Ibrahim Pacha (en arabe : ابراهيم باشا), né en 1789 et mort le , est un généralissime et homme d'Étatégyptien, fils aîné du vice-roi (al-wāli) d’Égypte Méhémet Ali dont il fut le principal bras armé. Ibrahim a gouverné l’Égypte du 2 mars au .
Il est le père d'Ismail, khédive d’Égypte à partir de 1863. Avec l'aide de l'officier Joseph Anthelme Sève, il réforme l'armée égyptienne.
Biographie
Sa jeunesse
Gravure romantique représentant Ibrahim Pacha (v. 1810-1820).
En 1805, à l'âge de 16 ans, quand son père accède au poste de vice-roi d'Égypte, il est retenu prisonnier par un amiral ottoman. Ibrahim retrouve la liberté quand son père repousse avec succès la tentative d'invasion du Royaume-Uni en Égypte menée par le général Alexander Mackenzie Fraser.
En 1813, Ibrahim gouverne par intérim l'Égypte lorsque son père part en Arabie pour combattre les wahhabites. En 1816, il succède à son frère Toussoun au poste de commandant de l'armée égyptienne d'Arabie.
Campagne contre les wahhabites
La campagne contre les wahhabites durera près de deux ans, et s’achèvera avec l'anéantissement politique des wahhabites.
Il débarqua à Yanbou, le port de Médine le . Les villes saintes de l'Islam étaient alors tenues par les wahhabites. La mission d'Ibrahim était de les reprendre, et de pourchasser les wahhabites dans le désert du Nejd.
La formation et l'armement de l'armée égyptienne lui donnaient la supériorité militaire sur les wahhabites. Cependant la conquête de l'Arabie fut très laborieuse, à cause de la traversée du désert de Dariya, bastion wahhabite, mais aussi à cause du courage des wahhabites qui ne craignaient pas de mourir.
Ibrahim s'est montré tenace, partageant les difficultés avec son armée et ne se laissant pas décourager par ses échecs. Vers la fin de l'année 1818, il força le chef des Wahhabites, l'imam Soulaymân, petit-fils de Mouhammad ibn 'Abdelwahhâb, à se rendre, prenant ainsi Dariya.
L'imam Soulaymân fut transporté en Égypte pour y être emprisonné. Après sa libération en 1828, il fut autorisé à rentrer en Arabie. Il abandonna la prédication et se retira de la vie politique.
Opérations en Morée
Ibrahim Pacha rencontrant le général français Maison pour négocier son évacuation du Péloponnèse en 1828.
Le , il entre triomphalement au Caire. Après son retour, Ibrahim demande au colonel Sève (dit « Soliman Pacha ») de réformer l'armée sur le modèle européen.
En 1824, le sultan ottoman Mahmoud II, qui souhaitait avoir l'aide de l'armée égyptienne dans la guerre d'indépendance grecque (1821-1832), nomme Mehemet Ali gouverneur de Morée.
Ibrahim est envoyé dans le Péloponnèse avec un escadron et une armée de 17 000 hommes. L'expédition part pour la Grèce le , mais pendant plusieurs mois le détachement est dans l'incapacité d'aller plus loin que la Crète ou l'île de Rhodes, par crainte des brûlots grecs. Le , après la révolte de marins grecs pour le retard du paiement de leur salaire, Ibrahim débarque à Modon. Il mène alors plusieurs campagnes victorieuses, et conquiert la majeure partie de la péninsule. Il défait facilement les Grecs et parvient le à mettre fin au siège de Missolonghi qui a coûté la vie à de nombreux soldats turcs et égyptiens.
Il montre d'abord une certaine clémence vis-à-vis des Grecs[réf. nécessaire], qui sont censés devenir ses administrés. Cependant, à mesure que la guérilla s'éternise et devant la résistance des insurgés grecs qui harcèlent son armée, il détruit en partie le pays et envoie des milliers de Grecs en Égypte pour servir d'esclaves. Ces mesures indignent les puissances européennes, la France, le Royaume-Uni et la Russie qui se liguent pour mettre un terme au conflit. Après la bataille de Navarin le , au cours de laquelle sa flotte est détruite par les Européens, l'Expédition de Morée, menée par la France, le force à capituler et il quitte le pays le .
Campagne de Syrie
Statue d'Ibrahim Pacha au Caire, place de l'Opéra
Les menées autonomistes de son père Méhémet Ali provoquent des heurts de plus en plus importants avec l'Empire ottoman. Ils[Qui ?] adhéraient pleinement au projet d'une nation qui rassemblerait tous les Arabes de l'Égypte à la Mésopotamie[1].
Une deuxième Guerre égypto-ottomane éclate en 1839 quand le gouvernement turc se sent assez fort pour reprendre les hostilités. Victorieux à la bataille de Nézib, Ibrahim marche sur Istanbul, mais est arrêté par l'intervention de la Grande-Bretagne, de la Russie et de l'Autriche (Traité de Londres). Souhaitant maintenir l'intégrité de l'empire Ottoman, la coalition chasse les forces égyptiennes de Beyrouth, puis d'Acre, tandis que l'Anglais Napier assiège Alexandrie et négocie avec Mehmet Ali, lequel accepte de renoncer à la Syrie contre la reconnaissance de sa souveraineté en Égypte.
Revue militaire au Champ-de-Mars en l'honneur d'Ibrahim Pacha, le 25 mai 1846, lors de sa visite en Europe.
En 1846, il effectue une visite en Europe de l'Ouest où il est reçu avec respect. Quand son père devient sénile, Ibrahim est nommé régent () puis de facto vice-roi. À sa mort, de phthisie le , il est remplacé par Abbas réputé proche des Britanniques qui s'opposaient à l'idée d'Ibrahim de construire un État moderne égyptien.
Description physique
En 1845, le maréchal de Castellane le décrit ainsi[2] : « Ibrahim Pacha a des yeux spirituels et vifs ; son visage est marqué de petite vérole, il ne manque ni de malice ni de finesse ; il est petit, replet, le cou court, le visage long, la barbe est blanche. Il marche difficilement à cause de son embonpoint ; il se dandine beaucoup ; il est vêtu magnifiquement avec plusieurs décorations en diamant ; il a, comme les personnes de sa suite une veste rouge couverte de galons d’or, une longue ceinture de drap d’or. »