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Alain Krivine naît le à Paris[1] du mariage de Pierre Léon Georges Krivine (1899-1977), fils d'Albert Meyer Krivine (1869-1946)[2] et de Sarah Frenkel et médecin stomatologiste, et d'Esther Lautman (1906-1981), fille de Sami Lautman et de Claire Lajeunesse et sœur du philosophe des mathématiques et résistant Albert Lautman et du résistant Jules Lautman. Du mariage de Pierre Krivine et d'Esther Lautman sont nés cinq garçons : Gérard, Jean-Michel, Roland, Alain et son frère jumeau Hubert. La famille Krivine est une famille juive d'Ukraine, dont le grand-père Albert, athée et anarchiste, émigre en France entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle à l'occasion de pogroms[3],[2], tandis que la famille Lautman est juive roumaine et la famille Lajeunesse juive lorraine. Ses parents, « de gauche et votant PCF »[4], résident pendant son enfance à proximité de l'ancien siège du Parti communiste français, carrefour de Châteaudun, dans le neuvième arrondissement.
En 1962, Alain Krivine épouse Michèle Martinet, enseignante, fille de Gilles Martinet[3], directeur de l'AFP (1944-1947), cofondateur, rédacteur en chef et administrateur du Nouvel Obs (1950-1985), député socialiste au Parlement européen (1979-1981), cofondateur du PSU (1960), ambassadeur à Rome (1981-1984) et collaborateur de Michel Rocard à Matignon (1988-1991), et de Iole Buozzi, fille de Bruno Buozzi, syndicaliste italien. Il a deux filles, Nathalie et Florence, et deux petites-filles[5].
Débuts en politique
Membre de l'Union des vaillants et vaillantes (l’organisation des pionniers du PCF) «pour des raisons familiales», puis élève au lycée Condorcet[6] et étudiant à la faculté des lettres de Paris, il s’engage en 1956 au Mouvement jeunes communistes de France, organisation de jeunesse du Parti communiste français (PCF) et participe à Moscou au « Festival mondial de la jeunesse démocratique », après avoir été distingué pour un record des ventes de L’Avant-Garde, le journal des jeunesses communistes[2]. Parti « en bon stalinien », il en revient « ébranlé »[4].
En réaction au putsch d’Alger du 23 avril 1961, il fonde le FEA (Front étudiant antifasciste), rapidement devenu le Front universitaire antifasciste (FUA), engagé dans l’activisme anti-OAS et la lutte contre l'extrême droite[8].
Le , l’appartement de son père est visé par un attentat, provoquant de lourds dégâts. Il adhère clandestinement à partir de 1961, aux côtés de son frère jumeau, au mouvement trotskiste et à sa Quatrième Internationale et est donc exclu du Parti communiste français en pour « activité fractionnelle »[3],[4].
Sur les cinq frères Krivine, trois sont devenus « trotskistes » : Jean-Michel, Alain et Hubert. Les deux autres, Gérard et Roland, sont restés au Parti communiste et à la CGT.
En , il fonde la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), dont les activités se tournent vers les Comités contre la guerre du Viêt Nam et dans l’organisation et la participation au mouvement contestataire de Mai 68[3]. La JCR est dissoute en par décret gouvernemental pour ses activités, et Alain Krivine est arrêté puis emprisonné le à la prison de la Santé[3]. Il est libéré en automne et participe à la création, en , de la Ligue communiste. Il est parallèlement surveillant à mi-temps au lycée Condorcet à Paris, puis, pendant deux ans, professeur d’histoire-géographie au cours Saint-Louis de Monceau, établissement privé catholique, et à partir du début 1968, secrétaire de rédaction aux éditions Hachette[9].
Campagnes présidentielles de 1969 et 1974
Après la création de la Ligue communiste, Alain Krivine part effectuer son service militaire à Verdun comme 2e classe au 150e régiment d'infanterie[10]. C'est pendant ce service militaire qu'il sera candidat à l'élection présidentielle de 1969, représentant alors la Ligue communiste, située à la gauche du PCF[3]. Son concurrent communiste Jacques Duclos obtiendra la troisième place avec 21,3 % des voix, alors qu'Alain Krivine se contentera de la dernière avec seulement 1,1 %[11]. Au second tour, Georges Pompidou est élu face à Alain Poher. Sa première candidature est donc considérée comme un échec, même si le candidat révolutionnaire déclarait lors de sa campagne : « Le pouvoir n’est pas dans les urnes », dénonçant la « duperie » des élections[3]. Il juge plus tard sévèrement sa première campagne: «Ce que je raconte est inintelligible. Le mec qui bouffait sa soupe à 8 heures du soir et me regardait devait se dire que j’étais fou»[4]. Il revient à Paris où il devient journaliste à Rouge à partir de 1970.
La Ligue communiste (LC) est dissoute par l'État en , en raison de violences entre ses militants et des policiers lors des affrontements du 21 juin 1973 à Paris qui ont vu le service d'ordre de la LC attaquer le cordon de police protégeant le meeting à la Mutualité du mouvement d'extrême droite Ordre nouveau[3], fondé en 1969.
La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est officiellement créée peu de temps après cette élection présidentielle de 1974 et Alain Krivine devient membre de son bureau politique, le demeurant jusqu'en 2006. Avec elle, il aura participé à de nombreux mouvements et manifestations sur des thèmes très divers (internationalisme, syndicalisme, éducation, féminisme, antiracisme, antifascisme, soutien aux sans-papiers, droit au logement, etc.)[3].
En 1981, il est cosolidaire de la publication Avis de recherche consacrée au soutien des appelés insoumis au service militaire[13].
En 1981, la LCR souhaite présenter Alain Krivine une troisième fois comme candidat à l'élection présidentielle. Elle ne parvient cependant pas à obtenir les 500 signatures nécessaires pour qu'il soit candidat. Il appelle alors, au nom de son mouvement, à voter au premier tour pour l'un des quatre candidats des partis « ouvriers » : Arlette Laguiller (LO), Huguette Bouchardeau (PSU), Georges Marchais (PC) ou François Mitterrand (PS).
Aux côtés d'Olivier Besancenot et de Roseline Vachetta, il reste (malgré sa démission du bureau politique, ayant pris sa retraite) l'un des trois porte-parole de la LCR jusqu'à sa dissolution début 2009. Il joue aussi un rôle important à la direction de la Quatrième Internationale (SU) et participe activement à la création du Nouveau Parti anticapitaliste, dont il devient membre du premier conseil politique national, sans pour autant participer à l'exécutif.
↑Témoignage cité par Jacques Charby, Les porteurs d'espoir : les réseaux de soutien au FLN pendant la guerre d'Algérie : les acteurs parlent, Paris, Éditions La Découverte, , 300 p. (ISBN2-7071-4161-5 et 978-2-7071-4161-3, OCLC56967241), p. 130.
↑Gilles Vergnon, « Chapitre V. L’antifascisme après 1945 », dans L'antifascisme en France : De Mussolini à Le Pen, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-6699-6, lire en ligne), p. 133–161