Roger Schaffter est le fils de Joseph Schaffter, fonctionnaire des douanes, et de Valentine Beuchat, et le frère ainé de Joseph (1914-)[1]. Il passe son enfance à Porrentruy.
Le 2 septembre 1942, il fonde, avec Jean Cuttat et Pierre-Olivier Walzer, la Société d'édition des Portes de France qui se veut venir en aide à la France littéraire pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. De plus, il écrit des textes dans ses heures perdues comme Amour, mon beau souci qui reçoit le Prix de littéraire de la Société jurassienne d'Émulation le 22 juillet 1947.
Lutte jurassienne
À la suite de l'« affaire Moeckli »[N 1], Roger Schaffter, Daniel Charpilloz et Roland Béguelin décident de reprendre un mouvement séparatiste et fondent, le à Moutier, le deuxième Mouvement séparatiste jurassien (MSJ), dont il devient le secrétaire général. Le mouvement se donne pour but l'indépendance de la partie francophone du Jura vis-à-vis du canton de Berne et la création d'un nouveau canton au sein de la Confédération. Dans la foulée, la société coopérative du Jura Libre est créée le par Roger Schaffter, Roland Béguelin et Roger Chatelain[3]. Cette société d'édition publiera leur nouveau journal de propagande séparatiste Le Jura Libre dont Roger Schaffter devient le premier rédacteur en chef. Membre du parti démocrate-chrétien (PDC), il est élu, le 4 mars de la même année, conseiller communal de Porrentruy et le restera jusqu'en 1949[N 2],[2].
En , il est nommé directeur de l'École suisse de Gênes[1]. De ce fait, le , il laisse sa place de rédacteur en chef du Jura Libre à Roland Béguelin et prend le poste de rédacteur-adjoint[4],[1]. Le 1er octobre, il laisse sa fonction de secrétaire général du Mouvement séparatiste jurassien à Pierre Billieux.
En 1954, il quitte son poste à Gênes et revient vivre dans le Jura où il devient rédacteur en chef du journal Curieux jusqu'en 1956[N 3]. Il collabore également avec plusieurs journaux, dont Le Pays.
En 1956, il quitte son poste de rédacteur en chef de Curieux et décide de revenir dans l'enseignement. Cependant, défendant la cause jurassienne et son indépendance vis-à-vis du canton de Berne, les autorités bernoises ne lui accordent aucun poste. Roger Schaffter est contraint d'enseigner à Neuchâtel pour pouvoir travailler et devient, en 1957, professeur secondaire à l'École supérieure de commerce[5]. L'année suivante, il fonde, avec Roland Béguelin, les Éditions de la Bibliothèque jurassienne qui a pour but de diffuser la culture et l'histoire jurassienne[1].
En 1969, sous pression entre les séparatistes, antiséparatistes et la Confédération, le Conseil-exécutif bernois est contraint de déposer au Grand Conseil bernois une disposition constitutionnelle rendant possible l'organisation d'un plébiscite dans le Jura[6]. L'additif constitutionnel passe alors en votation populaire cantonale et est accepté le 1er mars 1970[7]. Publié le 10 mars 1970, l'additif détermine les modalités d'une procédure d'autodétermination dans le Jura en trois étapes de « votation en cascade », appelées plébiscite jurassien[8]. Lors du premier plébiscite du , le résultat est favorable à la création d'un nouveau canton. La population pro-jurassienne rejoint la place devant l'Hôtel-de-Ville de Delémont, à 20:00, où sont annoncés les résultats par Germain Donzé, Roland Béguelin, Roger Schaffter et François Lachat[9].
« Il pleut la liberté ! »
— Roger Schaffter, Dimanche 23 juin 1974, au balcon de l'Hotel-de-Ville de Delémont (BE)
Cependant, lors du deuxième plébiscite organisé le et le , les quatre districts de Moutier, Courtelary, La Neuveville et Laufon décident de demeurer dans le canton de Berne. Les résultats du troisième plébiscite des 7 et 14 septembre et des 19 et 26 octobre 1975 n'arrangent rien.
Parcours politique
Assemblée constituante
À la suite des résultats favorables pour la création d'une République et Canton du Jura, l'Assemblée constituante jurassienne est créée pour élaborer la Constitution du nouveau canton. Roger Schaffter y est élu député constituant le 21 mars 1976 et obtient le meilleur résultat de vote[10]. Il préside également la séance inaugurale. L'Assemblée inaugure ses travaux le [N 4]. Lors de la rédaction de la Constitution jurassienne, Roger Schaffter défendra des sujets comme : la condamnation des procédures de mise au secret, le maintien des préfectures dans le futur canton, l'inscription du droit de vote des étrangers dans la Constitution jurassienne ou encore les droits politiques aux Jurassiens de l'extérieur[2]. La nouvelle Constitution est acceptée en votation par la population jurassienne le et les travaux de l'Assemblée constituante se terminent le [11].
Conseiller aux États
Après que la République et canton du Jura a obtenu son indépendance au niveau fédéral avec la votation populaire fédérale du , Roger Schaffter est élu, avec Pierre Gassmann, conseiller aux États représentant le Jura. Cependant, le 19 novembre 1978, Roger Schaffter est également élu au Parlement jurassien : il siègera seulement deux mois au Parlement jurassien avant de décider de siéger au Conseil des États[12].
Dès l'entrée en souveraineté de la République et canton du Jura le , Roger Schaffter comprend qu'il faut à présent que les autorités jurassiennes s'introduisent dans le système politique suisse traditionnel. En effet, contraint par sa Constitution de se fondre dans le moule de la Confédération, le Gouvernement et le Parlement jurassien deviennent moins virulent. Ces derniers, afin de ne pas attiser les tensions, décide d'utiliser le dialogue et la réconciliation afin de séduire les antiséparatistes du Jura bernois et le Conseil-exécutif bernois tout en gardant le même objectif que les mouvements séparatistes : la réunification. Roland Béguelin y voit alors un acte de lâcheté et ne cachait pas sa consternation et sa colère à l'encontre du Gouvernement jurassien. Roger Schaffter, n'étant pas d'accord avec Roland Béguelin quitte ses fonctions de vice-président et membre du Rassemblement jurassien. Les rapports entre lui et Roland Béguelin, sur la vision future du canton, se sont alors détériorés[13]. La même année, il quitte sa fonction de professeur à Neuchâtel pour se consacrer à sa vie politique.
Le 29 novembre 1978, il est élu tacitement au Conseil des États. Il y siégera du au lors des 41e et 42e législatures de l'Assemblée fédérale[N 5]. Il y sera président de la commission de la science et de la recherche. Il est battu, le 18 octobre 1987, par son collègue de parti, Jean-François Roth. Lors de son mandat de presque neuf ans, Roger Schaffter a défendu des sujets comme : le soutien à l'élevage de chevaux race Franches-Montagnes[2]. Il était également secrétaire général du groupe de concertation des cantons limitrophes de la France puis délégué à la coopération de la République et Canton du Jura du 11 janvier 1979 à 1982[14].
Le 28 avril 1986, Roger Schaffter est élu président d'Helvetia latina.
Fin de vie
Roger Schaffter meurt le 13 février 1998 à Delémont à l'âge de 80 ans. Il repose au cimetière de Delémont[15].
En 1950, Roland Béguelin et Roger Schaffter, reprennent, avec plusieurs modifications, la chanson populaire La Rauracienne écrite par Xavier Stockmar en 1830. La nouvelle chanson est renommée La Nouvelle Rauracienne et est proclamée hymne des séparatistes jurassiens.
La chanson est promulguée « hymne officiel de la République et Canton du Jura » le par le Parlement jurassien[16].
Publications
Roger Schaffter a publié quelques ouvrages littéraires, dont[2] :
1963 : Comment résoudre la Question jurassienne (avec R. Béguelin) ;
1964 : Berne à l'heure du choix, (avec R. Béguelin).
Distinctions
Roger Schaffter reçoit de quelques distinctions au cours de sa vie[2] :
22 juillet 1947 : Prix littéraire de la Société jurassienne d'Emulation pour Amour, mon beau souci ;
Roger Schaffter épouse Suzanne Amuat en 1949 avec qui il a trois enfants[12].
Notes et références
Notes
↑Le refus du Parlement bernois d'attribuer le Département des travaux publics à Georges Moeckli, jurassien francophone, car celui-ci ne sait « pas assez bien l'allemand » déclenche, en septembre 1947, l'« affaire Moeckli », qui relance la Question jurassienne.
↑Il y est réélu le 4 mars 1948 et le 28 novembre 1948.
↑Il y signait régulièrement une chronique sous le pseudonyme de Pertinax.
↑Roger Schaffter, fut dès 1977, président de la Commission Information et Relations publiques de la Constituante.