Le gouvernement de Courlande (en russe : Курляндская губерния, en allemand : Gouvernement Kurland) était un des trois gouvernements de la région de la Baltique de l'Empire russe. La capitale du gouvernement était Mittau (aujourd'hui Jelgava).
Histoire
Lors du troisième partage de la Pologne, en 1795, le duché de Courlande est réuni à la Russie, officiellement en 1796. La noblesse germano-balte conserve ses privilèges : la langue officielle de l'administration est d'abord l'allemand, jusqu'en 1919, et en second lieu le russe à partir des années 1890.
Le futur Louis XVIII, exilé sous la Révolution française, trouve refuge en Courlande de à et de à . Plusieurs actes de son « règne » sont datés de Mitau, notamment une lettre du où il offre à Napoléon, alors premier consul, de lui accorder sa grâce royale et de le prendre à son service. Napoléon lui répond fort poliment de ne plus y songer[1].
Pendant la campagne de Russie, la « province de Courlande et Semigalle » est occupée par le 10e corps de la Grande Armée (maréchal Étienne Macdonald) et placé sous administration française avec trois intendants : Jules de Chambaudoin et Charles de Montigny (du 1er août au ) puis Jacques David Martin (du au ). La fuite de l'administration russe est suivie d'une révolte des paysans lettons contre la noblesse germano-balte ; la domination française, bien que brève, contribue à propager les idées libérales en Courlande. En , c'est l'armée prussienne du général Yorck qui, à la demande de Filippo Paulucci, gouverneur russe de Riga, met fin à la présence militaire française en Courlande[2].
Pendant la Première Guerre mondiale, la Courlande est envahie par l'armée allemande et passe sous l'administration militaire allemande des territoires de l'Est (Ober Ost). Une contre-offensive russe vers Mittau lors des batailles de l'Aa (pour les Russes, batailles de Mitau), en , aboutit à un échec malgré les sacrifices des tirailleurs lettons de l'armée russe. Ce conflit favorise la montée du nationalisme letton dans le gouvernement de Courlande et dans celui de Livonie, conquis par les Allemands entre et . Lors du traité de Brest-Litovsk (), le gouvernement bolchevik reconnaît la perte des deux provinces lettones.
Ses frontières représentent 1 260 verstes, soit 1 344 km dont 341 km sont maritimes. Sa frontière avec la Prusse est minime (6,4 km). Son territoire s'étend sur 27 290 kilomètres carrés.
En 1894, la province compte onze villes, quinze bourgs, 9 petites bourgades et 24 758 hameaux ou petits villages (khoutors), comprenant cinq ou six maisons.
En plus de Mitau, de Libau et des chefs-lieux de district, les principaux bourgs sont Jakobstadt (aujourd'hui Jekabpils), Pilten (Piltene), Polangen (Palanga, aujourd'hui en Lituanie), Griva (Daugavpils), Sasmaken (aujourd'hui Valdemārpils) et Kandau (Kandava).
Allemands : 51 000 (appelés par les historiens d'aujourd'hui germano-baltes)
Juifs : 38 000
Russes : 26 000 (surtout autour de Doblen et d'Illuxt)
Polonais : 20 000 (surtout à Illuxt, dans les districts de Friedrichstadt, de Bauske et de Grobin)
Lituaniens : 17 000 (exclusivement dans le district d'Illuxt)
Biélorusses : 12 000
le reste étant partagé entre étrangers, environ 1000 Lives à Windau, 2000 Samogitiens et autres.
En 1894, les religions présentes en Courlande étaient le luthéranisme, 583 480 ; le catholicisme 68 422 ; le judaïsme 55 470 ; l'orthodoxie 16 875 ; les Vieux Croyants 6 834 ; le baptisme 4 592 ; l'évangélisme réformé 582, et autres 330. La noblesse comptait 6 511 personnes, avec en plus 3 908 personnes anoblies à titre personnel ; 610 ecclésiastiques ; la classe des marchands, des bourgeois (nommés citoyens d'honneur avec droit de succession), des commerçants, des artisans membres de corporations, etc., représentait 85 830 personnes ; les paysans étaient de loin les plus nombreux, 622 876. Il y avait aussi des militaires, 14 382 ; des étrangers, 2 315, et autres 453.
En 1913, la population du gouvernement s'élevait à 783 100 habitants.
Notes et références
↑de Waresquiel Emmanuel, L’obstination d’un roi. Louis XVIII en exil, 1791-1814, Napoleonica. La Revue, 2015/1 (no 22), p. 32-43.
↑M.N. Schveitzer, "A propos du centenaire de la campagne de Russie. La Courlande en 1812 et l'armistice de Taurogen", Revue historique, 1913.