Au début de 1926, elle participe à la fondation de Parti communiste ouvrier (PCO) qui publie le journal La Chispa, « l'étincelle ». ce pourquoi les membres de ce groupe trotskyste dissout en 1929, sont connus sous l'étiquette de « chispistas »[2].
Elle se rend ensuite en Patagonie argentine pour collecter des témoignages de première main sur les massacres commis par l'armée durant ce que l'on a nommé Patagonie rebelle concernant les luttes menées entre 1920 et 1921 par des travailleurs et paysans insurgés, principalement anarcho-syndicalistes, dans la province de Santa Cruz.
En 1930[4], le couple se rend en Europe, en juin d'abord dans l'Espagne de la toute nouvelle Seconde République, puis en France. En , elle est à Berlin et assiste à la prise du pouvoir par les nazis, constatant « la tragédie du prolétariat allemand »[2].
De retour à Paris en , elle participe avec son compagnon à la fondation de la revue communiste anti-stalinienne Que faire ?[2].
Après avoir songé un moment à se suicider et malgré les difficultés à se faire accepter comme femme combattante sur le front, elle est finalement élue responsable de sa compagnie par ses camarades. Fin 1936, après la militarisation des milices, elle rejoint la 38e brigade. Sa compagnie décimée dans de violents combats, elle intègre comme officier, avec le grade de capitaine, la XIVe division de l'Armée populaire espagnole (fondée le ) et dirigée par l'anarchiste Cipriano Mera, également dirigeant de la CNT[5].
Selon Édouard Waintrop : « Ce sont les combats et l'attitude de Mika qui feront d'elle, sans qu'elle le revendique, sans même qu'elle le veuille, le chef naturel, avec le grade de capitaine, de cette escouade de durs, un anarchiste marseillais et des Estrémègnes (d'Estrémadure), des mômes et des vieillards, des paysans et des ouvriers. Elle a gagné l'estime de tous en devenant une femme d'acier. Encore faut-il s'entendre sur ce terme. Être une femme d'acier, pour Mika, ce n'est pas cacher ses sentiments, sa compassion, c'est seulement ne pas céder à certaines pulsions sexuelles. »[4]
Lors des journées de mai 1937 à Barcelone, elle est arrêtée sur le front à Guadalajara par des agents staliniens. Incarcérée à Madrid, elle ne doit sa libération qu'à l'intervention personnelle de Cipriano Mera[6]. À sa sortie de prison, elle rejoint le groupe féministe libertaire, Mujeres Libres[2]. Elle participe aux combats jusqu'en , lorsque les femmes sont renvoyées vers l'arrière[5].
Elle donne des cours d'alphabétisation et de formation culturelle dans un hôpital de Madrid tenu par la Confédération nationale du travail (CNT) tout en continuant de participer aux activités des Mujeres Libres[2]. Le , après la chute de Madrid, et grâce à son passeport français, elle se réfugie dans l'école française pendant six mois avant de rejoindre Paris.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en raison de son origine juive, elle se réfugie dans sa famille en Argentine[4].
Ma guerre d'Espagne à moi
À la mi-1946, elle rentre en France, où elle gagne sa vie comme traductrice à Air France[4].
Elle participe à la fondation du Cercle Zimmerwald.
Pendant les événements de Mai 1968, à 66 ans, elle distribue des gants blancs aux jeunes étudiants qui dépavent les rues pour construire des barricades, afin qu'ils ne se fassent pas interpeller par la police lors des contrôles, du fait de leurs mains noircies par la poussière[2].
Elle est l'autrice en français d'une autobiographie, Ma guerre d'Espagne à moi, où elle raconte ce qui se passe jour après jour sur le champ de bataille et dans la tête des combattants[4]. Publié en 1976 chez Denoël, dans la collection des « Dossiers des Lettres Nouvelles », traduit en espagnol l'année suivante, le livre est réédité chez Actes Sud en 1999 dans la collection « Babel Révolutions » et enfin réédité en 2014 chez Milena.
Claude Guillon, Ma Guerre d’Espagne à moi de Mika Etchebéhère : « Pour une révolution, c’est une révolution ! », Bibliothèque D'une révolution l'autre, , texte intégral.
Juan Rústico (pseudonyme de Hippolyte Etchebéhère), 1933, la tragédie du prolétariat allemand, Éditions Spartacus, 2003.
Mary Low, Carnets de la guerre d'Espagne, Éditions Verticales, Paris, 1997, pp. 178-180.
(es) Luis Portela, Mika Etchebéhère : una heroica y desconocida combatiente de nuestra guerra civil, Historia y Vida, .
Cynthia Gabbay, Identidad, género y prácticas anarquistas en las memorias de Micaela Feldman y Etchebéhère, Forma. Revista d'estudis comparatius. Art, literatura, pensament, nº 14, Barcelone, 2016, p. 35–57.(lire en ligne)
Cynthia Gabbay, (Jewish) Women’s Narratives of Caring and Medical Practices during the Spanish Civil War, Nashim: A Journal of Jewish Women’s Studies and Gender Issues, Special Issue 36: Jewish women medical practitioners in Europe before, during and after the Holocaust, Indiana University Press, Printemps 2020, p. 205-233, (lire en ligne)
Cynthia Gabbay, El onceavo mandamiento: memoria del fuego en la literatura judía y feminista de la guerra civil española, (Eds.) Emmanuel Kahan, Ariel Raber, y Wanda Wechsler (NEJ, IDES), Hacer Patria. Estudios sobre la vida judía en Argentina, Buenos Aires: Teseo, 2020, 31-67. (ISBN9789878654430), publié aussi dans Mozaika Magazine, Barcelone, 5 novembre 2020 (lire en ligne)
Cynthia Gabbay, Babilonia y Revolución en España: Prácticas de escritura cosmopolita de una miliciana/ Mika Feldman Etchebehere, (Eds.) Julia Kölbl, Iryna Orlova et Michaela Wolf, ¿Pasarán? Kommunikation im Spanischen Bürgerkrieg. Interacting in the Spanish Civil War, Vienna: New Academic Press, 2020, 82-99. (ISBN978-3-7003-2179-8)
Cynthia Gabbay, “Iterología de Micaela Feldman/Etchebehere tras la guerra civil española: entre el insilio melancólico y el exilio de imaginación cosmopolita”, Claudia Nickel et Diego Santos Sánchez (Eds.), Women in Exile: Female Literary Networks of the 1939 Republican Exile, Volume Spécial du Journal of Spanish Cultural Studies 23(1), 2022, 51-70, https://doi.org/10.1080/14636204.2022.2033430.
Cynthia Gabbay, “Genética de Mi guerra de España: una matriz multilingüe para revolucionar la trinchera”, Ed. Javier Sánchez Zapatero, Literatura universal y guerra civil española, Granada: Comares, 2023, 141-159, sous presse.
(en) Mika Etchebéhère, in De los anarquistas a la “nueva izquierda” (1870-1976), Diccionario biográfico de la izquierda argentina, Emecé, 2007, pp. 207–209.
↑Claude Guillon, Ma Guerre d’Espagne à moi de Mika Etchebéhère : « Pour une révolution, c’est une révolution ! », Bibliothèque D'une révolution l'autre, 8 juillet 2014, texte intégral.