-1939), à la suite de l'avènement par la force de la dictature franquiste (1939), conservatrice et autoritaire, au cours de laquelle les droits des femmes sont sévèrement restreints. De très nombreuses femmes doivent s'exiler. D'autres sont victimes de la répression nationaliste dans le pays ou de l'horreur des camps nazis de la Seconde Guerre mondiale.
Durant l'Espagne franquiste (1939-1975), la mémoire des droits acquis par les femmes et l'histoire de leurs luttes sont vouées à l'oubli. Il faut attendre la Transition démocratique (1975-1982), pour voir l'égalité des sexes redevenir un principe fondamental.
Au cours des dernières décennies, depuis la mort du dictateur Franco et grâce aux réformes de la Transition démocratique, la condition féminine au sein de la société espagnole s'est considérablement améliorée, au point d'être redevenue l'un des grands modèles des démocraties occidentales.
Histoire
Au XVIIIe siècle, l'Espagne voit naître, pendant les Lumières[8], des personnalités luttant pour le droit des femmes, comme l'écrivaine Josefa Amar y Borbón qui défend, malgré la controverse, la possibilité pour les femmes d'accéder aux professions intellectuelles et aux postes politiques et qui milite pour l'éducation des filles hors des couvents religieux[9]. Elle écrit le célèbre Discours en défense du talent des femmes, ou celui en faveur de l'éducation physique et morale des femmes[10]. La dramaturge Rita de Barrenechea, née à Bilbao, immortalisée par Goya dans un célèbre tableau exposé au musée du Louvre à Paris, est également une grande figure de l'Espagne des Lumières[11].
Au XIXe siècle, le mouvement suffragiste s'affirme dans le pays et connait la même ampleur qu'aux États-Unis ou en Grande-Bretagne en faveur du droit de vote des femmes. Les universitaires placent le début du féminisme espagnol dans le panenthéisme et l'Institution libre d'enseignement, principalement à travers l'organisation Asociación para la Enseñanza de la Mujer, (en français : Association pour l'Enseignement de la Femme) créée en 1870, dont Concepción Arenal était une proche collaboratrice. Toujours dans le domaine de l'éducation, la pédagogue hispano-britannique Juana Whitney fonde, en 1894, à Bilbao, l'Academia Maeztu, connue sous le nom d'Académie anglo-française[12], un établissement d'avant-garde qui dispense un enseignement laïque et progressiste aux jeunes filles[13].
Au début du XXe siècle, alors que des militantes telles que Francesca Saperas i Miró[19] sont incarcérées dans la prison de Reina Amàlia du Raval[20], dans la Vieille ville de Barcelone, les premières organisations dirigées par des femmes naissent en Espagne pour se joindre au combat suffragiste des autres pays d'Europe et des États-Unis pour faire progresser les libertés et les droits[21].
Les premières organisations de lutte pour les droits des femmes
Les premières organisations féministes en Espagne sont créées à la fin du XIXe siècle. Parmi les premières se trouve la Sociedad Autónoma de Mujeres de Barcelona, (en français : Société autonome des femmes de Barcelone), fondée par Ángeles López de Ayala, avec Teresa Claramunt et Amalia Domingo, qui en 1897 cède la place à la Sociedad Progresiva Femenina (en français : Société progressiste féminine)[22].
La même année, la journaliste et militante Belén de Sárraga crée l'Asociación General Femenina de Valencia (en français : Association générale féminine de Valence) et la Federación Malagueña de Sociedades de Resistencia (en français : Fédération madagualène des sociétés de résistance), à Malaga, en Andalousie[23].
Organisations politiques et premières manifestations de femmes
La journaliste Ángeles López de Ayala, soutenue par le Parti républicain radical d'Alejandro Lerroux, organise le , dans les rues de Barcelone, la première grande manifestation menée par des femmes en Espagne, réclamant des droits politiques, sociaux et civiques pour les femmes[24].
En 1904, le Grupo Femenino Socialista (en français : Groupe féminin socialiste), établi d'abord à Bilbao (1904), puis à Madrid (de 1906 à 1914) — appelé dès 1910 l'Agrupación Femenina Socialista (en français : Rassemblement féminin socialiste) — est pionnier dans l'action collective des femmes[25].
En 1907, la revue féministe Feminal, éditée en catalan, paraît à Barcelone sous la houlette de l'écrivaine Dolors Monserdà et de la journaliste Carme Karr qui devient la première femme en Espagne à diriger un organe de presse. La publication devient l'un des plus grands titres de la presse féminine de la Péninsule jusqu'en 1917[26].
Enseignement ouvert aux femmes
En 1906, l'écrivaine María Vinyals, surnommée La Marquise Rouge[27], fonde en Galice le Centro Ibero-Americano de Cultura Popular Femenina (en français : Centre ibero-américain de culture populaire féminine) et l'Escuela de Madres de familia (en français : l'École des Mères de famille), pour ouvrir l'enseignement aux femmes[28].
En 1909, la professeure Francesca Bonnemaison fonde à Barcelone la Biblioteca Popular de la Dona (en français : Bibliothèque populaire de la Femme), réservée aux femmes, la première du genre en Europe, connue sous l'appellation familière de La Bonne, d'après le nom de famille de sa créatrice[29].
En 1910, l'enseignante basque Benita Asas publie le manuel intitulé Dios y el Universo. Libro de lectura instructiva para niños y niñas (en français : « Dieu et l'Univers. Livre de leçon instructive pour les garçons et les filles »). Cet ouvrage éducatif encourage les jeunes - garçons et filles - à penser par eux-mêmes en rejetant les modèles conventionnels[30].
La même année est autorisé l'accès des femmes à toutes les études universitaires[31].
En 1918 est officiellement née l'Association nationale des femmes espagnoles (ANME), une association suffragiste qui défend, entre autres, la réforme du Code civil, l'éducation des filles et le droit des femmes à exercer des professions libérales. Fondée par l'activiste María Espinosa de los Monteros à Madrid, l'organisation devient la plus grande organisation défendant le droit de vote des femmes en Espagne, avec notamment la pédagogue Benita Asas, la diplomate Isabel Oyarzábal, la peintre Julia Peguero et la militante María Martos, en souhaitant dépasser les clivages politiques pour une lutte unie des droits des femmes[37] et en s'alliant avec les associations féministes existant déjà dans la ville de Barcelone[38].
Parallèlement, les artistes se mobilisent au sein du célèbre mouvement, précurseur dans les sociétés occidentales, des Las Sinsombrero, autour des peintres Maruja Mallo et Margarita Manso[41]. Indépendantes, intellectuelles et libres, les Sinsombrero revendiquent un rôle collectif mais également individuel pour la femme. Certaines fument, d'autres sont nu-tête (« Las Sinsombrero » se traduit en français par « Les Sans-Chapeau »), ce qui était auparavant réservé aux hommes[42].
Les Sinsombrero, popularisées par le travail de la cinéaste Tània Balló Colell, sont notamment à l'origine de la féminisation des noms dans la langue espagnole contemporaine : autora (auteure ou autrice), escritora (écrivaine), pintora (peintre, au féminin)[43].
Dans les années 1920, ces revendications conduisent à la reconnaissance du droit de vote pour les femmes[47] et à la possibilité qu'elles soient élues au sein des Cortes de la Seconde République proclamée à la suite des élections municipales du 14 avril 1931[48], devenant ainsi l'une des figures de proue du droit de vote des femmes[49].
Le 1er octobre 1931, la Constitution de la Seconde République espagnole est proclamée, elle inscrit les mêmes droits électoraux pour les femmes et les hommes sur la base du principe général d'égalité devant la loi[50],[51]. Elle accorde, le 19 novembre 1933, le droit de vote des femmes aux élections générales, bien avant la majorité des autres pays européens, et donne une impulsion essentielle en faveur des droits des femmes[52].
Société, éducation, sports, arts et presse
Dans les organisations professionnelles, les femmes s'organisent, comme la militante Aurora Picornell qui fonde en 1931 le Sindicato de Sastrería y similares, le premier syndicat des couturières à Majorque (elle sera fusillée plus tard par les franquistes avec les Roges des Molinar[53]).
En 1932, la journaliste María Domínguez est la première maire élue démocratiquement en Espagne, en Aragon (elle est assassinée par les franquistes en 1936[56]).
En 1933, le Comité de Mujeres Contra la Guerra (en français: Comité des femmes contre la guerre), l'Agrupación Socialista Femenina (en français : Rassemblement socialiste féminin), la Comisión Femenina del Frente Popular (en français : Commission féminine du Front Populaire) et l'Asociación de Mujeres Antifascistas (en français : Association des femmes antifascistes) sont créés à partir du Comité mondial contre la guerre et le fascisme[57].
Dans le domaine des sports, Anna Maria Martínez Sagi devient l'une des dirigeantes du FC Barcelone en 1934, première femme à obtenir une position d'importance dans le football espagnol[58].
Dans la presse, en cette même année 1936, la journaliste María Luz Morales devient la première femme en Espagne à diriger un quotidien national, La Vanguardia de Barcelone[64].
Le 25 décembre 1936, en Catalogne, l'avortement est autorisé gratuitement jusqu'à douze semaines de grossesse, par un décret signé par le président Josep Tarradellas et publié officiellement le 9 janvier 1937 (Diari Oficial de la Generalitat de Catalunya, núm.9)[65].
La République ayant mis en place dès 1931 une avancée décisive et unique en Europe des droits des femmes[67] (droit à l'avortement, droit au divorce, droit de vote, éducation ouverte à toutes les filles, encouragement de la pratique sportive), elles sont nombreuses à rejoindre l'Armée de la République pour lutter contre le fascisme. Il est estimé que près de 2 000 femmes se battent sur le front[68], rejointes par 500 de leurs consœurs étrangères[69] au sein des Brigades internationales[70].
Certaines figures féminines de la guerre d'Espagne sont devenues des icônes internationales, comme la militaire Rosario Sánchez Mora dite La Dynamiteuse, engagée dans la fabrication des explosifs et immortalisée par le poème de Miguel HernándezRosario, dinamitera (1937)[73], ou encore la jeune Lina Òdena qui choisit de se suicider avec son arme pour ne pas tomber aux mains de la Phalange, alors qu'elle combat près de Grenade[74].
De nombreuses femmes militantes sont exécutées par les nationalistes, comme Ana París García, leader andalouse de l'UGT, condamnée à mort et tuée par le garrot en 1937 pour faire valeur d'exemple[80] ou la même année l'infirmière Anita Orejas, fusillée dans les Asturies[81].
L'un des grands symboles de cet engagement des femmes pour la liberté est le groupe Les Treize Roses, treize jeunes filles fusillées le 5 août 1939, après la guerre, par le régime franquiste à Madrid[82].
L'une des méthodes privilégiées par la répression franquiste contre les femmes fut de les raser, de les forcer à boire de l'huile de ricin[85], puis de les faire défiler dans les rues des villes et des villages pour les humilier[86] avant de les exécuter[87].
Les adolescentes ne sont pas épargnées dans le conflit : la jeune Maravillas Lamberto est violée à l'âge de 14 ans sous les yeux de son père et assassinée avec lui par les phalangistes[94] en Navarre[95].
Condition féminine sous le franquisme
Exil, résistance, déchéance et épuration
En 1939, à la fin de la guerre d'Espagne, de nombreuses femmes républicaines doivent s'exiler dans les autres pays d'Europe, notamment en France[96], ainsi qu'ailleurs dans le monde, notamment au Mexique[97] et aux États-Unis[98].
Dans leur exil, beaucoup contribuent à la vie politique, culturelle et académique des pays d'accueil, comme l'actrice Margarita Xirgu qui fonde l'EMAD, école de théâtre toujours en activité à Montevideo, en Uruguay[110].
Censure et répression franquiste contre les femmes
Pendant ce temps, dans le pays, les institutions féministes sont interdites à l'arrivée des nationalistes au pouvoir[111].
La Residencia de Señoritas est démantelée. Alors que le régime franquiste met en place la politique d'épuration contre les fonctionnaires fidèles à la République, sa directrice, María de Maeztu doit s'exiler. L'établissement rouvre, complètement transformé, le 15 février 1940 sous le nom de Colegio Mayor Santa Teresa de Jesús. Sous la direction de Matilde Marquina García, membre de la Section Féminine de la Phalange[112] (présente au lycée Isabel la Católica, dans les bâtiments de l'ancienne école progressiste de l'Instituto-Escuela[113]), l'établissement prohibe les idées favorables à l'émancipation des femmes[114].
Les femmes intellectuelles et scientifiques qui sont contraintes de rester dans le pays, comme Dolores Cebrián, pionnière dans le domaine des sciences, sont déchues de leurs titres universitaires et sont interdites d'exercer leur profession[117].
Les militantes sont arrêtées et torturées, comme Tomasa Cuevas dans le commissariat de la Via Laietana de Barcelone[118].
D'autres encore voient leurs recherches à l'étranger passées sous silence, comme Aurora Villa, importante scientifique dans le domaine de la chirurgie oculaire[122].
Place des femmes dans la société franquiste
Au cœur de l'Espagne franquiste, les valeurs sociales et juridiques espagnoles englobent un code moral et idéologique qui établit des normes rigides en matière de sexualité féminine, considérant la femme comme « éternelle mineure », placée sous la tutelle de son père puis sous celle de son époux[123] ; elle restreint aux femmes le droit de mener une carrière professionnelle, tout en honorant la femme au foyer, reléguée aux tâches ménagères et au rôle de procréatrice[124].
Le mariage civil sans mariage religieux est bien sûr interdit, et le divorce limité à des cas très graves. La contraception et l'avortement sont aussi interdits, une situation alors très courante en Europe (y compris en France). Le droit de vote des femmes est supprimé au début de la dictature et n'est rétabli qu'en 1961, les femmes ne retrouvant l'intégralité de leurs droits civiques issus de la Seconde République qu'à la mort de Franco, en 1975[125].
La loi franquiste est particulièrement discriminante envers les femmes mariées : sans l'approbation de son mari, c'est-à-dire sans autorisation maritale (permiso marital), il est interdit à une femme de travailler (principalement dans le domaine libéral, politique ou diplomatique), de posséder une propriété ou même de voyager à l'extérieur du pays. La loi prévoit également des définitions plus strictes pour les femmes que pour les hommes de « crimes » tels que l'adultère[126] et l'abandon du foyer[127].
Résistance intérieure des femmes contre le franquisme
La plupart des artistes républicaines, comme la danseuse Carmen Tórtola Valencia[130], mourront sous la dictature.
Dans le domaine des sports, la joueuse de football Conchi Sánchez est la première capitaine de la sélection féminine espagnole de football en 1971, équipe non reconnue du fait de la dictature. Elle doit s'exiler pour jouer en Italie, mais ouvre durablement la voie aux sportives professionnelles[131].
La loi organique 9/1985 du 5 juillet 1985 dépénalise l'avortement dans trois cas spécifiques : le viol (jusqu'à 12 semaines de grossesse), la malformation du fœtus (22 semaines) ou un éventuel «danger pour la santé physique ou psychique de la mère» (sans limitation de temps)[142].
Après avoir tranché une affaire en 1987, la Cour suprême juge qu'une victime de viol n'a pas besoin de prouver qu'elle s'est battue pour se défendre afin de vérifier la véracité de son allégation. Jusqu'à cette importante affaire judiciaire, il était généralement admis qu'une femme victime de viol, contrairement aux victimes d'autres crimes, devait démontrer qu'elle avait opposé une « résistance héroïque » afin de prouver qu'elle n'avait pas séduit le violeur ou ne l'avait pas encouragé d'une autre manière pour l'attaquer[143].
Ces dernières années, le rôle des femmes s'est ainsi largement accru en Espagne, notamment en politique mais aussi sur le marché du travail et dans d'autres domaines publics. De nouvelles lois ont officiellement éliminé toutes sortes de discrimination, et sont même perçues par certains comme une discrimination positive, mais une partie conservatrice de la société est toujours enracinée dans la culture machiste. Même ainsi, les femmes espagnoles se rapprochent rapidement de leurs homologues européennes et les jeunes générations perçoivent le machisme comme obsolète[144].
En 2018, les femmes en Espagne sont encore payées 13 % de moins dans le secteur public et 19 % de moins dans le secteur privé que leurs homologues masculins[145].
En 1992, la Cour suprême a statué que les relations sexuelles au sein du couple doivent être consenties. La loi interdit le viol, y compris le viol conjugal, la peine pouvant aller de six jusqu'à douze ans d'emprisonnement[148].
En 1997, le témoignage d'Ana Orantes (1937-1997), victime de violence conjugale, est présenté dans l'émission De tarde en tarde d'Irma Soriano, diffusé sur Canal Sur[149]. Ana Orantes est assassinée par son mari treize jours après son passage à la télévision dans des conditions atroces[150], ce qui a de grandes répercussions dans la société espagnole[151].
En 2004, la loi organique 1/2004, du 28 décembre 2004, sur les mesures de protection intégrale contre la violence de genre (Ley Orgánica 1/2004, de 28 de diciembre, de Medidas de Protección Integral contra la Violencia de Género) a été adoptée. Elle crée des tribunaux spécialisés, met en place un système informatique VioGèn de suivi et de protection des victimes au niveau national et impose le port du bracelet anti-rapprochement pour les auteurs de violences. Cette loi a divisé par deux le nombre de féminicides sur le territoire espagnol[152] ; en 2003, le pays dénombrait 71 féminicides contre 37, en 2020[153],[154].
Comme l'ensemble de la société après la dictature franquiste, l'organisation de la vie familiale a subi également des transformations majeures. La libéralisation du climat politique a permis une formation alternative de la famille. Au milieu des années 1990, la cohabitation en Espagne était encore décrite comme un phénomène «marginal», mais depuis les années 1990, la cohabitation a considérablement augmenté ; en 2015, 44,4 % des naissances étaient hors mariage. Les opinions sur la famille traditionnelle ont également changé. Selon une étude de l'European Values Study de 2008, le nombre d'Espagnols qui étaient d'accord avec l'affirmation selon laquelle « le mariage est une institution dépassée » était de 31,2 %. En 2005, l'Espagne a ainsi légalisé le mariage homosexuel[159].
Actuellement, l'Espagne a l'un des taux de natalité et de fécondité les plus faibles au monde, au point de gêner fortement les taux de remplacement de la population. Les familles à un ou deux enfants sont les plus courantes et l'âge des parents augmente. Seule l'immigration peut compenser une telle situation, en intégrant simultanément de nouvelles valeurs et de nouveaux modes de vie dans la société espagnole. En 2015, le taux de fécondité en Espagne était de 1,49 enfant/né par femme, ce qui est inférieur au taux de remplacement[160].
La militante Txus García reste l'une des personnalités les plus en vue sur le sujet de la place des femmes dans la société espagnole contemporaine[161].
En 1985, le droit d'accès à l'interruption volontaire de grossesse sera assoupli avec la loi organique 9/1985 du qui l'autorise dans trois cas spécifiques: le viol (jusqu'à 12 semaines de grossesse), la malformation du fœtus (22 semaines) ou un éventuel « danger pour la santé physique ou psychique de la mère » (sans limitation de temps)[142].
Depuis 2010, la loi espagnole autorise l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse et à 22 semaines, en cas de malformation du fœtus[167].
L'avortement reste un sujet très controversé en Espagne, mais les mesures régulières visant à le restreindre n'ont pas reçu le soutien de la majorité. Le , des milliers de personnes ont manifesté à Madrid, appelées par le mouvement El tren de la libertad à défendre la loi[168] et à protester contre la décision de modifier et de restreindre la loi du Parti populaire[169], exigeant la démission du ministre de la SantéAlberto Ruiz-Gallardón qui quitte finalement ses fonctions en démissionnant six mois plus tard[170].
Droit à la contraception
La pilule contraceptive a commencé à être commercialisée en Espagne en 1964 mais ne pouvait être délivrée que sur ordonnance et n'est officiellement autorisée que dans les traitements gynécologiques pour réguler le cycle menstruel. En 1975, on estime qu'un demi-million d'Espagnoles ont pris la pilule. En 1977, 8 millions de comprimés ont été vendus illégalement en Espagne selon les données de l'industrie pharmaceutique[171].
Législation
La légalisation des contraceptifs est l'un des points sociaux inclus dans les pactes de la Moncloa, signés le . Ainsi, le , les tribunaux constituants dépénalisent la vente, la diffusion et l'utilisation des contraceptifs[172].
Le taux de prévalence de la contraception chez les femmes augmente alors fortement, passant de 47,1 % en 1977 à 81,1 % en 1995. Il décroit ensuite, pour atteindre 62,1 % en 2018[173], tandis que le taux de fertilité a été divisé par deux sur la période 1977-2013[174]. La « pilule du lendemain », elle, est autorisée à la vente sans ordonnance en 2009, dans l'espoir de diminuer le nombre d'avortements qui ont doublé pendant la décennie précédente[175]. La place réduite de la pilule (22 %) face au préservatif masculin s'explique sans doute par la mauvaise réputation acquise par celle-ci lors de la propagande nataliste franquiste, qui l'accuse d'être à l’origine de cancers, d’anomalies génétiques, voire de décès[174].
Plus tard, à partir des années 1980, la psychologue Lorena Berdún (1973-) prodigue sur les canaux de télévision et de radio, des conseils en éducation sexuelle et libère, en particulier, la parole des femmes sur leur sexualité[178].
Dans le domaine des discriminations liées à l'aspect physique, la comédienne Itziar Castro devient dans les années 2000 l'une des porte-parole des femmes engagées contre la grossophobie[179].
L'évènement, très médiatisé, a pour but de dénoncer toute forme de discrimination et de violence faite à l'encontre des femmes, d'obtenir l'égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail et de faire reconnaître le rôle des femmes dans l'économie du pays[183].
Il s'agit de la représentation de femmes la plus élevée de ces quarante dernières années de démocratie et la première fois que la Chambre basse se conforme à la loi sur l'égalité. Pour la première fois, le Sénat espagnol dépasse également le taux de 40 % de femmes sénatrices, et 44 % après les élections du [186].
Jusque-là, selon les conclusions de l'Eurostat de la Commission européenne, la Suède, avec 46,4 % de femmes députées au Riksag, était le pays le plus égalitaire, suivie de la Finlande avec 41,5 % de femmes députées au Eduskunta et de la Norvège avec 40,8 % de femmes députées au Storting.
Quotas et parité en politique
En , lors du 31e congrès fédéral du Parti socialiste ouvrier espagnol, un système de quotas de représentation d'au moins 25 % de femmes a été approuvé pour toutes les instances dirigeantes du parti. Ceci est principalement dû au travail continu du secrétariat pour les femmes du PSOE, dirigé par Matilde Fernández, et au soutien de Felipe González[187].
La décision a été approuvée par le comité El papel del partido. Partido y sociedad, avec douze voix contre, une abstention et plus d'une centaine de voix en sa faveur. Alfonso Guerra a reconnu le travail nécessaire pour parvenir à ce quota, et particulièrement celui de Matilde Fernández, dirigeante du parti et secrétaire générale de la Fédération des industries chimiques et énergétiques de l'État-UGT[187].
« « Il n'y a pas de femmes capables » était un argument utilisé par l'UCD contre les socialistes, et il semble qu'ils se soient trompés[187]. »
Elle a aussi rappelé qu'il y avait 34 000 femmes au sein du parti et que l'organisation devait être ouverte à tous celles qui voulaient participer au projet socialiste[187].
Le mouvement gagne également le monde du cinéma espagnol, à l'occasion de la prestigieuse cérémonie des Goya[211].
Notes et références
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traduit en français par Marianne Enckell et Alain Thevenet, sous le titre La vie sera mille fois plus belle : Les Mujeres libres, les anarchistes espagnols et l'émancipation des femmes, Atelier de création libertaire, 2010, 256 p. (ISBN978-2351040379).
Gonzalo Berger et Tània Balló (trad. du catalan), Les Combattantes : L'histoire oubliée des miliciennes antifascistes dans la guerre d'Espagne, Paris/01-Péronnas, Syllepse, , 300 p. (ISBN979-10-399-0056-0).
Sergej Sjtsjoekin, portret 1915 door D. Melnikov Sergej Ivanovitsj Sjtsjoekin (Russisch: Серге́й Ива́нович Щу́кин) (Moskou, 27 mei 1854 – Parijs, 10 januari 1936) was een Russisch zakenman die vanaf 1897 kunst verzamelde. Zijn kunst bestond voornamelijk uit werken van Franse impressionisten, postimpressionisten en fauvisten. In totaal bezat hij 267 schilderijen.[1] Na de Russische Revolutie werd de collectie door het Sovjetregime geconfisqueerd. De werken werde...
Bagian dari seriKalvinismeYohanes Kalvin Latar Belakang Kekristenan Reformasi Protestan Protestantisme Teologi Teologi Yohanes Kalvin Teologi Perjanjian Pembaptisan Perjamuan Kudus Asas-Asas Regulatif Predestinasi Skolastisisme Teolog Hulderikus Zwingli Martinus Bucer Petrus Martir Vermigli Henrikus Bullinger Yohanes Kalvin Yohanes Knox Teodorus Beza Zacharias Ursinus Caspar Olevianus Guido de Bres Francis Turretin Jonathan Edwards Friedrich Schleiermacher Charles Hodge Herman Bavinck Karl Ba...
2012 shooter video game 2012 video gameDeep BlackDeveloper(s)BiartPublisher(s)505 GamesProducer(s)Konstantin PopovProgrammer(s)Eugene SolyanovArtist(s)Matthew CarofanoWriter(s)Rafael ChandlerComposer(s)Jeremy SoulePlatform(s)Microsoft Windows, PlayStation 3, Xbox 360ReleaseMicrosoft WindowsApril 18, 2012[1] Xbox 360 & PlayStation 3April 25, 2012Genre(s)Third-person shooter[2]Mode(s)Single-player Deep Black is a video game, developed by Biart and published by 505 Games for ...
Japanese OVA series This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Iczer Girl Iczelion – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (December 2020) (Learn how and when to remove this template message) IczelionIczelion (OAV)戦ー少女(イクサーガール) イクセリオン(Ikusā Gāru Ikuzerion) O...
This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) This article relies largely or entirely on a single source. Relevant discussion may be found on the talk page. Please help improve this article by introducing citations to additional sources.Find sources: Cocktales TV series – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (June 2016) The topic of t...
Масове вбивство в школі імені Владислава Рибникара Початкова школа імені Владислава РибникараМісце атаки Початкова школа ім. Владислава Рибникара, Крунський Венац, Врачар, Белград, СербіяКоординати 44°48′20″ пн. ш. 20°28′04″ сх. д. / 44.80555555558333225° пн. ш...
لمعانٍ أخرى، طالع بورتسموث (توضيح). بورتسموث الإحداثيات 41°36′N 71°15′W / 41.6°N 71.25°W / 41.6; -71.25 تاريخ التأسيس 7 مارس 1638 تقسيم إداري البلد الولايات المتحدة[1][2] التقسيم الأعلى مقاطعة نيوبورت خصائص جغرافية المساحة 59.3 ميل مربع ...
Susi Air IATA ICAO Kode panggil SI SQS SUSI AIR Didirikan2004Penghubung Bandar Udara APT Pranoto, Samarinda Bandar Udara Internasional Kualanamu , Medan Bandar Udara Internasional Halim Perdanakusuma, Jakarta Timur Bandar Udara Internasional Kertajati, Jawa Barat Bandar Udara Nusawiru, Pangandaran, Jawa Barat Bandar Udara Juwata , Tarakan, Kalimantan Utara Bandar Udara Internasional Karawang, Karawang, Jawa Barat Bandar Udara Robert Atty Bessing, Malinau, Kalimantan Utara Bandar Udara Syamsud...
Singapore Police unit 1°20′21.41″N 103°52′44.79″E / 1.3392806°N 103.8791083°E / 1.3392806; 103.8791083 Gurkha Contingent soldiers during the 117th IOC Session. The Gurkha Contingent (GC) is a line department of the Singapore Police Force (SPF) consisting primarily of Gurkhas from Nepal, recruited by the British Army with the purview of the Government of Singapore. The contingent's roles are as a special guard force and counter-terrorist force. History See a...
This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Young World – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (September 2021) (Learn how and when to remove this template message) This article is about the Pakistani children's newspaper. For the Ricky Nelson song, see Young World (song).For a Czech magazine, see...
2016 single by Indraadip Dasgupta featuring ShaanHarabo TokeCover of the song, featuring actors Shakib Khan and Srabanti Chatterjee.Single by Indraadip Dasgupta featuring Shaanfrom the album Shikari (Original Motion Picture Soundtrack) LanguageBengaliEnglish titleFlee with YouReleased16 June 2016 (2016-06-16) (Video)16 June 2016 (2016-06-16) (Single)Genre Soundtrack Latin World Length4:54Label Jaaz Music Eskay Music Composer(s)Indraadip DasguptaLyricist(s)(Prasen...
Pour les articles homonymes, voir Cerf (homonymie). Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus. Cet article d'une biographie doit être recyclé (28 juillet 2017). Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}. Jean-René Lecerf Jean-René Lecerf en 2009. Fonctions Président du conseil départemental du...
11th century Swiss castle Bernau CastleBurg BernauLeibstadt Bernau Castle around 1840Bernau CastleCoordinates47°35′43″N 8°10′20″E / 47.59528°N 8.17222°E / 47.59528; 8.17222Typehill castleCodeCH-AGSite informationConditionruinSite historyBuilt1157 Bernau Castle is a ruined castle in the municipality of Leibstadt in the canton of Aargau in Switzerland. It was mostly destroyed in a fire in July 1844 leaving only a few ruined walls still visible. History Bernau...
Politics of the Philippines Government Constitution of the Philippines Charter Change Laws Legal codes Taxation Executive President of the Philippines Bongbong Marcos (PFP) Vice President of the Philippines Sara Duterte (HNP) Cabinet (lists) Executive departments Local government Legislature Congress of the Philippines 19th Congress Senate President Migz Zubiri (Independent) House of Representatives Speaker Martin Romualdez (Lakas) Districts Party-list representation Bangsamoro Parliament Pro...
Song by Buddy Holly HeartbeatSingle by Buddy HollyB-sideWell... All RightReleasedNovember 5, 1958RecordedAugust 1958GenreRock and roll, pop rockLength2:11LabelCoral RecordsSongwriter(s)Bob Montgomery, Norman PettyProducer(s)Norman PettyBuddy Holly singles chronology Early in the Morning (1958) Heartbeat (1958) It Doesn't Matter Anymore (1958) Heartbeat is a rockabilly song originally recorded by Bob Montgomery and credited to Norman Petty. It was recorded most famously by Buddy Holly in 1958....
Bebe RexhaRexha in 2019Background informationBirth nameBleta RexhaBorn (1989-08-30) 30 August 1989 (age 34)Brooklyn, New York, U.S.GenresPopR&Belectronic danceThriftSangstersangwriterrecord producerInstrumentsVocalsYears active2010–presentLabelsWarner Bros.DCD2Island Def JamAssociate actsG-EazyBlack CardsLauren ChristyWabsteidbeberexha.com Bleta Bebe Rexha (Albanian pronunciation: [ˈblɛta ˈɾɛdʒa]; born August 30, 1989) is an American sangster, sangwriter, an record produ...