La commune est dans le bassin versant du Rhin, au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la Moselle, la Moselle canalisée, le ruisseau d'Esche, le ruisseau la Bouillante et le ruisseau la Natagne[3],[Carte 1].
La Moselle, d'une longueur totale de 560 kilomètres dont 314 kilomètres en France, prend sa source dans le massif des Vosges au col de Bussang et se jette dans le Rhin à Coblence en Allemagne[4]. Entre les deux bras de la Moselle, en amont de Dieulouard, se trouvent des étangs où l'on peut se livrer à la pêche.
L'Esch, d'une longueur de 46 km, prend sa source dans la commune de Geville et se jette dans la Moselle à Blénod-lès-Pont-à-Mousson, après avoir traversé 19 communes[6]. Les caractéristiques hydrologiques de l'Esch sont données par la station hydrologique située sur la commune de Jezainville. Le débit moyen mensuel est de 1,38 m3/s[Note 1]. Le débit moyen journalier maximum est de 34,9 m3/s, atteint lors de la crue du . Le débit instantané maximal est quant à lui de 37,3 m3/s, atteint le même jour[7].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,9 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,7 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 755 mm, avec 11,7 jours de précipitations en janvier et 9 jours en juillet[9]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Nancy-Essey », sur la commune de Tomblaine à 20 km à vol d'oiseau[11], est de 11,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 746,3 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 40,1 °C, atteinte le ; la température minimale est de −24,8 °C, atteinte le [Note 3],[12],[13].
Au , Dieulouard est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[16].
Elle appartient à l'unité urbaine de Dieulouard[Note 4], une unité urbaine monocommunale constituant une ville isolée[17],[I 1]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Nancy, dont elle est une commune de la couronne[Note 5],[I 1]. Cette aire, qui regroupe 353 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[18],[19].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (60,7 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (64,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante:
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée par les différentes représentations cartographiques du territoire depuis la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période 1950 à aujourd'hui[Carte 3].
Dieulouard se situe entre Pont-à-Mousson et Nancy, sur la rive gauche de la Moselle, au pied d'une falaise calcaire au sommet de laquelle se trouve le monument de Notre-Dame-des-Airs. Cette petite ville d'environ 5 000 habitants est très bien desservie, notamment par la N 411 qui va de Toul à Dieulouard. Pour se rendre à Nancy ou à Metz, qui ne sont qu'à une trentaine de minutes de Dieulouard, les habitants disposent de nombreux moyens routiers (A31, N 57) et ferroviaires (TER).
Toponymie
Le nom est attesté sous les formes[22],[23] : Castellum Deilauvart (992-1025) ; Castrum quod dicitur Deus Louvart (1028) ; Castrum Desluardum (1041-1046) ; Deulewart (1082) ; D[eu]slowart (1090-1107) ; Deulewart (1120-1163) ; Deusteuward (1156) ; Deulouart (1184) ; Deilowart (1240) ; Deulowart (1249) ; Deulouvart et Delouard (1253) ; Dieulewart (1270) ; Dei Custodia (1277) ; Delouwart (1278) ; Deilewart (1285) ; Deullouart (1323) ; Deulowairt (1335) ; Duaillewart (1425) ; Deullewart (XVe siècle) ; Dieullewart (1498) ; Dieulowart (1551) ; Dieueleward (1594) ; Dieulewart (1623) ; Dieulewardt (1637).
Le nom de Dieulouard résulte de l'évolution de Deu la ward, c'est-à-dire « Dieu la garde, la préserve », que lui donnèrent les premiers seigneurs[24],[25].
À la suite de la Révolution française, la commune reprit en 1793 le nom de Scarpone, qu'elle conserva jusqu'en 1801.
Histoire
De Scarpone à Dieulouard
L'actuelle ville de Dieulouard a pris la suite de la cité gallo-romaine de Scarpone ou Scarponne, située sur une île de la Moselle, à la limite du pays des Médiomatriques et de celui des Leuques, là où la voie romaine de Metz à Reims par Nasium traversait la Moselle pour rejoindre Toul. Bien que ce point reste discuté, il est généralement admis que les Leuques seraient à l'origine de la fondation de Scarpone, qui a donné son nom à la porte Serpenoise à Metz. À l'époque romaine, Scarpone fait partie de la province de Gaule Belgique, dont la capitale est Durocortorum (Reims), puis de la province de Belgique Première, dont la capitale est Augusta Treverorum (Trèves). Scarpona[26] figure sur la carte de Peutinger et dans l'Itinéraire d'Antonin. En 366 (ou 367), Flavius Jovin défait les Alamans près de Scarpone. En 451, les Huns envahissent la Gaule sous la conduite d'Attila et mettent à sac la ville de Metz après avoir vainement tenté de s’emparer de Scarpone.
Au début du Moyen Age, Scarpone est la ville la plus importante du pagus Scarponensis[27],[28]. Celui-ci est limité au sud par le pagus Tullensis (autour de Toul), au sud-ouest par le pagus Bedensis (le pays de Blois qui a survécu dans les noms de Broussey-en-Blois et Rosières-en-Blois), à l'ouest et au nord-ouest par le pagus Virdunensis ou Verdunensis (autour de Verdun), au nord-est par le pagus Mettensis (autour de Metz), à l'est par le pagus Salinensis ou Salnensis (le Saulnois) et au sud-est par le pagus Calvomontensis ou Calmontensis (le Chaumontois). Le nom du pagus Scarponensis, connu notamment par le cartulaire de Gorze, a connu plusieurs variantes : pagus Scarmensis, Scarbonensis ou Carmensis.
En 985, Lothaire s’empare de Verdun, fait prisonnier le comte Godefroy et vient mettre le siège devant Scarpone. La comtesse Mathilde de Saxe, épouse de Godefroy, tient tête à l’envahisseur. Godefroy n'est libéré qu'après l’avènement d'Hugues Capet en 987.
En 997, Frédéric, fils de Godefroy le Captif, cède le comté de Scarpone à Heimon (ou Haymon), évêque de Verdun. Cette cession, qui devient effective à la mort de Frédéric en 1022, coïncide probablement avec la fondation du village de Dieulouard sur la rive gauche de la Moselle. Certains auteurs situent la destruction finale de Scarpone en 1007 et l'attribuent à Henri II, roi de Germanie, ou à son successeur, Conrad II. Les derniers habitants de la localité se replient alors sur Dieulouard, dont Scarpone n'est plus dès lors qu'un simple hameau. Le pagus Scarponensis tenu par les comtes de Charpeigne n'est plus cité après 1028[29]. Il a probablement été partagé entre les trois places fortes de Dieulouard, Mousson et Prény[30].
Événements notables depuis 997
1020 : consécration de la collégiale Saint-Laurent (supprimée en 1602 à la suite de la création d'une primatiale à Nancy).
1140 : concile provincial visant à mettre fin aux usurpations de biens ecclésiastiques commises par Théodoric d’Imbercourt, châtelain de Bar.
1320 : date approximative de la charte d'affranchissement accordée aux habitants de Dieulouard par Henri d'Apremont, évêque de Verdun.
1429 : Jean de Dieulouard, écuyer de René d'Anjou, accompagne Jeanne d'Arc à Nancy et à Chinon.
1504 : consécration de l'église paroissiale Saint-Sébastien.
1552 : la prévôté de Dieulouard est réunie à la France par Henri II en même temps que les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun.
1608 : installation des Bénédictins anglais à Dieulouard (dans les locaux de l'ancienne collégiale Saint-Laurent).
1660 : date approximative du démantèlement du château de Dieulouard.
1790 : Dieulouard fait partie du département de la Meurthe.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[33]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[34].
En 2022, la commune comptait 4 603 habitants[Note 7], en évolution de −3,24 % par rapport à 2016 (Meurthe-et-Moselle : −0,13 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
La population de la commune est moins jeune que celle du département. En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 34,6 %, soit un taux inférieur à la moyenne départementale (36,8 %). Le taux de personnes d'un âge supérieur à 60 ans (25,4 %) est identique au taux départemental (25,4 %).
En 2018, la commune comptait 2 382 hommes pour 2 378 femmes, soit un taux de 50,04 % d'hommes, supérieur au taux départemental (48,57 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit :
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[I 2]
Le club de football Étoile sportive qui a eu des résultats honorifiques dans les années 1970 avec le 7e tour de la Coupe de France atteint plusieurs fois. Cette association sportive fut dissoute tant par manque de finances que de jeunes et de dirigeants.
Le club local de rugby, jumelé avec la commune voisine de Liverdun, fait régulièrement bonne figure au sein du Comité territorial d'Alsace-Lorraine. En Promotion d'honneur pour la saison 2011-2012, le club a vu cette saison l'arrivée de nombreux joueurs, débutants ou confirmés. Les effectifs de l'école de rugby ne cessent de croître.
Économie
Les historiens s'accordent à décrire une économie essentiellement agricole et viticole au XIXe siècle : « Surf. Terr. 1768 hect. dont 1072 en terres lab., 146 en prés, 129 en vignes, 235 en bois. »[38],[39]
Mais Lepage précise également que l’économie industrielle et artisanale utilisait la force motrice de l’eau :
« le ruisseau, remarquable par l'abondance et la limpidité de ses eaux, sort de dessous le château de Dieulouard ; dans un cours de 700 mètres, il fait mouvoir un moulin, une féculerie et une filature, puis va se perdre dans la Moselle. »
Secteur primaire (agriculture)
Le secteur primaire comprend, outre les exploitations agricoles et les élevages, les établissements liés à l’exploitation de la forêt et les pêcheurs.
D'après le recensement agricole 2010 du ministère de l'Agriculture (Agreste[40]), la commune de Dieulouard était majoritairement orientée[Note 8] sur la production de céréales et d'oléagineux sur une surface agricole utilisée[Note 9] d'environ 800 hectares (en deçà de la surface cultivable communale) stable depuis 1988. Le cheptel en unité de gros bétail s'est réduit de 170 à 58 entre 1988 et 2010. Il n'y avait plus que six exploitations agricoles ayant leur siège dans la commune employant neuf unités de travail[Note 10].
Vestiges de la Scarpone antique : remparts du castellum, IVe siècle.
Château de Dieulouard : ancien château épiscopal bâti aux environs de l'an 1000 (plus précisément en 997, selon la tradition locale) pour protéger les habitants du nouveau village de Dieulouard. Il fut remanié XVIe siècle pour s'adapter aux armes à feu, et démantelé en 1660 par Louis XIV. Composé d'une enceinte polygonale flanquée jadis de sept tours rondes et d'une tour carrée, d'une chapelle castrale (église paroissiale depuis 1481) et des restes du chemin de ronde. Il héberge l'Association des amis du Vieux Pays. Les vestiges du château sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du [41].
École aux Moines : ancienne collégiale Saint-Laurent, consacrée en 1020 et supprimée en 1602 à la suite de la création d'une primatiale à Nancy ; prieuré des Bénédictions anglais réfugiés à Dieulouard de 1608 à 1793.
Plusieurs immeubles remarquables notamment de la Renaissance, dont la maison des Voués.
Édifices religieux
Chapelle Notre-Dame-des-Airs : chapelle commémorative de la Première Guerre mondiale, monument inauguré en 1920, supportant une statue de la Vierge haute de trois mètres et dominant l'ancien site de Scarpone et la vallée de la Moselle (48° 51′ 02,4″ N, 6° 04′ 14,5″ E).
Église Saint-Sébastien : église de style gothique, consacrée en 1504, édifiée sur un escarpement rocheux au-dessus d'une crypte médiévale. Les enveloppes métalliques de deux bombes allemandes, tombées en 1918 sur l’église sans exploser, ont été conservées et fixées à deux piliers de la nef. La crypte renferme une statue de la Vierge en terre cuite. Deux vitraux évoquent des épisodes de l'histoire locale, la victoire de Jovin sur les Alamans (366) et le concile de Dieulouard (1140). L'église est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du [42].
Plusieurs calvaires, tous disparus.
Chapelle Notre-Dame-des-Airs.
Église Saint-Sébastien.
Portail daté de 1739, ajouté par Nicolas Barthélémy, curé de Dieulouard.
Détail de la porte de l'église : le martyre de saint Sébastien.
Crypte de l'église.
Équipements culturels
Musée des Amis du Vieux-Pays, au château : vestiges gallo-romains du site de Scarpone, reconstitution d'un cimetière d'inhumations sous tuiles.
Personnalités liées à la commune
Jean de Dieulouard : écuyer de René d'Anjou (gendre du duc de Lorraine et beau-frère de Charles VII), il accompagna Jeanne d'Arc à Nancy et à Chinon au début de l'année 1429 (1428, ancien style). Il devint par la suite abbé de Sainte-Marie-aux-Bois et fut envoyé à Rome en 1471 pour demander la dispense pontificale nécessaire au mariage du futur duc René II de Lorraine et de Jeanne d'Harcourt. Il mourut à Phlin en 1485. Il ne doit pas être confondu avec Jean Colin (ou Collin), originaire de Greux, village proche de Domremy, qui fut curé-doyen de Dieulouard et accorda l'hospitalité à Jeanne d'Arc lors de son passage dans cette ville, alors qu'elle se rendait à Nancy.
Edward Mayhew (le fondateur) et plusieurs générations de moines anglais en exil qui de 1608 à 1793 vécurent dans leur prieuré bénédictin attaché à l'ancienne collégiale Saint-Laurent.
Augustin Sesmat (1885-1957), mathématicien et logicien, né à Dieulouard.
« Dieulouard et Scarpone », Monographies communales de Meurthe-et-Moselle réalisées pour l'Exposition universelle de 1889 et conservées par les bibliothèques de Nancy, sur galeries.limedia.fr.
Notes et références
Notes
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 21/05/2024 à 02:05 TU à partir des 639 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/09/1969 au 01/04/2024.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Orientation technico-économique de la commune : production dominante de la commune, déterminée selon la contribution de chaque surface ou cheptel de l'ensemble des exploitations agricoles de la commune à la production brute standard.
↑Superficie agricole utilisée : superficies des terres labourables, superficies des cultures permanentes, superficies toujours en herbe, superficies de légumes, fleurs et autres superficies cultivées de l'exploitation agricole.
↑Unité de travail annuel : mesure en équivalent temps complet du volume de travail fourni par toutes les personnes intervenant sur l'exploitation. Cette notion est une estimation du volume de travail utilisé comme moyen de production et non une mesure de l'emploi sur les exploitations agricoles.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, Décret no 2015-73 du portant renouvellement du classement du parc naturel régional de Lorraine.
↑Henri Lepage, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, Imprimerie impériale, 1862
↑Dom Calmet, Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, qui comprend ce qui s'est passé de plus mémorable dans l' archevêché de Trèves, et dans les évêchés de Metz, Toul et Verdun, depuis l'entrée de Jules César dans les Gaules jusqu'à la mort de Charles V, duc de Lorraine, arrivée en 1690, avec les pièces justificatives, chez Jean-Baptiste Cusson, Nancy, 1728, tome 1, col. 17, 208, 276, 743, 872(lire en ligne).