Après la prise de Vienne le , à la suite de l'offensive soviétique sur la ville, les forces alliées occidentales pénétrèrent en Autriche environ deux semaines plus tard. Le — presque deux semaines avant la reddition nazie du 8 mai — le gouvernement provisoire autrichien constitué le même jour par Karl Renner proclama l'indépendance de l'Autriche vis-à-vis du Troisième Reich et instaura la Deuxième République autrichienne.
Après la capitulation et d'après les termes de la conférence de Potsdam, l'Autriche fut quand même divisée en quatre zones d'occupation alliées et Vienne, incluse dans la zone soviétique, fut divisée en quatre secteurs d'occupation, plus une « zone internationale » supplémentaire en son centre occupée à tour de rôle par chacune des forces alliées[2],[3],[4].
Le passage des lignes de démarcation entre les zones d'occupation nécessitait la détention d'une carte d'identité alliée qui était traduite dans quatre langues (allemand, anglais, russe, français) et portait des avis de confirmation de chacune des quatre forces d'occupation (soit en tout onze cachets). Cependant, les forces occidentales libéralisèrent très rapidement les procédures : ainsi, le fait de dépasser la ligne de démarcation à destination de la zone russe ou en provenance de celle-ci s'apparentait alors à un voyage à l'étranger. Les Soviétiques supprimèrent ces contrôles seulement en .
Occupation de Vienne
Comme Berlin, Vienne fut occupée uniquement dans un premier temps par les soldats soviétiques. En application de la convention de Potsdam, les autres Alliés installèrent leurs troupes dans la capitale autrichienne à partir d'. La répartition des secteurs d'occupation se fit par districts, dans les limites administratives que la ville connaissait avant 1937.
Secteur international constitué par le 1er district (Innere Stadt soit « la ville intérieure ») connaissait un régime d'administration commune aux quatre forces d'occupation. La gestion de la zone était ainsi confiée tous les mois par roulement à chacune des forces occupantes. Les patrouilles étaient composées d'un militaire de chacune des forces d'occupation, le chef de la patrouille appartenait à la puissance qui gérait le secteur, donc changeait chaque mois.
Secteur américain constitué par les : 7e, 8e, 9e, 17e, 18e et 19e districts ;
Secteur britannique constitué par les : 3e, 5e, 11e, 12e et 13e districts ;
Secteur français constitué par les : 6e, 14e, 15e et 16e districts ;
Secteur soviétique constitué par les : 2e, 4e, 10e, 20e, 21e et 22e districts.
Les districts viennois créés postérieurement à 1938 (à partir du 23e district) se trouvaient donc en dehors des limites de la ville et dépendaient ainsi de la zone d'occupation soviétique.
Les quartiers généraux de chacune de ces forces étaient :
Le se constituait le Conseil allié composé des quatre commandants en chef qui, plus tard, devinrent hauts-commissaires. Les premiers membres de ce conseil furent :
Toutes les lois votées par le Parlement autrichien et présentées par le gouvernement fédéral au conseil allié nécessitaient l'aval de celui-ci pour leurs publications. Si le consentement n'était pas donné, la loi ne pouvait entrer en vigueur. Ainsi, en 1946, il arriva par exemple qu'une loi sur le changement des limites administratives de Vienne au profit de la Basse-Autriche (en fait, un retour à la situation antérieure à 1938) ne fut pas appliquée, par le simple refus des représentants soviétiques qui usèrent de leur véto sur ce sujet jusqu'en 1954.
Ainsi, le véto apposé par un seul des quatre représentants suffisait au début pour bloquer l'application d'une loi. Plus tard, le véto devint collectif : l'ensemble des représentants alliés devaient tous se mettre d'accord pour bloquer la procédure. En conséquence, les objections alliées devinrent alors très rares.
Les effectifs des armées d'occupation étaient initialement de 700 000 hommes. En 1955, les puissances occidentales ont réduit leurs forces à environ 20 000 hommes et les forces soviétiques à 40 000. Les coûts d'occupation devaient être couverts par l'Autriche (initialement jusqu'à 35 % de son budget; au , le quota est descendu à 15 %). En 1947, les États-Unis ont déclaré qu'ils paieraient leurs propres coûts d'occupation ; les trois autres puissances ont fait de même en 1953[10].
Le Conseil allié fut également chargé de la dénazification. Toutefois, dès 1946 les priorités se modifièrent, celle-ci étant transférée au gouvernement autrichien en [11], le Counter Intelligence Corps (CIC) américain ne conservant qu'un rôle général de supervision, qui s'acheva en [11]. Le 430e détachement du CIC américain, auparavant consacré à la dénazification, mit au rang de priorité la surveillance des organisations communistes[11]. Celui-ci devait employer, à cette fin, le SS flamand Robert Jan Verbelen[11].
Administration soviétique
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Son arrivée est interprétée à l’Ouest comme un pas vers la pleine indépendance de l'Autriche, d’autant que le contrôle des personnes aux frontières du secteur soviétique est abrogé le [12].
Ilyitchev mène ensuite, pendant l’été 1953, les négociations avec les représentants de l'Autriche (le chancelier Julius Raab, le ministre des Affaires étrangères Leopold Figl et le secrétaire Bruno Kreisky). Un des points de désaccord : le versement annuel de 151 millions de shillings autrichiens à l’URSS (coût de l’entretien des troupes d’occupation soviétiques) et le statut de neutralité de l’Autriche. Comme le souligne Julius Raab : ou bien l’Autriche est neutre, et elle ne peut pas payer – ou bien l’Autriche peut commercer librement avec l’Occident, et alors elle peut payer[13].
Le , l'Union soviétique renonce à percevoir en Autriche le prix de son occupation. Cette mesure est assimilée par beaucoup à une autorisation donnée à l’Autriche de s’allier à nouveau à l’Allemagne, de reformer l'Anschluss, et les protestations s’élèvent en URSS, et même en France. Le , lors d'une réunion à l'ambassade soviétique de Vienne, l'ambassadeur Ilyitchev obtient du chancelier Raab et du ministre des Affaires étrangères autrichien Figl des garanties formelles quant à leur absence d’arrière-pensées, et un télégramme du secrétaire d'État John Foster Dulles appuie les négociations[14].
Le , l'ambassadeur plénipotentiaire d'URSS en Autriche Ilyitchev en poste jusqu'en mars 1956 appose sa signature, sous celle de Molotov, au bas du Traité d'État autrichien avalisant l'indépendance de l'Autriche.
Les dernières troupes soviétiques quittent Vienne le [15].
Administration américaine
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Il y avait 70 000 militaires américains stationnés en Autriche à l'automne 1945, mais dès , la force d'occupation a été réduite à 41 000[17] puis à mi-1946 à 29 000 personnes, principalement du personnel de soutien et administratif. La seule grande unité de combat étant la 42e division d'infanterie[18].
En 1948, le 16th Infantry Regiment restant la principale unité de combat américaine en Autriche est relevé par le 350th Infantry Regiment qui forme l'ossature d'un commandement tactique - Tactical Command, U.S. Forces Austria - de taille divisionnaire créé le à partir de la 88e division d'infanterie[19].
Administration britannique
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Les forces britanniques entrent en Autriche à partir du col du Monte Croce Carnico le devançant tout juste les forces yougoslaves. Les forces partisanes yougoslaves ont défilé en Carinthie, la déclarant sous leur contrôle, mais une présence accrue britannique met un terme à cela. La Yougoslavie a continué de plaider cette revendication jusqu'en 1949.
Début janvier 1946, la force française d'occupation comptait 20 000 hommes. À la fin du mois, il n’en restait 15 000 et en mai 1946, les troupes furent encore réduites à 8 000 hommes[21].
Monnaie
Dès , une loi (Schillingsgesetz) rétablit le schilling comme unité monétaire[22]. Le , la Banque nationale d'Autriche fixe son taux de change à 10 schillings pour 1 dollar américain[23],[24]. Le , le schilling est dévalué et trois taux de changes sont créés, à savoir : un « cours de base » à 14,40 schillings, un « cours prime » à 26 schillings et un « cours mixte » à 21,36 schillings pour 1 dollar américain[24]. Le , le « cours de base » est supprimé[24]. Le , les cours sont unifiés : celui à 26 schillings pour dollar américain reste seul en vigueur[24].
1969 : Avant que vienne l'hiver avec David Niven et John Hurt se déroule dans l'Autriche occupée. Au printemps 1945, le lieutenant britannique Francis Pilkington, un linguiste, prend ses fonctions sous les ordres du major Burnside, dans un camp de réfugiés à la frontière entre l'Autriche et la Russie. Les officiers doivent déterminer quels réfugiés doivent être envoyés en zone américaine et lesquels doivent être assignés à la zone soviétique. On y voit une carte des zones d'occupation.
Littérature
Roman
2018 : Hauts-fonds de Dov Lynch se déroule principalement à Vienne entre avril et , au moment de la mise en place de l'occupation quadripartite alliée.
1991: dans le troisième opus de la Trilogie Berlinoise de Philip Kerr, Un Requiem Allemand, le détective Bernie Gunther enquête dans Vienne occupée. Il a affaire avec toutes les organisations d'occupation, nous fait traverser les quartiers de la capitale en partie détruite, en proie au marché noir.
↑(en) « Tactical Command », sur www.usarmygermany.com (consulté le ).
↑(en) « Austria », sur BAOR Locations (consulté le ).
↑François Pernot, Sécurité européenne, frontières, glacis et zones d'influence : De l'Europe des alliances à l'Europe des blocs (fin XIXe siècle - milieu XXe siècle), Presses universitaires de Rennes, , 257 p. (ISBN978-2753503595, lire en ligne), Stéphanie Plouvier, La défense des Alpes autrichiennes face à une menace soviétique entre 1945 et 1955, p. 242-452.
[Hudson et Sohn 1950] (en) Manley O. Hudson (éd. et préf.) et Louis B. Sohn (collab.), International legislation : a collection of the texts of multipartite international instruments of general interest [« Droit international : recueil des textes d'instruments internationaux multipartites d'intérêt général »], vol. IX : -, nos : 611-670, New York, Fondation Carnegie pour la paix internationale, division du droit international, coll. « International legislation » (no 9), , 1re éd., XXXVI-962 p., 17,1 × 24,8 cm (OCLC491085150, SUDOC048463663, lire en ligne) :
[Hudson et Sohn 1950a] (en + fr) « Accord sur les organismes de contrôle en Autriche », dans op. cit., no 655, p. 558-563 (lire en ligne).
[Hudson et Sohn 1950b] (en + fr) « Accord sur les zones d'occupation en Autriche », dans op. cit., no 655a, p. 564-567 (lire en ligne).
[Hudson et Sohn 1950c] (en + fr) « Accord sur le mécanisme de contrôle en Autriche », dans op. cit., no 655b, p. 567-577 (lire en ligne).
[Rogé 1961] France Rogé, « Association européenne de libre échange : problèmes finlandais et autrichiens », Études et conjoncture, vol. 16e année, no 12, , p. 1178-1193 (DOI10.3406/estat.1961.8750, lire en ligne).