Minstrels est composé le [1], et créé à Paris le , salle des Agriculteurs, par Ricardo Viñes[2]. L'œuvre est également donnée le lors d'un Concert Durand, salle Érard, par le compositeur au piano, puis au sein du cycle complet du premier livre des Préludes, le à la salle Pleyel, par Jane Mortier[2].
Le prélude peint « une esquisse dans le style du music-hall américain de l'époque[3] ».
Analyse et commentaires
Minstrels, d'une durée moyenne d'exécution de deux minutes trente environ[4], est en sol majeur, Modéré (nerveux et avec humour), à [3].
Pour Alfred Cortot, le morceau est une « évocation humoristique et géniale de l'atmosphère de music-hall. Des pîtres anglais se livrent flegmatiquement sur la scène à des évolutions trépidantes, pendant qu'une bouffée de musique sensuelle suggère le charme facile du lieu de plaisir[5] ».
Pour Éric Lebrun, l'évocation est celle d'un ensemble de jazz américain[6]. Quoi qu'il en soit, « c'est une de ces pochades dans la manière pince-sans-rire d'un Toulouse-Lautrec, d'une grâce enjouée et railleuse, qui révèle l'humour très anglo-saxon d'un certain Debussy[3] ».
Musicalement, le prélude est un assemblage d'éléments contrastés, « répétés dans le désordre [...] : le motif de l'introduction, où gruppettos et basses staccato suggèrent banjos et tambours [...] ; une ritournelle claironnante, reprise huit fois dans le morceau, avec des accentuations variées, précédée ou non de secondes hoquetantes ; un intermède « quasi tambouro » [...] ; et quelques lambeaux de thèmes, toujours ironiques , soit de danse raide (mes. 13, 23), soit de marche moqueuse (mes. 37), soit de rengaine sentimentale (mes. 64), avec çà et là quelques cuivres glapissants et désaccordés[7] ».
Pour Guy Sacre, c'est « une réussite incomparable, d'un goût suprême, conquis sur ce « mauvais goût », qu'il frôle à chaque instant ; ce premier livre de Préludes, gorgé de merveilles, n'a pas à rougir de finir sur un pied de nez...[7] ».
À l'intention de son ami le violoniste Arthur Hartmann, Claude Debussy a réalisé en 1914 une transcription du prélude pour violon et piano, publiée la même année par Durand[2]. Nicolas Slonimsky relève l'humour « caractéristique » du compositeur, qui donne comme sous-titre de cette transcription « pour piano et Hartmann[9] ».
Guy Sacre, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN2-221-05017-7).