Historique des garnisons, combats et batailles du régiment
Ce régiment a été créé le sous le titre de la province de Périgord. Ce n'est que beaucoup plus tard qu'il est devenu régiment de prince.
En 1684, le régiment est à 2 bataillons. Son uniforme comprend un habit, revers, veste et culotte blancs, parements, revers, et collet verts, patte ordinaires garnies de 3 boutons, les dessous de la manche et du parement fermé par 6 petits boutons, 6 petits autres au revers et 3 gros au-dessous, boutons blancs no 67. Chapeau bordé de galon blanc. Drapeau rouge, vert et barré jaune[13].
Drapeau du régiment de Périgord de 1684 à 1775
Régiment de Périgord (1684-1775)
Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Après quelques années passées dans les garnisons du Nord, il fut envoyé en 1690 à l'armée des Alpes, et il contribua beaucoup à la prise de Cahours[14] durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Le , il combattit avec une grande vigueur autour de l'abbaye de Staffarda. Il était à l'extrême
droite de la 2e ligne, derrière le régiment de Grancey[15]. Il suivit ce corps dans sa
belle charge à travers les marais, et prit trois canons à l'ennemi. Le régiment de Périgord contribua la même année a la soumission de Saluces, de Barge et de Suze[16].
Il contribua sur ce nouveau terrain à la défaite du prince de Hesse-Darmstadt, et, le , il eut l'honneur d'ouvrir la tranchée devant Barcelone à l'attaque de gauche et se signala à ce siège par sa brillante valeur.
Guerre de Succession d'Espagne
Au mois de décembre 1700, le régiment de Périgord reprit encore une fois la route de l'Italie dans le cadre de la guerre de Succession d'Espagne.
En 1707, le régiment de Périgord se rend à l'armée d'Espagne. Il fait d'abord partie du corps assemblé dans la Navarre puis joint plus tard l'armée de Philippeduc d'Orléans, et contribue, au mois d'octobre, à la prise des villes et château de Lérida.
Employé à la même armée en 1708, il est détaché le 1er juin du camp de Ginestar pour aller chasser l'ennemi de Falcete. Il y avait là 2 400 fantassins et miquelets et 400 chevaux. Arrivé devant Falcete, le 2 à cinq heures du matin, avec quelques autres troupes, « Périgord » attaque sur-le-champ l'ennemi, lui tue 500 hommes, fait 600 prisonniers, dont 33 officiers, et se saisit de tout le bagage. Il se rend de là au siège de Tortose, où il monte plusieurs gardes de tranchée avec les régiments de Normandie et de La Couronne. Au mois de septembre, il est encore détaché du camp d'Agramont, pour courir sus aux miquelets, et au mois d'octobre il s'empare d'Ager.
Il sert encore en Catalogne en, 1709 sous le maréchalde Bezons qui
garde la défensive.
En 1710, il est dirigé sur l'armée du Dauphiné et il revient à la fin de cette année en Espagne pour participer au Siège de Gérone(ca). Renvoyé en Dauphiné après la prise de cette place, il reste au camp du Sauze d'Oulx pendant les deux campagnes suivantes.
En 1713, il se rend sur le Rhin, où il est rallié par un 2e bataillon, créé le , qui était resté jusque-là dans les garnisons de Flandre et d'Alsace, et qui avait servi en 1708 à la défense de Lille. Tous les deux prirent part aux sièges de Landau et de Fribourg.
En 1715 le 2e bataillon reformé servit à compléter le 1er bataillon.
En 1734, il envoya au secours de Stanislas une petite escadre portant les trois régiments d'infanterie de Périgord de La Marche et de Blaisois, en tout 2 400 hommes placés sous le commandement du brigadier de Lamotte de Lapeyrouse. Cet officier, auquel peut-être le cardinal de Fleury avait recommandé la prudence, ayant reconnu à son arrivée en vue de Dantzig, qu'il s'agissait, pour pénétrer dans la place, de percer avec trois bataillons une armée de 30 000 Russes bien retranchés, se résolut à aller attendre de nouveaux ordres dans le port de Copenhague. Il y avait alors près de la cour de Danemark, en qualité d'ambassadeur de France, un jeune seigneur breton plein de feu et de générosité, qui avait pris fort à cœur la cause de Stanislas, qui était aussi celle de la France : c'était le comte de Plélo. Indigné de la mesquinerie du secours fourni par Fleury, et plus encore de la circonspection de de Lamotte de Lapeyrouse, il prend sur lui d'agir, et s'empare du commandement de l'expédition, décidé à secourir Dantzig ou à périr. Parti de la rade de Copenhague le , les Français arrivent le 23 dans celle de Dantzig, mais, en entrant dans la Vistule, ils trouvent l'armée russe établie entre le rivage et la ville et doivent renoncer pour le moment à entrer dans la place. Ils débarquent sans opposition et campent à Farhwasser, sous le canon du fort de Wechselmunde, à l'embouchure du fleuve. Le 27, malgré les renforts que les Russes avaient encore reçus, Plélo veut essayer de s'ouvrir un passage. Il se précipite avec ses trois bataillons, le régiment de Périgord en tête, sur les retranchements, force trois lignes, et tombe criblé de balles, au moment où il atteignait les glacis de Dantzig. Sa mort jette l'irrésolution dans le cœur de ses soldats qui se retirent sous Wechselmunde. Ce faible corps, bloqué dans un marais et séparé de la flotte qui l'avait amené, se trouve bientôt dans la position la plus périlleuse. Il résiste cependant à trois attaques des Russes, et se voit enfin contraint à capituler le . Les 1 000 hommes qui restaient de l'expédition obtinrent les honneurs de la guerre et d'être transportés aux frais de la Russie dans un port de la Baltique. Le roi Stanislas parvint à s'échapper sous un déguisement et Dantzig ouvrit ses portes le 28. La dernière partie de la capitulation fut interprétée avec la plus insigne mauvaise foi par le général russe, comte de Munnich. En demandant à être conduits dans un port de la Baltique, les Français avaient entendu évidemment un port neutre, d'où ils pussent ultérieurement regagner la France. Ils étaient montés sans défiance, le 26, sur des bâtiments russes : le général Munich, après la capitulation de Dantzig, les fit transporter à Cronstadt, et la cour de Saint-Pétersbourg, sous prétexte que des vaisseaux français avaient capturé des navires russes, les interna dans la Livonie, pour être traités en prisonniers de guerre jusqu'à l'arrangement des différends. L'impératriceAnne les renvoya en France au mois d'octobre. Telle fut l'issue de cette première rencontre entre les Russes et les Français[19].
La campagne de 1746 fut moins heureuse pour l'armée d'Italie, et le régiment de Périgord fut entièrement ruiné par les deux batailles de Plaisance et du Tidone. Le colonel du régiment, le marquis d'Imécourt, fut blessé dans ces deux rencontres, et le corps fut tellement écrasé à la dernière par le canon autrichien qu'il ne resta pas vingt hommes debout.
Le régiment de Périgord se rétablit promptement derrière les Alpes pendant le semestre d'hiver, et il reparaît, le , au sanglant combat d'Exilles[20],[21],[22], où le colonel du régiment, le marquis d'Imécourt, trouva une mort glorieuse. Le régiment rentra ensuite en Italie et passa l'hiver suivant à Gênes.
II fit partie en 1748 de l'expédition de Savone et fut placé dans le poste de San Giacobino, où, dominé par le canon de la place, il eut 60 hommes mis hors de combat et rentra en France en , la paix revenue.
En mars 1757, au début de la guerre de Sept Ans le régiment Périgord se dirige sur Stockheim, rendez-vous de l'armée du Bas-Rhin. Il est aussitôt employé au blocus de Gueldre qui ne capitule que le , et il y est laissé en garnison[23],[24]. Il passe plus tard à Emden sous les ordres du marquis d'Auvet et joint la grande armée au mois de novembre. Il se trouve à la marche sur Zell et à la prise de Brême[25].
En 1758, il assiste l'arme au bras à la bataille de Krefeld et il entre ensuite dans Dusseldorf avec Vastan, devenu Vexin et Foix. Comme ces régiments, il refuse d'accepter la capitulation par
laquelle le gouverneur autrichien remet cette place à l'ennemi le . En sortant de Dusseldorf, il rallie l'armée et combat avec valeur, le , à l'attaque du pont de Rees. Sous les ordres de François de Chevert, il retourne trois fois à la charge et laisse à chaque charge une centaine d'hommes sur le champ de bataille. Il rentre en France épuisé, au mois d'octobre, et sert sur les côtes jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans.
A la fin de 1789, au moment de la Révolution Française, les soldats, entraînés par le mouvement général, se donnèrent le plaisir de faire disparaître dans un autodafé les insignes du prince de Conti ; mais cette manifestation ne parait pas avoir influé sur la bonne discipline du corps.
Ceci résulte de la lettre suivante écrite , le : « Messieurs, les officiers de l'ancienne administration municipale de la ville d'Amiens, avant de cesser leurs fonctions, ont adressé une lettre en date du 21 février à MM. les officiers du régiment de Conti infanterie en garnison dans cette place, pour leur témoigner leur satisfaction de la fermeté, sagesse et vigilance, qui ont maintenu l'amour de la discipline, l'exactitude du service, parmi leur troupe et contribué à la tranquillité publique; et par une délibération prise en la séance générale du 22, ils ont décerné aux dits officiers le titre de citoyens de ladite ville d'Amiens, etc. »
81e régiment d'infanterie de ligne ci-devant Conti
Grenadier du 81e régiment de ligne de 1791 à 1794
L'ordonnance du 1er janvier 1791 fait disparaître les diverses dénominations, et les corps d'infanterie ne sont désormais plus désignés que par le numéro du rang qu'ils occupaient entre eux. Ainsi, 101 régiments sont renommés. Les régiments sont toutefois largement désignés avec le terme ci-devant, comme 81e régiment d'infanterie ci-devant Conti.
Ainsi disparaît pour toujours le 81e régiment d'infanterieci-devant Conti, partageant le sort de tous ces vieux régiments qui depuis deux siècles avaient défendu si intrépidement la patrie contre toutes les coalitions.
Armand de Siorac, « Un régiment de Périgord devant Dantzick. Expédition de mai, juin, , aux ordres du comte Rochon de Lapeyrouse de Lamothe », Le Chroniqueur du Périgord et du Limousin, t. 1, , p. 34-39 (lire en ligne)
Histoire de l’infanterie en France, par le lieutenant-colonel Belhomme, tome 2, Henri Charles-Lavauzelle éditeur militaire
Chronologie historique-militaire, par M. Pinard, tomes 4, 5, et 7, Paris 1761, 1762, et 1764
Louis Susane : Histoire de l'ancienne infanterie française Tome 7