Au fil du temps, les frontières du comté de Nice ont quelque peu évolué[8]. Il correspond aujourd'hui à peu près à l'arrondissement de Nice, dans le département des Alpes-Maritimes, et reste une région culturelle désignée sous le nom de Pays niçois.
En 1380, la comtesse Jeanne Ire de Naples (1348-1382) — mieux connue sous le nom de reine Jeanne —, sans enfants, adopte Louis d'Anjou, le frère du roi de FranceCharles V. Le duc Charles de Duras (ou Durazzo), cousin de Louis, mène alors l'Union d'Aix, le parti provençal anti-angevin, et assassine Jeanne, entraînant une guerre de succession qui se terminera par la victoire du parti d'Anjou. Prenant avantage des troubles, le comte de Savoie Amédée VIIle Rouge, qui souhaite avoir un accès vers la mer, négocie avec Jean Grimaldi de Beuil. Celui-ci, baron de Beuil, gouverneur de Nice et sénéchal, a en effet la volonté de soustraire à la suzeraineté du comté de Provence sa partie orientale située en rive gauche du Var et de l'Estéron.
Pour sa part, le comte de Savoie voit dans la réalisation d'une dédition de Nice à la Savoie l'occasion d'élargir ses terres avec un débouché sur la mer Méditerranée. Sous l'influence de Jean Grimaldi de Beuil, qui commande la garnison de Nice, les Niçois se soumettent en échange de protections face au pro-angevins. L'accord est scellé à l'abbaye Saint-Pons le , suivant lequel la ville de Nice et sa viguerie, la viguerie de Puget-Théniers et les vallées du Haut-Var[9] (hormis Guillaumes), du Cians (avec Beuil), de la Tinée et de la Vésubie sont incorporées aux États de Savoie. Division qui englobera aussi la vallée de l'Ubaye. Au total, la nouvelle entité rassemble quatre vigueries : celle de Nice, celle du val de Lantosque, celle de Puget-Théniers et celle de Barcelonnette. En 1388 la commune de Nice se détache de la Ligurie pour être mise sous la protection des comtes de Savoie guidé par Amédée VII de Savoie : « au pacte que jamais la ville ne sera livrée aux Français ».
Le comté de Savoie est à l'époque un État puissant, doté d'une importante force armée, prospère et bien administré, contrairement à la Provence. Avec l'accord des populations, l'armée savoyarde s'installe alors dans ces terres neuves et Nice en devient la capitale sous l'autorité civile et militaire d'un gouverneur savoyard. En 1388, cette prise de possession de Nice par la maison de Savoie n'est faite qu'à titre provisoire. Elle est confirmée en décembre 1391 quand les syndics de Nice firent hommage et prêtèrent serment de fidélité au représentant du comte de Savoie. Si les descendants de Charles de Duras renoncent à protester contre cette annexion, il n'en est pas de même pour la maison d'Anjou. Ce n'est qu'en 1419 que la veuve de Louis II d'Anjou, la reine Yolande, renonce au nom de son fils, Louis III, à ses droits sur Nice. La même année Sigismond de Luxembourg ratifie la cession du comté à la maison de Savoie en tant que fief impérial du Saint-Empire romain germanique.
Les grands féodaux, à l'exception de quelques familles : les Grimaldi, les Berre, les Lascaris, émigrent sur la rive droite du Var, de façon à rester provençaux. Quoique située sur la rive droite, Gattières sera aussi arrachée à la Provence à la même époque. Amédée VII lance la création d'une nouvelle noblesse, qui se développera surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles, et Jean Grimaldi reçoit une vingtaine de fiefs en reconnaissance de son action.
Monaco, alors génoise, mais détenue par les Grimaldi depuis 1297 se voit reconnaître son indépendance en 1489, par le roi de France et le duc de Savoie. Entre-temps, dans le reste de la Provence, le roi René s'avère être également le roi dont la faiblesse fait tomber la Provence entre les mains des rois de France. En effet, Louis XI lui fait comprendre que son héritage lui conviendrait. Le roi déshérite son successeur naturel, René II de Lorraine, au profit de Charles V d'Anjou. En 1481 ce dernier, sans successeur, est disposé à donner ses terres à Louis XI qui remporte ainsi une grande victoire sans aucune bataille. Louis XI s'empare donc de la Provence en 1481 qui devient définitivement française.
Époque moderne (XVe siècle - XVIIIe siècle)
Au XVIe siècle, les rois de France Charles VIII, Louis XII et François Ier) dirigent des guerres en Italie. René de Savoie, seigneur de Villeneuve-Loubet, se marie en 1498 avec Anne Lascaris, comtesse de Tende. Il appuie les intérêts du roi de France Louis XII pendant qu'il rétablit le son autorité sur Gênes. Il va s'appuyer sur Georges Grimaldi, baron de Beuil, et Jean Grimaldi, seigneur de Levens. Georges Grimaldi refuse l'hommage au duc de Savoie et se propose de livrer Nice au roi de France. Le complot des Grimaldi ayant été dénoncé au duc de Savoie, ce dernier entre dans la Ligue de Cambrai pour se faire un allié de Louis XII. Il fait alors un procès à Georges Grimaldi qui se retire dans son château où il est finalement assassiné par son valet de chambre, le . Le seigneur de Levens trouve refuge en Provence. Après avoir été banni à perpétuité, il obtiendra sa grâce en 1515 à la demande du roi de France, François Ier. Louis XII ne réussit pas à s'emparer du comté de Nice. Après la mort de Louis XII, François d'Angoulême devient roi de France sous le nom de François Ier. Il est le neveu de René de Savoie qu'il nomme gouverneur de Provence, le , grand maître de France et grand-amiral de Méditerranée. Il rejoint le roi pour participer à la bataille de Marignan. Le retour de troupes d'Italie par le comté de Nice entraîne des dégâts importants à Sospel et à Beuil à leur passage.
En 1519, Charles Quint est élu empereur. Le connétable de Bourbon trahit le roi de France et passe au service de Charles Quint qui le nomme général de ses armées du midi. Charles II de Savoie, malgré le traité de Lyon signé avec François Ier, le , s'allie avec Charles Quint. Le , les troupes, comprenant 22 000 hommes, commandées par le connétable de Bourbon arrivent à Nice après être passées par le col de Tende. Elles campent dans la plaine du Var. L'armée passe le Var, arrive à Draguignan le , et campe devant Marseille le . L'arrivée des troupes commandées par François Ier et Anne de Montmorency l'obligent à quitter Marseille le , à repasser le Var le . Le , c'est le connétable de Montmorency qui est devant Nice. Mais le connétable poursuit sa route pour aller rejoindre le roi en Italie où la campagne s'achève par la bataille de Pavie et la défaite des troupes françaises[10].
En 1543, Nice est assiégée par les troupes françaises du comte d'Enghien et la flotte ottomane de Khayr ad-Din Barberousse, le bey de Tunis, résultat de l'alliance de François Ier et de Soliman le Magnifique contre l'empereur Charles Quint. La ville est prise après vingt jours, mais à la suite de la résistance des derniers défenseurs du château, la flotte se retire. C'est là que se place l'épisode légendaire de Caterina Segurana. Le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie, en 1614, fait de Nice un port franc et y établit un sénat. La révolte du comte de Beuil est arrêtée en 1621. Le comté de Nice connaît la stabilité, contrairement à la partie orientale de la Provence où les révoltes sont fréquentes. S'inspirant du modèle des intendants des généralités établis en France, les ducs de Savoie vont établir des intendants généraux dans les différents provinces de leur État. Pour le comté de Nice, le premier texte citant un intendant général de Nice apparaît en 1689 dans des instructions de la Chambre des comptes adressées au chevalier Louis Morozzo nommé à l'intendance de Nice le [11]. Cependant, la guerre entre la France et la Savoie reprend au cours du XVIIe siècle, et le comté de Nice est occupé par la France de 1691 à 1697 et de 1707 à 1713.
En 1713, le traité d'Utrecht détache la vallée de l'Ubaye du comté de Nice et donc de la Savoie en faveur du royaume de France en compensation de la perte de vallées alpines du Piémont. Administrativement, la vallée de l'Ubaye fut rattachée à la Provence.
L'armée du Midi de la jeune République française menée par le général d'Anselme entre dans Nice le . Le , la Convention nationale« déclare au nom du peuple français, qu'elle accepte le vœu librement émis par le peuple souverain du ci-devant comté de Nice dans ses assemblées primaires, & décrète en conséquence que le ci-devant comté de Nice fait partie intégrante de la République française ». Le , elle décrète que « le ci-devant comté de Nice, réuni à la République française, formera provisoirement un quatre-vingt-cinquième département, sous la dénomination des Alpes-Maritimes »[12], que ce département, dont « le chef-lieu (…) sera la ville de Nice »[13], « aura le Var pour limite à l'occident » et « comprendra toutes les communes qui sont à la rive gauche de ce fleuve, & tout le territoire qui composait l'ancien comté de Nice »[14]. Le , elle décrète que « la ci-devant principauté de Monaco est réunie au territoire de la République (française), & fait partie du département des Alpes-Maritimes ».
Les Barbets, des contre-révolutionnaires, luttent contre l'occupation française dans le Haut Pays niçois. Près de Duranus, le « Saut des Français » garde le souvenir de soldats français qui ont été jetés dans le vide au-dessus de la Vésubie. Durant le Premier Empire, le préfet Dubouchage œuvre au développement de Nice, avec l'aide des notables de la cité.
Par la signature du traité de Paris, le 10 mai 1796, le Comté de Nice et la Savoie sont officiellement cédés par le royaume de Sardaigne[réf. nécessaire]. Du 9 mai au 29 mai 1800, à la suite de revers français subis face aux Autrichiens en Italie durant la Deuxieme Coalition, Nice et son arrière-pays repassent, pour vingt jours, sous autorité sarde[réf. nécessaire].
Restauration sarde
Le comté revient, le , sous le contrôle du roi de Sardaigne Victor-Emmanuel Ier (1759-1824).
La publication de l'édit royal du de Victor-Emmanuel Ier qui procède à la réorganisation administrative du royaume de Sardaigne, aboutit à la disparition de la dénomination « comté de Nice » au profit de la « province de Nice »[15]. Celle-ci forme avec deux autres provinces, celles d'Oneille et de Sanremo, la division de Nice[15]. L'ajout de ces deux provinces à la province de Nice est destiné à compenser s'il se pouvait l'influence de Gênes, annexée au royaume en 1815. Par ailleurs, après l'annexion de la république de Gênes, l'ancien marquisat de Dolceacqua a été retranché du comté de Nice (avec Pigna et Seborga) et rattaché aux nouvelles provinces ligures[15]. La principauté de Monaco, dont les princes ont été restaurés dans leurs anciens droits en 1814, passe du protectorat français au protectorat sarde en 1815 ; ses habitants ne sont plus que des demi-étrangers pour les habitants du comté de Nice. Menton et Roquebrune se révoltent du reste contre leur prince en 1848 et deviennent des Villes libres administrées en fait par la maison de Savoie ; ces deux villes voteront avec le reste du comté de Nice lors du plébiscite de 1860 et seront annexées par la France en même temps que lui, puis rachetées par le Second Empire.
Le , Napoléon III et Victor-Emmanuel II signent le traité de Turin, qui prévoit l'annexion de Nice à la France en échange d'une aide de Napoléon III contre les Autrichiens et d'une assistance à Victor-Emmanuel II dans son désir d'unifier l'Italie. Un plébiscite est organisé. Le circondario di Nizza devient français. Divisé en un arrondissement de Nice et un arrondissement de Puget-Théniers, et augmenté de l'arrondissement de Grasse détaché du département du Var, il forme dorénavant le nouveau département des Alpes-Maritimes. Le , les troupes impériales françaises entrent dans Nice et l'annexion est célébrée. Le traité de Turin conserve dans le giron italien les communes de Tende et de La Brigue ainsi que plusieurs hameaux, dont Mollières et Morignole, car constituant des réserves de chasse favorites du roi Victor-Emmanuel II (quoiqu'on ait également suspecté des objectifs militaires, la nouvelle frontière étant difficilement défendable par la France). Toutes ces localités finiront par devenir françaises à l'issue de la Seconde Guerre mondiale par le traité de Paris (1947), dernier ajout majeur au territoire national français et au département des Alpes-Maritimes. En 1926, l'arrondissement de Puget-Théniers est supprimé à des fins économiques, et réuni à celui de Nice.
Du fait de l'annexion, toute forme d'enseignement supérieur disparaît à Nice après 1860, et il faudra attendre le XXe siècle pour que soit créée ce qui deviendra en 1965 l'université de Nice. De plus, la cour d'appel de Nice est supprimée. Des mouvements culturels et politiques de type régionaliste ou nationaliste militent pour une reconnaissance officielle de la spécificité culturelle du Pays niçois.
Après la dédition de Nice à la Savoie, le territoire nouvellement soumis à l'autorité de la maison de Savoie est parfois désigné sous le nom de « Terres neuves de Provence ». Celles-ci auraient pris le nom de « comté de Nice » en 1526, dans les actes de la chancellerie de Savoie[2]. L'expression « comté de Nice » est néanmoins mentionnée dès 1422 dans un acte du vice-gouverneur de Nice appelant « la commune de Nice et celles du comté » à envoyer des délégués auprès du gouverneur[18]. En 1474, le terme est également utilisé par Yolande de France, régente du duché de Savoie, dans deux de ses lettres interdisant que des blés soient exportés du « comté de Nice »[18]. Le comté est un des fiefs impériaux du Saint-Empire romain germanique même si le terme « comté » a alors plus un sens administratif que féodal. C'est à peu près à cette époque que le blason de Nice apparaît sous l'égide des comtes de Savoie : il apparaît une première fois en 1502. Cependant, d'après Henri Costamagna de l'université de Nice, le terme de comté serait apparu dès 1422 et aurait été utilisé « avec une certaine constance » à partir de la fin du XVe siècle puis officialisé en 1574[19].
La maison de Savoie n’a pas, dans les premiers temps, désigné uniformément les territoires qu'elle avait acquis en 1388. Ainsi, selon l'historien Laurent Ripart, l'expression « Terres de Provence » ne fut pas employée avant le XVIe siècle (bien que cela soit contredit par la conclusion du Compendion de l'Abaco, premier livre imprimé en occitan[20], qui en 1492 précise avoir été écrit par « Frances Pellos, citadin de Nisa […] Laqual es cap de Terra Nova de Provensa »[21]). Auparavant, de longues périphrases étaient utilisées, comme « la cité de Nice et les terres adjacentes de Provence »[22]. À partir du XVe siècle, ce qui n’étaient que les « terres savoyardes de la Provence orientale » évoluent en une patria, c'est-à-dire une province dont la cohérence est assurée par la domination territoriale de la ville de Nice[22]. Le comté de Nice a donc uni des territoires — ceux qui ne faisaient pas partie de la viguerie de Nice — qui n'étaient pas auparavant tournés vers Nice, aboutissant à un « pays niçois »[22].
En 1921, l'arrondissement de Nice comptait 50 communes, et celui de Puget-Théniers 48 communes[24].
Géographie
Le territoire du comté de Nice correspond à peu près à l'actuel arrondissement de Nice dans le département des Alpes-Maritimes. Ainsi, le comté de Nice comporte une côte étroite, d'une trentaine de kilomètres de long (en excluant les littoraux de Monaco, Menton et Roquebrune, ces deux dernières villes n'ayant jamais fait partie du comté de Nice) et les vallées du Var, de l'Estéron, de la Tinée, du Paillon, de la Vésubie, de la Bévéra et de la haute Roya, jusqu'à la ligne alpine de partage des eaux, laquelle sépare le comté du domaine piémontais. Toutefois, le comté de Nice est considéré par les géographes italiens comme faisant partie de la région géographique italienne dont le fleuve du Var est la frontière occidentale[25].
La ville principale du comté a toujours été Nice, centre à vocation marchande qui fut en mesure de se distinguer des petites villes et villages de la côte et de l'intérieur des terres, depuis le début du Moyen Âge.
Démographie
La population du territoire correspondant à l'ancien comté vit essentiellement à Nice et sur le front de mer. Dans l'arrière-pays, on remarque cependant les municipalités de Contes, Tourrette-Levens, Levens, Sospel, l'Escarène et Breil-sur-Roya. Selon le recensement de 2015, 12 communes dépassent 3 500 habitants. Elles sont reprises dans le tableau ci-dessous.
Le Var jaillit à Estenc, hameau de la commune d'Entraunes. Source située à une altitude de 1 790 mètres, au sud du col de la Cayolle (2 326 m) dans les Alpes-Maritimes. Son parcours de 114 kilomètres[26] s'achève dans la mer Méditerranée entre Nice et Saint-Laurent-du-Var. Il est à noter que le Var est le seul fleuve qui ne traverse plus le département français qui porte son nom. D'autre part, une partie de son cours aval servait de frontière avec la Provence.
Le niveau du cours d'eau est habituellement bas, 50 à 100 m3/s en règle générale, mais il est réputé pour ses crues soudaines et importantes, son débit monte alors en quelques heures à 1 000 m3/s, atteint 3 500 m3/s en crue centennale et jusqu'à 5 000 m3/s en crue millennale. Sa dernière crue importante eut lieu le . Le module du fleuve à Nice est de 49,4 m3/s.
Roya
La Roya (en royasque, brigasque ou intémélien, Röia/Ròia) est un fleuve côtier qui prend sa source en France au col de Tende, dans le département des Alpes-Maritimes et rejoint la mer Méditerranée en Italie à Vintimille. Sur une longueur totale de 60 km, seuls les quinze derniers kilomètres se trouvent en Italie, à proximité de Vintimille. Ses principaux affluents sont en rive gauche la Lévenza, le vallon de la Bendola, vallon de Caïné, Carleva, Fanghetto et en rive droite le torrent de Bieugne, Caïros, la Lavina et la Bévéra. La longueur référencée en France est de 40,1 km[27]. Longueur totale de 62,25 km, débit moyen de 10 m3/s en crue jusqu'à 1 300 m3/s.
La Tinée (Tinea, en occitan niçois), principal affluent du Var en rive gauche, a une longueur de 69,9 kilomètres. Elle prend sa source à 2 702 m dans le nord du massif du Mercantour-Argentera, en contrebas de la cime des Trois Serrières, et rejoint ensuite le Var, au niveau des gorges de la Mescla, sur les communes de Tournefort et d'Utelle. Elle dessert principalement les communes de Saint-Étienne-de-Tinée, Isola, Saint-Sauveur-sur-Tinée, Clans et Utelle. Son bassin couvre une superficie de 743 kilomètres carrés.
Culture
Drapeau et blason
Le drapeau du comté de Nice correspond aux armoiries ainsi décrites : « D'argent à l'aigle couronnée de gueules au vol abaissé, empiétant une montagne de trois coupeaux de sinople issant d'une mer d'azur mouvant de la pointe et ondée d'argent ».
Dans sa Notice historique sur les blasons des anciennes provinces de France (1941), Jacques Meurgey, en soulignant que le comté n’a jamais possédé des armoiries spécifiques, attribua celles de la ville à toute la province, « D'argent à l'aigle essorante sur une montagne de sable », d’après Bara, Blason des Armoiries, Paris (1628). La mer est une addition récente.
Langues
La langue historique du comté de Nice constitue au départ une forme de l'ancien provençal, avec toutefois une influence du ligure dans la vallée de la Roya. La dédition de 1388 a pour conséquence la différenciation progressive de langue parlée dans le comté par rapport à celle parlée en Provence[28]. Contrairement au provençal qui évolue (exemple : utilisation de -ien au lieu de -ioun en dialecte maritime ou l'utilisation du -o atone qui remplace le -a final du féminin), elle conserve les traits archaïques de l'ancien occitan tout en recevant une influence des parlers italiens voisins[28] (exemple : utilisation du double -s- dans Nissa au lieu de Niça provenant de Nicaea, qui est une autre forme de la forme italianisante Nicaea en Nizza).
Il existe des différences linguistiques entre les territoires du comté de Nice : si la langue reste plus proche de l'ancien provençal dans le haut et moyen pays, ce qui donne naissance au gavot, elle entame en revanche une évolution plus discernable à Nice et dans ses environs pour aboutir au niçois d'aujourd'hui[29].
Le , le duc de Savoie Emmanuel-Philibert Ier signe l'édit de Rivoli par lequel l’italien remplace le latin comme langue pour la rédaction des actes officiels[30],[31]. Néanmoins certaines communes de l'arrière-pays comme Puget-Théniers et Contes continuent à utiliser l'ancien provençal pour rédiger leurs comptes jusqu'au début du XVIIe siècle[29]. En 1860, la population était majoritairement bilingue, italo-niçoise, et 85 % des habitants savaient parler l'italien en seconde langue, et 8 % avaient l'italien comme langue maternelle, mais ce pourcentage ira diminuant dans les décennies suivantes. Le français était surtout parlé par les élites urbaines et l'aristocratie locale par moins de 5 % des habitants : il était alors compris par peut-être moins d’un tiers des gens, mais le gros de la population, au moins 80 %, surtout rurale à l'époque, parlait l'une des langues locales : variantes du niçois, mentonasque, royasque, etc. Le français commencera à s'imposer avec la scolarisation obligatoire, à partir de 1880, avec la loi de Jules Ferry, ce qui débouchera à un certain déclin des langues locales et surtout celui de l'italien, aggravé par l’exode niçois.
Traditions
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La danse la plus représentative du comté est la farandole et ses variantes : brandi, mourisca (ou mauresque), passa cariera (passe-rue). Filles et garçons dansaient dans les rues et sur les places, le jour de la fête patronale du village, au son du fifre et du tambour, parfois du violon ou de la vielle à roue.
↑Paul Castéla, Nice, une capitale historique, Éditions Gilletta-Nice-Matin, , 567 p., p. 17.
↑ a et bPaolo Casana Testore dans Rosine Cleyet-Michaud (dir.), 1388, la dédition de Nice à la Savoie : actes du Colloque international de Nice, Publications de la Sorbonne, Paris, 1990 (ISBN978-2859441999), p. 246 [lire en ligne].
↑Comté alors réduit aux seuls districts de Tende, La Brigue, Castellaro, Saorge, Breil, Pigna, Rocchetta, Prelà, Gorbio, Castiglione, Limone Piemonte, Vernante, et sur la mer, Roccabruna, Sant'Agnese et Bussana, ainsi qu’une partie du val de Lantosque. La ville de Vintimille fait alors partie de la république de Gênes.
↑La viguerie de Barcelonnette se place sous la protection du comte de Savoie dès 1385. Les communautés de la vallée de l'Ubaye sont rattachées administrativement au Comté de Nice, en 1388, lors de la dédition de Nice à la Savoie. Elles seront cédées à la France au traité d'Utrecht, en 1713, tout comme la communauté du Mas, de la haute vallée de l'Estéron.
↑« Une communauté aux libertés communales confirmées en 1388 par la maison de Savoie » dans la rubrique Histoire de la commune d'Entraunes : « Le 14 novembre 1388, au château de Péone, les représentants des communautés des Entraunes obtinrent confirmation, dans la nouvelle Charte du val d'Entraunes de leurs libertés communales comme de la propriété de leurs biens de la part de Jean Grimaldi de Beuil, baron de Beuil, gouverneur de Nice et représentant officiel du nouveau suzerain avec qui il a négocié la dédition de Nice à la Savoie. »
↑Abbé E. Tisserand, Histoire civile et religieuse de la cité de Nice et du département des Alpes-Maritimes, Tome 2, Librairies Visconti et Delbecchi, Nice, 1862 (lire en ligne).
↑Henri Costamagna, « L'intendance de Nice et ses crises (1688-1722) », p. 17-27, Les cahiers de la Méditerranée, 2007 Lire en ligne.
↑Décret du 4 février 1793, portant que le ci-devant comté de Nice formera un département, sous la dénomination des Alpes-Maritimes, article 1er.
↑Décret du 4 février 1793, portant que le ci-devant comté de Nice formera un département, sous la dénomination des Alpes-Maritimes, article 3.
↑Décret du 4 février 1793, portant que le ci-devant comté de Nice formera un département, sous la dénomination des Alpes-Maritimes, article 2.
↑ abc et dAlain Ruggiero, La population du comté de Nice de 1693 à 1939, Nice, Serre Éditeur, coll. « Actual », , 443 p. (ISBN978-2-86410-342-4, lire en ligne), p. 30-31.
↑Vincenzo Aliberti, Rivista amministrativa del Regno giornale ufficiale delle amministrazioni centrali, e provinciali, dei comuni e degli istituti di beneficenza, Volume 10, Società editrice Rivista amministrativa del regno, Aliberti & c., 1859, p. 767 (lire en ligne).
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↑Frances Pellos, citoyen de Nice […] Laquelle est chef-[lieu] de Terre-Neuve de Provence.
↑ ab et cLaurent Ripart, « Nice et l'État savoyard, aux sources d'une puissante identité régionale » dans Jérôme Magail et Jean-Marc Giaume (dir.), op. cit., p. 13-17.
↑Parmakoma : carte du pays niçois depuis la province de Nice (au sein de la division de Nice, 1847) jusqu'à l'actuel arrondissement départemental.
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↑(it) L'Enciclopedia Geografica, Vol. I, Italia, De Agostini Ed., 2004, p. 78.
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Voir aussi
Bibliographie
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Jean-Pierre Fouchy, Et Nice devient le port de la Savoie, Alandis Éditions, 2008, 258 p.
Collectif, sous la direction de Michel Foussard, avec la collaboration de Jean-Loup Fontana, L’Orgue italien, guide pratique pour le comté de Nice, Nice, Art et Culture des Alpes-maritimes (ACAM),, , 158 p. (ISBN2-906700-09-6)
Cahiers des Alpes-maritimes no 7 de la Conservation départementale du patrimoine, Presses d’Imprimix Nice
Luc F. Thevenon, Frontières du comté de Nice : à la recherche des bornes perdues sur l'ancienne limite des royaumes de France et de Piémont-Sardaigne, Serre éditeur, Nice, 2005 (ISBN2-86410-429-6) ; p. 135 (extrait).
Anne Brogini, « Entre France et Espagne, les crises dans le comté de Nice au XVIe siècle », p. 1-6, Cahiers de la Méditerranée, 2007, no 74, lire en ligne.
Université de Nice-Sophia Antipolis, Centre Histoire du droit, Les Alpes Maritimes et la Frontière 1860 à nos jours, Actes du colloque de Nice 1990, ed. Serre, Nice 1992
Colette Courtois, La musique et la danse dans les fêtes de l'ancien comté de Nice durant la période savoyarde (1388-1860), Thèse en musicologie et arts de la scène, Université Côte d'Azur, 2023. (en ligne)
(it) Oreste Ferdinando Tencaioli, La casa di Giuseppe Garibaldi a Nizza, in Rivista FERT, vol. IV, no 2-3, 30 giugno - 30 settembre 1932, Rome
(it) Giulio Vignoli, I territori italofoni non appartenenti alla Repubblica Italiana "agraristica", Giuffrè editore, Milan, 1995.
(it) Giulio Vignoli, Storie e letterature italiane di Nizza e del Nizzardo (e di Briga e di Tenda e del Principato di Monaco), Edizioni Settecolori, Lamezia Terme, 2011.
en latin
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