Dadaglobe est une anthologie Dada dont la publication, prévue en 1921, est abandonnée pour des diverses raisons, notamment financières. Ce recueil n'a jamais été publié. À travers 160 pages, contenant plus d'une centaine de reproductions d'œuvres d'art et plus d'une centaine de textes, d'une cinquantaine d'artistes issus de dix pays, Dadaglobe aurait dû documenter l'apogée de Dada en tant que mouvement artistique et littéraire d'envergure internationale.
Dirigée à Paris par Tristan Tzara, l'anthologie est conçue non comme un bilan du mouvement depuis sa création en 1916, mais plutôt comme un instantané de son incarnation internationale à la fin de la guerre. Le projet, sans se contenter d'être un médiateur d'œuvres existantes, a joué le rôle d'un catalyseur parmi les plus fertiles du mouvement, encourageant la production de nouvelles œuvres[1].
Histoire
Une lettre sollicitant des contributions pour Dadaglobe, envoyée de Paris début novembre 1920, demandait quatre types de contributions visuelles : portraits photographiques (qui pouvaient être retouchés, mais devaient « préserver la clarté ») ; dessins originaux ; photographies d'œuvres d'art ; illustrations ; ainsi que de la prose, de la poésie ou d'autres « inventions » verbales.
Certaines des œuvres d'art les plus emblématiques de Dada ont été créées en réponse directe à cette lettre : par exemple, le montage d'autoportraits de Max ErnstLe Punching Ball ou l'Immortalité de Buonarroti ainsi que son Rossignol chinois[2], la tête Dada de Sophie Taeuber[3], et Le désordre vertical typique comme représentation du Dada Baargeld de Johannes Baargeld. Ces œuvres ont été conçues comme des œuvres destinées prioritairement à être reproduites et imprimées.
Le projet est annoncé en 1921 dans New York Dada, la revue dirigée par Marcel Duchamp et Man Ray[4].
Par sa portée, son ambition et même son titre, le Dadaglobe de Tzara, basé à Paris, s'inspire du Dadaco de Richard Huelsenbeck, conçu à Berlin, prévu l'année précédente, mais qui fut également abandonné[5]. Dadaglobe atteint un stade avancé de préparation, avant que des obstacles financiers et interpersonnels ne mettent un terme au projet au printemps 1921.
« Dadaglobe reconsctructed »
De nombreuses archives nous renseignent sur le contenu prévu pour le projet Dadaglobe. L'historien Michel Sanouillet (1924-2015) redécouvre le projet abandonné et publie en 1966 un florilège de textes destinés à l'anthologie originale[6].
À l'occasion du centenaire de Dada en 2016, Adrian Sudhalter dirige la publication de Dadaglobe Reconstructed. Cet ouvrage se présente comme une reconstitution des 160 pages de Dadaglobe, accompagnées d'un appareil critique et d'une préface de Michel Sanouillet[1].
↑Marcel Duchamp et Man Ray (dir.) New York Dada (numéro unique, avril 1921), n. p. [2].
↑Richard Sheppard, Introduction à Zürich — Dadaco — Dadaglobe: The Correspondence between Richard Huelsenbeck, Tristan Tzara, and Kurt Wolff (1916–1924), Tayport, Hutton Press, 1982, p.5–8, (ISBN9780907033073)
↑Michel Sanouillet, « Le Dossier de Dadaglobe » dans Cahiers de l'association internationale pour l'étude de Dada et du Surréalisme, no 1, 1966, p.111–143.