Images oubliées, ou Images inédites, est un recueil de trois pièces pour piano de Claude Debussy composées en 1894.
Présentation
Les Images oubliées sont composées à l'hiver 1894[1],[2]. Elles sont dédiées à Yvonne Lerolle (fille du peintre Henry Lerolle et future épouse d'Eugène Rouart), avec la dédicace suivante de Debussy[1] : « que ces Images soient agréées de Mlle Lerolle avec un peu de la joie que j'ai de les lui dédier. Ces morceaux craindraient beaucoup « les salons brillamment illuminés » où se réunissent habituellement les personnes qui n'aiment pas la musique. Ce sont plutôt « conversations » entre le piano et soi ; il n'est pas défendu d'ailleurs d'y mettre sa petite sensibilités des bons jours de pluie[1] ».
Seule la deuxième pièce du triptyque est publiée du vivant du compositeur, dans Le Grand Journal du lundi, supplément du (p. 8)[1], avec l'indication « cette Sarabande fait partie d'une suite de pièces pour le piano intitulée « Images » qui paraîtra chez Fromont... publiée avec son autorisation. Dédiée à Mlle Yvonne Lerolle. Dans le mouvement d'une « Sarabande », c'est-à-dire avec une élégance grave et lente, même un peu vieux portrait, souvenir du Louvre, etc.[1] ». L'ensemble n'est publié qu'en 1977, à titre posthume, chez Theodore Presser[1],[3].
Structure et analyse
Les Images oubliées, ou Images inédites, comprennent trois mouvements[4],[5] :
Lent (mélancolique et doux) : « beau nocturne d'une noble expression[4] », « d'un charme impressionniste déjà fort significatif[6] » pour Alfred Cortot — qui possédait le manuscrit[5] —, c'est une sorte de prélude à trois temps, , en fa dièse mineur, « d'une expression à la fois grave et abandonnée, d'un grand raffinement harmonique et sonore[2] », à la dernière page « convertie au mode majeur, et toute palpitante de secondes appogiaturées[7] » ;
Dans le mouvement d'une Sarabande (souvenir du Louvre) : pièce qui deviendra à quelques détails près le deuxième mouvement (Sarabande) de Pour le piano[1],[2] ;
Quelques aspects de Nous n'irons plus au bois parce qu'il fait un temps insupportable : la dernière pièce du recueil est une sorte d'ébauche de la troisième des Estampes de 1903, Jardins sous la pluie[1] ; c'est une « page vive, légère et colorée[2] » qui utilise pour la première fois la chanson enfantine Nous n'irons plus au bois, que Debussy prisait particulièrement[2]. Au sein d'une écriture en mains alternées, dans un clapotis de doubles croches, le « thème va, vient, module, change de mètre et de vitesse, passe d'un registre à l'autre, chuchote ou crie soudain. À la fin se met à tinter une cloche [...], cloche scandée à sous la chanson à . Admirons aussi, dans cette conclusion, les feintes de l'harmonie : ton de ré, certes, fortifié régulièrement par la basse, mais avec un sol lydien qui, parfois, aidé par un perfide la , tire l'oreille vers fa dièse majeur. Puis les sonorités s'adoucissent, s'enfoncent dans l'ouate, la cloche faiblit [...]. La pluie a peut-être cessé, mais l'enfant s'est endormi[7] ».
La durée d'exécution moyenne du triptyque est de treize minutes environ[8],[9].
Guy Sacre, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN2-221-05017-7).