Par le Congrès de Vienne, l'ancienne République rauracienne est rattachée au canton de Berne le . Dès ce rattachement, la cohabitation des Jurassiens avec les Bernois ne pose pas de grands problèmes. Toutefois, c'est après les révolutions de 1830 que de profondes divergences émergent[1]. Ces mécontentements trouvent en partie leur origine dans des dissensions culturelles, linguistiques, juridiques et religieuses[2].
Le , Xavier Stockmar, Olivier Seuret, Auguste Quiquerez et Louis Quiquerez se réunissent au château de Morimont pour prêter le « Serment de Morimont », dans lequel ils s'engagent à « délivrer le Jura de l'oligarchie bernoise ». Par cet acte, les quatre hommes fondent le premier mouvement séparatiste du Jura[3]. Quatre ans plus tard, Xavier Stockmar publie une proclamation appelant à l'autonomie du Jura vis-à-vis du canton de Berne.
Dans ce contexte, Xavier Stockmar compose une chanson révolutionnaire, intitulée La Rauracienne, sur la mélodie de Dieu des bonnes gens de Béranger. Le texte s’inspire également de La Sainte Alliance des peuples, une autre œuvre de Béranger[4]. La Rauracienne est chantée pour la première fois en lors d’une réunion de l'opposition libérale à Porrentruy, devenant rapidement un symbole d'unité et de résistance pour les Jurassiens[5].
Des bords du Tage à ceux de la Baltique,
Entendez-vous le sinistre beffroi ?
Voyez-vous fuir de leur demeure antique,
Ces rois saisis de rumeur et d’effroi ?
Vous qui veillez au sort de la patrie,
Ah ! Détournez l’orage peu lointain.
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Des séducteurs, ennemis de leurs frères,
Ont dit : Formez deux camps sous deux couleurs;
Mais répondez à ces voix étrangères:
Le pays seul fera battre nos cœurs.
De nos aînés, déplorons la folie,
Notre étendard n’est Gaulois ni Germain;
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Loin de nos rangs celui qui n’est sensible
Qu’au souvenir de Vienne ou de Paris !
Pierre-Pertuis; Réfousse et Mont-Terrible,
J’aime à rêver au pied de vos débris;
Vous avez vu la liberté bannie,
Cent fois mourir et renaître soudain;
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Cueillons gaîment les fruits de nos campagnes,
Versez, Biennois, le vin de vos coteaux,
L’indépendance est fille des montagnes,
Pour nos enfants luiront des jours plus beaux.
Sous les drapeaux de la libre Helvétie,
Que d’âge en âge on chante ce refrain :
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Unissez-vous, fils de la Rauracie Et donnez-vous la main, et donnez-vous la main !
Musique
Les partitions de La Rauracienne et de La Nouvelle Rauracienne sont disponibles sur le site du Groupe Bélier[6].