L'amiral de Rigny commandant la flotte française de l'expédition de Morée, à bord de la Sirène touchée dès le début de la bataille de Navarin le 20 octobre 1827. Portrait posthume par François-Gabriel Lépaulle, 1836.
Il est le fils d’un ancien capitaine au régiment de Penthièvre-Dragons, Jean-François Gaulthier de Rigny, retiré fort jeune du service, et qui mourut en laissant cinq garçons en bas âge, dont son frère le futur général de Rigny, et de Perpétue Louis, sœur du baron Louis, plusieurs fois ministre des Finances sous les deux Restaurations et la monarchie de Juillet. La Révolution française le fait sortir de l’école de Pont-à-Mousson, où il avait été envoyé tout enfant. Henri de Rigny, âgé de dix ans alors, avait perdu son père ; sa mère était inscrite sur la liste des émigrés. Une tante recueillit la jeune famille, composée d’une jeune fille de seize ans et de cinq garçons, dont Henri était l’aîné[5].
Entrée dans la marine
Une vocation prononcée et la volonté dernière de son père appellent Henri de Rigny au service de la marine. Après un séjour de quelques mois à l’École spéciale de Brest, où il avait été envoyé pour y terminer ses études, âgé de seize ans à peine, en 1798, il entre dans la marine en qualité d’aspirant de seconde classe sous les ordres de l’amiral Bruix. En 1799 il est nommé aspirant, il embarque sur La Fraternité.
Interpellé par Napoléon Ier sur l’opportunité de faire sortir à la marée tous les bâtiments de la flottille destinée à une descente en Angleterre, le jeune marin fait à l’Empereur une réponse aussi ferme que concise.
Campagnes terrestres
Henri de Rigny, Vice-Amiral, Commandant des forces navales de France, dans les mers du Levant. (Lithographie peinte par Philéas Salvator Lévilly. Musée national d'histoire de Grèce, collection des gravures (893)).
Promu au grade de lieutenant de vaisseau en cette même année 1809, M. de Rigny est en 1811capitaine de frégate, et reçoit l’ordre d’aller appareiller en vue de la croisière anglaise qui bloquait Cherbourg et le Havre. Il accomplit avec intrépidité cette périlleuse mission. En janvier 1814, il est blessé de nouveau, alors qu’il enlevait le village de Borsele (Hollande) occupé par les Anglais et défendu par deux formidables batteries.
La frégate de Rigny (en bas à gauche) à la bataille des Moulins en 1825.
Henri de Rigny est élevé au grade de capitaine de vaisseau en 1816[6]. Le , il prend le commandement de l'escadre française dans les mers du Levant[7], qu'il quitte en (pour raison de santé) mais reprend le . Il est notamment chargé de réprimer la piraterie turque ou grecque, qui s'était développée à la faveur des conflits de la guerre d'indépendance ; ses soins intelligents fixent dans l’Archipel la police de la navigation, et le capitaine français est, suivant sa propre et pittoresque expression, un véritable juge de paix chargé de préserver de fureurs inutiles deux peuples alors divisés par une guerre acharnée. Il assiste à plusieurs épisodes du conflit en tant qu'observateur et joue parfois un rôle d'intermédiaire lors des négociations, dont celles ayant précédé la reddition de l'Acropole d'Athènes en .
Henri de Rigny (lithographie exécutée par Antoine Maurin en 1835)
De retour en France après l’évacuation des troupes françaises de l’expédition de Morée, à laquelle il avait pris part, l’amiral de Rigny est créé comte et nommé préfet maritime à Toulon en 1829, mais il refuse au 8 août même année, le portefeuille de la Marine, dans le ministère Polignac.
Revenu à Toulon pour cause de santé, en septembre 1830, il est nommé membre du conseil d’Amirauté et reçoit la décoration de grand-officier de la Légion d'honneur. Il reçoit ensuite celle de grand-croix le 12 août 1832[13],[14].
Le , les soins qu’exigeait sa santé, devenue de plus en plus chancelante, forcent le comte de Rigny à résigner ses fonctions de ministre ; toutefois, dans le mois d’août, il accepte une courte mission à Naples. Il est à peine de retour à la fin d’octobre, quand il ressent les premières atteintes du mal terrible auquel il succombe dans la nuit du 6 au , à l’âge de 52 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise[15] (36e division). Mais par la suite, son corps est transféré au cimetière de Montmartre (4e division) où il repose désormais.
Vie privée
Mr de Rigny, caricature d'Henri de Rigny par Honoré Daumier (1833).
Trois mois après sa mort, sa veuve met au monde le 7 février 1836 à Paris une fille prénommée Marie Amélie Louise Philippine Gaultier de Rigny. Celle-ci épousa, en premières noces, le 9 avril 1856 à Paris (2e arrondissement ancien) Charles Léon Léonor Henri de Galard de Brassac (vers 1826 + 15 juillet 1863 - Paris (8e arrondissement)), comte de Béarn, fils de Louis Hector de Galard de Brassac, comte de Béarn, et de Coralie Constance Eléonore Le Marois (vers 1804 + 24 novembre 1828 - château de la Rochebeaucourt à Combiers) et, en secondes noces, le 1er août 1866 à Paris (8e arrondissement) Pierre Paul Posuel (31 janvier 1836 - Paris), baron de Verneaux, fils de Pierre Amédée Posuel (vers 1765 - Lyon + 26 août 1840 - château de Goué à Mansle), vicomte de Verneaux, et de Claudine Mélanie Bignon (vers 1704 - Aube + 25 septembre 1863 - Paris (7e arrondissement)). Marie Amélie Louise Philippine Gaultier de Rigny mourut le [25] au château de Ris à Ris-Orangis.
Monument commémoratif sur la place centrale de Pylos-Navarin en Grèce (œuvre du sculpteur grec Thomás Thomópoulos (1873–1937), dévoilé en 1930 bien qu'achevé qu'en 1933)[12].
↑Prosper Levot, A. Doneaud, Les gloires maritimes de la France. Notices biographiques sur les plus célèbres marins, Arthus Bertrand éditeur, Paris, 1866, p. 439-442(lire en ligne)
↑Henri et ses jeunes frères furent élevés par leur sœur, qui, sous la direction de sa tante, n’avait pas craint d’accepter cette noble et pénible tâche et qui sut l’accomplir. Cette éducation fraternelle trempa le caractère de Henri de Rigny au sein de l’adversité, dit M. le capitaine de vaisseau Gallois, son ami d’enfance, et lui apprit, au milieu des scènes orageuses de cette époque, à contracter ces habitudes de réflexion et de prévoyance qui l’ont toujours distingué.
↑Capitaine Bourragué, La Marine française dans l'établissement de l'indépendance hellénique jusqu'à la bataille de Navarin : le rôle de l'amiral de Rigny, 1923, p.43
↑(en) C. M. Woodhouse, The Battle of Navarino, Londres, Hodder et Stoughton,
↑Georges Douin, Navarin : (6 juillet-20 octobre 1827), Institut français d'archéologie orientale du Caire,
↑Eugène Bogdanovitch, La Bataille de Navarin d'après des documents inédits des archives impériales russes., G. Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1897
Prosper Levot, A. Doneaud, Les gloires maritimes de la France. Notices biographiques sur les plus célèbres marins, Arthus Bertrand éditeur, Paris, 1866, p. 439-442(lire en ligne)
Pierre Gilles Cézembre, « Henri Gaultier de Rigny : Le Philhellène », La grande histoire des armées, no 18 « Les grands amiraux combats navals légendaires », , p. 72-73